Galerie ODIS’7 du Marin : Traces Gravures contemporaines des Amériques

« Entre hommages et nouveautés »

Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
nerio2_325Cinq graveurs professionnels Nerio Quintero du Vénezuéla, Juan Bautista du Mexique, Mayra de los Santos Mexique, Dio Viana du Brésil, Elbia Polanca Venezuela, réunis autour des formes et du savoir faire, évoluent entre mémoire individuelle et mémoire collective à travers la mise en scène de techniques où sont inscrites les traces du temps qui passe, les mots d’une histoire qui défile tout comme les non-dits et les silences partagés.

Depuis la nuit des temps des empreintes gravées dans le cuivre, le bois, la pierre, sont imprimées sur du papier ou du parchemin. Chacun à leur manière les artistes cherchent à briser le silence et questionnent le poids de l’espoir et de la tradition, à travers une profusion graphique, une série de gravures qui s’exposent dans les espaces de la Galerie Odis’7. De leurs songes, ces artistes posent dans les jeux de lumière de la galerie des souvenirs magnifiques : objets d’où, du matériau le plus pauvre, le graveur fait surgir une œuvre irradiante qui vient accrocher les lumières d’aquatinte ou rouletting en mille facettes à ses reliefs. Pour ces arpenteurs des traces initiatiques, l’empreinte est emblématique de la vérité et se distingue, revue dans une vision contemporaine. Au seuil des portes improbables parfois on croit entendre dans les traces laissées au creux des martelages et fraisages des murmures musicaux.

Une éternelle passion au cœur des œuvres

D’autre fois les coups ou zébrures de l’abstraction, pétrie d’amour tendre gravent une éternelle passion au cœur de ces œuvres, qui puisent dans la nature leur ressource et leur beauté. Quand la poésie de chacun s’instille discrètement colorée dans ces jeux magiques de noir et blanc. Que reste-il du rêve ? De sublimes traces : sous les doigts de l’artiste dans sa « Super Catrina. » Chine-collé, le givre s’empare du cuivre. On imagine des dentelles de galets qui se font et se défont, comme sur une plage déserte. Des formes ajourées s’associent utilement en petits triangles polychromes sur papier à partir de gravures sur bois, eaux-fortes tout en intériorité qui s’accommodent aux jeux géométriques de l’architecture des lieux. Des cartes de métro transférées sur cuivre nous invitent au voyage via Mexico Paris New York ou Tokyo et la forme apparait toujours surprenante surprise elle-même d’être là. Image réceptive aux émotivités qui confèrent aux œuvres une tessiture, un rendu unique. Un visage lumineux semble tiré de la Renaissance, le regard perdu dans un futur lointain. Un monde étrange, farouche veut se dessiner, riche de détails minutieux aux formes hallucinées et extravagantes sous nos yeux troublés.

« L’AUTREMENT DIT »
Ces images souvent reproduites des milliers de fois, banalisées référencées par tous. Comme on croit qu’il faut choisir entre le brut et le subtil, c’est en cela qu’elles intéressent, car elles permettent d’aller sans cesse du connu vers l’inconnu, vers « l’autrement dit. » C’est simple et délicat. C’est de la poésie élémentaire, physique, une danse d’éléments, mais d’éléments les plus denses qui soient.

A la Galerie ODIS’7 du Marin
Bassin Tortue de la Marina

Article paru dans France Antilles Magazine.

Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.