226 search results for "Robert Berrouët-Oriol"

« Coup d’État constitutionnel » en Haïti 

Le double jeu de l’OEA et de l’ONU en appui au PHTK néoduvaliériste

— Par Robert Berrouët-Oriol Linguiste-terminologue —

La société civile haïtienne, à travers ses voix diverses et ses manifestations publiques, est unanime dans son diagnostic du drame haïtien contemporain. Pour l’essentiel, ce drame se caractérise par la dégradation accélérée des conditions de vie de la population, la déliquescence de la situation sécuritaire au pays et l’amplification des enlèvements contre rançon perpétrés par les gangs armés réputés proches et/ou instrumentalisés par l’Exécutif néoduvaliériste issu du Parti haïtien tèt kale, le PHTK d’extrême droite de Martelly/Lamothe/Moïse/KPlim/Jouthe/Joseph. La peur et l’anxiété se réinstallent dans les familles haïtiennes comme au temps de Papa Doc Duvalier à l’aune des assassinats ciblés, des disparitions et des pogroms exécutés en toute impunité dans les quartiers populaires. Ce drame se caractérise aussi par l’étiolement des institutions de l’État, la décapitation et l’affaiblissement du système judiciaire, la dilapidation des ressources financières de l’État, la gangstérisation de la gouvernance de l’État instituée par le dictateur François Duvalier et qui s’est exacerbée depuis la mainmise népotique des caïds du PHTK sur l’Exécutif suite aux élections frauduleuses des dix dernières années, ainsi que par le double jeu de l’ONU et de l’OEA en appui au PHTK néoduvaliériste.

→   Lire Plus

Langue créole, savoir académique et institutionnalisation : un débat toujours actuel

— Par Alain Saint-Victor, Enseignant, historien —

Recension du livre « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti »

Robert Berrouët-Oriol (coord.) et al.

Éditions Zémès et Éditions du Cidihca, 382 pages, mai 2021

Parmi tous les enjeux qui concernent l’avenir d’Haïti, celui de la langue occupe, sans conteste, une place fondamentale, incontournable. La question de la langue dans le contexte haïtien comporte une triple problématique (linguistique, sociale et historique) que l’on doit analyser pour rendre compte du fait linguistique dans le pays. Cette exigence n’est certes pas particulière à la réalité linguistique haïtienne, puisque pour comprendre la formation d’une langue, son évolution et le cadre de son utilisation, il faut tenir compte de ces trois facteurs. Mais dans le cas du créole haïtien, et dans celui d’autres créoles, cette approche dénote une certaine particularité du fait que le créole se situe dans une diglossie1 qui lui attribue un rôle dévalorisant, puisqu’il est considéré comme incapable d’exprimer le « savoir » conceptuel et scientifique. Étrange paradoxe : langue d’un peuple riche en connaissances culturelles, en savoirs agricoles et médicinaux, en expressions littéraires et musicales, en arts plastiques, le créole certes est « porteur » de savoirs, mais sa situation en tant que langue marginalisée, exclue des connaissances normatives ou savantes, le confine dans un rôle socialement inférieur, historiquement entretenu par une classe dominante comme une politique linguistique d’exclusion.

→   Lire Plus

Appel d’un collectif d’écrivains : il faut barrer la route au retour de l’emprise mortifère du duvaliérisme en Haïti

— Par un collectif d’écrivains, enseignants-chercheurs, universitaires, essayistes, acteurs socio-professionnels et citoyens engagés —

Notre pays que voici vit les heures les plus sombres de son histoire depuis la défaite de la dictature duvaliériste en 1986. Les nouvelles rapportées quotidiennement par la presse nationale l’attestent au défilé mutique des corbillards : massacres impunis commis par les gangs armés dans les quartiers populaires, violente répression des manifestations pacifiques du fait de la Police nationale d’Haïti instrumentalisée par l’actuel Exécutif, décapitation de l’appareil judiciaire, mise en coma du Parlement, assassinats sélectifs en pleine rue, intensification des enlèvements contre rançon, etc. Comme au temps funeste de Papa Doc Duvalier, il semble venu le temps de se parler par signes. Et la peur et l’angoisse se réinstallent dans les foyers, les parents hésitent à envoyer leurs enfants à l’école, et tôt en fin de journée les paisibles habitants des principales villes du pays se barricadent chez eux, craignant d’être la cible des gangs de rue et des zenglendos recyclés dans les basses œuvres du pouvoir politique.

