Mumia Abu-Jamal privé de soins

mumia_abu-jamal_sans_soinstLa Pennsylvanie refuse de prodiguer des soins à l’ex-condamné à mort. Vendredi, une juge a estimé que l’hépatite C n’était pas dangereuse.

Voilà qui aurait plu au sinistre magistrat Albert Sabo, s’il n’était mort depuis qu’il a été chargé de juger Mumia Abu-Jamal. Il avait décrété, avant même le procès du plus célèbre prisonnier politique des États-Unis : « Je vais les aider à griller ce Nègre. » Car en 1982, quand il est jugé, Mumia n’est pas n’importe qui. Journaliste radio, militant des droits des Noirs américains, il est membre des Panthères noires (Black Panthers). Il est connu à Philadelphie, pour sa couverture du bombardement de Mouv, une communauté noire autogérée. Celui qui était surnommé la Voix des sans-voix était l’homme à faire taire. Alors, quand le policier William Faulkner est trouvé mort le 9 décembre 1981, tué par balle avec à proximité un Mumia blessé par balle lui aussi et inconscient, l’occasion est trop bonne. La machine policière s’emballe. Le procès est conduit en dépit des règles : les jurés noirs sont récusés, à l’exception de deux d’entre eux. Les analyses balistiques sont bâclées. Et le fait que certains témoins sont revenus depuis 1981 sur leurs dires n’aura jamais depuis atteint la justice de Pennsylvanie, inébranlable comme un roc. En 2011, la justice fédérale reconnaît que Mumia n’a pas eu droit à une procédure équitable, mais, faute d’ouverture d’un nouveau procès, la peine de mort est commuée en prison à vie. Un succès relatif, mais arraché au prix d’une mobilisation internationale à chaque étape judiciaire, à chaque programmation d’une exécution.

Depuis le printemps, l’état de santé de Mumia s’est aggravé, d’abord avec une crise aiguë d’eczéma et de diabète, ce qui lui vaudra en mai dernier d’être hospitalisé, et enchaîné à son lit. Ainsi va la justice quand elle rime avec vengeance. Mumia a perdu 40 kilos. Les médecins ont maintenant diagnostiqué une hépatite C. Or, en Pennsylvanie, on refuse de soigner les prisonniers affectés par cette maladie. Ils sont des milliers dans le cas de Mumia Abu-Jamal. Le remède contre l’hépatite C existe, produit par le laboratoire Gilead. Le coût de fabrication des pilules est faible : de 3 euros seulement. Mais elles sont vendues 700 euros, un tarif jugé exorbitant par de nombreux pays. La durée du traitement est de trois mois. La somme à débourser serait donc de 70 000 euros. Trop cher pour la Pennsylvanie. D’autres États, pourtant, consentent à mettre la main à la poche. Même le Texas, champion toutes catégories des exécutions, soigne ses prisonniers. Ainsi, le condamné à mort Hank Skinner a pu bénéficier d’un traitement contre l’hépatite C et j grâce à celui-ci, guérir, rapporte Jacky Hortaut, coanimateur du collectif français de soutien à Mumia Abu-Jamal.

Il faut dire que la Pennsylvanie n’est pas n’importe quel État aux États-Unis, avec ses 52 000 détenus pour 12 millions d’habitants. Hors de question de déroger à l’option sécuritaire dans cette région où l’influence de l’Ordre fraternel de la police, syndicat mafieux auquel appartenaient le policier Faulkner et le juge Sabo, est forte. Même le nouveau gouverneur, Tom Wolf, en fait les frais. En poste depuis janvier, il a eu l’audace de décréter un moratoire sur les exécutions de condamnés… Le procureur a déposé un recours contre la décision de son gouverneur, alors que 182 personnes attendent dans le couloir de la mort !

Même affaibli, Mumia est un résistant…

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