« Kouta » au Tarmac

Splendeurs et misères d'un petit lieutenant mandingue, narrées par un diabaté, contées par un kouyaté.

koutaMassa Makan Diabaté… un auteur majeur d’aujurd’hui au Mali
De retour au Mali, dans sa bonne ville de Kouta, après avoir « baroudé partout où la présence française était menacée », le lieutenant Siriman Keita jouit d’un immense prestige auprès de ses concitoyens, tout auréolé d’une gloire acquise dans les rangs de l’armée coloniale. Mais son crédit va être peu à peu terni par son comportement. Retiré dans sa maison, l’ancien combattant va se livrer à de multiples frasques et errements qui lui valent rapidement l’hostilité de ses concitoyens. Il va de déconvenues amoureuses en déconvenues politiques, pense trouver le salut dans la religion, mais d’autres mésaventures viendront encore ternir une auréole contestée et contestable…
Il y a du Clochemerle, du Jules Romains, du Pagnol dans cette chronique de la vie d’une petite ville malienne mais il y a surtout la tradition et la parole, l’enracinement dans le verbe et le quotidien mandingues. La satire est grinçante, le propos affable, le proverbe sage et moqueur…
Grandeur et désillusion, splendeur et misère d’un petit lieutenant mandingue narrées par un Diabaté, jouées et contées par un Kouyaté.
Bernard Magnier
Entretien avec Hassane Kassi Kouyaté
« La trilogie de Kouta éclaire la complexité dans laquelle l’Afrique est plongée » de Kouta, Le Boucher de Kouta, Le Coiffeur de Kouta). J’ai proposé cette trilogie parce qu’elle éclaire assez bien la complexité dans laquelle l’Afrique est plongée ; son déchirement entre les différentes religions et son organisation traditionnelle ainsi que son rapport avec le colonisateur. De plus, Massa Makan Diabaté utilise un phrasé basé sur les mécaniques de la langue bamanan (bambara) qui se manifestent par des proverbes et des métaphores. Ce qui constitue une richesse pour le jeu des acteurs.
Bernard Magnier : Quelles sont les raisons qui vous ont amené à choisir d’adapter et de mettre en scène les romans de Massa Makan Diabaté ?
Hassane Kassi Kouyaté : Tout est parti d’une commande de l’ancienne direction du Théâtre Vidy-Lausanne qui voulait faire une programmation autour de l’Afrique. Après de longues discussions, nous avons décidé, à partir de ma proposition, d’adapter et de créer la trilogie de Massa Makan Diabaté (Le Lieutenant de Kouta, Le Boucher de Kouta, Le Coiffeur de Kouta). J’ai proposé cette trilogie parce qu’elle éclaire assez bien la complexité dans laquelle l’Afrique est plongée ; son déchirement entre les différentes religions et son organisation traditionnelle ainsi que son rapport avec le colonisateur. De plus, Massa Makan Diabaté utilise un phrasé basé sur les mécaniques de la langue bamanan (bambara) qui se manifestent par des proverbes et des métaphores. Ce qui constitue une richesse pour le jeu des acteurs.
Quelle est aujourd’hui la place de l’œuvre de Massa Makan Diabaté dans le monde culturel malien ?
Massa Makan Diabaté est considéré comme un auteur majeur au Mali. Ses oeuvres figurent au programme de l’Education nationale. Il est souvent comparé à Ahmadou Kourouma, en raison de leur capacité commune à retranscrire les subtilités du bamanan en français.
Quels sont les liens qui vous ont rapproché de cet écrivain ?
Nous sommes tous deux mandingues issus de la même famille de griots provenant de Kita, dont la ville de Kouta n’est qu’un avatar.
Le Lieutenant de Kouta, Le Coiffeur de Kouta et Le Boucher de Kouta constituent une trilogie romanesque dont chaque livre peut être lu indépendamment des deux autres. Sur quel(s) texte(s) vous êtes-vous appuyé pour votre spectacle ?
Nous nous sommes appuyés sur Le Lieutenant de Kouta pour l’adaptation théâtrale, car sa thématique est celle qui rejoint le plus les préoccupations que je voulais mettre en évidence.
Quels seront les comédiens qui vous accompagneront dans cette pièce ?
Les comédiens qui m’accompagnent sont Fily Traoré, Michel Sangaré et Kary Coulibaly du Mali, Fatoumata Zongo et Bakary Konaté du Burkina Faso et Béno Kokou Sanvee du Togo. Je connaissais déjà presque tous ces comédiens néanmoins mon choix ne s’est fixé qu’après un casting de quinze jours réunissant aussi d’autres acteurs. Béno est un complice de longue date avec lequel je compte de multiples collaborations.
Quels ont été les critères qui ont guidé vos choix ?
Le texte de la pièce met principalement en situation des personnages d’un certain âge, ayant grandi sous le régime colonial et qui, tout en ayant été éduqués dans le respect des traditions, se retrouvent confrontés à la question des indépendances. Choisir des comédiens dont le profil correspondait à celui des rôles s’est imposé comme une évidence.
Quelle est aujourd’hui l’actualité de ces acteurs ? Ont-ils l’occasion de jouer ? Dans quels lieux ? En quelles occasions ?
La plupart des comédiens composant la distribution bénéficient d’une très grande notoriété dans leur pays. Considérés comme des stars, ils se produisent non seulement sur scène mais aussi au cinéma et à la télévision.
Quelles seront les grandes orientations de votre mise en scène ?
Le travail est en cours d’élaboration. Je conçois la mise en scène comme un chantier de construction qui s’édifie strate après strate. Comme d’habitude, ma priorité est le jeu d’acteurs et la scénographie, minimaliste, est au service de celui-ci. La création lumière et l’univers sonore sont des éléments du décor à part entière.
propos recueillis en avril 2014

Mercredi 14 mai, à l’issue de la représentation, rencontre En écho animée par Bernard Magnier avec Hassane Kassi Kouyaté

Distribution

d’après la trilogie de Massa Makan Diabaté
mise en scène : Hassane Kassi Kouyaté

avec Kary Coulibaly, Bakary Konaté, Michel Sangaré, Béno Kokou Sanvee, Fily Traoré, Fatoumata Zongo

adaptation : René Zahnd
chorégraphie : Aguibou Bougobali Sanou
assistant à la mise en scène : Mamadou Ouattara
lumière : Cyril Mulon
costumes Anuncia Blas
éléments scénographiques : Papa Mahamoudou Kouyaté