Catégorie : Politiques

Que faire et comment ?

—- Le n° 395 de « Révolution Socialiste », journal du GRS —

Pendant que de nombreuses personnes se préparaient à participer à la « marche blanche » ou à la rencontre en forêt, programmées après les quatre meurtres de la semaine dernière, une nouvelle fusillade abat aux aurores dimanche 8, un autre jeune. Tragique pied de nez aux réactions légitimes, à la foison de communiqués, à l’agitation préfectorale !

La veille au soir, deux centaines de manifestant-e-s Martiniquais·e·s et Haïtien·nes ensemble, criaient dans les rues de Fort-de-France, leur indignation devant les violences mortifères frappant les personnes d’ascendance haïtienne en République Domînicaine tandis que d’autres militant·es, également solidaires de cette cause, participaient au 25ème convoi pour la réparation du crime esclavagiste.

L’avant-veille, l’avocat général auprès du tribunal de Fort-de-France réclamait, six ans après les prétendus faits incriminés, 18 mois de prison ferme pour un militant antichlordécone faisant partie des « 7 d’Océanis », coupables d’une campagne de boycott des grandes surfaces du sieur Bernard Hayot.

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La Guerre du Diamant : une tragédie politique oubliée

 — Par Jean Samblé —

Il est des pages de l’histoire martiniquaise que l’on préfère taire. Celle du 24 mai 1925, au Diamant, en fait partie. Pourtant, ce jour-là, la Martinique a connu l’un des épisodes les plus sanglants de sa vie politique : une véritable guerre électorale, passée sous silence pendant trop longtemps.

Ce dimanche-là, des élections cantonales sont organisées sur l’île. Dans un climat de tensions extrêmes, marqué par une répression politique croissante, les urnes deviennent un champ de bataille. Le gouverneur en place, Henri Richard, homme autoritaire et cynique, s’emploie à imposer ses candidats, au mépris du suffrage universel. À ses yeux, la vie d’un Martiniquais ne vaut rien face à la victoire électorale des protégés de l’administration coloniale.

À Ducos, au petit matin, la journée commence dans le sang. Deux élus socialistes, Charles Zizine et Louis Huyghes Des Etages, maire de Rivière-Salée, sont abattus froidement par un gendarme, Roger Rouquette. Aucun procès n’aura jamais lieu.

Plus au sud, au Diamant, c’est une autre scène qui se prépare. Là aussi, le gouverneur entend imposer la victoire de son poulain, le colonel Coppens, grand propriétaire foncier blanc et conseiller général sortant, lié aux intérêts des usiniers et des grands békés.

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Tribune – “Agir pour la situation avant qu’il ne soit trop tard”

Nous sommes français, laïcs, républicains, de toutes opinions. Certains d’entre nous ont l’habitude de s’exprimer à titre collectif. D’autres non. Mais si nous le faisons aujourd’hui ensemble, c’est parce que les circonstances sont particulièrement graves, et qu’il est encore temps d’agir. Nous sommes profondément attachés à l’existence de l’État d’Israël dans des frontières sûres et reconnues, à la création d’un État palestinien démocratique, à la paix et à la coopération entre ces deux entités. Nous avons été horrifiés par les crimes sanglants du Hamas le 7 octobre 2023, et les prises d’otages qui les ont accompagnés. Nous avons considéré que l’État d’Israël était alors en situation de légitime défense.

Nous avons été stupéfaits par la complaisance de certains mouvements politiques et de certains médias, en France même, envers les crimes et l’idéologie totalitaire du Hamas. Et écœurés par l’instrumentalisation chez nous de cette situation tragique, l’antisionisme étant le plus souvent le masque transparent de l’antisémitisme.

Toutefois, nous avons considéré que la réponse de l’État d’Israël devait être proportionnée, et s’exercer dans le strict respect du droit de la guerre et des conventions internationales, en visant à préserver les civils.

