Mois : mars 2016

Certaines causes portent en elles l’épreuve de vérité…

… sur ce que valent les valeurs qui nous relient.

taubira_chris— Par Christiane Taubira —

Il est des annonces qui, plus que les couleurs et saveurs printanières, promettent, pardon, permettent de retrouver l’urgence des combats qui vaillent. Maintenant que se ferme la parenthèse d’un douloureux égarement, que la Constitution va demeurer la résidence de nos valeurs, des principes qui régissent la République, des symboles qui nous font tenir ensemble, de nos droits et de nos libertés imprescriptibles, des règles qui s’imposent à chacun d’entre nous pour rendre possible la vie commune, bref maintenant que la Loi fondamentale redevient le cadre de notre appartenance, nous revoilà libres ensemble. Libres de renouer avec la Politique d’abord, cette obligation et cette ardeur à penser la manière de partager un destin. Renouer avec la Gauche ensuite, autour de cette idée extraordinairement moderne de l’égalité, de l’exigence d’une citoyenneté accomplie, d’où découlent nos libertés, nos droits, nos obligations. Renouer aussi avec ce qui fait la force de la France, par ses terroirs qui attestent un génie millénaire dans la vie matérielle comme dans la créativité immatérielle à travers ses langues, ses musiques, chants et danses, ses spécialités et sa gastronomie, ses architectures, ses arts, ses artisanats… Avec cette force aussi qu’elle tient de celles et ceux qui lui offrent sa présence dans le monde, sa présence au monde.

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Réforme constitutionnelle : amère victoire !

ref_constituLe président de la République feint de découvrir aujourd’hui l’échec cuisant de la réforme constitutionnelle. Il en profite subrepticement pour jeter le bébé -l’indépendance de la justice – avec l’eau saumâtre du bain sécuritaire : l’état d’urgence et la déchéance de nationalité.

A grand renfort de communication, le président de la République annonce la fin du processus constitutionnel. Sa posture victimaire ne trompera personne : l’échec était inévitable tant le projet constitutionnel dit de protection de la nation portait atteinte à nos principes démocratiques.

La déchéance de nationalité, jadis obsession de la droite décomplexée, était une réponse honteuse aux dramatiques attentats de novembre 2015. Révélant les failles idéologiques d’une partie de la représentation nationale, prompte à jongler avec la nationalité et l’apatridie, cette mesure inefficace et stigmatisante n’a pas résisté à une opposition déterminée.
La constitutionnalisation de l’état d’urgence, combattue ardemment par citoyens, militants et juristes, en a heureusement fait les frais. Le gouvernement est freiné dans sa fuite en avant sécuritaire : l’enracinement de cet état d’exception dans notre constitution aurait porté un coup supplémentaire à l’Etat de droit.

Le retrait est salutaire mais ne doit pas faire illusion : il ne signe pas la fin de l’érosion des libertés, qui se joue en catimini dans les débats parlementaires expédiés sur le projet de loi Urvoas « renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale », qui introduit dans le droit commun assignations à résidence et retenues administratives directement inspirées de l’état d’urgence.

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Mort de Imre Kertész, prix Nobel de Littérature 2002

imre_kerteszImre Kertész, survivant du camp d’extermination d’Auschwitz et prix Nobel de littérature 2002, est décédé jeudi à l’âge de 86 ans. 

[…] L’ouvre de ce juif de Budapest déporté à Auschwitz est considérée comme l’une des plus importantes de la littérature européenne de ce siècle.

L’écrivain hongrois Imre Kertész a été choisi hier par le jury du Nobel de littérature  » pour une ouvre qui dresse l’expérience fragile de l’individu contre l’arbitraire barbare de l’histoire « . L’Académie du Nobel a expliqué son choix en indiquant que  » l’ouvre d’Imre Kertész examine si la possibilité de vie et de pensée individuelles existe encore à une époque où les hommes se sont subordonnés presque totalement au pouvoir politique « .

