Vers l’interdiction de détruire les invendus de produits non alimentaires…

Un projet de loi à l’étude propose d’imposer aux marques de donner ou de recycler leurs invendus, y compris dans le domaine du luxe. Si cette mesure française est adoptée, ce serait une première mondiale dans la lutte contre le gaspillage.

La destruction des invendus non alimentaires va être interdite d’ici deux à quatre ans en France, a annoncé mardi 4 juin le Premier ministre Édouard Philippe.

« Ce sera une première mondiale », s’est-il félicité. Cette mesure vise à imposer de donner ces produits ou de les recycler, à partir de fin 2021 ou de fin 2023 suivant les cas, en complément aux mesures déjà adoptées ces dernières années contre le gaspillage alimentaire.

« Un gaspillage scandaleux »

Aujourd’hui, plus de 650 millions d’euros de produits non alimentaires neufs et invendus sont jetés ou détruits chaque année, soit cinq fois plus que les dons de ces mêmes produits, selon Matignon. Sont concernés par exemple les vêtements, l’électroménager, les produits d’hygiène ou de beauté, etc.

« C’est un gaspillage qui choque l’entendement (…) un gaspillage scandaleux », a souligné Édouard Philippe, venu annoncer la mesure dans un magasin CDiscount dans le 11e arrondissement de Paris.

La mesure, « qui consistera en l’interdiction de l’élimination des invendus, neufs ou en général », figurera dans le projet de loi sur l’économie circulaire préparé par la secrétaire d’État Brune Poirson, qui doit arriver en Conseil des ministres en juillet, a-t-il précisé.

Cette proposition intervient au moment où l’exécutif veut convaincre de son action en matière d’écologie et répondre aux attentes environnementales des Français, illustrées par une poussée du vote écologiste lors des dernières européennes.

Pas de dérogation pour les produits de luxe

La destruction de produits est répandue tant parmi les grands distributeurs que les marques de luxe qui y voient une façon de protéger la propriété intellectuelle et d’empêcher la contrefaçon.

Selon Matignon, le fait de ne pas contraindre les enseignes à donner les produits, mais de laisser ouverte la porte à du recyclage, permet de rassurer certains secteurs, comme le luxe, inquiets de voir émerger un marché parallèle avec des produits bradés.

« Des secteurs qui pourraient y voir un risque de détérioration de leur image de marque s’ils donnent leurs produits, auront toujours la faculté de transformer leurs produits s’ils ne souhaitent pas les donner », a-t-on souligné

Certains produits qui ne sont plus utilisables passée une certaine date pourront faire l’objet d’exceptions.

 France24 avec AFP