— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Le porte-monnaie des guadeloupéens est en surchauffe, car l’inflation atteint 9,1%, au mois de juillet, c’est le prix du poisson qui a le plus augmenté, de 18,16% entre février et août 2022. Au cours de cette période, le prix d’un panier alimentaire a augmenté de près de 21%, d’après les calculs réalisés chaque semaine par l’INSEE. Un plein d’essence qui coûtera nettement plus cher à la rentrée de septembre, des paquets de pâtes mais aussi de la viande surgelée plus onéreux… La montée des prix de notre quotidien n’a échappé à personne, ne serait-ce qu’en lisant la presse pour laquelle l’inflation est un des sujets phares de cette année 2022. Avec des tarifs de l’énergie en hausse de 28,5% en juillet sur un an, mais aussi une alimentation plus coûteuse de 6,8% ainsi qu’une augmentation du coût des matériaux de construction de 37,4%, les guadeloupéens font face à une situation atypique. Le problème est historique : la Guadeloupe et aussi la Martinique sont fortement dépendantes des marchés extérieurs pour garantir l’approvisionnement en produits de consommation courante nécessaires à leur consommation intérieure.

[Ce vote] selon nous doit être analysé sous un angle inhabituel, car il tire son origine de l’ordre de l’inconscient, de l’irrationnel, du ressenti exacerbé d’une forme de souffrance sociale, et surtout de l’éclatement de l’identité ?
Si les faits politiques et les sondages ont encore un sens, Emmanuel Macron devrait pouvoir, sauf accident malencontreux, être reconduit dimanche dans la fonction de président de la République. C’est dans cette perspective que le but ultime du dessein secret de Emmanuel Macron, et la raison d’être de sa stratégie électorale actuelle, est de déconstruire idéologiquement le paysage politique de la France. En Martinique et Guadeloupe, la situation politique est plus confuse, dans la mesure où la recomposition du paysage politique n’est pas d’actualité, mais néanmoins, il semble cependant que beaucoup de martiniquais et surtout de guadeloupéens très en colère s’apprêtent à voter Marine le Pen, par rejet de Macron, mais également par ignorance de l’idéologie intrinsèque du rassemblement national. Et pourtant Macron sera vraisemblablement réélu dimanche, car en plus de l’alignement des planètes qui lui a été jusqu’ici favorable, Emmanuel Macron est aussi incontestablement un surdoué. Doit on reprocher sa virtuosité au musicien ? Il faut cesser de dénoncer comme de l’arrogance ce qui est avant tout l’affirmation d’une grande compétence et d’un indéniable savoir faire.
Les réactions au chahutage récent de Marine le Pen par certaines organisations nationalistes lors de sa visite en Guadeloupe semblent être le révélateur d’un véritable malaise de l’opinion publique. De nombreuses réactions de guadeloupéens se sont manifestées pour dénoncer cette action considérée comme antidémocratique et contreproductive. 

Le conflit en Ukraine plonge l’economie mondiale dans l’incertitude et provoque des perturbations importantes sur l’économie de la France . La hausse des coûts de l’énergie et les perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement, qui seront toutes deux aggravées par la crise ukrainienne, sont des facteurs clés de l’affaiblissement des perspectives économiques. La Russie est le plus grand fournisseur de gaz et de pétrole de l’UE, et la hausse des coûts de l’énergie se traduit par un renchérissement des transports, ce qui affecte la circulation de toutes sortes de marchandises. L’économie mondiale devrait enregistrer en 2022 un plongeon historique, avec une forte chute du PIB de la zone euro ,des États-Unis et surtout également de la Chine. Quant à l’économie de la Guadeloupe , elle est placée actuellement sous le signe de l’inflation et d’Omicron et risque l’embolie. L’IEDOM vient de publier les statistiques de son enquête d’opinion pour le quatrième trimestre 2021, réalisée auprès d’un échantillon de chefs d’entreprises guadeloupéens. Dans cette étude, l’iedom fait état d’une baisse de l’activité économique en Guadeloupe. Selon l’IEDOM les entrepreneurs mettent en cause les mouvements sociaux ainsi que les troubles à l’ordre public constatés lors des évènements liés à l’obligation vaccinale .
En pleine montée des tensions économiques et alors que la Russie a agité la menace nucléaire dans des termes voilés, Bruno Lemaire le ministre de l’économie et des finances déclarait sur un ton belliqueux « Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie », promettant que les puissances occidentales allaient « provoquer l’effondrement de l’économie russe » pour punir l’invasion de l’Ukraine. Quelques jours plus tard, après que le ministre de l’économie et des finances ait haussé le ton , le Fonds monétaire international (FMI) prévient qu’une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques « dévastatrices » au niveau mondial..
Au moment où la planète se trouve déjà en butte à une croissance anémiée par la pandémie de COVID, mais aussi actuellement doit faire face à de sérieuses menaces géopolitiques ( guerre entre la Russie et l’Ukraine), le recul attendu du commerce mondial n’a réellement rien de rassurant pour la future évolution de la croissance économique et de l’emploi en Guadeloupe.