Né dans une famille juive de Budapest en 1929, Imre Kertész a été déporté à Auschwitz en 1944. Libéré en 1945 du camp de Buchenwald, il entamera en Hongrie une carrière de journaliste et de traducteur d’auteurs de langue allemande, Nietzsche, Wittgenstein, Hofmannsthal, Schnitzler, Freud… Licencié du journal devenu organe central du Parti communiste en 1951, il écrit des comédies musicales et des textes pour le théâtre.

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Michel Gogny-Goubert, un adepte du « réalisme poétique » en photogtaphie

EXPOSITION Galerie Michèle CAZANOVE, GOSIER, des 7 et 8 Avril 2016.

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— Par Scarlett Jesus* —

« Il paraît qu’en latin « photographie » se disait « imago lucis opera expressa »,
c’est-à-dire image révélée, « sortie », « montrée »,
« exprimée […] par l’action de la lumière ».
Roland BARTHES, La Chambre claire. Note sur la photographie,
Paris, Gallimard, coll. « Cahiers du cinéma », 1980, p. 127.

 

Si Michel Gogny-Goubert ne dévoile qu’aujourd’hui une partie de ses œuvres, son intérêt pour la photographie est très, très ancien. Pourquoi ce « scientifique », libéré de ses contraintes professionnelles, ne pourrait-il aujourd’hui s’inventer une autre identité et se rêver « artiste » ?

Désormais Michel Gogny-Goubert a opté pour le numérique. Mais reste attaché à une pratique photographique de type artisanale, celle du « tout main », depuis les prises de vues jusqu’aux agrandissements et encadrements, en passant par les impressions sur papier. Michel Gogny-Goubert est un perfectionniste qui ne s’interdit pas d’avoir recours aux possibilités offertes par la technologie moderne, tout en refusant délibérément les trucages. Esprit scientifique, il aime la précision quasi chirurgicale.

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Quand l’opéra dénonce les crimes contre l’humanité

— Par Alain Boeuf —

Avec son festival annuel, l’Opéra national de Lyon ose la prise de risque avec des œuvres rares et une création.

Lyon, correspondance. Il y eut Claude de Thierry Escaich, sur un livret de Robert Badinter, et cette année Benjamin, dernière nuit, de Michel Tabachnik sur un livret de Régis Debray. Pour Serge Dorny, le directeur de la scène lyonnaise, si l’art divertit, également il questionne et « c’est essentiel dans notre civilisation menacée par le repli sur soi, l’intolérance et la violence ». Dans ce festival intitulé « Pour l’humanité », quatre œuvres sont en alternance à l’affiche, qui résonnent comme des voix de la liberté : violence des intégrismes et des religions sources de conflits, avec la Juive de Halévy, chants des ténèbres venus des camps de concentration d’où Viktor Ullmann (l’Empereur d’Atlantis) et Hans Kràsa (Brundibar) font entendre leurs voix et, comme pour enrichir le patrimoine de demain, la création mondiale de Benjamin, dernière nuit.

Ce drame lyrique relate la dernière nuit que passe Walter Benjamin, le grand philosophe allemand pourchassé par les nazis, dans un hôtel de Portbou, village frontalier de la Catalogne espagnole.

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« Les sargasses et leur dérive dans l’Atlantique » au Café U

Lundi 4 avril à 17h30, à la BU du campus de Schoelcher

sargasses_rocher_diamantIntervention de Delphine Thibault

Depuis 2014, les côte caribéennes sont confrontées à des échouages massifs de ces algues non fixées qui, emportées par le courant, viennent pourrir sur le littoral atlantique de nos territoires. Delphine Thibault nous expliquera ce que l’on sait du déplacement de ces algues, en prise directe avec des recherches en cours.

Docteur en Sciences biologiques et fondamentales appliquées, Delphine Thibault est maître de conférences à l’université Aix-Marseille

Ni Café philo, ni conférence académique en modèle réduit, le Café U est un carrefour d’échange et de discussion, initié par des scientifiques du DSI dans une volonté de diffusion et de partage du savoir. Il a vocation à s’ouvrir aux sciences exactes autant qu’aux sciences humaines et sociales.

Entrée libre et gratuite, venez nombreux !

