Rencontre avec Laëtitia Guédon, metteure en scène

Penthésilé.e.s/ Amazonomachie du 6 au 22 mai Théâtre de la Tempête

— Propos recueillis par Dominique Daeschler —

Flash-back : Laëtitia guédon, sourire éclatant et yeux gourmands, vient présenter son projet Bintou et son travail sur le théâtre grec à la Drac Martinique. Bingo ! Le lycée Schoelcher, la scène nationale bénéficieront de son goût de la transmission et de son entrée en « mise en scène » une dramaturgie précise, un sens de la direction d’acteurs, bousculent le plateau.

Aujourd’hui la metteuse en scène , qui reprend ce mois-ci Penthésilé.e.s au théâtre de la Tempête, pièce créée en in au festival d’Avignon l’an dernier, dirige « Les Plateaux Sauvages », lieu culturel de quartier ( 20ième arr ) repensé, relooké. Aujourd’hui Les Plateaux s’affirment comme une véritable fabrique artistique, tout en gardant sens et missions d’un lieu partagé. L’espace d’accueil est déjà un lieu où l’on peut se poser, avec des murs où l’on peut afficher. Dans le bureau de Laëtitia, une toile d’Henri Guédon d’un jaune foudroyant nous invite à la lumière. Il est temps de dire.

D Daeschler : De quels outils disposez-vous pour créer, diffuser, transmettre ?

L Guédon : Les Plateaux Sauvages c’est 3000m2 avec deux salles de spectacle, des studios, des salles de répétitions. Cela permet des résidences, un accompagnement qui aide la structuration des projets tant sur le plan technique qu’ artistique.

DD : Comment distingueriez vous votre implication dans la création de celle d’un CDN ou d’une scène nationale ?

LG : Nous ne faisons ni coproductions ni reprises. En matière de diffusion, les 14 accueils sont partagés entre artistes confirmés et artistes émergents.

DD : N’est-ce pas trop difficile pour une metteure en scène de se mettre dans la peau d’une directrice d’un lieu qui ne se consacre pas uniquement à la création ? N’avez-vous pas la tentation d’y faire toutes vos propres créations ?

LG : Non, le fait d’être metteuse en scène m’aide . Je me souviens de tout ce qui m’a manqué en phase de création. Mes productions ne font pas systématiquement partie de la programmation. La vie de la compagnie est dissociée du lieu. Je n’ai pas de dogme esthétique dans mes choix. Ce qui m’intéresse c’est le questionnement sur le monde d’aujourd’hui (auteurs, compagnies…)et comment je vais le partager, avec quels partenaires, avec quels publics.

DD : Ce qui frappe c’est votre souci de la transmission.

LG : Elle dérive naturellement de la création avec les artistes de saison. Les projets sont construits, imaginés avec les structures associatives ou non du quartier, de l’arrondissement et parfois avec de plus lointains « cousins » ( CDN de Toulouse).

DD : Vos projets ?

LG : Je mettrai en scène à l’horizon 2024 un opéra composé par Grégoire le Touvet ( en résidence) sur Nausicaa fille du roi Alcinoos qui donna l’hospitalité à Ulysse échoué seul et en plein dénuement sur l’île des Phéaciens. Encore et toujours l’identité et la reconnaissance.

DD : Deux mots sur «  Penthésilé.e.s /Amazonomachie ».

LG : C’est un oratorio, un spectacle qui mélange danse, théâtre, chant, vidéo pour évoquer à travers la reine des amazones le rapport des femmes et du pouvoir.

DD : Du théâtre indiscipliné mais citoyen…Même pas peur ?

LG : Hum…Je crois à l’Autre.

 

D Daeschler

Penthésilé.e.s/ Amazonomachie du 6 au 22 mai théâtre de la Tempête ( Cartoucherie de Vincennes).