Pour les présumées victimes…

— Par Nathalie Delbois, de Culture Égalité —

Un proviseur est accusé d’agression sexuelle par une élève et aussitôt un comité de soutien constitué d’enseignant·es se crée pour le défendre.

A l’heure où nous écrivons ces lignes ne savons pas si ce proviseur est coupable ou innocent. Notre objet ici n’est pas de condamner l’agresseur présumé, mais de penser à la présumée victime. Aux présumées victimes ! Les histoires récentes nous démontrent, en effet, que, si les accusations portées sont vraies, il n’y a jamais une seule victime.

Dans le cas qui nous occupe, il y a d’un côté une adolescente et de l’autre, un homme puissant. Un proviseur est le « patron » d’un lycée, il peut faire et défaire des carrières, faire avancer ou stagner des projets, faciliter la vie d’un·e élève ou la rendre plus compliquée.

Les membres du comité de soutien ont donc balayé, d’un revers de main, la possibilité même que cette adolescente dise vrai. Ils n’ont pas pensé à elle, ni à ses parents. Juste à leur collègue, à leur ami, à leur patron.

Et si c’était vrai ? Et si le proviseur était coupable d’agression sexuelle ? Quelle gifle à sa victime, quel mépris pour sa parole ! Quel moyen efficace de décourager d’autres voix de témoigner !

Des enseignant·es dont le devoir est aussi de protéger les enfants confié·es à leurs bons soins ont oublié le principe élémentaire de précaution qui veut que dans le doute, on s’abstienne.

Ces personnes seraient-elles sourdes et aveugles au point d’ignorer les affaires qui depuis des mois révèlent que des hommes puissants, respectés sont des violeurs, des pédophiles, des harceleurs, bref des prédateurs sexuels ? Que pendant des années ces hommes ont agressé et violé en toute impunité sous le nez de leurs proches qui pensaient si bien les connaître ?

La parole des femmes victimes se libère, nous dit-on. Pour certain·es, en Martinique, la parole d’une adolescente ne vaut rien si son agresseur présumé est un homme « respectable ».

Il est temps que les Martiniquais et les Martiniquaises ne laissent plus les « je le connais, ce n’est pas possible » leur boucher les oreilles et museler les victimes. Pé bouch fini !

Nathalie Delbois

Le 4 juin 2021

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