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La force toujours de regarder demain

— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste/Réalisateur, Écrivain —

martinique_europe_amerikLa Martinique n’est pas seulement un lieu, mais un acte qui arrache sur le chaos d’un milieu, des forces qu’elle condense, qu’elle rend visibles, qu’elle transforme.
Préparer un avenir pour ce pays, c’est prioritairement arrêter son dépérissement économique; c’est stopper le processus qui la conduit insensiblement mais inexorablement à la catastrophe.
Impérativement, tirer cette collectivité territoriale du mauvais pas où la conduit la vieille politique héritée du pacte coloniale. La contradiction va s’exercer et éclater au grand jour entre la forme politique nouvelle et la réalité économique, sociale, administrative qu’on n’aura pas eu le courage de modifier et qui, elle, reste post-coloniale. Ce pays est mal adapté de par sa structure aux conditions générales de l’économie moderne. Ce qu’il faut, c’est une véritable révolution économique; en tout cas, « quelque chose de neuf « , avait déjà réclamé en son temps Aimé Césaire.
Le vendredi 18 mars la ministre des outre-mer inaugurait dans son ministère le 70ème anniversaire de la départementalisation…A ce sujet, comment faire en sorte que l’histoire ne soit pas qu’une banque de données commémoratives?

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Pour une vraie politique de salubrité publique

— Par Pierre-Alex Marie-Anne —

climat_rechauffLe réchauffement climatique se caractérise notamment sous nos latitudes par une recrudescence des épidémies liées à la prolifération des moustiques : dengue, chikungunya, et maintenant zika.
Cette situation est lourde de conséquences, en premier lieu pour la santé de nos concitoyens et bien entendu pour notre économie où le tourisme tient une place déterminante.
Paradoxalement, il ne semble pas que les pouvoirs publics aient pris la mesure de l’importance de cette menace.
Pourtant les textes sont formels quant à la responsabilité qui incombe, s’agissant de la protection de la salubrité publique, aussi bien au représentant de l’État, chargé d’arrêter et de faire appliquer le règlement sanitaire départemental, complété en tant que de besoin par les dispositions subséquentes du Code de la santé publique, qu’aux maires, responsables au premier chef sur le terrain, de sa mise en oeuvre.
Or le constat que chacun peut faire est que dans ce domaine on est loin du compte : les décharges et dépôts sauvages de détritus de toute nature envahissent nos routes et nos quartiers, les épaves de véhicules hors d’usage prolifèrent à l’infini, les eaux stagnantes des rivières, canaux et ruisseaux sont partout visibles, tout ceci au grand bénéfice des moustiques qu’ils soient tigres ou non et des rongeurs de toute espèce qui se régalent de la saleté ambiante de la soi-disant île aux fleurs!

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Hollande renonce à la déchéance de nationalité

decheance_nationaliteLe chef de l’Etat a annoncé à la sortie du conseil des ministres ce mercredi qu’il renonçait à convoquer le congrès. La déchéance de nationalité ne sera pas dans la constitution.

Face à l’impossibilité de mettre d’accord les deux chambres sur la question de la déchéance de la nationalité et de la constitutionnalisation de l’Etat d’urgence, le président de la République renonce à sa réforme constitutionnelle. Il s’est exprimé à la sortie du conseil des ministres, après avoir reçu dans la matinée les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Il en a profité pour dénoncer « l’attitude de l’opposition ».

Il a déclaré que l’Etat d’urgence était efficace mais ne pouvait être permanent. « J’ai décidé de clore le débat constitutionnel mais je ne dévierai pas des engagements que j’ai pris pour assurer la sécurité de notre pays et pour protéger les Français contre le terrorisme, c’est mon devoir et c’est ma responsabilité, je l’assumerai jusqu’au bout et avec la force nécessaire » a annoncé François Hollande. « Je constate aujourd’hui, quatre mois après, que l’Assemblée nationale et le Sénat ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un même texte et qu’un compromis paraît même hors d’atteinte sur la définition de la déchéance de la nationalité pour les terroristes, je constate aussi qu’une partie de l’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu’elle porte sur l’état d’urgence ou même sur l’indépendance de la magistrature, je déplore profondément cette attitude », a dit François Hollande.

