RN 5 à Rivière-Salée : pour qui ces m3 d’enrobés(*) ?

— Par Florent Grabin, Président de l’Association Ecollogique P.U.M.A. —

Depuis quelques temps la Nature nous démontre qu’elle est maîtresse des horloges à Rivière-Salée sur la RN 5. A chaque grosse pluie, les eaux de ruissellement peinent à circuler librement vers la baie de Fort-de-France en passant par la Mangrove de Génipa. Les différents remblais dans la zone depuis Génipa, jusqu’au Rond-point du Bourg de Rivière-Salée sont venus perturber le bon écoulement de ces eaux. Les faits nous donnent raison, il fallait tenir compte de tout le bassin versant en respectant les lois de la Nature.

Aujourd’hui il y a un fait nouveau, c’est l’élévation du niveau de la mer, dû aux effets du changement climatique, la RN 5 dans cette zone est actuellement au même niveau que la baie en temps normal. Lors des aléas climatiques (cyclones, fortes précipitations), les vagues de submersion nous donnent des hauteurs qui inévitablement vont aggraver la situation actuelle.

Ce phénomène a fait prendre des mesures politiques à la CTM qui consistent à rehausser la RN 5 de 1 m environ, pour quel volume d’enrobés, et surtout avec ce coût très élevé face à l’objectif ? Fallait-il faire ces travaux ? Oui… Notre économie en a grand besoin, gageons que les entreprises seront payées dans les délais. Cependant ce chantier fait débat, une fois de plus le bricolage est dominant, la gestion à la petite semaine est permanente, cette prestation est écologiquement abominable ! Nous allons sous peu techniquement payer encore plus cher.

Qui a pensé à placer des capteurs (compacité, contraintes, déformations verticales et horizontales, circulation des eaux dans le para fouille de cet axe routier…), en profondeur pour comprendre et mesurer ce qui va se passer, que beaucoup n’imaginent pas le moins du monde ? Pourquoi n’a-t-on pas prévu de tranchée drainante qui ralentirait le biseau salé et les eaux parasites ? Pourquoi ne pas avoir prévu un bon ferraillage de cet important tablier d’enrobés ?

Dans les prochains jours, la croûte va s’effondrer d’un seul coup, par exemple de dizaines de centimètres. L’élévation de cette portion de route est un barrage renforcé qui va constituer une digue ce qui rendra les terrains agricoles de la zone non exploitables ; quant à toutes les autres conséquences désagréables du lais et relais des mouvements maritimes qui vont se manifester, grâce à ce biseau salé envahissant venant de la Mangrove, etc. C’est pour qui ces m3 d’enrobés ?

Cette prestation laisse augurer du niveau de réflexion de l’équipe en charge des infrastructures à la CTM qui a pour obligation de mener les études pour la protection des 25 communes de notre littoral.

Quand on ne sait pas où l’on va, tous les chemins ne mènent nulle part, la suffisance de certains de ceux qui défilent sur les ondes ne peut pas nous laisser indifférents, la population a droit au respect. Nous avons pour devoir de s’indigner sur cette triste réalité de choix à l’emporte-pièce que nos dirigeants font pour répondre à l’urgence de l’aménagement de notre territoire.

Nous ne cessons pas d’interpeller nos Dirigeants, de tout bord politique sur l’importance de la co-construction du réaménagement de notre territoire. Faut-il attendre que la mer soit au niveau du parvis de l’Église du Gros-Morne qui est à la côte de 225 m pour réagir ? Quand on pense que certains hauts dirigeants se gargarisent à dire qu’ils se battent pour que demain leurs petits fils disent que c’est mon grand-père qui est à l’origine de ces travaux. Papy la vie nous a appris que l’on vit avec beaucoup de mauvaises actions sur la conscience et quelques bonnes intentions dans le cœur, merci de penser à l’intérêt général, la lucidité c’est regarder la réalité, c’est l’action politique pour construire un nouveau pays à laisser comme héritage à nos enfants quand on est en responsabilité.

Le syndrome de l’autruche conduit malheureusement à l’inaction climatique, les dégâts commencent à s’imposer à nous avec leur imposant lot de désolation, de perte des biens. Nous avons chez nous toutes les compétences que nos dirigeants tardent à mobiliser, dans ces conditions que faire pour les faire bouger ?

Au moment où tout le monde réclame plus de pouvoir que ce qui existe déjà, ne soyons pas surpris d’entendre demain que tout est de la faute de l’État. Pour l’instant le constat est unanime, avec un électro cardiogramme plat il y a non-assistance à pays en danger, il ne faut pas se voiler la face, nous avons tous une part de responsabilité que nous devrons assumer.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, actuellement la CGSS enfonce le dernier clou du cercueil des entreprises en difficulté, avec pour motivation qu’elle procède au recouvrement des assujetties au RSI qui a transféré tous les dossiers à la CGSS. Afin de pouvoir éclairer la population, nous invitons nos Parlementaires à mettre en œuvre une enquête parlementaire sur cet organisme.

Quand vous êtes au sommet, n’humiliez jamais ceux qui sont en dessous, vous pourriez les croiser en redescendant, nous sommes profondément convaincus que, Pour Une Martinique Autrement, il faudra passer au scanner notre pays.

. Pour l’association écologique PUMA

Le Président

Florent GRABIN

(*) Un enrobé est un mélange de graviers, de sables, de fines et de liant, appliqués en une ou plusieurs couches, pour constituer le revêtement des chaussées, des trottoirs, des zones de stationnement…
Les « fines » (ou « fillers ») : sables et poussières de section inférieure à 63 micromètres. Ces éléments, présents naturellement en faible quantité dans les granulats, sont essentiels pour réaliser l’enrobage du liant (le bitume) avec les granulats, car ce sont les fines qui agrègent le bitume.