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Henri Peña-Ruiz : « L’analogie entre LFI et le RN est à la fois illégitime et irresponsable »

Tribune

— Par Henri Peña-Ruiz , auteur du « Dictionnaire amoureux de la laïcité » (Plon) et de « Karl Marx penseur de l’écologie » (Seuil) —

Emmanuel Macron et les députés de son camp glissent dans le même sac politique les élus de la France Insoumise et ceux du Rassemblement national : ils appartiendraient aux « extrêmes ». Argument fallacieux et rhétorique dangereuse, juge Henri Peña-Ruiz, auteur du « Dictionnaire amoureux de la laïcité » (Plon) et de « Karl Marx penseur de l’écologie » (Seuil).

Aujourd’hui comme hier dans la démocratie antique, les sophistes trompent le peuple. Par des amalgames, ils confondent volontairement deux choses distinctes. Par un chantage aux extrêmes, ils inspirent la peur contre des opinions tenues pour des outrances. Ainsi l’extrême gauche qu’incarnerait la France insoumise (LFI), et l’extrême droite qu’incarnerait le Rassemblement national (RN), sont aujourd’hui amalgamées. La Macronie, les Républicains (LR), François Bayrou, et bien d’autres cultivent cet amalgame. Peu importe si elles n’ont de commun que la qualification d’extrême et si leurs programmes respectifs diffèrent fondamentalement. Les nouveaux sophistes n’en ont cure et leur seul souci, polémique est de donner au faux l’apparence du vrai.

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Un « bon » et un « mauvais » Marx ? Henri Peña-Ruiz répond à Alain Minc

— Par Henri Peña-Ruiz —

L’essayiste et consultant Alain Minc vient de publier « Ma Vie avec Marx » (Gallimard), dans lequel il distingue un mauvais Marx communiste et révolutionnaire et un bon Marx social-démocrate et réformiste. Henri Peña-Ruiz, auteur notamment de « Marx quand même » (Plon), « Entretien avec Karl Marx » (Plon) et « Karl Marx penseur de l’écologie » (Seuil), lui répond.

Dans Ma Vie avec Marx (Gallimard), Alain Minc expose les raisons de son admiration pour ce qui dans l’œuvre de Karl Marx concerne l’analyse du capitalisme, qu’il juge tout à fait remarquable, voire incontestable. Mais les choses se gâtent avec l’affirmation peu argumentée d’une thèse discutable qui distinguerait et même opposerait deux Marx : celui qui penche pour une approche sociale-démocrate, réformiste, et celui qui prône la révolution communiste, avec pour sous-entendu le triste héritage stalinien.

Citons : « Marx est l’esprit qui a le mieux pensé l’économie de marché, sa puissance, le progrès, l’essor de la bourgeoisie, et les limites comme les inégalités. Il y a deux Marx : le Marx qui donne l’héritage communiste, avec les conséquences qu’on connaît, et un autre Marx triomphant, qui est le père de la social-démocratie.

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Henri Peña-Ruiz: «La critique d’une religion, quelle qu’elle soit, n’est pas un délit»

— Par Paul Sugy —

Accusé de racisme sur les réseaux sociaux, le philosophe Henri Peña-Ruiz s’explique à la suite de ses propos controversés sur l’islamophobie lors d’une conférence devant les militants de la France insoumise.

Henri Peña-Ruiz est philosophe et écrivain. Son Dictionnaire amoureux de la laïcité (Plon, 2014) a reçu le Prix national de la laïcité en 2014.

 Vous avez donné vendredi dernier une conférence sur la laïcité, lors de l’université d’été de la France insoumise. Une citation tronquée de vous a ensuite fait du bruit sur les réseaux sociaux: vous auriez déclaré «on a le droit d’être islamophobe». Comment avez-vous vécu cette polémique?

Henri PENA-RUIZ.- J’ai été très affecté par cette polémique: se faire insulter et traiter de «raciste» sur les réseaux sociaux est extrêmement pénible. Cela me touche d’autant plus que le combat contre le racisme a toujours été l’un de mes engagements fondamentaux: j’ai d’ailleurs milité au MRAP, que j’ai quitté par la suite lorsque Mouloud Aounit (ancien président du MRAP, ndlr) a établi une confusion, justement, entre le rejet des religions et le rejet des personnes en raison de leur religion.