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La séparation

— Par Brahim Senouci, universitaire —

separationIl y a quelques semaines, j’ai expérimenté un immense sentiment de solitude, d’autant plus paradoxal qu’il s’est produit lors d’un dîner « entre amis ». Outre les bons plats concoctés aussi bien par nos hôtes que par les commensaux, la littérature était au menu.
Mauvais début…
Une dame fait l’éloge du livre de Sansal, « 2984 ». L’assistance l’écoute avec recueillement. Le climat est à l’approbation. Toutefois, quelques-uns gardent le silence. Un critique littéraire connu bougonne quelque chose du style : « il m’est tombé des mains ». J’interviens pour rappeler quelques évidences, à savoir que Sansal est un nostalgique de l’époque coloniale dont il a intégré la mythologie mensongère en disant qu’ils (les pieds-noirs) « ont fait d’un enfer un paradis ». Je me réfère à Tocqueville, fervent partisan du colonisme (on ne disait pas encore « colonisation » à cette époque), qui déclare que « (nous) avons rendu la population locale beaucoup plus misérable qu’elle ne l’était avant notre arrivée ». Je cite le Maréchal de Saint-Arnaud, grand massacreur devant l’Eternel, qui évoque « ces beaux villages de Kabylie » qu’il s’apprête à incendier.

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Abattoir : nouvelles violences et agonies révélées par L214

l214Un mois après le scandale à l’abattoir du Vigan, L214 rend publiques de nouvelles images tournées dans l’abattoir de Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques). Ces images, publiées ce matin sur le site du Monde, montrent de multiples infractions aux règles de protection animale et des scènes de souffrance animale sévère, ainsi que de graves manquements et violences de la part du personnel de l’abattoir.

Tournées au mois de mars 2016 juste avant Pâques, ces images révèlent les pratiques de mise à mort des agneaux de lait ainsi que l’abattage de veaux et de bovins, dans un abattoir certifié bio et qui met en avant Label Rouge et l’IGP.

L214 porte plainte contre l’abattoir auprès du TGI de Pau pour des faits de maltraitances, de sévices graves et d’actes de cruauté et dépose un référé expertise auprès du tribunal administratif de Pau pour faire la lumière sur la responsabilité des services vétérinaires qui n’ont pas identifié ou stoppé les infractions flagrantes captées sur les vidéos.

L’écrivain français Jean-Baptiste Del Amo présente cette enquête. Il y décrit les scènes insoutenables et il conclut : « Dignité, respect, étourdissement, contrôle : ne nous laissons pas endormir par des discours rassurants.

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Jean-Baptiste Barret : Mythologiques

 Tropiques-Atrium du 31 mars au 30 avril 2016

Les Mythologiques— Par Christian Antourel —

L’exposition proposée par Atrium Tropiques apparaît tel un dispositif performeur, à l’image de la façon dont s’organise et se déploie depuis plusieurs années le travail de Jean-Baptiste Barret autour de la perception des lieux et des paysages. Toutes ces formes ont des caractères communs qui tiennent à la nature de son art et le distinguent de tout autre mode de représentation et d’expression.

L’artiste aurait donc ce don de percevoir le monde autrement que ne le font les hommes ordinaires : ceux-ci ne retiennent des choses que l’utilisation qu’ils peuvent en faire dans le discours d’une sociabilité, ces images banales qu’évoquent le langage commun ; l’artiste lui, les perçoit dans « leur pureté originelle » il nous dévoile la réalité. Si nous pouvions rentrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait continuellement à l’unisson de la nature Photographe Jean Baptiste Baret participe à la représentation du réel en créant des images plus ou moins fidèles il « invente les figures d’une mythologie chimérique » et distille son art.

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Théâtre La Licorne : une joyeuse inauguration

— Par Annie Chénieux —

theatre_la_licorneA Dunkerque, un outil de création européen pour la marionnette contemporaine a ouvert ses portes.

