Stop Croisières!

Au moment où certains osent célèbrer la reprise des croisières Madinin’Art reprend cet article publié il y a un an et toujours d’actualité, hélas!

Le sujet des croisières a, depuis quelques mois, pris une place grandissante dans l’actualité. A Marseille, après le blocage du Wonder of the Seas à l’entrée du port par des militant·e·s d’Extinction Rebellion et de Stop Croisières, la pétition de la Ville de Marseille contre la “pollution maritime”, qui a recueilli près de 50 000 signatures, a contribué à inscrire ce sujet à l’agenda médiatique et politique. 

Toutefois, les réactions suscitées par cette pétition ont, dans leur immense majorité, restreint le sujet des nuisances liées aux paquebots de croisières à la pollution de l’air. Or, si ce sujet est bien évidemment majeur, il ne constitue qu’une facette de l’anachronisme de cette industrie face aux enjeux de notre monde. Comme présenté dans l’argumentaire [1] du collectif Stop Croisières, les nuisances générées par ces monstres des mers sont multiples :

  • Pollution de l’air,
  • Pollution de la mer,
  • Réchauffement climatique,
  • Consommation extravagante de ressources et d’énergie,
  • Retombées économiques dérisoires au regard de ces impacts,
  • Évasion fiscale et contournement des législations.

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Ainsi, le satisfécit des acteurs portuaires et lobbyistes de la croisière en évoquant l’électrification d’une partie des quais et la perspective de bâteaux fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL) comme les voies du verdissement de cette industrie, tient de l’enfumage. Au regard de tous les impacts évoqués, ce secteur non-essentiel n’est pas en mesure de se mettre en phase avec les enjeux de notre monde. Au contraire, les lourds investissements annoncés reviennent à remettre une pièce dans la machine et signer pour une prolongation de cette activité et de ses nuisances pour des dizaines d’années :

  • L’électrification des quais : 
    • Au préalable, il faut avoir en tête que contrairement à ce que laisse sous-entendre la communication du GPMM et de la Région, il n’est pas prévu ni possible d’électrifier l’ensemble des quais [2]. Un choix est fait d’électrifier une partie des quais croisières au détriment des quais des ferries internationaux, de la Forme 10 et en excluant le fret.
    • A l’heure où les pouvoirs publics appellent à la sobriété énergétique, peut-on réellement investir des dizaines de millions d’euros pour alimenter ces mastodontes qui consomment 3 à 4 fois plus d’énergie que les ferries (entre 10 et 20 MW par navire) [2], le tout pour alimenter des loisirs non-essentiels et toujours plus extravagants (patinoire, laser-game, jacuzzis…) ? Pas un euro ne doit être investi pour pérenniser la croisière ! Surtout quand le Club de la Croisière annonce qu’il sera nécessaire de recevoir 2 millions de croisiéristes par an pendant 20 ans (soit plus que les 1,8 millions reçus en 2019, année record) pour “rentabiliser l’investissement” [2] [3] ! 
  • Le gaz naturel liquéfié (GNL) : présenté comme une énergie “propre”, ce combustible fossile extrait du sous-sol présente en réalité un effet catastrophique sur le climat, au moins aussi mauvais que le fioul lourd qu’il est censé remplacer, en raison des fuites de méthane et de l’énergie consommée tout au long de la chaîne d’approvisionnement [4], [5]. Tout investissement dans cette technologie pour des bateaux de croisières revient à valider leur pérennisation et leur contribution massive au dérèglement climatique pour les années à venir.

Au regard de ces éléments, le Collectif Stop Croisières demande à :

  • Prioriser l’électrification des quais pour le chantier naval de la Forme 10 (pas à l’ordre du jour à l’heure actuelle) et pour les navires plus utiles que sont les ferries et les navires de fret. A ce titre, nous demandons à la Ville de Marseille de clarifier les conditions de son investissement de 10 M€ dans le (mal nommé) Plan Escale Zéro Fumée de la Région Sud.
  • Investir dans la formation et l’accompagnement à la reconversion du secteur de la croisière et de ses salariés, plutôt que dans sa pérennisation. La Région, cheffe de file en matière de développement économique et de la formation professionnelle, pourrait en faire un projet pilote de réorientation de l’économie de nos territoires.
  • Interdire les scrubbers en Méditerranée à l’occasion de la mise en place de la zone SECA en 2025. A ce jour, il est toujours prévu que cette zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre autorise ce système de filtre des fumées qui transfère la pollution de l’air dans la mer, validant cette autre fausse solution qui contourne la réglementation au profit des armateurs.

À quand un plan “Zéro Escale” pour les navires de croisières ?


Sources :

Source : Stop Croisières