Plaidoyer pour une action immédiate contre les violences sexuelles faites aux enfants

— Par M’A —

Depuis 2021, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) s’est engagée dans une mission cruciale et historique : briser le silence qui entoure les violences sexuelles infligées aux enfants, en particulier l’inceste. Après trois ans d’investigation, la commission a publié ce vendredi son rapport final, qui témoigne de son rôle essentiel dans l’information, l’alerte, et la protection des victimes, tout en lançant un appel pressant à la pérennisation de son action.

Une mission contre le déni et le silence

La Ciivise, créée en 2021 pour une durée de deux ans et prolongée d’une année, a relevé le défi difficile de lutter contre le déni entourant les violences sexuelles faites aux enfants. Face à une société souvent réticente, la commission a réussi à informer, alerter, et aujourd’hui, elle se positionne pour protéger les victimes. Le rapport final, fruit de près de 30 000 témoignages recueillis au cours de cette période, présente une analyse approfondie des violences sexuelles faites aux enfants, accompagnée de préconisations claires destinées aux pouvoirs publics.

Enjeux majeurs révélés

Le rapport met en lumière des enjeux majeurs, soulignant que 160 000 enfants sont victimes de viol ou d’agression sexuelle chaque année, dont 81 % par un membre de leur famille. Ces chiffres alarmants mettent en évidence que neuf enfants sur dix choisissent de garder le silence, souvent en raison d’une « injonction paradoxale » où ils sont incités à parler mais ne sont pas crus lorsqu’ils le font.

Préconisations complètes pour des politiques publiques

La commission formule une série de préconisations sur quatre axes fondamentaux : la prévention, le repérage, le traitement judiciaire, et la réparation. Elle propose la généralisation du repérage des violences sexuelles dans certaines situations, telles que les grossesses adolescentes, les hospitalisations après une tentative de suicide, et suggère la création d’un rendez-vous annuel de dépistage et de prévention.

Mesures judiciaires et protection renforcée des victimes

La Ciivise met l’accent sur l’amélioration du traitement judiciaire, plaidant pour la mise en sécurité immédiate des victimes. Elle propose la création d’une ordonnance de sûreté de l’enfant en cas d’inceste vraisemblable, sur le modèle des ordonnances de protection des femmes victimes de violences conjugales. La commission ouvre également la réflexion sur l’imprescriptibilité des crimes et délits sexuels commis sur les enfants, soulignant la nécessité de ne pas opposer l’écoulement du temps aux victimes.

Appel pressant à la pérennisation de la Ciivise

Alors que la mission de la Ciivise est censée prendre fin à la fin de l’année, des voix s’élèvent pour appeler à sa pérennisation. La commission demande à poursuivre sa mission, soulignant l’élan qu’elle a donné et l’importance de continuer à lutter contre le déni. Des arbitrages sont attendus dans les prochains jours, notamment lors du comité interministériel à l’enfance organisé par la première ministre. Face à l’indignation de divers acteurs, la décision quant à l’avenir de la Ciivise reste incertaine, laissant planer une question cruciale : après avoir brisé le tabou, que sera l’avenir des victimes si cette commission, pourtant cruciale, devait cesser ses activités ?