Elle l’annonce : l’inauguration sera joyeuse, avec tambours et trompettes. Pas étonnant quand on connaît les créations audacieuses et originales de Claire Dancoisne, pour qui l’ouverture officielle du Théâtre de la Licorne est un aboutissement. Trente ans après sa création, la compagnie qu’elle dirige a désormais un lieu à son image, un ancien garage Opel réaménagé par les architectes Anne Fauvarque et Jean Dupond qui ont redimensionné les espaces dans un alliage de fer et de bois. Ouvert depuis novembre 2015, l’endroit, unique et atypique, est entièrement dédié à la création dans le domaine de la marionnette. Il sera inauguré officiellement le 29 mars.

Il faut aller à Dunkerque pour le découvrir. Installé dans un quartier populaire, le lieu, magnifique, ouvert à tous les imaginaires, accueille une grande halle modulable, dont on peut ouvrir ou fermer le plafond, dotée d’un matériel scéno-technique adapté. Encadrée par des échafaudages, elle peut accueillir des propositions à géométrie variable et des résidences de compagnies. Les loges donnent sur le plateau, et le grand atelier de construction des marionnettes débouche sur une cour accessible aux camions.

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Pédophilie : il y a loin du pardon à la justice

— Par Georges Vigarello, Directeur d’études à l’EHESS —

barbarin« L’« affaire Barbarin » est retentissante parce que le cardinal s’en tient à une «  demande de pardon  » aux victimes, révélant la distance entre le vieux repère religieux et le repère juridique. Elle ouvre pourtant sur un emballement médiatique qu’il faut regretter. »

Lorsque le Père Contrafatto, prêtre italien officiant à Paris, est accusé, en 1826, de violence sexuelle sur une enfant de 5 ans, son long procès révèle d’abord l’incompréhension des juges. Comment un homme aussi discret, aux mains aussi blanches, à l’apparence aussi raisonnable, peut-il se livrer à des actes aussi abjects  ? Comment son apparente normalité peut-elle recéler sa redoutable duplicité  ? Contrafatto, condamné, sera d’ailleurs rapidement libéré, protégé par l’Eglise autant que par le pouvoir d’une Restauration craignant les effets politiques de la querelle religieuse.

Reste que de telles accusations demeurent rares encore au XIXe siècle, comme au XXe siècle, même si les agressions sont nombreuses, même si en 1865 un frère des écoles chrétiennes de Versailles est accusé d’attentats à la pudeur sur 87 enfants, provoquant la colère et le désarroi des parents, leur vindicte aussi, certains proposant même de «  brûler et saccager la maison des frères  ».

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Quand les Rolling Stones ne pensaient pas venir à Cuba

— Par Guille Vilar —

rolling_stones_logoBien sûr que tout genre a une matrice, il a une source d’où coule l’ambiance sonore d’un univers musical qui continue son évolution. Par conséquent, on ne peut pas parler du rock britannique et des Rolling Stones si nous ne parlons pas avant du rock and roll né aux États-Unis.

Depuis l’époque lointaine où proliféraient les plantations de coton étasuniennes soutenues par le travail des esclaves noirs en même temps que l’arrivée des colons européens, les conditions préalables sont nées pour que chaque groupe social ajoute les condiments pertinents à sa propre structure culturelle sans prendre en compte qu’un jour ils seront fusionnés dans un courant musical qui transformera, dans l’avenir, la jeunesse de la nation étasunienne.

Les appelées « chansons de travail » ont résultées emblématique pour atteindre cette évolution. Elles étaient interprétées par les esclaves noirs lors de récolte du coton ou dans les chorales de gospel dans les églises pour les Noirs. De nombreuses figures telles que Sonny Boy Williamson, Clarence Gatemouth Brown et l’appelé Père du Blues W.C. Handy, proviennent de cette culture opprimée qui, depuis la musique, défend son droit à une vie pleine comme citoyens libres.