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Chronique d’un système en chute

— Éditorial du N° 228 de « Jik An Bout » (*) —

L’actuelle guerre commerciale entre les riches ouvre la porte de la victoire aux peuples exploités

Voyez avec quelle unanimité les journalistes et économistes occidentaux nous déclarent que «Donald TRUMP a déclenché la guerre commerciale» et que «cette guerre risque de désarticuler le commerce mondial avec des conséquences désastreuses pour les populations» ! Tiens donc ! Qu’ils nous disent alors, en quel jour, en quelle année, en quel siècle la guerre commerciale n’a-t-elle pas sévi avec rage sur tous les continents depuis l’apparition du capitalisme, du colonialisme et de l’impérialisme, jetant sans état d’âme les masses populaires dans la misère ?

En réalité, ils savent bien que la guerre commerciale est un phénomène permanent et inhérent au système capitaliste. Mais, ils sont paniqués par la particularité de la crise en cours. S’ils se mobilisent avec tant de ferveur, c’est parce qu’ils savent que le système capitaliste est en bout de course et qu’en face, les bases de la construction d’un système alternatif sont bien réelles. Ni les manipulations, ni la désinformation ne pourront inverser ce cours de l’histoire.

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Ben Cohen, cofondateur de Ben & Jerry’s, arrêté au Congrès pour avoir dénoncé l’aide américaine à Israël

Ben Cohen, cofondateur engagé de la marque américaine de crèmes glacées Ben & Jerry’s, a été arrêté mercredi 14 mai à Washington après une prise de parole coup de poing lors d’une audition parlementaire. Ce militant de longue date, connu pour ses positions progressistes et ses critiques ouvertes envers la politique israélienne, a été escorté hors du Capitole, menotté, après avoir interrompu la séance pour dénoncer le soutien militaire des États-Unis à Israël dans le conflit en cours à Gaza.

Au cours de l’audition, à laquelle assistait Robert Kennedy Jr, actuel ministre de la Santé sous Donald Trump, Cohen a interpellé les élus en lançant : « Le Congrès finance des bombes pour tuer des enfants à Gaza ». Selon lui, ce financement se fait au détriment des Américains les plus vulnérables, notamment par la réduction des budgets alloués à l’assurance-santé.

La scène, filmée par le collectif pacifiste Codepink, montre l’homme de 74 ans conduit hors de la salle par les forces de l’ordre, menottes aux poignets, tout en criant : « Il faut qu’ils laissent entrer la nourriture à Gaza, il faut qu’ils nourrissent les enfants qui meurent de faim !

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Combattre le racisme anti-haîtien en République Dominicaine

Pour une manifestation le Samedi 17 mai !

—- Le n° 304 de « Révolution Socialiste », journal du GRS —

Il fallait transformer en un Geste politique, les affects d’indignation et de dégoût suscités par images télévisuelles montrant la violence en actes, de la politique xénophobe, raciste, du gouvernement de la république dominicaine, en tout lieu, à toute heure, à l’encontre de personnes de tout âge, d’origine ou/et d’ascendance haïtienne, à la couleur de peau noire !

Cette politique dite de contrôle et de lutte contre l’immigration clandestine, s’est traduite en 2022 par la construction d’un mur en béton sur 160 Kms, à la frontière dHaïti et de la République dominicaine. Depuis novembre 2024, cette politique cynique s’adosse à un objectif de 10 000 expulsions d’Haïtien·ne·s par semaine, véritable permis de chasse et de rafles accordé à l’armée et à la police contre la communauté des Haïtien·ne·s y compris dans les hôpitaux et maternités !

En une semaine, un collectif de pas moins de 30 organisations et de plusieurs personnalités ont rédigé une déclaration commune intitulée : Halte à la xénophobie et au racisme contre les Haïtien·nes.

