— Par Jean Samblé —
Le procès de Serge Letchimy, Didier Laguerre, Yvon Pacquit et Max Bunod, jugés devant la 32ᵉ chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris pour détournement de fonds publics et recel, a mis en lumière un montage administratif complexe autour du départ à la retraite de l’ancien député et président de la Collectivité Territoriale de Martinique.
L’affaire trouve son origine en 2016, lorsque Serge Letchimy, battu aux élections régionales mais toujours député, sollicite sa réintégration dans son ancien poste d’ingénieur territorial à la mairie de Fort-de-France — un statut pourtant incompatible avec la fonction de parlementaire selon le code électoral. Réintégré pour trois mois, il perçoit alors 23 465 € de salaires ainsi qu’une prime exceptionnelle de départ à la retraite de 67 552 €. Ces versements interviennent malgré deux alertes formelles du comptable public, qui refuse d’abord de valider le paiement et signale la situation à l’État.
Durant les audiences, les débats ont largement porté sur la légalité de cette réintégration ainsi que sur l’avancement professionnel exceptionnel dont avait bénéficié Serge Letchimy, devenu « ingénieur de classe exceptionnelle » malgré son absence prolongée de fonctions techniques depuis 2001.

Une affaire administrative vieille de plus de vingt ans revient aujourd’hui au premier plan de la scène judiciaire et politique. À partir du 17 novembre, quatre personnalités majeures de la vie publique martiniquaise – Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), le maire de Fort-de-France Didier Laguerre, son premier adjoint Yvon Pacquit, ainsi que l’ancien directeur général des services municipaux Max Bunod – sont appelées à comparaître devant la 32ᵉ chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. Ils sont poursuivis pour détournement de fonds publics, recel ou complicité, dans une affaire complexe mêlant règles statutaires, principes constitutionnels et décisions administratives contestées.
Fort-de-France, le 31 octobre 2020.

« Je veux saluer l’attitude et la réaction de Didier Laguerre, le maire de Fort-de-France, lorsqu’il a eu à faire face à la colère de certains militant.e.s. Alexanne venait de se faire gazer. Je le lui ai dit personnellement lundi soir. Face à tant d’injustices, le pays est comme une cocotte-minute. Le ras-le-bol et la colère prennent le dessus. Tout peut ou pourra mettre le feu aux poudres et ce ne sont pas les menaces de poursuites des activistes qui vont calmer les choses. La violence dont Fanon¹ parlait en 1961 s’invitera encore tant que ce piétinement de de ce que nous sommes aura lieu. Je reste attentif à cette soi-disant enquête de l’IGPN sur les violences qu’a subies Keziah.
Le 28 mai 2020