
— Par Laurent Joffrin, Directeur du Nouvel Observateur—
L’opposant au mariage homo se bat non pour promouvoir une revendication mais pour empêcher l’autre d’accéder au même droit que soi. Définition même de l’intolérance.
La « Manif pour tous » est devenue la manif contre quelques-uns : tel est désormais le trait principal d’une protestation qui a mal tourné sous l’égide d’une minorité activiste. Réaction pacifique et œcuménique au départ, elle s’est changée en combat acerbe contre le droit des autres. L’histoire retiendra avec quel acharnement, quelle virulence, quelle agressivité une partie de la droite a voulu interdire à une minorité son entrée définitive dans la communauté nationale, en lui déniant l’égalité qu’elle réclame, sans le moindre égard pour son héritage, fait de relégation, de sarcasmes et de discrimination.
On pouvait comprendre, on devait accepter la critique. Le mariage homosexuel est une nouveauté historique qui contredit une immémoriale tradition. Son instauration pouvait choquer, il fallait écouter les objections de bonne foi présentées par ceux qui s’inquiètent de la filiation ou qui craignent pour l’équilibre psychologique des enfants de ces couples nouveaux. Religieuses ou traditionnelles, les convictions sont respectables.




43% des couples homosexuels sont pacsés. Difficile pour autant d’en conclure qu’ils vont se bousculer pour se dire «oui» devant le maire.
Il y a une Taubira Pride. Depuis le début de l’examen du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, mardi dernier, le Palais-Bourbon bruisse d’admiration pour la garde des Sceaux. «C’est une rock star chez les députés PS», constate un habitué de l’hémicycle. «Elle est plus que cela, complète Matthias Fekl, jeune élu PS. Elle incarne le sens de l’engagement.» «Elle reste calme, mais dégage une rare passion. On a l’impression qu’on fait quelque chose d’utile, de fort. Ça n’arrive pas tous les jours, et elle y est pour beaucoup», dit aussi Barbara Romagnan. Comme beaucoup d’élus, cette députée socialiste est «hyperemballée». Claude Bartolone, président de l’Assemblée, le confirme : «Il y a aussi une reconnaissance de ce qu’elle représente, son parcours, son profil, ses origines. On me dit « Simone Veil », « Badinter » et elle. Elle est dans le top 10.»
–Il est impossible d’installer les bouleversements liés aux nouvelles méthodes de procréation médicalement assistée (PMA) à l’intérieur de l’ancienne organisation familiale, dont le cadre législatif avait été conçu pour donner aux enfants nés en son sein un père cumulant les fonctions de géniteur présumé, d’éducateur privilégié et de donneur de nom.
L’Assemblée nationale a adopté samedi par 249 voix contre 97 le premier article du projet de loi sur le mariage homosexuel, le plus important, celui qui ouvre le mariage aux personnes de même sexe.
–Bruno Nestor-Azérot, député de la Martinique vient de faire une déclaration retentissante à l’Assemblée Nationale Française dans le débat sur le mariage pour tous. Je ne reviendrai pas sur son positionnement qui relève de ses convictions personnelles, qu’il faut tolérer même si je ne suis pas d’accord, mais sur l’argument qu’il a considéré comme le plus important dans son argumentation. Il a déclaré :
Dans un discours qui sent bon la calotte et le goupillon Nestor-Azérot fait une découverte fondamentale : « Un homme et une femme, ce n’est pas pareil!« . On reste coi devant le contenu informationnel inouï d’une telle déclaration. On demeure sidéré. Et pourtant!
–Quoi ? La protection sociale, les services publics d’éducation et de santé sont sabordés, les usines licencient en masse et les populations ne peuvent plus vivre de leurs revenus décroissants ! Quoi ? Le mécontentement gronde. Calmez-vous braves gens, grâce à la loi sur le « MARIAGE POUR TOUS », la société va conquérir d’autres droits et libertés, la République sera plus soucieuse du sort de tous ses enfants, et l’amour conquerra de nouveaux espaces !
Paris, le 29 janvier 2013


Lettre à Raymond Occolier, maire du Vauclin
3 000 manifestants à Fort-de-France, 800 000 à Paris (350 000 d’après les forces de l’ordre). C’est bien là le triomphe de la démocratie dans notre république Laïque!


