Hassane Kassi Kouyaté à la direction du CMAC-Atrium : enfin une bonne nouvelle !

— Par Roland Sabra —

hassane_kouyateEn mai dernier il était encore au Tarmac ou il assurait la mise en scène de « Kouta » ( Lire sur Madinin’Art  ) en septembre il était à Fort-de-France pour présenter son projet pour le CMAC-ATRIUM, En Novembre il sera à la tête de la structure.
Né au Burkina Fasso, il aura 51 ans dans les jours qui viennent, c’est un Kouyaté, c’est-à dire un descendant de la première famille de griots comme le précisait son père, l’immense Sotigui Kouyaté : «  « La première famille de griots, ce sont les Kouyaté, je suis un de leurs descendants, disait-il au Monde, en 2001. En Europe, on ignore ce que veut dire griot : pas seulement un conteur, mais tout à la fois le dépositaire de la mémoire de son peuple, mémoire uniquement orale, un maître de la parole, un généalogiste qui connaît toutes les ascendances de chacun, le maître des cérémonies, gardien des traditions et des coutumes, et, surtout, un médiateur⋅ Le griot est celui qu’on épargne durant les batailles parce qu’on aura besoin de lui ensuite pour faire la paix, celui aussi qui tente de résoudre les conflits au sein des familles, là où le chef n’a pas à intervenir » (Lire sur Madinin’Art  ).
Adolescent, sans doute impressionné par l’envergure du père il s’éloigne des activités artistiques dans lesquelles baigne la famille. Ses frères, Dani et Mabô, sont respectivement réalisateur et comédien. Il se lance donc dans des études de commerce à Paris,  ne gardant le théâtre que comme moyen de payer ses études. Il exerce un peu la profession de commercial. Il s’ennuie, comprend qu’il n’est pas fait pour ce genre de carrière. A la recherche du sens à donner à sa vie et du plaisir qui doit l’accompagner il accepte l’héritage familial tout en décidant de tracer son propre chemin. Au milieu des années 90 sur le tournage de « Macadam Tribu » il fait une rencontre importante avec Habib Dembélé dit « Guimba » un comédien et écrivain malien de sa génération. «  Mieux qu’un frère de sang, un frère que j’ai choisi. ». Habib Dembélé que l’on a vu superbe en Martinique dans « « Sizwe Banzi est mort » ( Lire sur Madinin’Art )

Fidèle à l’esprit d’entreprise de la famille Hassane Kouyaté crée en 1998 avec des amis la compagnie « Deux temps. Trois mouvements » ( 2T,3M) qui, à partir de textes contemporains ou de grands classiques, mêle des acteurs et des créateurs de diverses origines. Autour de co-créations, de co-productions au Burkina-Faso, Mali, Niger, en France, Suisse, la compagnie s’emploie à favoriser les échanges artistiques en faisant de la différence culturelle une richesse au profit de la création. Bonne nouvelle pour la Martinique !
Hassane Kouyaté est un boulimique de travail, un passionné par la vie. Outre les deux ou trois créations annuelles de sa compagnie, il a travaillé comme conteur dans un hôpital psychiatrique, il a été directeur pédagogique de l’École de Théâtre de Naples, il a ,créé, dirigé, co-dirigé, la Quinzaine africaine de Ris-Orangis, Le Caravansérail des conteurs, mais aussi Yeleen, un festival international de contes qui a lieu chaque année au Burkina Faso pendant les vacances de Noël. Il donne des stages de formation d’acteurs dans différents pays (Europe, Afrique, Asie et Amérique Latine), etc.

Profondément humaniste il s »inscrit dans une ligne chère à Peter Brook « Tu peux faire des bons acteurs avec des hommes bien, pas l’inverse ». Il déplore les ego surdimensionnés d’une génération d’acteurs formés en France. Il trouve souvent plus intéressant de travailler avec des acteurs débutants qu’avec des acteurs confirmés. Quand il monte « Les Mouches » de Sartre il le fait au Burkina Fasso avec un vendeuse d’oranges, un menuisier…

Il prend la direction d’une structure livrée depuis trop longtemps à une « déshérence » on ne peut plus préjudiciable et soumise à la loi d’airain de l’oligarchie. On ne peut que lui souhaiter bien du courage, mais il n’en manque pas, en espérant que des moyens adéquats lui seront accordés pour les missions qui lui ont été confiées : formation de la jeunesse, politique culturelle décentralisée, et bien sûr création artistique!

Fort-de-France, le 13/09/2014

Roland Sabra

 


« Sziwe Banzi est mort » : une soirée éblouissante

« Kouta » au Tarmac

Sotigui Kouyaté, comédien malien

« Sziwe Banzi est mort » : une soirée éblouissante

« Sizwe Banzi est mort » d’Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona

Une structure livrée à la déshérence

Le Cmac ou la loi d’airain de l’oligarchie