Notre pays que voici a mal à l’idéal du vivre ensemble légué par les fondateurs de la Patrie en 1804.

→   Lire Plus

Le « référendum à choix multiples » de Ricardo Seitenfus au chevet du projet de « Constitution » néoduvaliériste du PHTK en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Depuis plusieurs années, je lis les textes de Ricardo Seitenfus traitant de l’un ou l’autre aspect de la situation sociopolitique d’Haïti et j’ai noté avec satisfaction que ses propos étaient dans l’ensemble empreints de clairvoyance et de sagesse. Universitaire et diplomate brésilien, diplômé de l’Institut de hautes études internationales de Genève, Ricardo Seitenfus a été envoyé spécial du Brésil en Haïti et, en 2008, chef de bureau de l’OEA à Port-au-Prince. Il est l’auteur de plusieurs livres, notamment « L’échec de l’aide internationale à Haïti – Dilemmes et égarements » (Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2015). 

L’auteur de cet important diagnostic de l’aide internationale à Haïti semble avoir récemment migré vers d’autres rives, moins exigeantes, de la pensée analytique. Ricardo Seitenfus, en rupture avec les analyses objectives auxquelles il nous a habitués lorsqu’il auscultait auparavant le drame haïtien, s’aligne désormais –nouvelle doxa oblige–, sur les scabreuses positions de l’OEA au pays de Dessalines. Le texte qu’il vient de livrer au motif d’« Un référendum à choix multiples », publié dans Le Nouvelliste du 30 avril 2021 sous le titre « Débat constitutionnel, la proposition de Ricardo Seitenfus », est manifestement désolant, dénué de rigueur analytique et, tout compte fait, scandaleux et offensant pour tous les Haïtiens soucieux de l’avenir de leur pays.

→   Lire Plus

L’aménagement du créole en Haïti et les droits linguistiques au regard du projet de « Constitution » néoduvaliériste du PHTK : les sables mouvants d’une dérive totalitaire

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Mirlande X, enseignante dans un lycée de Port-au-Prince et lectrice assidue de nos chroniques linguistiques depuis plusieurs années, nous demande dans un récent courriel si les droits linguistiques figurent dans le projet de « Constitution » que l’ex-président Jovenel Moïse –dont le mandat a expiré le 7 février 2021 selon la Fédération des barreaux d’Haïti, mais qui s’accroche au pouvoir dans un climat politique marqué par la régression des droits citoyens et l’emprise grandissante des gangs armés sur le territoire national–, s’est mis en tête de faire adopter par référendum en juin prochain. Pertinente, la question de Mirlande X renvoie à la nécessité de garantir, notamment dans un texte constitutionnel, l’efficience des droits linguistiques inscrits dans la Déclaration universelle des droits linguistiques de 1996. Et comme nous l’avons auparavant explicitement formulé à travers la vision de l’aménagement linguistique en Haïti que nous offrons en partage dans nos articles et dans nos livres, les droits linguistiques sont un droit premier.

→   Lire Plus

Parution en Haïti et au Canada du livre « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti »

— Par Jean Euphèle Milcé —
Le National salue la publication, en mai 2021, du livre collectif « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (coédition Zémès, Haïti, et Cidihca, Canada). Coordonné et coécrit par le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol, collaborateur régulier du National depuis plusieurs années, ce livre ouvre des perspectives nouvelles et fortes en vue de l’enseignement du créole et de l’enseignement des savoirs et des connaissances dans la langue maternelle des locuteurs. Pour découvrir cet ouvrage et en apprécier le contenu, Le National présentera bientôt à ses lecteurs, en exclusivité, une série d’entrevues réalisées avec plusieurs auteurs de « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti ».
Appelé à être un livre de référence majeur dans le système éducatif haïtien, ce livre est la première publication entièrement consacrée à la didactisation de la langue parlée par plus de onze millions de locuteurs au pays. Son aménagement est donc l’un des plus grands défis que l’État haïtien a l’obligation de mettre en œuvre en vue d’une éducation de qualité et véritablement inclusive.

→   Lire Plus

La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol —

Je suis particulièrement ravi d’annoncer la parution en Haïti et au Canada, en mai 2021, du livre « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (382 pages, coédition du Cidihca, Montréal, et des Éditions Zémès, Port-au-Prince).

