Quand la yole de Martinique est enfin reconnue à l’Unesco…

Par Emmanuel de Reynal

La yole de Martinique appartient au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle fait maintenant partie des richesses culturelles immatérielles de l’humanité. Désormais, elle fera rayonner la Martinique bien au-delà de ses frontières. Elle montrera les plus belles facettes de notre île, celles que nos traditions façonnent depuis des siècles, celles que taillent aujourd’hui les hommes de la mer, celle que nos baies subliment à chaque rayon de soleil… Elle fera connaître au monde sa langue, ses acrobaties et sa danse.

Ce message de promotion est de toute beauté et tous les mots utilisés sont forts pour construire une promesse qui va droit au coeur, en ce moment de désespérance universelle : Paradis, nouvelle famille, amour, partage… tout y est. Mais comme toute promesse (qui n’est gratuite pour personne)… elle mérite d’être tenue. Guy Pollier

Elle dévoilera les secrets d’une embarcation qui n’est rien sans ses équipiers.

La yole de Martinique brille aujourd’hui par-delà les mers de la Caraïbe, et nous devons ce nouvel éclat à la ténacité d’un homme, Édouard Tinaugus, qui a su embarquer toutes les énergies dans son rêve. Merci Édouard, merci à tes amis, merci aux yoleurs, merci aux « barrés » de la Yole et merci à toutes celles et ceux qui ont contribué à cette magnifique réussite. Vous avez offert à la Martinique un cadeau immense : la fierté.

Fierté dans une pratique traditionnelle qui incarne à elle seule toutes les valeurs humaines de la Martinique : l’effort, l’audace, l’engagement, la solidarité, l’harmonie, la liberté, l’intelligence collective, la passion, la joie de vivre…

Mais en braquant fièrement les lumières du monde sur notre tradition marine, vous nous obligez à la faire vivre malgré les difficultés du moment. Vous nous obligez à réfléchir aux conditions de sa pérennité.

La yole de Martinique se nourrit de son tour annuel, qui coûte de plus en plus cher et met ses associations en difficulté chronique. Le titre de l’Unesco nous donne l’occasion de revenir à l’essentiel : promouvoir une activité traditionnelle accessible au plus grand nombre. Le moment est venu pour la Fédération locale de mettre en oeuvre les réformes de bon sens qui permettront aux yoleurs de poursuivre sereinement leur aventure. La première d’entre elles consiste à stopper la « course aux armements » lors des compétitions, en réduisant notamment la taille des voiles, en divisant par deux leur nombre autorisé, en amortissant chaque coque sur deux ou trois éditions, et en ne sélectionnant que des matériaux traditionnels pour leur construction. Ces simples mesures permettraient de réduire sensiblement le budget des associations. Elles permettraient en outre à de nouvelles yoles d’apparaître sur les eaux de Martinique… et à notre patrimoine culturel immatériel de briller encore longtemps à l’Unesco !

Emmanuel de Reynal