Samedi 26 avril à 19h |Dimanche 27 avril à 16h au Téyat Otonom Mawon, Croix Mission à FdF
Plein emploi
Mise en scène – Scénographie – Univers sonore : Éric DELOR
Avec
Rita Ravier
Fiona Soutif
Virgil Venance
Marc julien Louka
C’est la veille de Noël. Chez Plein Emploi, c’est la période des bilans, il faut rendre des comptes à tous les « subventionneurs » qui font vivre l’association. Chacun doit aussi faire face à des ennuis personnels. Paule-Anne a un avion à prendre. Philomène a maille à partir avec son fils. Il faut aussi embaucher une nouvelle collaboratrice en vue d’un projet gigantesque que fomente Paule-Anne. Projet qui rend Philomène dubitative étant donné que « Plein Emploi » est exsangue et ne continue à fonctionner que grâce aux amitiés politiques et aux petits arrangements de Paule-Anne. Il ne manquerait plus que débarque un contrôleur de l’Union européenne pour que ce soit la pagaille la plus complète et que le réveillon se transforme en cauchemar… Une soirée qui s’annonce distrayante et à ne pas manquer.
Chez « PLEIN EMPLOI », pour Philomène et Pierre-Antoine c’est l’effervescence !


Plein Emploi ou Pôle Emploi ? Ce n’est pas la même chose et la secrétaire de Plein Emploi commence à en avoir plein le dos des appels pour Pôle Emploi qui arrivent sur son téléphone de la part de chômeurs qui ont confondu les deux termes. Mais comme elle leur dit (à peu près) : est-ce que vous avez déjà entendu quelqu’un au bout du fil quand vous appelez Pôle Emploi ? Non, bien sûr, vous n’avez jamais qu’un répondeur : ici, c’est différent. A ceci près que cette association d’insertion appelée Plein Emploi est pour l’essentiel une arnaque servant à accaparer les fonds publics. Parmi les chômeurs qui appellent il y a un certain M. Marie-Joseph (clin d’œil à l’intention des habitants de la Martinique où un Marie-Joseph célèbre, loin d’être au chômage, est propriétaire de plusieurs entreprises…). La pièce commence, muette, par la secrétaire Philomène (Rita Ravier) qui s’installe en prenant tout son temps. Arrive ensuite Pierre-Antoine (Virgil Venance), le patron de la boite, en tenue de cycliste. Il entreprendra de se changer mais ne metta jamais son pantalon, il restera jusqu’au bout en chemise-cravatte et les jambes nues sous sa culotte de vélo.
Il est des ouvrages qui d’emblée vous emballent et puis vous déplacent, vous portent loin de la réalité du monde, loin de tout et de vous-même. Ils vous propulsent dans la fiction, le rêve, l’ailleurs, vers « la distance abstraite ». Ils vous émeuvent, vous bouleversent ou vous font sourire et dans tous les cas vous font réagir.
Un rituel est en gestation. José Exélis accueil son public dans le hall. Un musicien l’accompagne. Le metteur en scène cadre la lecture puis entraîne son auditoire dans le méandre des couloirs de la bâtisse. Sur le chemin un fil conducteur parsemé de feuilles mortes et de bougies mène vers la salle attenante à la terrasse ou doit se dérouler la lecture mise en espace. Dans la semi-pénombre sur fauteuils et tabourets, six personnages, deux femmes et quatre hommes attendent immobiles, figés en un temps d’un autre temps. Devant les musiciens en fond de scène et face aux autres comédiens, trône, imposante, une momie, le haut du corps et le visage couverts d’une longue écharpe, blanche et sang. A la fermeture des portes, le voile sera défait, comme un retour vers le passé pour tenter d’éclairer le chemin d’un présent qui bégaie dans la souffrance et la douleur.


Les metteurs en scène Eric Delor et josé Exélis nous proposaient le 31/03/10 à L’Atrium une version revisitée, plus épurée de « EIA » crée en juin 2009 à l’occasion de l’anniversaire d’Aimé Césaire. L’originalité de la démarche consiste à essayer une alliance entre le théâtre et le slam. Le slam, dont on a pu entendre une belle prestation il y a peu à l’Atrium avec « Grand corps malade » relève à l’origine de la joute oratoire. La rythmique du poème procède par assonances, allitérations, onomatopées et répétitions consonantiques. Les champs lexicaux mêlent avec plus ou moins de bonheur les registres du familier et du soutenu, de l’argot et de la préciosité, le verlan et les anglicismes. Du point de vue argumentatif dominent l’apostrophe et l’impératif, modes d’expression d’une violence dénonciatrice des injustices sociales. La forme semble en parfaite adéquation avec la dénonciation du colonialisme, du racisme, de l’esclavage, de l’oppression, de la société de consommation etc., ces thématiques lancinantes et récurrentes que tout artiste antillais se doit d’arpenter s’il veut se faire un chemin.