L’orientation éditoriale et les objectifs de ce livre sont clairement énoncés : « Par la variété et l’amplitude des articles qu’il rassemble, le livre « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » institue une démarche pionnière en didactique du créole et en créolistique. Destinées à la fois aux professeurs des cycles primaire et secondaire, aux enseignants-chercheurs de l’enseignement supérieur, aux spécialistes du langage, aux didacticiens, aux journalistes et aux lecteurs divers intéressés par la question linguistique haïtienne, les études consignées dans le présent ouvrage, inédites et de grande qualité, couvrent chacune un ou plusieurs aspects de la didactisation du créole. Les auteurs des 15 chapitres de ce livre –des universitaires œuvrant en Haïti, en Europe, aux États-Unis, au Canada et aux Antilles françaises–, abordent la question de la didactisation du créole à la lumière de leurs champs de spécialisation : linguistique, sociolinguistique, didactique, sociodidactique, droit, littérature, terminologie, lexicologie, dialectologie et créolistique.

→   Lire Plus

Le DDF, « Dictionnaire des francophones »

Un monumental répertoire lexicographique de 400 000 termes et expressions accessible gratuitement sur Internet

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Lancé officiellement à Paris le 16 mars 2021 à l’occasion de la semaine de la langue française et de la Francophonie, le DDF, « Dictionnaire des francophones », est sans conteste l’un des événements dictionnairiques les plus marquants de l’histoire des dictionnaires de langue française depuis l’apparition au XVIIe siècle des premières grandes œuvres lexicographiques de Pierre Richelet (1631 – 1694), d’Antoine Furetière (1620 – 1688) et, en 1694, de la première édition du « Dictionnaire de l’Académie française » (2 vol.). Pierre Richelet a publié en 1680 le premier dictionnaire monolingue de langue française, le « Dictionnaire français contenant les mots et les choses » (2 vol.), tandis qu’Antoine Furetière est l’auteur du « Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et des arts » (2 vol., œuvre posthume parue en 1690). Le « Dictionnaire des francophones » est un monumental répertoire lexicographique de plus de 400 000 mots et expressions pour plus de 600 000 définitions et il est accessible gratuitement sur Internet à partir d’un ordinateur, d’une tablette numérique ou d’un téléphone intelligent à l’adresse www.dictionnairedesfrancophones.org

→   Lire Plus

L’aménagement du créole en Haïti et la réforme Bernard de 1979 : le bilan exhaustif reste à faire

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Dans l’article publié par Le National le 8 janvier 2020, « Le défi de l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien », nous avons mis en lumière des données factuelles sur l’introduction du créole aux côtés du français dans le champ éducatif et, à l’appui de notre propos, nous avons fait appel à des références documentaires utiles à l’intellection de la réflexion offerte en partage. Le présent article élargit l’éclairage analytique de cette question de fond au regard, cette fois-ci, de la première grande réforme du système éducatif haïtien connue sous l’appellation de réforme Bernard de 1979 et dont le bilan exhaustif interpelle.

La réflexion sur le statut, le rôle et la place du créole dans le système éducatif haïtien, souventes fois fragmentaire et inaboutie, n’est pas nouvelle en Haïti. Comme le rappelle à juste titre le linguiste Renauld Govain dans son article intitulé « Le créole haïtien : de langue d’alphabétisation des adultes à langue d’enseignement » (researchgate.net, 11 avril 2018), « En 1898 déjà, Georges Sylvain [déclarait] que « le jour où (…) le créole aura droit de cité dans nos écoles primaires, rurales et urbaines, le problème de l’organisation de notre enseignement populaire sera près d’être résolu ».

→   Lire Plus

L’aménagement du créole à l’épreuve du « Cadre d’orientation curriculaire » du ministère de l’Éducation d’Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue

Le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MÉNFP) d’Haïti a récemment émis un communiqué relatif au « Cadre d’orientation curriculaire pour le système éducatif haïtien / Haïti 2054 » (version de décembre 2020, « à valider ») dans lequel il expose les objectifs de ce document « issu d’une activité menée avec l’appui du Projet NECTAR du MÉNFP [et] financé par la coopération française. » Le ministère de l’Éducation n’ayant pas répondu à nos sollicitations, il a été extrêmement difficile d’obtenir la version de décembre 2020 de ce texte : le partage des documents et plus largement le droit à l’information documentée ne font pas partie de la culture administrative des cadres dirigeants de ce ministère, au premier chef Pierre Josué Agénor Cadet, l’actuel ministre, remarquable portefaix du régime néo-duvaliériste du PHTK, le Parti haïtien tèt kale. Le « Cadre d’orientation curriculaire », qui n’a pas encore été formellement adopté par l’État haïtien, doit malgré cela être évalué en toute indépendance par des spécialistes du curriculum, par des didacticiens, des pédagogues, des enseignants et des linguistes dans la mesure où il est destiné à définir l’orientation stratégique, curriculaire et programmatique de l’École haïtienne pour les prochaines décennies.

→   Lire Plus

L’aménagement du créole et du français en Haïti au regard du « Manifeste de Gérone sur les droits linguistiques »

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’analyse de la situation linguistique haïtienne sous l’angle particulier des droits linguistiques est relativement nouvelle en Haïti. Dans sa formulation la plus explicite, elle date de 2011 et a été consignée pour la première fois dans le livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti). La perspective soutenue dans ce livre et dans nos publications subséquentes est en effet novatrice et se veut rassembleuse : à contre-courant des mirages de la diglossie et de la vulgate « langue dominante » vs « langue dominée », cette perspective prend appui sur l’axiomatique selon laquelle les droits linguistiques font partie du grand ensemble des droits citoyens et ils doivent être portés par la société civile en lien avec l’établissement d’un État de droit au pays. Et c’est pour situer cette perspective dans sa dimension institutionnelle et exécutive que nous avons institué le plaidoyer pour la mise sur pied d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti dont la mission sera de concevoir et de mettre en œuvre l’aménagement simultané du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique historique (voir nos articles « Plaidoyer pour la création d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti », Le National, 20 avril 2017 ; « La création d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti, un enjeu de premier plan », Le National, 16 septembre 2020).

→   Lire Plus

Louis-Philippe Dalembert, nouvel auteur en résidence à Sciences Po à Paris

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Le romancier et poète Louis-Philippe Dalembert, que les lecteurs du National avaient (re)découvert dans l’entretien qu’il a accordé le 8 septembre 2020 à notre collaborateur Robert Berrouët-Oriol (« Entrevue avec Louis-Philippe Dalembert pour saluer la parution de « Cantique du balbutiement » (poésie) », est l’invité au premier semestre 2021  de la Chaire d’écrivain en résidence au prestigieux Centre d’écriture et de rhétorique de Sciences Po à Paris. L’annonce de cette résidence, qui vient de paraître sur le site de Sciences Po Paris, marque une étape importante dans l’élaboration de l’œuvre de l’écrivain. Après Kamel Daoud, Marie Darrieussecq, Patrick Chamoiseau et Maylis de Kerangal, Louis-Philippe Dalembert est le cinquième auteur à rejoindre Sciences Po comme titulaire de la Chaire d’écrivain invité.

Fondé en 1872, l’Institut d’études politiques de Paris, communément appelé Sciences Po, est un grand établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel dans les domaines des sciences humaines et sociales, notamment le droit, l’économie, l’histoire, la sociologie et la science politique. Jouissant d’un énorme prestige dans l’enseignement supérieur en France et à l’international, Sciences Po est également connu comme vivier de formation de la haute fonction publique française.

→   Lire Plus

L’enseignement en créole à l’université en Haïti, un défi aux multiples facettes

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

« Le libre exercice de l’esprit critique et de nos capacités d’analyser les problèmes récurrents de l’enseignement supérieur au pays sont lourdement assautés et précarisés ces derniers mois », nous écrit l’un des enseignants de l’Université d’État d’Haïti avec lesquels nous avons l’habitude d’échanger. Il désigne ainsi, par-delà les difficiles conditions de travail en lien avec le Covid 19, la situation politique du pays qui affecte quotidiennement les citoyens : forte recrudescence des enlèvements contre rançon, hausse des assassinats ciblés notamment dans les quartiers populaires, gangstérisation du pouvoir d’État sous la houlette du parti présidentiel, le PHTK néo-duvaliériste lié aux gangs armés, institutionnalisation de la corruption et de l’impunité, etc. À cela s’ajoute le fait que le Parlement, dysfonctionnel depuis janvier 2020, n’exerce aucun contrôle de l’action gouvernementale et le président Jovenel Moïse, dépourvu de légitimité et constamment contesté par la population, gouverne par décrets anticonstitutionnels ayant force de loi (plus d’une trentaine depuis environ huit mois). L’illégalité et l’inconstitutionnalité de ces décrets ont été publiquement dénoncées par la Fédération des Barreaux d’Haïti dans sa résolution du 3 juin 2020.

