Martinique: le permanent débat sur l’Eau.

— Par Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A. —

Ensemble restons prudents afin d’éviter les erreurs du passé, à propos du permanent débat sur l’Eau, dont l’objectif politique local est d’arriver à terme à une assemblée et un tarif unique de l’Eau. Le prix de l’Eau est fixé par les 34 Maires qui ont confié aux 3 EPCI la gestion de sa production et sa distribution, lors des renouvellements de marché de CAP-NORD et d’Espace- Sud, les tarifs se sont rapprochés avec une légère différence que les politiques peuvent aligner.

Selon des données de l’Observatoire de l’Eau en Martinique, (voir détail) on peut constater que seule la CACEM, soit 4 communes, ne s’est pas alignée sur ces tarifs et demande 0.21 € de plus, donc sans avoir changé de statut nous ne sommes pas loin du tarif unique, c’est une question de bon sens politique. Concernant le choix du fermier, la différence s’est faite sur les performances techniques et financières, ce qui a permis à la SME d’être retenue, pour assurer la distribution de l’Eau.

Pourquoi parler d’assemblée unique de l’Eau ? Y a-t-il une urgence ?

Quand on parle d’assemblée unique cela donne le tournis, regardons les différents parcours qui ont conduit à la création de la CTM, de Martinique transport, de la gestion des déchets et bien d’autres fusions, qui peut prétendre que ce sont des exemples à suivre.

Le 24 janvier 2010, les Martiniquais approuvaient la création d’une Collectivité territoriale unique se substituant au Département et à la Région. La création de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) est intervenue au 1er janvier 2016. Sa mise en place exige une bonne dose d’inventivité, car il n’existe aucune organisation identique.

Depuis cette création, qui a évalué toutes les conséquences de la mise en place de cette nouvelle gestion sur notre société ? Il faut dire la vérité à la population, les premières victimes ont été les entreprises qui ont toujours servi de banquier aux collectivités, les retards de paiement des prestations exécutées pour le compte de la collectivité n’ont pas connu d’évolution, quant à la vision d’ensemble de la programmation des travaux structurants impossible de la connaître.

L’idéologie politique de certains, l’impréparation administrative de cette nouvelle collectivité, l’absence d’organigramme, la procrastination administrative dominante, etc. sont à mettre dans la balance de ce que nous pouvons considérer comme un échec, le tout conduisant à la faillite de nombreuses entreprises et à l’éloignement de nombreux jeunes de notre Martinique.

Martinique Transport, qui peut affirmer que ça roule ? Il ne se passe pas un jour sans une contestation, une grève, une agression, bref une incivilité grandissante conduisant de nombreuses personnes à utiliser le TCSP gratuitement. Ce qui se passe au SMDVD était prévisible, lors des débats pour la création de ce type d’outil, nous avions mis en garde nos dirigeants sur le risque que présentait ce mode de gestion. Les Tribunaux nous diront pour qui cette énergie a été payante ?

Nous, PUMA, sommes réalistes, pour danser un tango il faut être deux, avec une parfaite maîtrise des règles. Ce qui nous rassure c’est que l’affrontement politique, la balkanisation de différents groupes de notre société, ne peuvent pas favoriser une fusion au bénéfice de l’intérêt général. Concernant l’Eau, quitte à se faire détester, cela fait des années que nous militons pour la mise en place d’un organisme pour la gestion de la ressource afin de mieux répartir son usage et que nous réclamons aussi l’organisation d’un plan EAU.

Nous sommes confiants, c’est une question de temps pour faire comprendre à nos dirigeants, avant qu’il ne soit trop tard, que l’Eau mérite une grande attention et finalement la vie nous a donné raison en ‘’noyant’’ tous les politiques qui se sont comportés avec mépris envers la population.

Nous proposons que soient réhabilités les bassins naturels en Rivières et de pomper l’Eau sur le territoire de Fond-Saint Denis dans la Rivière du Carbet et au lieu-dit Saut-Gendarme, où il y a un important bassin naturel qui permet de stocker de l’eau qui pourrait être transférée à l’usine de production de Rivière Blanche à Saint-Joseph, ce qui éviterait ce litige permanent entre la SME et ODYSSI lors du manque d’Eau de ladite Rivière Blanche, à la même période de chaque année.

En notre qualité de Membres de la Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL), nous avons lors de la présentation du compte de résultat de la gestion de l’Eau, dans les EPCI, toujours dénoncé la faiblesse du manque de programmation des travaux, de la ventilation des recettes qui ne servaient majoritairement qu’au fonctionnement. Nous avons très souvent demandé que soit créée une ligne Eau, afin de flécher ces recettes, que l’accent soit mis en place pour collecter les factures impayées qui sont de plus en plus nombreuses ; les fournisseurs et autres entreprises ne pourront pas servir de banquier pendant trop longtemps, sans oublier les conséquences sociales.

L’expérience de Séguineau au Lorrain devrait interpeller la sagesse : il a fallu 12 années de bla-bla-bla politique pour faire comprendre à des ‘’agités du bocal’’ que la population était la seule victime de tout ce retard, pour procéder à la réparation de la canalisation de 800 mm. Aujourd’hui, nous saluons le lancement du chantier de Fond-Saint-Jacques à Sainte-Marie, qui pouvait se faire lors de la réparation de la RN 1, là encore, la volonté politique et le respect de la population ont fait la différence. Nous mettons en garde la CTM sur le risque que représente le glissement de la Pointe-Bénie en aval des travaux.

Ce sont des expériences que nous avons vécues de l’intérieur en discutant avec différents dirigeants et administratifs qui admettent qu’il sera très difficile de bien manœuvrer pour faire fonctionner l’Assemblée Unique de l’Eau. Les différentes tentatives ont avorté sur le partage des postes et avantages en tout genre, où de nombreuses personnes rêvent de cet outil pour mieux asseoir leur ego.

Pas besoin d’avoir fait de grandes études pour comprendre que sous toutes ses formes l’Eau reste dans les années à venir une menace pour notre population. Il y a donc urgence à interpeller, Pour Une Martinique Autrement, tous nos politiques pour lancer les travaux nécessaires pour nous sauver du paradoxe de l’Eau en créant urgemment un plan Eau.

Pour l’association écologique P.U.M.A.

Le Président Florent GRABIN