La France est l’un des pays développés où les inégalités se sont le plus creusées avec la crise

— Par Isabelle de Foucaud —
inegalites_riches_pauvresLa France affiche la cinquième hausse la plus importante des inégalités en termes de revenus marchands parmi les 36 pays de l’OCDE pendant la crise.
LE SCAN ÉCO – La montée des emplois précaires, qui a fait pression sur les salaires, a aggravé les écarts entre les ménages les plus aisés et les plus pauvres entre 2007 et 2011, selon un rapport de l’OCDE publié ce jeudi. Les femmes sont particulièrement vulnérables.

Qui a le plus souffert de la crise en France? Entre 2007 et 2011, les inégalités ont augmenté plus nettement dans l’Hexagone que dans les autres pays de l’OCDE, d’après le rapport «Tous concernés, Pourquoi moins d’inégalité bénéficie à tous» publié par l’organisation ce jeudi. Le coefficient de Gini* de la France, qui mesure les écarts de patrimoine et de revenus entre les individus, est passé de 0,293 à 0,309 sur cette période. «Il s’agit d’une rupture importante par rapport à la tendance de long terme, puisque depuis les années 1980, les inégalités étaient relativement stables en France, alors qu’elles étaient en augmentation dans un certain nombre de pays, comme l’Allemagne ou les États-Unis», constatent les auteurs. En 2013, la situation s’est légèrement améliorée, l’indice ayant reculé à 0,306. Les inégalités en France sont proches de la moyenne de l’OCDE.

Concrètement, pendant la crise, les inégalités en termes de «revenus marchands», c’est-à-dire avant impôts et prestations sociales, ont grimpé de 2,9%. Il s’agit de la cinquième hausse la plus importante parmi les 36 pays de l’OCDE. La France se place non loin derrière le trio de tête – l’Espagne, l’Irlande et la Grèce durement touchées par la crise – et juste après l’Estonie. Le système de redistribution à la française, en particulier les hausses de prestations sociales déployées dès 2009, ont toutefois atténué cette hausse. Résultat, en termes de revenu disponible des ménages, les inégalités ont augmenté de 1,6%. La France se situe toujours dans le top 5 des plus fortes hausses, loin derrière l’Espagne, mais dans un mouchoir de poche avec la Suède (qui a rogné sur ses allocations et autres prestations), la Slovaquie et la Hongrie.

«Les 10% de personnes ayant les revenus les plus faibles ont plus sévèrement subi la crise», relève l’OCDE. Leur revenu a baissé de 1% par an en moyenne. À l’inverse, les 10% de personnes ayant les revenus les plus élevés ont vu leur revenu augmenter de 2% par an en moyenne entre 2007 et 2011. Soit une cadence deux fois plus rapide que dans l’ensemble de l’OCDE (+1%).

Comment expliquer ce fossé? «Les inégalités des revenus primaires, dont la principale source sont les revenus du travail, ont augmenté (…) davantage sous la pression des salaires que de celle de la montée du chômage», répond l’organisation. Le marché du travail s’est totalement redessiné durant la crise, avec l’émergence des «emplois non standards», c’est-à-dire des contrats temporaires, du temps partiel et des travailleurs indépendants. Un tiers de la population en emploi en France était dans l’une de ces situations en 2013, d’après le rapport. Ces personnes, ajoute l’OCDE, «sont pénalisées en termes de rémunération par rapport aux personnes occupant des emplois standards». Un travailleur temporaire gagne, par exemple, 40% de moins en moyenne par an qu’un travailleur à temps plein en CDI…

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Mis à jour le 21/05/2015 à 15:17 Publié le 21/05/2015 à 11:09