→   Lire Plus

Le créole langue officielle à la CARICOM ou l’impasse d’une illusion « nationaliste »

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

De manière récurrente en Haïti, l’idée de faire accéder le créole au statut de langue officielle à la CARICOM est agitée par certains, de bonne foi ou par militantisme « nationaliste », dans la presse, sur les réseaux sociaux et notamment ces derniers jours sur Facebook. Nous avons engagé une première réflexion sur cette idée dans l’article « Le créole à la CARICOM : utopie ou mal-vision  persistante ? » paru dans Le National le 13 avril 2018. Il nous semble utile aujourd’hui de la réexaminer en lien avec la perspective centrale de l’aménagement simultané de nos deux langues officielles, le créole et le français. En amont, plusieurs questions méritent d’être posées : faire accéder le créole au statut de langue officielle à la CARICOM peut-il être une mesure porteuse pouvant conforter l’aménagement linguistique sur le territoire national ? Haïti pourrait-elle en tirer des bénéfices mesurables, en particulier en ce qui concerne l’indispensable aménagement du créole dans le système éducatif national et dans la sphère des relations entre l’État et les citoyens ? Le créole à la CARICOM aura-t-il des effets sur l’efficience des droits linguistiques au pays ?

→   Lire Plus

L’aménagement simultané du créole et du français en Haïti

Une perspective constitutionnelle et rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la parution en 2011 du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), la perspective de l’aménagement simultané du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique national, est largement soutenue par nos interlocuteurs, y compris par des enseignants de disciplines diverses oeuvrant dans le système éducatif national ainsi que par nombre de défenseurs non sectaires du créole. Toutefois, nos fréquents échanges avec des interlocuteurs d’horizons divers ont montré, au fil des ans, que la question centrale de l’aménagement linguistique au pays est diversement comprise et qu’elle mérite un constant éclairage, un plaidoyer rassembleur réitéré pour mieux en situer les enjeux et le rôle central que l’État et la société civile sont appelés à jouer dans ce domaine. Il faut donc en amont prendre toute la mesure que l’aménagement linguistique, qui doit être mis en œuvre au périmètre des droits linguistiques de l’ensemble des locuteurs en Haïti, concerne à la fois les individus qui en seront les bénéficiaires (défenseurs des droits humains, juristes, agriculteurs, entrepreneurs, journalistes, enseignants, politologues, magistrats, etc.)

→   Lire Plus

Entrevue avec Yanick Lahens, co-lauréate du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue—

À l’occasion de l’attribution à Paris, le 24 octobre 2020, du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020 à la romancière et essayiste Yanick Lahens, le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol, collaborateur régulier du journal Le National, s’est entretenu avec l’auteure de « Bain de Lune » (Prix Fémina 2014). Cette année, fait inhabituel, il s’agit d’un prix conjoint, le jury du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020 ayant récompensé trois auteurs, Élie Stephenson (Guyane), Yanick Lahens (Haïti) et Alfred Alexandre (Martinique). Yanick Lahens est la première titulaire de la Chaire Mondes francophones créée par le Collège de France avec l’Agence universitaire de la Francophonie, l’AUF. Elle a prononcé le 21 mars 2019 sa conférence inaugurale qu’on peut retrouver sur le site du Collège de France. L’enseignement de Yanick Lahens au Collège de France est consigné dans le livre « Littérature haïtienne : urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter » (Éditions Collège de France / Fayard, 2019). Le linguiste Hugues Saint-Fort a fait une remarquable recension de ce livre dans l’édition du 20 octobre 2020 du journal Le National.