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Martinique : le débat institutionnel n’a pas eu lieu

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ou droit à l’autodétermination, est un principe qui est chanté sur tous les tons depuis les années soixante par les anticolonialistes martiniquais. Plusieurs méthodes existent pour permettre à un peuple de s’échapper à la dépendance d’un État dominant : le consentement mutuel, la révolution ou l’expression démocratique. La sortie de la colonisation des îles anglophones peut être regardée comme une forme d’accord entre les parties. Après plus d’un demi-siècle de séparation, cette méthode a globalement échappé à la critique. Par ailleurs, une véritable école martiniquaise de la décolonisation peut se lire à travers les écrits abondants d’auteurs martiniquais. La Négritude, Discours sur le colonialisme, Peau noire et masques blancs, les Damnés de la terre, la Créolité, le Tout-Monde ou la Créolisation se sont révélés d’authentiques porteurs de promesses martiniquaises de révolutions-décolonisations. Mais si l’on en croit l’historien Oruno de Lara pour qui Césaire n’avait rien décolonisé, il s’agirait de révolutions et décolonisations rentrées. Resterait enfin la voie démocratique, le débat institutionnel, celle qui concerne la Martinique. Aux mains de “révolutionnaires” déçus, dont on ne sait finalement à quel modèle statutaire ils se réfèrent, l’exemple socialiste cubain ou le prototype libéral barbadien, la méthode démocratique a toujours été tronquée.

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Laurent Wauquiez a-t-il fait une croix sur les électeurs de l’outre-mer ?

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Ainsi donc, faisant feu de tout bois dans sa course vers la présidence du parti La République (LR), Laurent Wauquiez a fait une proposition qui est dans le droit fil des bourdes ou déclarations imprudentes à propos de l’outre-mer depuis les années soixante. La première « sortie », célèbre, fut celle attribuée au journaliste Raymond Cartier (« la Corrèze avant le Zambèze », d’où la doctrine dite « cartiérisme ») suivie, 20 ans plus tard, par « les danseuses de la France » de Philippe de Baleine. Le président de Gaulle y alla de sa déclaration à Fort-de-France sur les « poussières », parlant des DOM, François Mitterrand et la « garde noire » (ainsi nommés les députés des DOM qui, selon lui, avait fait perdre la gauche en 1967), Jacques Chirac et les « odeurs », qui lui valut en Martinique le slogan « Chirac raciste », ou même d’Emmanuel Macron avec son « île de la Guyane ». Sans oublier Georges Marchais et les bulldozers d’Evry. D’où les réactions qui vont de l’agacement au franc mécontentement et alimentent les discours de rupture.

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Fonds européens : 240 millions d’euros repartent à l’Europe !

Utilisation des fonds européens pour la période 2014-2020 : 240 millions d’euros repartent à l’Europe

— Communiqué de presse de Max Orville, président du MODEM Martinique —

Député européen de juin 2022 à juillet 2024, j’avais alerté à maintes reprises et informé les Martiniquais sur l’utilisation non optimale des fonds européens alloués à notre territoire.

Dès fin janvier 2023, sur différents médias locaux, je mettais en garde contre le risque de dégagement d’office de sommes européennes conséquentes, autour de 300 millions d’euros à l’époque. Je réitérais cette mise en garde en juin 2023, à l’occasion du Colloque intitulé les Outre-mer des solutions.

A l’époque, les autorités de gestion dénonçaient un discours erroné, politicien, visant à décrédibiliser l’action de la Collectivité, publiant même des informations rassurantes à la population, au travers de communiqués, …

En Mai 2024, durant la campagne des élections européennes, je m’étais engagé à donner le moment venu les chiffres exacts issus de la Commission européenne sur les sommes finalement non utilisées par la Martinique.

Ce jour est arrivé !

A 24 jours de la date limite pour faire remonter les factures, voici les sommes allouées à la Martinique, les sommes effectivement consommées et par conséquent les sommes dégagées d’office :

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Justice coloniale

— Communiqué de presse de l’U.P.L.G. —
L’artiste Blow mis en examen pour un tableau – Les ‘ gendarmes impliqués dans la mort de Jean-Pierre et Rony Cely toujours pas inquiétés

