Jour : 9 juillet 2016

C’est décidé, ils n’iront pas à Avignon

— Par Gérald Rossi —

gare_au_theatreDepuis dix-huit ans, Gare au théâtre organise un festival, avec 25 spectacles dont 13 créations cette année, dont l’impressionnant Mad#47#, de la compagnie Gakokoé.
Des grillons dans le lointain, puis quelques cris d’oiseaux. Sur et autour d’une piste de sable (ou de sciure), ingénieux dispositif scénique dû à Mohamed Guellati, c’est d’abord la surprise de la rencontre entre Ambre, la prof de lettres, blanche, française, et Balthazar, noir, factotum de la demeure où elle vient pour habiter « pour trois ans, la durée du contrat ». D’abord s’observer. Puis tenter de comprendre, de se comprendre. Dans un environnement hostile. Pas seulement à cause des moustiques. Dans les deux rôles, Marcel Djondo et Corinne Bastat sont excellents. Même si cette création, vue le soir de la première, nécessitera quelques resserrements.

Ensuite, par petites touches, éclats, fragments de souvenirs personnels, de traces enfouies, ils éclairent le titre un peu énigmatique du texte écrit par Jérôme Brie : Mad#47#. Il s’agit d’évoquer l’insurrection de 1947-1948 sur l’île de Madagascar, alors colonie française. L’indépendance ne sera accordée qu’en 1960. Les corps-à-corps, au figuré comme au physique, marquent une empreinte dans le sable et les consciences.

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Les têtes des résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’homme

— Par collectif —

tetes_resistants_algeriensLes crânes des révoltés de 1849 doivent être restitués pour rappeler l’histoire de la colonisation

En mai 2011, l’historien algérien Ali Farid Belkadi lançait une pétition  » pour le rapatriement des restes mortuaires algériens conservés dans les musées français « , en particulier les crânes de résistants algériens tués par le corps expéditionnaire français dans les années 1840 et 1850, qu’il venait de retrouver dans les réserves du Musée de l’homme à Paris. Alors que cet appel était lancé un an après le vote, par le Parlement français, d’une loi exigeant la  » restitution – à la Nouvelle-Zélande – de toutes les -têtes maories détenues en France « , il n’a eu malheureusement que peu d’écho. En mai dernier, l’universitaire algérien Brahim Senouci a lancé un nouvel appel pour que soient restituées les  » têtes des résistants algériens détenues par le -Musée de l’homme « , afin que leur pays les honore, avec cette fois un écho plus large. Il nous a paru -important de le relayer en rappelant la raison de la présence dans un musée parisien de ces restes mortuaires, à partir de l’histoire de l’un d’entre eux : le crâne du cheikh -Bouziane, chef de la révolte de Zaâtcha en 1849, écrasée par une terrible répression, emblématique de la -violence coloniale.

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Avignon 2016 (1) : Bonjour « Tristesses »

— Par Selim Lander —

TistessesPremier contact avec Avignon après l’introduction aixoise (notre précédent billet) et la demi-finale de la coupe d’Europe de football gagnée par la France avec une étonnante facilité malgré des débuts plutôt laborieux. Débuts laborieux, c’est ce que l’on a envie de dire également à propos de Tristesses, la pièce écrite et mise en scène par Anne-Cécile Vandalem, à la tête de la compagnie « das Fraulein » (laquelle, comme le nom ne l’indique pas, est belge). L’argument relève du théâtre politique : soit « Tristesses », une île danoise anciennement vouée à l’élevage, ruinée à la suite de la faillite de l’abattoir et presqu’entièrement vidée de ses habitants.

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