→   Lire Plus

La «commercialisation» du créole d’Haïti, une voie sans issue

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue—

Paru durant la semaine du 22 octobre 2020 sur le site Potomitan, l’article « Orientating Haitian Youth : Oryantasyon Jenès Ayisyen » a le grand mérite, malgré lui, de nous rappeler qu’il subsiste encore de nos jours, au sujet du créole haïtien, des préjugés de dévalorisation, des idées farfelues, des approximations délirantes, des slogans creux ainsi qu’un phénomène de parachutage, dans le système éducatif national, de plusieurs outils pédagogiques créoles de qualité douteuse et, dans au moins deux cas, d’un dictionnaire et d’un lexique rédigés en dehors des normes scientifiques de la lexicographie professionnelle. Nous avons procédé à l’évaluation critique de ce dictionnaire et de ce lexique dans deux articles publiés en Haïti et qui nous ont valu l’assentiment de nombreux lecteurs, « Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl Vilsen » (Le National, 22 juin 2020), et « Le traitement lexicographique du créole dans le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haïti Initiative » (Le National, 21 juillet 2020).

Avant d’examiner l’idée de la « commercialisation » du créole que mentionne l’article « Orientating Haitian Youth : Oryantasyon Jenès Ayisyen », il y a lieu de préciser que ces dernières années plusieurs idées farfelues et certaines approximations délirantes ont été portées par l’un et l’autre « défenseurs » du créole opposés à l’aménagement simultané des deux langues officielles d’Haïti, le créole et le français.

→   Lire Plus

Droits linguistiques et droits citoyens en Haïti : les préparatifs d’un coup d’État anticonstitutionnel du PHTK se précisent

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La République d’Haïti connait depuis plusieurs mois une recrudescence de jours liberticides et endeuillés. Sous la houlette d’une kleptocrate confrérie néo-duvaliériste, le PHTK (Parti haïtien tèt kale), le pays s’enfonce dans la corruption, l’insécurité, le népotisme, l’impunité et les crimes d’État avec la complicité des « pays amis » regroupés au sein du Core Group (États-Unis, Canada, Brésil, Grande Bretagne, France, Espagne, Allemagne), ainsi que celle de l’OEA (Organisation des États américains), institution réputée pour la « supervision » d’élections truquées en Amérique latine. Élu frauduleusement en 2015 avec environ 590 927 voix sur les 6 millions d’électeurs en âge de voter en Haïti, Jovenel Moïse, un obscur « entrepreneur » de la filière bananes, s’est vu parachuté à la magistrature suprême de l’État par un CEP (Conseil électoral provisoire) aux ordres, une fois de plus, du Département d’État américain. Il y a lieu de rappeler que c’est ce même Département d’État américain qui était à la manœuvre lors de l’élection-sélection présidentielle désastreuse, cinq ans plus tôt, de Michel Martelly, un musicien bouffon lui aussi nostalgique de la dictature duvaliériste, adulé des secteurs les plus rétrogrades et archaïques de la société haïtienne et connu pour son mépris des femmes, publiquement revendiqué, et qui réduisait l’exercice du pouvoir au démantèlement de l’État de droit et à la promotion des prébendes des « bandits légaux ».

→   Lire Plus

L’apartheid scolaire en Haïti et les effets de la Covid-19

— Par Charles Tardieu, Ph. D. —

Les enfants d’abord

Le professeur et linguiste Robert Berrouët-Oriol a publié récemment un article intitulé : « Le calendrier scolaire de l’apartheid social en Haïti » (Le National, 2020) (1) pour qualifier les propositions de récupération de l’année scolaire 2019-2020 irrémédiablement affectée par les mouvements de protestation politique de septembre à décembre 2019. Puis par la mesure d’urgence sanitaire prononcée pour combattre la pandémie de la Covid-19. Cet article présente de manière innovante la réalité de l’appréciation sociologique, philosophique et économique du système éducatif haïtien qui a plu à certains analystes et a choqué d’autres. Le syndicaliste Georges Wilbert Frank, Coordonnateur général de l’UNOEH (Union des Normaliens et Éducateurs d’Haïti), reprenant à son compte la proposition de Berrouët-Oriol exprime l’idée que les mesures adoptées par le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) concernant l’année scolaire 2019-2020 renforcent l’apartheid scolaire en Haïti.

Jacques Yvon Pierre, analyste et sociologue de l’éducation, traduisant le malaise de certains, remet en question la légitimité du concept d’apartheid le qualifiant de nouveau et se demande de quel type de sociologie de l’éducation relève-t-il : de la macrosociologie ou de la microsociologie.