Après Yanise CELY convoquée hier lundi 05 mai 2025 devant le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, ce mardi 6 mai 2025, c’est le plasticien BLOW qui, à son tour, était devant le tribunal.
Hier, Yanise CELY, à qui la justice française reproche d’avoir publié la vidéo montrant comment son frère Rony fut abattu de 8 balles par un gendarme, avait refusé le huis clos et n’a pas comparu. Dans cette affaire où les gendarmes ont donné une version des faits complètement erronée la vidéo a rétabli la vérité. À travers le viol du secret de l’instruction c’est surtout le fait d’avoir fait éclater au grand jour les mensonges des gendarmes que la justice coloniale française impute à Yanise CELY. Alors que les gendarmes ne sont toujours pas inquiétés par la justice, Yanise CELY devra revenir en audience publique le 15 mai.
Ce matin, c’est l’artiste BLOW qui comparaissait pour le tableau « Non-lieu » présenté lors d’une exposition consacrée au chloredécone.

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Renaud Jouye de Grandmaison (1936–2025)

Un bâtisseur de Fort-de-France, un militant de la conscience martiniquaise

Renaud Jouye de Grandmaison s’est éteint le 1er mai 2025 à l’âge de 88 ans. Son décès marque la disparition d’une figure emblématique de la vie politique, sociale et culturelle de la Martinique. Fidèle compagnon d’Aimé Césaire et de Pierre Aliker, il fut l’un des piliers du Parti progressiste martiniquais (PPM), mais aussi un artisan discret et rigoureux du développement de Fort-de-France.

Né le 18 mai 1936, il s’engage très jeune dans la vie militante. Pendant ses années d’études à Bordeaux, il adhère à l’Association générale des étudiants martiniquais (AGEM), puis participe en 1963 à la création de l’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise), deux mouvements qui nourriront sa pensée humaniste et décoloniale. En 1958, il participe à la fondation du PPM, dont il deviendra secrétaire général à l’organisation et à la propagande en 1967.

Titulaire d’une maîtrise en droit public, il débute sa carrière à l’hôpital du Lamentin avant d’être nommé secrétaire général de la mairie de Fort-de-France. À ce poste-clé, qu’il occupera jusqu’en 2000, il sera le bras droit d’Aimé Césaire, incarnant un sens profond du devoir et de l’efficacité administrative.

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Tout juste chroniqueur…

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Ainsi donc, d’après certaines réactions à sa dernière tribune écrite sur Alfred Marie-Jeanne, votre serviteur serait devenu marie-jeanniste, ce qu’il n’aurait pas été jusque-là. Ces imputations viennent de censeurs qui visiblement n’ont pas lu ses tribunes et l’ouvrage qu’il a écrit sur le leader indépendantiste, Alfred Marie-Jeanne a bouclé sa révolution, la fin d’une époque. Un essai qui ne donne ni dans la critique bête et méchante ni dans la flagornerie. Il est vrai que le seul fait de tenir à l’égard d’un homme politique un propos qui ne soit pas louangeur constitue un crime de lèse-majesté de la part de ses fans, toujours prêts à allumer le bûcher.
Lorsqu’en 2007, à Paris, le Président avait promis à celui qui écrit ces lignes de lui accorder une interview à son retour en Martinique, ce dernier n’était pas devenu pour autant l’un de ses partisans ; et lorsque, au vu du questionnaire que son auteur n’avait pas voulu modifier, Chaben a refusé de donner suite à sa promesse, ils ne sont pas pour autant devenus des ennemis.

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Politsyen bòkay, zòt ki kapitenn abò, wa koute, souple !

 Par Yves Untel Pastel —-

Politsyen bòkay, zòt ki kapitenn abò, sé ba zòt man ka palé
Sé pa fyon man ka vréyé pou blésé lòrgèy pèsonn
Sé pawòl pou nou soukwé kò nou kon poul ka soukwé sann.

Nou ka jwé ròl, nou sé nonm, men dépi van soukoué fèy tòl
Sé anba anba tab nou ka séré, kon timanmy an janm manman’i !
Nou ka jwé ròl, nou sé nonm, men an chòvsouri nou wè lajounen
Nou ja ka vréyé dlo béni pou nou kouri dèyé malédyksyon.

