De Johann Wolgang Goethe à Robert Lamoureux ou de « Faust » à « La Soupière »

— Par Roland Sabra —

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Ce week-end les amateurs de théâtre foyalais et d’ailleurs auront le choix entre deux spectacles qui se situent chacun aux extrémités de l’arc théâtral. Johann Wolfgang von Goethe d’un côté et Robert Lamoureux de l’autre ! N’hésitez pas allez voir les deux. Pratiquez l’art du grand écart. Leur point commun? Elles se jouent toutes les deux dans une salle qui porte le nom d’Aimé Césaire à Fort-de France. Forcément à Fort-de-France!
Brève présentation

A partir du « Faust » de Goethe

Mise en scène de Jandira Bauer les 23 et 24 mai 2014 à 20h Salle de théâtre Aimé Césaire du Lycée Schoelcher

Vaclav Havel, écrit dans ses Lettres à Olga que les trois œuvres principales de la culture européenne sont Don Juan, le Golem et Faust. C’est à un de ces trois monuments que Jandira Bauer s’est attaquée.
Faust est un érudit admiré par le peuple pour sa sagesse qui doute de lui-même persuadé de n’avoir rien découvert d’important. Il est incapable de profiter de la vie dans toute sa plénitude Il passe un pacte avec Mephistophélès qui lui propose de lui rendre sa jeunesse et les mille plaisirs qui vont avec, bref de l’initier aux jouissances terrestres en échange de son âme. Faust part pour en grand voyage avec Mephistophélès comme serviteur Celui-ci l’emmène dans une taverne, lieu de plaisirs paillards, puis dans une maison de sorcières orgiaques qui le laissent chaque fois indifférent. Puis soudainement à la sortie d’une église il est victime de ce qu’il croit tout d’abord être une hallucination, la beauté merveilleusement fraîche, innocente, pudique et empreinte de la force inébranlable de la foi en la personne de Marguerite. Faust tombe en amour. Mephistophélès se mêle de l’affaire en déposant un coffret plein de bijoux dans la modeste chambre de la jeune fille, qui par honnêteté les fera parvenir au curé par l’intermédiaire de sa mère ! Faust et Margueritte se rencontrent dans un pavillon. Un baiser est échangé. Elle aussi est amoureuse. Les deux tourtereaux se retrouvent à nouveau dans un jardin. Faust entame un hymne panthéiste sublime qui semble à Marguerite la preuve d’un accord universel à la célébration de leur union. Au moment de se séparer Faust tend un flacon de somnifère à Marguerite pour plonger sa mère dans un sommeil profond, propice à la visite nocturne qui doit permettre la consommation de leur union. Marguerite est séduite. Elle accepte.
Le retour du frère annonce le drame. Il découvre le comportement de sa sœur, qu’il traite de de catin, provoque en duel Faust. Celui-ci, à l’aide des pouvoirs magiques que lui accorde Méphistophélès blesse mortellement le frère qui dans son agonie maudit la honte de sa sœur, bien vite abandonnée par son amant. Devenue fille-mère elle est repoussée par la communauté villageoise. Elle verse dans la folie et tue son enfant qui lui rappelait trop son amour perdu. Pendant ce temps Faust, entraîné par Méphistophélès, se jette dans la débauche et la jouissance la plus obscène au milieu des démons et des sorcières, tout en restant étranger aux plaisirs qu’il goûte. Passant devant un gibet il pressent la pendaison de Marguerite. Il lui rend visite dans son cachot, où elle gît sur une paillasse, absente au monde qui l’entoure. Elle ne sort de son hébétude que lorsque Faust retrouve la voix et le ton de son amour passé. Méphistophélès lui propose un pacte, la liberté en échange de son âme. Marguerite refuse. Elle veut expier et se réfugier dans la prière en implorant Dieu pour qu’il la sauve de l’Enfer. Défait Méphistophélès quitte la prison en compagnie de son protégé qui a donc tout perdu.

« La soupière »

Comédie en deux actes de Robert Lamoureux les 23 et 24 mai 2014 à 19h 30 au Théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France
La pièce :
L’entreprise familiale de robinetterie que dirige Paul Dubard est au bord de la faillite.
Accompagné de sa femme Hélène et de sa fille Brigitte, Paul décide de rendre visite à sa vieille tante Violette Désigné pour la convaincre de vendre sa propriété, entourée soixante hectares d’un mauvais vignoble dans le bordelais que la General Motors souhaiterait acquérir à prix d’or. Pour redynamiser ses affaires, Paul envisage de convaincre sa tante d’accepter la transaction, ce qui lui permettrait d’empocher une généreuse commission.
Mais la tante Violette, femme de la terre et femme de tête, n’est pas du genre à se laisser « mettre en bouteille ». Elle se montre intraitable.
« La Soupière est le surnom que donne Paul à sa vieille tante dans les tractations avec Germaine Lapoy, la jeune bonne de celle-ci au passé pas très clair de cambrioleuse et prostituée en cavale.
Devant le refus de vendre de Violette Désigné, il n’y a plus qu’une chose à faire … « casser la vieille soupière pour pouvoir manger la pâtée ». C’est sous cette phrase codée, que le monstrueux neveu envisage de supprimer sa tante pour toucher l’héritage et sauver son entreprise. Pour ce faire, il pourra compter sur l’intervention de Germaine qui va convoquer une ancienne relation « Monsieur Louis » pour exécuter l’opération. Mais voilà que se présente à la propriété, un homonyme Jean-François Louy, homme distingué et par ailleurs fondé de pouvoir de la banque et que Paul va prendre pour le tueur. Le quiproquo est un ressort du théâtre comique en général et de boulevard en particulier. ET la Soupière ne manquera pas au genre : elle en regorge. Par exemple la Germaine est courtisée par un gendarme dont l’intelligence n’est pas la première qualité : maldonne assurée. La femme de Paul Dubar, Hélène et sa fille Brigitte Dubard forment un couple aux valeurs opposées. Si l’une, la mère, a les pieds bien sur terre l’autre, la fille donc, a la tête dans les étoiles : malentendus et incompréhensions en cascade