→   Lire Plus

La création d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti, un enjeu de premier plan

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La réflexion sur les questions linguistiques s’effectue aujourd’hui en Haïti dans un environnement difficile et fort complexe. Au moment où nous écrivons ces lignes, le pays de Dessalines et de Toussaint Louverture est livré à la fureur mortifère des gangs armés fédérés sous l’œil complice de l’administration Moïse/Joute et avec la bénédiction des « amis d’Haïti » regroupés au sein du Core Group. La criminalisation/gangstérisation du pouvoir d’État, devenue systémique durant la dictature trentenaire des Duvalier, s’est métastasée dans le corps social et se donne désormais à voir à l’aune du délitement des institutions républicaines en dépit de certains acquis démocratiques consignés dans la Constitution de 1987. Ces derniers mois, le Parlement, haut-lieu de marchandages mafieux, a été mis en coma artificiel et n’exerce aucun contre-pouvoir face aux dérives autoritaires d’un pouvoir exécutif néo-duvaliériste kleptocrate –celui du PHTK, le Parti haïtien Tèt kale–, qui s’adonne à une violente répression des manifestations pacifiques partout sur le territoire national. En embuscade à chaque coin de rue, l’insécurité couplée à la corruption d’État gagne du terrain et se généralise, la peur s’installe dans les familles comme au temps des Duvalier, la Police nationale impuissante face aux gangs fédérés est instrumentalisée par le Parti haïtien Tèt kale et joue le rôle de fer de lance de la répression dans les quartiers populaires, tandis que les institutions citoyennes de la société civile poursuivent un âpre combat pour préserver les libertés républicaines.

→   Lire Plus

Autour de « Cantique du balbutiement » de Louis-Philippe Dalembert

— Entrevue avec l’auteur. Propos recueillis par Robert Berrouët-Oriol —

À l’occasion de la parution du livre de poésie « Cantique du balbutiement » (Éditions Bruno Doucey, Paris, 3 septembre 2020), Le National publie en exclusivité l’entrevue réalisée par Robert Berrouët-Oriol, collaborateur du journal, avec l’auteur Louis-Philippe Dalembert. Poète, romancier, nouvelliste et essayiste, Louis-Philippe Dalembert est l’artisan d’une œuvre littéraire riche et variée. Il a entre autres publié les romans « L’autre face de la mer », Paris, Stock, 1998 ; réédition, Paris, Le Serpent à Plumes, coll. « Motifs » ; réédition, Port-au-Prince, Éditions des Presses nationales, 2007 ; réédition, Alger, Apic, 2009 ; réédition, Port-au-Prince, C3 Éditions, 2014 ; « Les dieux voyagent la nuit », Paris/Monaco, éditions du Rocher, 2006 ; réédition, Port-au-Prince, C3 Éditions, 2014 ; « Mur Méditerranée », Paris, Sabine Wespieser éditeur, 2019 ; « Epi oun jou konsa tèt Pastè Bab pati », Port-au-Prince, Éditions des Presses nationales, 2007. La poésie de Louis-Philippe Dalembert comprend notamment « Ces îles de plein sel et autres poèmes », Paris, Silex/Nouvelles du Sud, 2000 ; « Poème pour accompagner l’absence », Paris, Agotem, no 2, Obsidiane, 2005 ; réédition, Mémoire d’encrier, Montréal, 2005 ; « En marche sur la terre », Paris, Éditions Bruno Doucey, 2017.

→   Lire Plus

Les dictionnaires et lexiques créoles, des outils pédagogiques de premier plan dans l’enseignement en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Le créole représente à mes yeux plus qu’un simple procédé pédagogique, mais un moyen d’opérer la réconciliation avec nous-mêmes, susciter le respect de nous-mêmes, gage du respect des autres… Ce que je défends dans ce livre, c’est, au-delà d’un vrai bilinguisme, l’unité et la solidarité nationale sans quoi il n’y a pas de vrai développement.» (Pradel Pompilus : « Manuel d’initiation à l’étude du créole », Éditions Impressions magiques, Port-au-Prince, 1983.)

La parution en 2011, en Haïti et au Canada, du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), a contribué au renouvellement et à l’élargissement de la compréhension de la situation linguistique du pays. Ce livre –en lien avec la Déclaration universelle des droits linguistiques de 1996–, explicite et vulgarise un appareillage conceptuel cohérent comprenant notamment les notions clé de « politique linguistique d’État », d’« aménagement linguistique », de « droits linguistiques », de « droit à la langue maternelle », de « législation linguistique » et de « politique linguistique éducative ». La préface de ce livre a été rédigée par le linguiste québécois Jean Claude Corbeil, spécialiste reconnu à l’échelle internationale de l’aménagement linguistique et « père » de la Loi 101 au Québec, tandis que la postface est signée du juriste Joseph-G.

