Résistance

— Par Guillaume Goubert, Directeur du journal La Croix —
Au moment où s’ouvre le procès des attentats de janvier 2015, comment ne pas être frappé par une disproportion. D’un côté, une procédure extrêmement élaborée – 49 jours d’audience et 171 tomes de documents préparatoires. De l’autre, des accusés qui sont des personnages de second rang, les principaux acteurs des attaques étant morts ou en fuite. L’effort judiciaire en vaut-il la peine ?

Sans hésiter, il faut répondre que oui. Ce procès est utile par l’éclairage qu’il va apporter sur les faits et des enseignements qui pourront en être tirés pour faire face au terrorisme. Il est nécessaire parce qu’il va donner la parole à ceux qui ont subi les conséquences de ces attaques, dans leur chair et dans leur âme. Le dernier mot ne doit pas appartenir aux assassins.

Surtout, ce procès est la seule réponse véritablement digne d’une démocratie face à la violence aveugle. À la force des armes va répondre la force du droit, y compris celui des accusés d’être défendus par leurs avocats. À l’instantanéité sanglante des coups de feu s’oppose la longue patience méthodique de la justice. Et, dans cet esprit de résistance à la barbarie, il est légitime que Charlie ait republié mardi les caricatures à l’origine de la tragédie. Ces dessins peuvent choquer, et le blasphème n’a pas notre sympathie. Mais, face aux massacreurs, la liberté d’expression – qui est aussi celle des croyants – ne se divise pas.
Guillaume Goubert