Nou pè lombraj noumenm, Kon chyen pè kout baton
Nou pè palé pou lonnè péyi-a, nou pè chanjé vyé labitid nou.
Zyé noumenm nou ka bésé, si bétjé gadé nou nan kokozyé.
Mannikou ki mannikou pè pa maché anmitan granchimen
Men nou menm sé an granmitan chan kann nou lé séré.

Politisyen péyi-nou, kité mwen di zòt dé mo kat pawòl !
Ki rèspé zòt ni pou pèp zòtmenm ?
ki lanmou zòt ni pou manman zotmenm ?
Zòt ka kouri dèyè lajan sal kon mouch anmen chawany
Sé kotjen zot ka fè kon manawa ka fè riyen ki malproptans.

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Pour qu’il n’y ait point d’autres Aboubacar Cissé sacrifiés.

Par Yves Untel Pastel(*) —-

Aboubakar Cissé, un homme musulman, a été tragiquement poignardé à mort dans une mosquée du Gard le vendredi 25 avril 2025, simplement en raison de sa foi. Son assassin a déclaré : « Je l’ai fait, (…) ton Allah de merde » ! Ce meurtre choquant illustre la banalisation alarmante de la violence raciste en France. Mais posons-nous la question : d’où provient cette montée de haine ? La violence meurtrière dirigée contre ce musulman et les musulmans en général trouve ses racines dans une rhétorique alimentée par les gouvernements successifs. Elle résulte de politiques, dit-on laïques, mises en œuvre sous forme de mesures répressives contre une islamisation supposée de la France.

Cette situation est aggravée par l’importation en France du conflit israélo-palestinien, avec son lot d’entorse aux droits humains élémentaires, conflit dans lequel la diplomatie française affirme apporter son soutien inconditionnel à Israël. Les musulmans en France sont souvent présentés comme une menace à éradiquer, au nom de la préservation des « racines chrétiennes » et laïques de la France, jugées menacées par la simple présence musulmane en Europe.

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Alfred Marie-Jeanne s’est-il piégé lui-même ?

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Ainsi donc, après plusieurs reports, l’affaire dite du Green Parrot qui met en cause l’ancien président de la Région Martinique semble s’acheminer vers une décision définitive. Qu’on laisse tranquille Alfred Marie-Jeanne, c’est le souhait de la plupart des Martiniquais qui sont généralement convaincus que l’ancien président de l’ex-Région n’a jamais cherché à s’enrichir dans ses fonctions, en particulier à l’occasion de cette affaire où il a pu se laisser abuser. Que ses partisans fassent pression pour qu’il ne soit pas condamné, c’est de bonne guerre. Mais de là à parler de justice politique … Ce n’est pas d’aujourd’hui que date le choix des défenseurs des personnes poursuivies dans cette affaire, de jouer l’opinion publique. Cette méthode n’est pas étrangère aux reports successifs. C’est d’ailleurs pour échapper à cette pression que le dépaysement de l’affaire en métropole a été décidé par la Cour de cassation.

Il se pourrait que le Président se soit piégé lui-même en raison de la bienveillance qui lui avait été accordée par l’État dans une affaire similaire qui avait concerné La Grenade. Dans l’exercice du contrôle de la légalité des actes administratifs, l’État s’était finalement désisté de la requête qu’il avait intentée auprès du Tribunal administratif pour faire annuler la précédente décision, entachée d’irrégularité.

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Ouverture du procès d’Alfred Marie-Jeanne, à Paris

—Par Jean Samblé —

Le procès d’Alfred Marie-Jeanne, ancien président de la Région Martinique et figure du mouvement indépendantiste martiniquais, s’ouvre ce lundi 28 avril 2025 au tribunal judiciaire de Paris. Il est accusé de « prise illégale d’intérêt », de « faux » et d' »usage de faux » dans le cadre de l’attribution d’un marché public destiné à la reconstruction d’une école à la Dominique, après un séisme survenu en 2004. Aux côtés de Marie-Jeanne, sa fille, Maguy, et son compagnon de l’époque, Mark Frampton, sont également jugés. Cette affaire remonte à plus de vingt ans, mais elle a traversé plusieurs étapes judiciaires avant d’aboutir à ce procès tant attendu.

