Le 17 décembre 2001, Aimé Césaire et « l’arbre de la Fraternité »

Le 17 décembre 2001, Aimé Césaire plantait, à l’Habitation Clément, à l’invitation de Bernard Hayot, un courbaril, dont il rappelait la symbolique : « Le courbaril, la démarche lente, mais résolue vers l’avenir ». 12 ans plus tard, le mardi 17 décembre 2013, Bernard Hayot et Serge Letchimy rappelaient le sens de cet acte et les leçons à en tirer. Un geste plus que symbolique pour eux… Et tout un débat.

La plantation d’un courbaril !
22 juillet 2008 Actualités créoles, Un peu d’histoire

Aimé CESAIRE
Voici le texte historique lu par Aimé CESAIRE le 17 décembre 2001, à l’occasion de la plantation d’un courbaril symbolique à l’habitation Clément, à l’invitation de Bernard HAYOT.

La plantation d’un courbaril !
Un des plus beaux arbres martiniquais, menacé et sans doute en voie de disparition.
Merci à vous d’essayer de le sauver et d’en rappeler toute l’importance.
Importance réelle, économique sans doute.
Importance sociale, mais à mes yeux, plus encore importance symbolique.
Le courbaril, c’est à dire l’enracinement dans le roc s’il le faut, mais vainqueur grâce à l’entêtement et au vouloir vivre.
Le courbaril : l’appui sur la profondeur du sol pour l’élan médité et patient.
Le courbaril, la démarche lente, mais résolue vers l’avenir.
Ce sont toutes ces valeurs que nous rappelle la cérémonie que vous avez organisée ce matin.
Ce qui est valable pour l’arbre est valable pour l’homme.
Merci de le rappeler à notre communauté, elle aussi en péril.
Mais pourquoi être pessimiste ?
Le courbaril est là pour nous l’interdire.
Avec ses feuilles. Non. Avec sa feuille, une feuille double et pourtant une.
Regardez-la.
Ici la bi-foliation se fait intime et partenariale.
Une particularité botanique sans doute, mais dans laquelle je me permettrai de voir un symbole.
Le symbole de la solidarité indispensable à notre peuple, en cette époque de survie.
Aimé CESAIRE
François, le 17 décembre 2001