Paris – Il y a ceux qui découvrent les faits, abasourdis, et ceux qui savaient sans trop voir le mal: les révélations d’une éditrice racontant sa relation sous emprise, alors qu’elle avait 14 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff, font s’entrechoquer deux époques et deux regards sur la pédophilie.
Le goût autoproclamé de l’écrivain de 83 ans pour les « moins de 16 ans » et pour le tourisme sexuel avec de jeunes garçons en Asie avait jusqu’ici très peu fait ciller. La sortie, prévue jeudi, du livre « Le Consentement » de Vanessa Springora, 47 ans, semble être en train de changer la donne.
Apportant son « soutien » à « toutes les victimes » de l’écrivain, le ministre de la Culture Franck Riester a ainsi rappelé samedi que « l’aura littéraire n’est pas une garantie d’impunité« .
Autre signe de cette bascule: la séquence où Bernard Pivot interviewe Gabriel Matzneff est devenue virale (près de 900.000 vues) et fait scandale, près de trente ans après sa diffusion. Il y est interrogé de manière badine sur ses conquêtes sexuelles. A l’exception de l’écrivain québécoise Denise Bombardier, lui lançant qu’il aurait « des comptes à rendre à la justice« , personne ne réagit.