Le dossier concerne un marché public attribué par le Conseil régional de la Martinique à un cabinet d’architectes dans les années 2000, dirigé par Frampton, qui était alors le gendre d’Alfred Marie-Jeanne. L’attribution de ce marché a fait l’objet de soupçons de favoritisme et de conflits d’intérêts. L’affaire a été initialement portée à la connaissance des autorités en 2007 par une dénonciation anonyme, baptisée « Green Parrot », qui a lancé une série d’enquêtes.

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Haïti au bord de l’effondrement : l’ONU lance un appel pressant à la communauté internationale

— Par Jean Samblé —

Haïti traverse l’une des pires crises de son histoire contemporaine. Entre violences armées, effondrement des institutions publiques, et crise humanitaire aiguë, le pays semble s’enfoncer dans un chaos de plus en plus incontrôlable. Les Nations unies, par la voix de plusieurs de ses hauts représentants, alertent sur une situation alarmante et appellent la communauté internationale à une action urgente, avant qu’il ne soit trop tard.

Une violence en constante escalade

Depuis plusieurs mois, les gangs armés intensifient leur emprise sur Haïti, notamment dans la capitale Port-au-Prince et ses alentours. Selon Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, « la situation des droits de l’homme en Haïti a atteint un nouveau point de crise ». Lors de la présentation de son rapport annuel devant le Conseil des droits de l’homme à Genève, il a décrit une réalité terrifiante : des bandes armées qui s’unissent, se renforcent, et affrontent les forces de l’ordre avec une puissance de feu souvent supérieure.

Ces groupes criminels, qui opèrent désormais comme de véritables milices, mènent des attaques coordonnées, s’emparent d’infrastructures vitales et imposent leur loi à des pans entiers du territoire.

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La Semaine sainte et la « libération » des esclaves de Case-Pilote

— Par — Par Yves-Léopold Monthieux — —

Cette tribune reprend en partie celle parue le 17 août 2016 intitulée « 23 avril 1848 : libération des esclaves de Case-Pilote ».

Qui, étant d’un certain âge, ne se souvient de la Semaine sainte telle que pratiquée en Martinique, notamment les Jeudi saint, Vendredi saint et Samedi Gloria. Les cloches des églises faisaient relâche tandis que les croix, statues et images étaient voilées. Pour remplacer les cloches les enfants de chœur se répandaient dans les rues en faisant crisser des crécelles, sorte de moulinet en bois qui s’appelait rara en Martinique. Ce mot provient peut-être du mot ara qui est une variété de perroquet de l’Amérique tropicale. D’où l’expression courante à l’époque « parler comme un rara lasimèn sinte ». On retrouve le mot à Haïti pour désigner une musique mystique jouée, notamment, au cours de la Semaine sainte, ce qui peut être considéré comme un point commun avec la Martinique. Une autre pratique, le « battre Judas », consistait pour les fidèles de la paroisse à circuler dans les rues en frappant sur des boîtes vides symbolisant Judas, l’apôtre qui a trahi Jésus.

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Bicentenaire de la Dette d’Haïti : Reconnaissance, Réparations et Mémoire

— Par Jean Samblé —

Le 17 avril 2025 marquera le bicentenaire de l’ordonnance royale de 1825, par laquelle le roi Charles X a imposé à Haïti une indemnité exorbitante pour reconnaître son indépendance. Cette décision historique, qui a marqué un tournant dans les relations entre la France et Haïti, a entraîné une domination financière de la France sur Haïti pendant près d’un siècle, instaurant un mécanisme néocolonial d’exploitation qui pèse encore aujourd’hui sur les mémoires.

À cette occasion, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), en partenariat avec les Archives Nationales, organise un événement exceptionnel le 17 avril 2025 aux Archives Nationales, situées au 59 rue Guyemer à Pierrefitte-sur-Seine, pour revenir sur cet événement inouï et injuste. Cet événement permettra de reconnaître officiellement l’injustice historique de cette dette imposée à Haïti, une question qui n’a jamais été véritablement reconnue par l’État français, et qui a influencé les relations entre les deux pays pendant plus d’un siècle.

