Covid-19 : dans les Antilles, un tourisme sous contrôle

— Marion Lecas, à Basse-Terre (Guadeloupe) —

Malgré une situation épidémique stabilisée, les préfets de Martinique et de Guadeloupe ont durci les conditions d’accès aux îles, dès lundi 18 janvier. En cause, la crainte d’importer les formes variantes du virus.

« Cela n’engage que vous si vous souhaitez quitter l’établissement. On vous conseille de ne pas le faire… Mais il n’y aura pas… disons, de vérification de notre part », souffle la réceptionniste d’un hôtel huppé de Guadeloupe. Partout, on cherche les mots pour rassurer les touristes, sommés depuis le 16 janvier de « s’auto-isoler » durant sept jours après leur arrivée, et de ne sortir qu’une fois testés. Les courses et déplacements pour rendez-vous médicaux restent autorisés. « Et les services annexes de l’hôtel, le spa ou le restaurant, seront toujours disponibles », ajoute avec empressement la même réceptionniste.

Engagement sur l’honneur, et non pas obligation réglementaire, la « septaine » est fondée sur le volontariat, et la confiance : « Il ne pourra y avoir ni contrôle, ni verbalisation », a précisé le préfet de Guadeloupe, Alexandre Rochatte, lors d’un point presse, mardi 19 janvier.

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L’objectif est d’empêcher l’introduction d’un des variants du Covid-19 sur ces territoires, comme cela a été le cas à Mayotte et à la Réunion, où le variant sud-africain circule désormais. Les trajets vers Saint-Martin, Saint-Barthélémy ou encore la Guyane, dont les situations sanitaires s’aggravent, sont dorénavant limités aux seuls motifs impérieux. Enfin, les tests antigéniques ne sont plus autorisés au départ des aéroports, n’offrant « pas assez de certitudes, notamment sur les variants », selon le préfet Rochatte.

La « douche glacée » pour le tourisme

Du côté des professionnels du tourisme, « c’est la douche glacée, évidemment », commente Sonia Taillepierre, élue à la région et membre du Comité de tourisme inter-île de Guadeloupe (CTIG). Le secteur, de fait, commençait à peine à redécoller, avec 38 000 visiteurs en décembre 2020, contre 228 430 en 2021.

L’incompréhension est d’autant plus grande que la situation épidémique reste jusqu’ici maîtrisée. Le 19 janvier encore, la directrice de l’Agence régionale de santé, Valérie Denux, saluait « une stabilisation voire une diminution » du nombre de cas : 77 positifs pour la semaine du 11 au 17 janvier, contre 89 la semaine précédente.

Il faut dire que nombre de précautions avaient d’ores et déjà été prises : double contrôle des tests négatifs à l’aéroport, distribution de cartes indiquant les centres de dépistage, fermeture des discothèques, plages interdites après 19 heures, interdiction des regroupements de plus de six personnes…

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Si les acteurs touristiques regrettent « la mesure de trop », accusant depuis l’annonce des annulations en cascade, il leur apparaît délicat, si ce n’est « irresponsable », de s’y opposer : « De quoi aurions-nous l’air, si le variant finissait par arriver sur le territoire par notre faute ? » s’interroge ainsi Sonia Taillepierre. D’autant que les locaux, eux, semblent largement favorables à ce décret. Depuis le retour des touristes en effet, les diatribes enflammées – sur les réseaux sociaux notamment –, dénonçant les comportements à risque de certains vacanciers, n’ont cessé de se multiplier.

Marion Lecas, à Basse-Terre (Guadeloupe)

Source : LaCroix.com