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Mort du rappeur américain Phife Dawg

phife_dawgC’est un scénario auquel ne s’attendaient pas les fans de rap. Phife Dawg, de son vrai nom Malik Taylor, 45 ans, un des quatre membres fondateurs du groupe A Tribe Called Quest (ATCQ), est mort dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 mars à la suite de complications dues à son diabète. Il avait immortalisé nombre de slogans du rap dans ses performances scéniques, dont le fameux  » Here we go, Yo ! So what, so what the scenario ?  » (Scenario, 1991) ou l’introductif  » Microphone check, one two, what is this ?  » (Buggin’Out, 1991) que beaucoup d’artistes hip-hop ont repris. Fer de lance du collectif Native Tongues, ATCQ s’était démarqué de ses concurrents à la fin des années 1980 en empruntant leurs musiques aux jazzmen plutôt qu’aux traditionnels James Brown et autres classiques de la soul.

Malgré ses problèmes de santé récurrents, Dawg était en pleine forme lors de sa dernière apparition télévisée en novembre 2015. A l’occasion de la réédition de leur premier album, People’s Instinctive Travels and the Paths of Rythm, la formation incontournable du hip-hop des années 1990, dont Kendrick Lamar, Pharrell Williams ou Kanye West sont les héritiers directs, célébrait le 25e anniversaire de la sortie de leur disque, sur le plateau du  » Tonight Show « , de Jimmy Fallon.

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L’écrivain américain Jim Harrison est mort

jim_harrison-2Jim Harrison, l’écrivain américain qui qualifiait son pays de « Disneyland fasciste » s’est éteint à l’âge de 78 ans, a-t-on appris dimanche 27 mars. Cet amoureux des grands espaces et des bons vins laisse une œuvre considérable : quatorze romans et dix recueils de poésie.

La mère de Jim Harrison est d’origine suédoise. Son père est agent agricole, spécialisé dans la conservation des sols. Jim Harrison naît le 11 décembre 1937 à Grayling, dans le Michigan, Etat boisé auquel il restera fidèle, y possédant par la suite un chalet isolé. Ses grands-parents sont fermiers. Jim Harrison grandit au sein d’une famille nombreuse et aimante. D’abord ouvrier agricole puis agronome-conseil, son père l’initie à la pêche et lui enseigne le nom des plantes.
Lorsqu’il a trois ans, la famille emménage dans la ville de Reed City (Michigan). Pour ses 7 ans, Jim reçoit un manuel de survie où deux jeunes Blancs apprennent à vivre dans la forêt pendant un mois, tels des Indiens. Il s’identifie à eux : ce Two Little Savages, de Thomas Seton le marque profondément, concentrant deux passions que Jim Harrison ne cessera de cultiver : la vie sauvage, à laquelle il sera attaché par les sens et par l’esprit, et les cultures autochtones, pour lesquelles il entretiendra une profonde curiosité.

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Felwine Sarr : «L’Afrique n’a personne à rattraper»

— Par Catherine Calvet, (recueilli par) —
felwine_sarrDe plus en plus, notre système capitaliste semble atteindre ses propres limites. Une croissance infinie dans un monde fini ne serait qu’un mythe. Face à cette impasse, un économiste sénégalais propose que l’Afrique apparaisse enfin comme une alternative, plutôt que comme une éternelle subalterne.

Felwine Sarr est un jeune économiste, enseignant à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, au Sénégal. Passionné de philosophie et de science sociales, il est aussi romancier, musicien, éditeur. De ce profil atypique vient sûrement l’originalité de son dernier essai Afrotopia, publié chez Philippe Rey le 10 mars. Selon lui, le continent continue d’être perçu au travers du regard extérieur, occidental : «sous-développé», en retard, toujours en position inférieure. Faut-il décoloniser notre façon de voir l’Afrique ? Un objectif que Felwine Sarr adresse surtout aux Africains, les premiers concernés.

S’affranchir des critères occidentaux, ça veut dire quoi ?

Il s’agit de sortir de critères qui instaurent une dominance de l’économie, des catégories qui ne sont que quantitatives, statistiques, comparatives, et de réfléchir à une réalité en train de se faire et qui est mue aussi par de l’immatérialité.