Programme de la manifestation du bicentenaire

  1. Exposition documentaire : Des documents originaux relatifs à l’indemnité de 1825 seront exposés, permettant au public de se confronter à l’ampleur de cet emprisonnement économique et historique imposé à Haïti.

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Sciences attaquées : nouvelle mobilisation Stand Up For Science

— Par Marie Vabre —

Digne d’un roman de George Orwell, Donald Trump mène chaque jour une guerre dystopique contre la science – mais pas seulement  : détentions ou expulsions de scientifiques et d’étudiant·es, licenciements en masse, intimidations, censures, gels de financements, entraves à la collaboration scientifique internationale, etc. Aucune discipline n’est épargnée : études de la diversité et sciences sociales, du climat et de l’environnement, recherche médicale en santé publique… Les enquêtes menées actuellement sur plus de 50 universités sont délétères.

L’administration Trump s’en prend à tous les postes et les organes perçus comme des opposants, considérant que leur travail va à l’encontre de son idéologie, son agenda conservateur et ses intérêts financiers. “La nouveauté, c’est la vitesse et l’intensité. En trois mois à peine, on assiste à une mise sous pression qui dépasse largement le précédent mandat“, observe Virginie Adane, maîtresse de conférences en histoire moderne à Nantes Université.

Le SOS des scientifiques états-uniens

De nombreux organismes de recherche et de régulation ont subi les attaques violentes du DOGE, le département de l’efficacité gouvernementale d’Elon Musk.

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Pour un modèle agricole enfin, et réellement vivrier !

— Par Max Dorléans (GRS) —

Alors qu’aujourd’hui, toute la classe politique européenne dominante discute des orientations économiques (et politiques) à mettre en œuvre pour faire face aux attaques (augmentation des droits de douane sur les produits européens) de Donald Trump, nous ne devons pas continuer d’être des spectateurs passifs, et ne pas se saisir nous aussi, des turbulences dans la mondialisation capitaliste, pour réfléchir au modèle économique dominant qui nous a été depuis belle lurette imposé. Et notamment au modèle agricole de casi monoproduction de bananes et de canne à sucre.

En effet, avec la crise multidimensionnelle du capitalisme mondialisé, comment peut-on ne pas poser clairement la question de notre dépendance alimentaire, notamment à la question de que faire pour construire un modèle agricole radicalement différent, basé sur ce à quoi doit servir avant tout l’agriculture, à savoir nourrir la population. Un modèle bannissant donc la culture dominante de bananes et de canne, pour mettre en place une production agricole vivrière satisfaisant les besoins alimentaires essentiels de la population.

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Une interview qui fera date : celle du professeur Justin Daniel sur Martinique 1ère

— Par Pierre-Alex Marie-Anne —

Le 20 Mars 2025 est à marquer d’une pierre blanche, pour la première fois, on a pu entendre sur le média TV officiel une analyse objective de la situation de la Martinique. Le constat qui en ressort est que notre petite île se meurt sous l’effet combiné de son effondrement démographique et de l’impuissance à agir de l’actuelle gouvernance de la CTM, sur fond de développement exponentiel du narcotrafic. Pour l’éminent professeur, le modèle de gouvernance hérité de l’après-guerre est épuisé ; la logique qui le sous-tendait, celui de l’État providence a atteint ses limites, l’État n’ayant plus les moyens d’assurer le financement des transferts publics et sociaux qui le caractérisaient. Il considère d’ailleurs que si ce système à,permis des progrès substantiels en matière de conditions de vie, il n’a pas pour autant supprimé les déséquilibres et inégalités structurelles pré-existants dans la société coloniale, d’où les tensions actuelles exacerbées qui prennent une coloration identitaire et socio-raciale. Cette donnée fondamentale devrait en conséquence être au centre des préoccupations et de l’action des responsables de cette collectivité majeure pour selon ses termes: «dégager pour ce territoire une vision, une ambition et des perspectives».

