La parole en spectacle au lycée de Batelière

—Par Serge Mourouvin —

Les comédiens de la Cie Téat’Lari, Elisabeth Lameynardie, Eric Bonnegrace et le metteur en scène José Alpha, ont animé jeudi dernier, et durant trois heures, un atelier théâtre au Lycée professionnel Lumina Sophie de Batelière à Schoelcher, sur les personnages de la  pièce «  Le métro fantome »  écrite par le dramaturge afro américain, Leroy Jones mieux connu comme Amiri Baraka. La pièce a été créée en Martinique au mois de novembre dernier par José Alpha,  metteur en scène du Théâtre des cultures créoles, au Théâtre Aimé Césaire du Lycée Schoelcher où elle fut bien accueillie autant par les lycéens  lors des séances scolaires que par l’important public en soirées. Le huis clos conflictuel  entre le nègre et la belle métisse (femme blanche dans la version d’origine) a constitué le support pédagogique de l’action « la parole en spectacle » développée par William Roll, sociologue et professeur de Lettres pour la Terminale TPC .

« Le principal enjeu d’une telle rencontre est de préparer les élèves à l’oral du bac par la pratique de l’art théâtral  qui favorise le développement de l’estime de soi et la prise de parole en public » précise Elisabeth Lameynardie.  L’objectif poursuivi est en effet de faire comprendre aux futurs bacheliers « comment l’œuvre dramatique prend toute sa signification dans sa réalisation scénique », ajoute William Roll. Les élèves ont à découvrir les ressources  de signification permises par l’association du verbal et du non-verbal.

En pointant le sens des trajectoires et des situations, le vocabulaire gestuel,  le vocabulaire langagier, les postures, les codes sociaux spécifiques aux sociétés insulaires et post esclavagistes, aisément repérables aux Antilles, autant d’éléments constitutifs du langage théâtral des cultures créoles, José Alpha présente les choix d’adaptation de l’histoire et d’accès à ses développements que les spectateurs s’approprieront. Les jeunes adultes ont joué devant les comédiens des extraits de ce « serial killer »  écrit en 1964 sur fond de racisme par le black panther Amiri Baraka. Le contexte sociopolitique, le racisme blanc-noir, les caractères des personnages, les situations antagonistes dans un espace temps imaginé, ont été analysés par l’auditoire.

Eric Bonnegrace, comédien et enseignant, a précisé le paradoxe de son personnage masculin porteur des stéréotypes du « black, i’m proud » (noir, je suis fier), révélé par  sa faiblesse à résister à la tentation sexuelle de la belle métisse malgré sa rectitude et son engagement militant pour la reconnaissance des noirs comme citoyens à part entière.

Le choix de mise en scène, le jeu des comédiens, l’importance du décor, des langages utilisés, des costumes,  permettent en effet de situer le contexte de production  et d’argumenter le jugement que l’on porte à la réalisation.

S.Mourouvin


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