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Zika : les hommes doivent attendre 6 mois avant de concevoir

zika_capoteLes autorités sanitaires américaines ont recommandé aujourd’hui, pour prévenir la transmission du virus Zika par voie sexuelle, que les hommes infectés attendent 6 mois avant de concevoir un enfant.

Pour les personnes porteuses du virus et qui en ont les manifestations (fièvre, éruption cutanée, douleurs articulaires…), les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) demandent aux hommes d’éviter d’avoir des relations sexuelles non-protégées ou d’utiliser un préservatif pendant au moins six mois après l’apparition des symptômes. Quant aux femmes, les CDC suggèrent qu’elles attendent au moins huit semaines après le début des symptômes avant d’essayer de devenir enceintes.
Ces recommandations s’appuient sur les périodes les plus longues de présence du virus Zika dans les fluides corporels qui ont été, par prudence, multipliées par trois. Le virus a notamment été détecté dans le sperme d’un homme 62 jours après le début de son infection, un record.

Pour les hommes et les femmes sans symptômes, mais qui ont pu être exposés au virus lors d’un récent voyage dans des zones endémiques ou par contacts sexuels, les CDC recommandent d’attendre au moins huit semaines avant de tenter une grossesse.

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Recherches en Esthétique n° 21, « La Réception de l’art ». Présentation.

— Par Olivia Berthon —

recherche_en_esthetique_n°21Le mardi 14 mars 2016, ESPE Martinique

Considérer l’art dans sa dimension sociale, s’interroger sur ce que l’art représente pour nous, pour moi, pour eux, pour les autres, voilà une des acceptions de la réception de l’art.

L’éditorial de ce 21e volume de la revue Recherches en Esthétique nous le précise : ce sont les évènements tragiques, survenus en janvier 2015, les tristement célèbres attentats de Charlie Hebdo qui ont incité Dominique Berthet et son équipe de chercheurs, contributeurs et collaborateurs, à s’interroger sur cette notion, celle de la réception de l’art, qui aujourd’hui, à l’ère d’Internet et des nouveaux médias de communication, se pose en de nouveaux termes.

En s’appuyant, sur la réception d’un dessin qui aurait pu porter la mention « ceci n’est pas le Prophète », pour faire référence à une des trahisons les plus célèbres, celle des images de René Magritte, la question posée se concentre, entre autres, sur la manière dont seront reçus différents « objets » qui tendent à se déployer dans un contexte donné. Contexte qui, à l’heure actuelle ne cesse de se développer, de s’étendre, grâce, comme je le disais à l’instant, à Internet, qui permet une diffusion massive et instantanée d’images flux, au-delà des cultures et des frontières.

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« Le Marchand de Venise » : comment ne pas prendre parti?

— Par Roland Sabra —

le_marchand_de_venise-4Dire que « Le Marchand de Venise » est antisémite est un anachronisme. Le mot n’a été créé qu’à la fin du XIXème siècle quand à l’aide du scientisme triomphant il a supplanté le terme d’anti-judaïsme. Qu’il s’agisse des Évangiles synoptiques, de l’épître aux Romains, de la première épître aux Thessaloniciens ou des Actes des Apôtres revient régulièrement la thèse d’un peuple meurtrier de Christ, meurtrier du fils de Dieu, meurtrier de Dieu lui-même. Cette thèse sera condensée au XIXeme siècle sous la notion de peuple déicide. Mais n’en déplaise aux anciens babyloniens, en l’occasion la chose n’avait pas besoin d’un nom pour exister, et il fallu attendre Vatican II, en1962 pour que Nostra Ætate, admette que les Juifs ne pouvaient être reconnu responsables de la Passion !

Le Marchand de Venise est une pièce bien plus complexe qu’il n’y paraît. On pourra lire avec profit (!) l’analyse de Christophe Perrot.

Rappelons l’argument. « Bassanio, ruiné, demande à son ami Antonio de lui prêter de l’argent pour séduire Portia, une riche héritière. Antonio se présente chez le Juif Shylock pour lui emprunter de l’argent contre intérêt alors qu’il n’a cessé de l’insulter publiquement à cause de la pratique Juive de l’usure.