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Quand la République ferme les yeux sur le racisme : Indignation à géométrie variable !

— Par Éric Cabéria & Christian Jean-Étienne (*)

L’agression antisémite d’un rabbin à Orléans a suscité des condamnations immédiates des plus hautes autorités de l’État. Mais lorsqu’il s’agit de racisme anti-Noirs ou anti-Arabes, la République regarde ailleurs. Jusqu’à quand ?

Samedi dernier 29 mars 2025, la 8 ème édition des marches de la solidarité, baptisée journée mondiale contre le racisme et le fascisme, rassemblait plus de 90 000 personnes dans les rues, une manifestation appelée par 220 associations et syndicats contre le racisme et l’extrême droite. Une manifestation puissante, portée par des citoyens conscients de l’urgence d’une société plus juste. Mais un incident en marge — l’agression d’un rabbin par un adolescent de 16 ans — a suffi à mobiliser l’appareil d’État : le Président, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, tous ont pris la parole, dénonçant avec vigueur « le poison de l’antisémitisme ».

Soit. L’antisémitisme est une abomination. Il doit être combattu avec détermination.

Mais où est cette même vigueur quand le racisme vise les Noirs ou les Arabes ? Où sont les déclarations solennelles, les condamnations officielles, les tweets républicains, quand la négrophobie frappe ?

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La clause coloniale contre les dues réparations !

—- Le n° 389 de « Révolution Socialiste », journal du GRS —

Qu’est-ce qui, en 2025, pousse l’État français, à refuser depuis plus d’un demi-siècle, l’extension à ses Territoires dits Outre-mer, les dispositions juridiques favorables de la Charte Sociale européenne révisée de 1996 ?

Charte adoptée en 1961, ratifiée par la France en 1973 (membre du Conseil de l’Europe), laquelle garantit à TOUS ses ressortissants, des droits sociaux et économiques inaliénables (emploi, éducation, éducation santé, eau, etc.), et assure complémentairement, une protection spécifique, contre les discriminations, aux couches les plus vulnérables de la population (enfants, personnes âgées, femmes, personnes en situation de handicap).

Ces dispositions juridiques couvrent parfaitement, le champ des catastrophes sociales et économiques éprouvées par les peuples de Guadeloupe et de Martinique dont vie chère, eau, chlordécone, etc, sont la face visible !

Pourquoi la patrie de la déclaration des droits de l’homme est-elle si résolument hostile à de telles mesures pour nos populations ?

En février dernier, son actuel ambassadeur (Pap Ndiaye), représentant permanent de la France auprès du Conseil de l’Europe, avait jugé cette situation « anormale » !

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Inégalités: l’Outre-mer toujours exclu des droits fondamentaux

Le 31 mars 2025, les associations engagées dans la défense des droits des populations antillaises ont essuyé un revers juridique majeur. Le Comité européen des droits sociaux (CEDS), organe du Conseil de l’Europe, a rejeté leur requête concernant les graves inégalités qui existent entre la France métropolitaine et ses territoires d’Outre-mer, notamment en Guadeloupe et en Martinique. Ce rejet porte un coup dur à l’espoir de voir enfin reconnu le préjudice causé par la pollution au chlordécone et les crises liées à l’accès à l’eau potable dans ces territoires.

Les associations, dont la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), et Kimbé Rèd FWI, avaient saisi le CEDS en mars 2024 pour dénoncer ces inégalités historiques et réclamer des réparations pour les graves conséquences environnementales et sanitaires du pesticide chlordécone, utilisé jusqu’en 1993, ainsi qu’une amélioration de l’accès à l’eau en Guadeloupe. Cependant, cette demande a été jugée irrecevable par le CEDS, qui a estimé que la Charte sociale européenne, bien que ratifiée par la France, ne s’applique pas aux territoires d’Outre-mer.

Le CEDS a ainsi ouvertement écarté la possibilité pour les populations ultramarines de faire valoir leurs droits économiques et sociaux à l’échelle européenne, mettant en lumière un vide juridique qui persiste depuis des décennies.

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