Covid-19: l’Afrique est « dans une impasse » pour son approvisionnement en vaccins

Addis Abeba – L’Afrique est « dans une impasse » pour son approvisionnement en vaccins contre le Covid-19, qui pourrait affecter les campagnes de vaccination dans certains pays, a déclaré jeudi le directeur pour l’Afrique des Centres de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC).

De nombreux pays africains dépendent des livraisons de vaccins AstraZeneca produits en Inde, notamment par le Serum Institute of India, et distribués dans le cadre du programme Covax qui vise à fournir un accès équitable en particulier aux pays les plus pauvres. Mais l’Inde a annoncé fin mars qu’elle allait retarder ses exportations pour lutter contre une nouvelle vague de contaminations. 

« Nous sommes dans une impasse en tant que continent« , a déclaré jeudi le Dr John Nkengasong lors d’une conférence de presse. 

« L’accès aux vaccins a été limité pour nous en tant que continent et cela affecte la manière dont nous déployons notre programme de vaccination« , a-t-il ajouté. 

Lundi, les 55 États membres de l’Union africaine (UA), dont dépend l’Africa CDC, avaient acquis 34,6 millions de doses de vaccin et en avaient administré 13,9 millions, a détaillé M. Nkengasong. 

Plus de 12 millions de ces doses sont du vaccin AstraZeneca, a précisé jeudi dans un communiqué l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Les contaminations sont en accélération dans 15 pays africains, tandis que 45 vaccinent déjà, a indiqué le Dr Richard Mihigo lors d’une conférence de presse virtuelle du bureau Afrique de l’OMS. 

« Nous avons aujourd’hui un outil très puissant : le vaccin, cela nous permettra des sauver des vies (…) et de rouvrir nos économies« , a affirmé le Dr Mihigo, coordonnateur du programme des maladies évitables par la vaccination pour l’OMS Afrique. 

Les autorités de santé africaines espèrent vacciner au moins 20% des plus d’un milliard d’habitants d’ici la fin de l’année. 

Le Dr Nkengasong a notamment évoqué le cas du Ghana qui a administré « 70 à 80% » de son stock de doses, dont la plupart provenaient de Covax. « Même si le Ghana avait l’argent, il ne saurait pas où se procurer des vaccins« , a-t-il souligné.  

AstraZeneca est un vaccin à deux injections, mais « nous ne pouvons pas prédire quand les deuxièmes doses arriveront« , a-t-il poursuivi. 

L’UA tente d’acquérir des vaccins de manière bilatérale, hors du programme Covax. 

Johnson & Johnson a annoncé en mars qu’il rendrait disponible pour l’Afrique jusqu’à 400 millions de doses de son vaccin à une injection, mais les premières livraisons ne devraient pas intervenir avant le troisième trimestre 2021. 

L’Afrique du Sud a acquis de sa propre initiative des vaccins Johnson & Johnson, mais elle a suspendu leur administration après que les autorités américaines ont préconisé une pause en raison de doutes autour de cas de caillots sanguins. 

Aucun cas de caillot sanguin lié à ce vaccin n’a toutefois été enregistré en Afrique du Sud, a assuré M. Nkengasong. 

Pour lui, l’AstraZeneca reste un élément central de la stratégie de vaccination en Afrique, malgré les craintes qui existent également sur un possible lien avec de rares cas de caillots sanguins. 

« La plupart des situations indésirables signalées après la vaccination n’impliquent que des effets secondaires légers à modérés. Aucun cas de troubles de la coagulation sanguine n’a été signalé après la vaccination« , a assuré le bureau Afrique de l’OMS. 

 

Source : AFP / TV5Monde