Transition climatique agricole : Le Haut Conseil pour le Climat prône des transformations profondes et une cohérence politique

Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a dévoilé, le jeudi 25 janvier, un rapport crucial en pleine agitation du monde agricole. Alors que les agriculteurs expriment leur désarroi face aux faibles revenus, à la concurrence déloyale des importations et aux contraintes administratives, le HCC propose des préconisations majeures pour l’agriculture et l’alimentation afin de relever les défis climatiques.

Le secteur agroalimentaire, représentant 22% des émissions de gaz à effet de serre en France, est confronté à un triple défi selon le rapport du HCC : réduire ses émissions, augmenter le stockage de carbone dans les sols et s’adapter à un climat plus chaud. Les politiques actuelles sont jugées insuffisantes, malgré une diminution de 7,9% des émissions entre 2015 et 2023.

Le HCC préconise une réduction de 50% des émissions agricoles d’ici 2050 en diminuant la consommation de produits d’origine animale de 30%, l’utilisation d’engrais azotés de 40% à 100%, et en favorisant l’agroécologie et l’agriculture biologique. Toutefois, le rapport souligne la nécessité de transformations profondes à moyen et long terme, et appelle à une action sur la consommation plutôt que sur les cheptels.

Pour atteindre ces objectifs, le HCC insiste sur la nécessité d’une planification à long terme avec des mesures d’accompagnement et de transition. Il recommande également de renforcer la cohérence entre les différentes politiques publiques, de favoriser l’agroécologie, et d’impliquer l’ensemble des acteurs du système alimentaire, de la production à la distribution.

Contexte de publication du rapport :

Le calendrier de publication du rapport coïncide avec une période d’agitation au sein du monde agricole, marquée par des mobilisations depuis la mi-janvier. Les agriculteurs expriment leur désarroi face à leurs conditions de vie et de travail, dénonçant leurs faibles revenus, la concurrence déloyale des importations et l’empilement de contraintes administratives. Cette situation souligne la complexité du contexte dans lequel le rapport est présenté, mettant en lumière les tensions actuelles et la nécessité de trouver des solutions concrètes.

Analyse des enjeux climatiques :

Le secteur agroalimentaire est identifié comme le deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre en France, représentant 22% des émissions totales. Le rapport met en avant le défi triple auquel le secteur est confronté : réduire les émissions de gaz à effet de serre, augmenter le stockage de carbone dans les sols et s’adapter à un climat plus chaud. La complexité du système alimentaire, impliquant de nombreux acteurs et intermédiaires, rend la transition vers des pratiques plus durables et bas carbone particulièrement difficile.

Les défis du secteur agricole :

Les agriculteurs expriment leur désarroi face à des revenus insuffisants, la concurrence déloyale des importations et les contraintes administratives. En réponse, le HCC souligne la nécessité d’une planification à long terme, mettant en avant des mesures d’accompagnement et de transition pour renforcer la résilience du secteur face aux crises. Les recommandations du HCC impliquent une inflexion majeure des politiques actuelles, avec un appel à des transformations profondes.

Le rôle de l’agriculture dans le système alimentaire :

La complexité des processus biologiques dans le domaine agricole rend plus difficile l’identification de solutions bas carbone, selon la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du HCC. De plus, la production agricole est intimement liée au système alimentaire, mais les acteurs de la transformation, de la distribution et de la restauration sont peu impliqués dans la transition. Cela souligne la nécessité d’une approche globale impliquant l’ensemble de la chaîne alimentaire.

Les objectifs de réduction des émissions :

Le secteur agricole doit faire face à des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En 2030, une réduction de 22% par rapport à 2015 est exigée, mais à mi-parcours, seulement un tiers de cette baisse a été réalisé. Le HCC souligne que des changements importants seront nécessaires pour atteindre ces objectifs, avec la perspective de réduire de 50% les émissions d’ici 2050.

Les leviers de la transition :

Le rapport identifie plusieurs leviers pour accélérer la transition climatique du secteur agricole. Une réduction de 50% des émissions est jugée réalisable en diminuant la consommation de produits d’origine animale de 30%, en réduisant de 40% à 100% l’utilisation d’engrais azotés, et en développant fortement l’agroécologie et l’agriculture biologique. Le report de la consommation de produits animaux vers d’autres sources de protéines est suggéré comme l’un des outils à actionner.

Les freins à la transition :

Le rapport souligne plusieurs freins à la transition vers des pratiques plus durables. La faible implication des acteurs de la transformation, de la distribution et de la restauration est soulignée, ainsi que la nécessité de renforcer la cohérence entre les différentes politiques publiques. Les politiques alimentaires actuelles se basent principalement sur l’information au consommateur, sans mesures contraignantes pour les chaînes intermédiaires.

Les recommandations du HCC :

Le HCC appelle à renforcer la cohérence entre les objectifs de la planification écologique, la déclinaison de la Politique agricole commune (PAC), le pacte et la loi d’orientation agricole. Il souligne que les politiques publiques existantes sont insuffisantes pour répondre au défi climatique. Le rapport encourage l’intégration des enjeux climatiques au cœur des politiques publiques agricoles et alimentaires à l’échelle territoriale, nationale et européenne.

L’importance de l’accompagnement des agriculteurs :

Alors que le contexte de tensions traverse le monde agricole, les experts du HCC reconnaissent une plus grande sensibilité des agriculteurs à l’avenir de leurs exploitations face au réchauffement climatique. Cependant, ils soulignent la difficulté pour les agriculteurs de changer de pratiques, nécessitant une réassurance humaine et économique. Ils appellent à une réorientation des aides économiques pour accompagner les changements nécessaires.

Conclusion et perspectives :

Le rapport du HCC tombe à point nommé pour éclairer les enjeux de la transition climatique du secteur agricole. Les recommandations proposées visent à accélérer les changements nécessaires tout en reconnaissant les défis et les freins existants. L’implication de l’ensemble de la chaîne alimentaire, une planification à long terme et des mesures d’accompagnement sont essentielles pour assurer la résilience du secteur face aux enjeux climatiques. La sensibilisation accrue des agriculteurs et la réorientation des politiques économiques peuvent contribuer à faciliter cette transition vers des pratiques plus durables et bas carbone.

M’A