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Le lycée Schoelcher doit disparaître

— Par Yvon Joseph-Henri —

lycee_scholecher_mortTRIBUNE — Le lycée Schœlcher doit disparaître, non parce que je le souhaite, mais parce qu’à y bien réfléchir, il est déjà mort.

Pour ceux qui s’en souviennent et pour les autres, à peine arrivé au lycée à la rentrée 2000-2001, indigné de son état de vétusté, j’ai été l’artisan majeur de sa reconstruction, entraînant avec moi le SNES et les autres syndicats minoritaires de l’établissement (UNSA, CSTM-UGTM). Le Président Alfred Marie-Jeanne voulait déjà raser le lycée, disait-il, mais il a accepté tout de même que l’étude de sa reconstruction se fasse. Nous voulions un lycée de transit, mais nous, syndicats, n’en avons jamais fait un préalable tout comme nous n’avons jamais fait de l’esthétique un préalable. En même temps, force est de reconnaître que Messieurs Soumbo (élu à l’époque, président de la commission éducation à la Région Martinique) et Marie-Jeanne (alors Président de la Région) ne voulaient pas de lycée de transit que justifiait pourtant l’état de l’ensemble des établissements de la Martinique. Il ne restait donc plus que l’opération à tiroirs que nous acceptâmes : on détruisait les grands bâtiments du fond (anciens dortoirs de l’internat), on relogeait la communauté scolaire qui les occupait dans des préfabriqués à étages sur l’esplanade des logements des personnels qu’on détruisait.

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Une utile fréquentation

— Par Christian Louise-Alexandrine —

daniel_bensaidEn France et ailleurs dans le monde, les amis de Daniel Bensaïd (dont je ne suis point) évoqueront sans aucun doute ses soixante-dix ans, puisqu’il est né le 25 mars 1946.

Décédé en janvier 2010, ce révolutionnaire français, professeur de philosophie à l’Université, est à l’évidence un adepte du « marxisme sans sottises » si l’on en juge par son souci permanent de tenir un discours cohérent, à partir des écrits et des pratiques de Marx, Lénine, Trotski, Blanqui, Péguy, Benjamin et de la plupart des penseurs soucieux de proposer une critique informée du fonctionnement et des méfaits du capitalisme et de proposer des politiques d’émancipation en se plaçant systématiquement du point de vue des dominés.

En Martinique, en 2016, et ceci depuis une trentaine d’années, le nationalisme culturel et son frère jumeau le nombrilisme interdisent de convoquer un penseur comme Bensaïd par ceux qui veulent comprendre ce qui se passe dans le monde, et donc dans ce pays..

Or, le site internet danielbensaid.org qui permet de découvrir l’ampleur de la production intellectuelle du « militant philosophe », sera d’une fréquentation très utile pour celui qui, tout en n’étant pas un révolutionnaire, souhaite un changement social réel à la Martinique.,

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 » Je suis » : exposition de Jean-Claude Bonne

Vendredi 18 mars au samedi 02 Avril

je_suis-1— Par Fernand Tiburce Fortuné * —

Centre Auto, Place d’Armes au Lamentin Martinique

Cette exposition de Jean-Claude Bonne (JCB) nous donne à voir des femmes. Non pas que le thème de la femme ait été absent de son œuvre depuis longtemps, mais ici, il la donne toute, la dévoile, en fait une véritable statue, et le symbole du siècle, qui l’a rehaussée à l’égalité, à la fraternité, à la liberté, après ses combats, ses défaites et ses victoires, enfin.

Nous entrons, grâce à ses œuvres, si caractéristiques qui définitivement portent l’empreinte de Jean-Claude (son graphisme unique, ses couleurs et surtout cette ligne dans laquelle il a créé son mythe féminin), dans une sorte de mémorial, qui nécessairement fait remonter dans notre inconscient l’histoire de leurs luttes, et en même temps dans une actualité gourmande de liberté et d’expression de cette même liberté à travers les corps libérés, les corps que l’on montre, les corps que l’on cache pour mieux les révéler, comme pour dire : « me voici, me voilà, j’existe ! ».

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