→   Lire Plus

Dictionnaires et lexiques créoles : faut-il les élaborer de manière dilettante ou selon des critères scientifiques ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Dans une rigoureuse étude publiée en 2005 par la Revue française de linguistique appliquée (volume X / 1), « Vers la standardisation du créole haïtien », le linguiste créoliste Albert Valdman, au chapitre « Vers l’élaboration d’un dictionnaire unilingue pour le CH » [créole haïtien], nous enseigne que « La clé de voûte de la standardisation d’une langue est certainement l’élaboration de dictionnaires de référence unilingues. Le niveau avancé de la standardisation du CH est reflété par une quinzaine de dictionnaires (…). Mais ce sont pour la plupart des dictionnaires bilingues destinés à des alloglottes majoritairement américains ou des membres de la deuxième génération de la diaspora, et qui ne visent que secondairement les besoins lexicographiques de la population haïtienne. D’ailleurs, eu égard à la forte proportion d’illettrés en Haïti, l’on doit se demander s’il existe une réelle demande pour un dictionnaire unilingue. Par ailleurs, l’histoire de la lexicographie nous enseigne que, dans le rapport de colinguisme qui existe entre le français et le CH, l’élaboration de dictionnaires bilingues où la langue référentielle (le français dans le cas d’Haïti) constitue la métalangue, forme une étape préparatoire obligée dans l’élaboration d’un dictionnaire unilingue pour la langue vernaculaire. »

→   Lire Plus

Le calendrier scolaire de l’apartheid social en Haïti

.— Par Robert Berrouët-Oriol, .Linguiste-terminologue —

Le ministère de l..Éducation a publié ses décisions concernant la poursuite de l..année scolaire 2019-2020 à partir du 10 aout 2020 et la réouverture tardive de l’année 2020-2021 le 9 novembre 2020, pour l’essentiel, comme il avait toujours voulu le faire. Ces mesures sont de nature à préoccuper profondément ceux qui réfléchissent à lavenir des enfants haïtiens qui portent le futur du pays. Soit donc, à la réussite éducative des écoliers et du système éducatif qui doit en faire des femmes et des hommes et des citoyennes et citoyens. Non pas en termes administratifs ou financiers, mais ceux qui réfléchissent plutôt à l’urgente nécessité de penser un autre système éducatif post « Peyi lòk » et post COVID-19. Un système éducatif qui renverserait l’équation de 95% d’échec échelonné sur les 13 ans de scolarité pour une cohorte de 100 enfants entrant en première année fondamentale. Il faut donc se rendre à l’évidence post COVID-19, cette École de l’apartheid social, culturel et linguistique doit être brisée plutôt que d’en assurer, à tout prix et à n’importe quel prix, la vaine continuité !

→   Lire Plus

Le traitement lexicographique du créole dans le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haïti Initiative »

Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

La parution en Haïti, dans Le National du 22 juin 2020, de notre article « Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl Vilsen », nous a valu un certain nombre de commentaires et de questions pertinentes de lecteurs vivant en Haïti et en outre-mer. Pour mémoire, il faut rappeler que notre évaluation de ce dictionnaire a été effectuée selon trois critères analytiques : (1) le projet/programme éditorial de ce dictionnaire ; (2) le choix et la représentativité de la nomenclature ; et (3) la conformité méthodologique et le contenu des rubriques lexicographiques. Au terme de notre évaluation nous avons conclu que l’examen du « Diksyonè kreyòl Vilsen », à partir de ces critères, démontre qu’en aucun cas cet ouvrage ne peut être recommandé par les linguistes au titre d’une référence dictionnairique car il n’est pas conforme aux exigences de la lexicographie professionnelle. Ses lourdes lacunes conceptuelles, méthodologiques et lexicologiques, l’inadéquation, l’approximation ou la fausseté de nombreuses définitions ainsi que l’absence d’un métalangage adéquat en font un ouvrage très peu fiable, qui se consulte difficilement et qui ne peut servir de référence crédible aux usagers, en particulier aux élèves, aux enseignants et plus largement aux langagiers.

→   Lire Plus