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Laïcité : en finir avec le double jeu

Par HENRI PENA-RUIZ Philosophe, écrivain, ancien membre de la commission Stasi

Triste sort que celui de la laïcité dans notre pays. Evoquée sur un mode incantatoire, elle ne cesse d’être bafouée. En particulier dans le domaine scolaire. Le secrétaire général de l’enseignement catholique, Eric de Labarre, tente d’enrôler les élèves de ces écoles dans des débats sur le mariage pour tous, projet émancipateur programmé par les représentants du peuple. De qui se moque-t-on en prétendant que ces débats ne sont pas un appel déguisé à manifester contre ce projet ? Un enseignant de l’école publique commettant le millième de ce genre de détournement serait vertement rappelé à la déontologie laïque. Pourquoi donc cette hargne déguisée en «discussion civique» ? Parce que le mariage pour tous relativise le mariage chrétien traditionnellement hétérosexuel et tourné vers la procréation, en en faisant désormais une option libre parmi d’autres et non plus une structure obligée. La charge est lancée au nom de la «nature». Pourtant l’avènement d’une conception plus universelle de la relation entre deux êtres humains, fondée sur l’amour, le mariage pour tous, assorti de tous les droits afférents, n’est pas moins «naturel» que le mariage patriarcal traditionnel, ni moins équilibrant pour d’éventuels enfants adoptés ou nés grâce à l’assistance médicale à la procréation (AMP).

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« Charlie Hebdo » : « Nous ne vous laisserons pas seuls »

Élisabeth de Fontenay, Ariane Mnouchkine, Marcel Gauchet, Carlo Ginzburg et d’autres intellectuels saluent la décision du journal d’avoir republié les caricatures qui avaient fait de lui une cible des islamistes.

« Car nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais. » Ces mots, d’une clarté sans fioritures, Riss, directeur de la publication de Charlie Hebdo, les écrit dans son édito du 2 septembre 2020, jour de l’ouverture du procès des tueries de janvier 2015.

Au cours de ces journées tragiques, furent assassinés : à Charlie Hebdo, Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Ahmed Merabet, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Wolinski. A Montrouge : Clarissa Jean-Philippe. A l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes : Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada. D’autres furent gravement blessés, dans leur chair, et dans leur âme à jamais.

Riss écrit aussi : « Si le crime est si difficile à nommer, c’est parce qu’il fut commis au nom d’une idéologie fasciste nourrie dans les entrailles d’une religion. Et rares sont ceux qui, cinq ans après, osent s’opposer aux exigences toujours plus pressantes des religions en général, et de certaines en particulier.

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Le pape, sa mère et les caricatures

— Par Henri Pena-Ruiz —

pape_francois-2Citons le pape François le 19 janvier : «Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision.» En voulant faire de la pédagogie sur les limites de la liberté d’expression, le pape François se livre à des caricatures qui jouent sur l’amalgame et la confusion.

D’une part, il met sur le même plan une insulte personnelle (parler mal de Regina María Sivori, sa mère) et un dessin caricatural ciblé sur une religion. D’autre part, il établit une équivalence entre ce dessin, représentation fictionnelle, et une violence physique réelle : donner un coup de poing. Certes, il y a loin du coup de poing à la rafale de kalachnikov, mais ici le registre de la violence semble validé comme juste réponse à une dérision par signes («C’est normal», ose-t-il dire). On se demande alors quelle portée peuvent bien avoir les condamnations verbales de la violence données en préalable.

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La construction culturelle en danger

culture_dangerMonsieur le Président,
Par nos engagements culturels, artistiques et citoyens, nous sommes fidèlement attachés à la politique culturelle française que nous entendons voir se développer selon le principe d’invention de la perpétuelle ouverture. Or, nous constatons que cette démarche après avoir marqué le pas connaît notamment par la politique budgétaire de notre pays une situation s’aggravant de jour en jour. Beaucoup de ce qui avait été construit patiemment se fissure, voire se casse et risque même de disparaître. Le patrimoine dans sa diversité, le spectacle vivant dans son pluralisme, l’écriture, les arts plastiques, les arts de l’image et l’action culturelle sont en danger. Faute de crédits suffisants, de personnels, de négociations, de considération et de reconnaissance du travail humain, du respect des métiers, se répandent des malaises, des souffrances, des colères. Le ministère de la culture risque de n’être plus le grand intercesseur entre les artistes et les citoyens. Il perd son pouvoir d’éclairer, d’illuminer. Les collectivités territoriales dont le rôle est devenu immense en culture et en art voient leurs finances brutalisées et réduites par Bercy. L’Europe continue d’avoir une médiocre politique culturelle alors même qu’elle négocie avec les Etats-Unis un Traité de libre échange gravissime pour la culture.

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