Nos monuments aux morts vandalisés nous interpellent !

Pierre Alex Marie-Anne

L’éminente historienne qu’est Sabine Andrivon MILTON à qui nous devons le remarquable travail de recherche sur les noms des combattants martiniquais morts au combat, en vue de leur inscription réparatrice sur les monuments aux morts des communes concernées, s’interroge sur le sens qu’attribuent leurs auteurs à ces infâmes profanations. (Voir ci-dessous) Pour l’aider dans sa réflexion, je me permets de lui rappeler ces vers sublimes de Victor HUGO :« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie ont droit qu’à leur cerceuil la foule vienne et prie. Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau…». Quel meilleur témoignage de la reconnaissance que les vivants doivent à ceux qui sont morts ,souvent dans la fleur de l’âge, pour leur permettre à eux d’exister et de profiter de la vie ! Combien est important le respect qui est dû à tout ce qui évoque leur mémoire ! Encore faut-il pour cela que tous communient dans l’amour du même pays, de la même patrie, et c’est là que le bât blesse ! Les iconoclastes qui dans leur rage destructrice s’en sont pris à ces monuments commémoratifs ne se considèrent plus comme français ; ils ne se prévalent éventuellement de cette nationalité que pour bénéficier des droits et avantages qu’elle procure : ce ne sont en fin de compte que de misérables jouisseurs, dépourvus de la moindre conscience , qui ne savent que détruire et cracher sur les sacrifices consentis par ceux qui les ont précédés.C’est le même esprit qui habite ces individus animés d’une rage nihiliste, qui n’ont pas hésiter à mettre en danger la vie de leur compatiotes en incendiant le rapport météologique destiné à protéger les populations contre l’arrivée soudaine d’évènements climatiques catastroiphiques ; c’est toujours la même inspiration ,fortement teintée de racisme anti-blanc, qui a conduit certains esprits excités et complètement désaxés à agresser des équipes médicales venus en renfort de nos personnels hospitaliers, submergés par l’ampleur de la vague épidémique du Covid 19 et ses conséquences dramatiques en terme de mortalité de nos concitoyens. Le résultat de ce comportement particulièrement irresponsable est le départ annoncé de dizaines de médecins et spécialistes de haut niveau dont notre territoire à pourtant un urgent besoin ! La Martinique est indéniablement entrée – on le constate tous les jours- dans une spirale de décadence, ponctuée de sanglants règlements de comptes réguliers,, d’incendies criminels à répétition, et de blocages en tout genre qui se succèdent sans discontinuer, tout ceci se passant dans une joyeuse indifférence rythmée par les sonorités endiablées des vidés de carnaval. On se croirait sur le pont du Titanic en train de sombrer pendant que retentissais les airs de musique , déchaînés joués par l’orchestre de bord ! Il est plus que temps que tous ceux dont la lucidité n’est pas déjà complètement obscurcie se décident à réagir en disant STOP ça suffit ! Compte tenu de l a multiplication de ces actes de dégradation et de stabilisation qui reviennent avec une régularité quasi hebdomadaire aux quatre coins du territoire de nos communes, le rôle d’impulsion en la matière devrait revenir à l’association des Maires qui représente l’autorité la plus proche du terrain. Il lui appartient d’engager une vaste campagne de sensibilisation de la population sur les répercussions calamiteuses de ces agissements stériles et répétitifs sur l’image de marque et l’attractivité de notre territoire, entravant toute perspective réelle de développement, en particulier dans le domaine du tourisme.Cette campgne de la dernière chance pour raviver l’espérance, devrait pour atteindre sa pleine efficacité s’appuyer sur l’engagement effecif et la mobilisation de toutes les forces vives, associatives, politiques et syndicales de l’île qui démontreraient ce faisant aux yeux de tous leurs sens véritable des responsabilités.

Pierre Alex MARIE-ANNE

************************

Connaît-on la symbolique des monuments aux morts ?

— Par Sabine Andrivon-Milton, historienne —

Je veux juste comprendre la revendication des personnes qui détruisent les plaques des monuments aux morts. Que veulent dire ces personnes ? Connaissent-elles la symbolique des monuments aux morts ?

Que faut-il faire pour expliquer aux vandales que le monument aux morts a été acheté par des Martiniquais pour rendre hommage à des Martiniquais.

Que ce sont les noms de nos compatriotes qui sont inscrits dessus. Qu’il ne s’agit nullement d’une statue envoyée par la France aux Martiniquais et qu’il ne représente pas la soumission à qui ou quoi que se soit.

Que nos soldats morts au combat n’ont pas eu d’autre signe de reconnaissance que ce monument pour la plupart. Que les familles y tiennent. Qu’il ne faut pas tout confondre…

Combien de fois faudra t-il le répéter ? Ces personnes se sont-elles renseignées avant ou ont-elles cassé pour casser ? Les personnes qui reprochent aux soldats martiniquais d’avoir combattu pour la France, ont-elles cherché à comprendre le contexte de l’époque ? Celles qui reprochent aux Dissidents d’avoir risqué leur vie dans les canaux de Sainte-Lucie et de la Dominique pour rejoindre la résistance, ont-elles cherché à connaître ce qui animait les jeunes Martiniquais à l’époque ?

Celles qui reprochent aux Martiniquais d’avoir participé aux guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie, ont-elles étudié les conditions dans lesquelles sont partis ces soldats ? C’est facile de juger en regardant la situation actuelle et en se considérant comme des héros du XXIsiècle plus éclairés que nos ancêtres. Est-ce qu’en cassant les monuments, vous estimez avoir gagné quelque chose ? Si oui, quoi ? J’ai hâte de le savoir car je ne comprends toujours pas. Certaines personnes pensent que ces monuments sont vus comme des symboles d’un patriotisme qui n’a plus sa place de nos jours et dont on devrait avoir honte mais à l’époque, ce patriotisme existait. La destruction des monuments ne va pas effacer cette partie de notre histoire.

Heureusement qu’il existe des livres pour transmettre notre histoire et ceux-là ne peuvent pas disparaître. Il restera aussi ma détermination.

Source : France-Antilles du jeudi 17 février 2022