Manifestations en Nouvelle-Calédonie : Tensions autour de la réforme constitutionnelle et du corps électoral

Le 21 février dernier, la Nouvelle-Calédonie a été le théâtre de manifestations tendues et de violences entre forces de l’ordre et 500 manifestants mobilisés en réponse à l’appel de l’Union calédonienne, le principal parti indépendantiste. Cette mobilisation faisait suite à la visite de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, dans la région, et visait à dénoncer le projet de loi constitutionnelle qu’il avait présenté le 29 janvier.

Les heurts ont conduit à cinq gendarmes blessés, provoquant une réaction du Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. Selon les autorités, des manifestants qui tentaient de se rendre devant le gouvernement, où se trouvait le ministre, ont été confrontés à un important dispositif de sécurité composé de gendarmes mobiles et d’agents de la Police nationale. Trois vagues de bousculades, accompagnées de jets de pierres, ont été repoussées par les forces de l’ordre, entraînant cinq blessures parmi les gendarmes.

Le projet de loi contesté vise à ouvrir le corps électoral pour les élections locales, actuellement restreint aux natifs et aux résidents présents avant 1998 en Nouvelle-Calédonie. Les manifestants, soutenus par la cellule de coordination des actions de terrain de l’Union calédonienne, exigent le retrait de cette proposition.

La situation s’est envenimée lors de la manifestation à Nouméa, marquée par des affrontements entre les participants et les forces de l’ordre. La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), organisatrice de l’événement, a exprimé ses regrets quant à ces violences dans un communiqué. Elle relate que l’action initiale consistait à informer les élus de la demande officielle de retrait du projet de loi, mais elle affirme avoir été dirigée dans un « traquenard » par les forces de l’ordre, créant ainsi une frustration à l’origine des affrontements.

La CCAT souligne le mépris perçu de l’État français envers la contestation et la libre circulation des citoyens, attribuant la responsabilité des affrontements à Gérald Darmanin, accusé de vouloir étouffer la contestation. Tout en assumant son positionnement politique sur le retrait de la révision constitutionnelle, la CCAT déplore les blessures résultant des affrontements.

Cette journée a également suscité des réactions de la part des groupes loyalistes et du Rassemblement au Congrès, qui ont dénoncé des actes inacceptables, appelant à la dissolution de la CCAT et déposant une plainte. Gérald Darmanin, de son côté, a condamné les violences lors de son entretien avec les médias calédoniens, soulignant son attachement au dialogue pacifique.

Les tensions persistent à Nouméa, mettant en lumière les enjeux politiques autour de la réforme constitutionnelle et du corps électoral provincial, et la nécessité de trouver des solutions pacifiques dans le respect de l’ordre public.

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Solidarité avec le peuple Kanak, halte à la répression colonialiste !

La répression qui frappe en ce moment les partisans de l’autodétermination du peuple kanak s’inscrit dans une tradition coloniale bien établie en Kanaky comme dans l’ensemble des territoires sous la tutelle de la France.

Le peuple kanak refuse que tout ce qui le concerne soit décidé à Paris, refuse que le corps électoral soit modifié pour intégrer tous les ressortissants français installés dans le pays après les accords de gel.

Nous, peuples des dernières colonies de la France, sommes directement concernés par ces enjeux. Nous exprimons notre totale solidarité avec les manifestantes et manifestants de Kanaky.

Fort-de France le 22 février 2024

Pour RÈSPÉ

Marcel Sellaye