La rue se fait toujours entendre en Guadeloupe . Des manifestations sont récurrentes depuis sept mois et l’impasse est plus que jamais très présente au niveau dialogue sur une sortie de crise . Mais le plus consternant, c’est que l’on assiste encore ces jours-ci à des exactions multiples contre des mairies, des écoles et des entreprises.
Aujourd’hui, le président Emmanuel Macron s’entretenait par visio conférence avec certains élus de l’ensemble des Outre-mer. L’entretien a duré environ trois heures, avec deux interventions maximum prévues par territoire. La question de la situation sanitaire, du pass vaccinal, mais aussi des adaptations possibles outre-mer ont notamment été à l’ordre du jour, mais aussi des questions sociétales cruciales pour nos territoires (économie, jeunesse, emploi, logement…). Si le dialogue reste nécessaire surtout en période de crise, il est toutefois de bon ton de s’interroger sur la responsabilité de la France dans l’état général de déliquescence de la société guadeloupéenne. L’autorité est en crise en France hexagonale : c’est connu. Mais, diable !, que cette crise soit à la source du mal être des guadeloupéens nous paraît être une lapalissade. Et d’ailleurs le mal être antillais découle de la source du malaise français. N’en déplaise à certains, la vie politique et sociale de la guadeloupe est très imbriquée à celle de la France hexagonale. Tout un pan de la sociologie française s’entremêle et s’entrechoque avec celle de la société Antillaise.
Depuis l’émergence de la crise sanitaire, la société guadeloupéenne semble aujourd’hui vivre dans le désordre, voire évoluer par soubresauts violents sous l’angle d’une certaine forme d’anarchie qui préfigure en réaction bientôt l’instauration d’un régime autoritaire en France , et ce à une époque où tout s’accélère (relation au temps et à l’espace, à la technique…) ce qui entraîne des mutations très rapides et des défis sociaux importants, interrogeant sur le sens des actions dures du collectif de syndicalistes et surtout des mutations de la société guadeloupéenne dans un futur proche . Oui, la crise sanitaire va entraîner des changements importants dans nos vies ! Certains vont perdurer, d’autres non. Ces mutations vont nous toucher dans des domaines très variés :
Aujourd’hui , le pouvoir d’achat semble être avec la crise du Covid, la première occupation des guadeloupéens et martiniquais . C’est d’autant plus actuel que leur porte-monnaie est actuellement très touché par l’inflation. Rappelons que l’inflation, c’est la hausse générale des prix, donc la perte de valeur de la monnaie. Avec la même quantité d’argent, on peut acheter moins de biens. Pour le calculer, l’Insee contrôle mensuellement des milliers de produits pour fournir l’indice des prix . Sur ce panier, la perte de pouvoir d’achat s’élève pour la Guadeloupe à 3,3% de novembre 2020 à novembre 2021 et pour la Martinique à 3,2% sur un an . Un niveau inédit depuis dix ans. L’inflation affecte d’abord les ménages modestes. . Plus le revenu d’un ménage est faible, plus l’énergie et l’alimentation pèsent dans son budget. Et force est de constater que la crise sanitaire actuelle, ainsi que la dégradation de la conjoncture économique, provoque une hausse inexorable des prix en Guadeloupe et en Martinique . En effet, une onde de choc provoquée par l’inflation planera sur ces pays en 2022, et ce alors même que le territoire compte 34 % de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Quid en 2022 d’un obscurantisme qui condamne clairement à terme la Guadeloupe et la Martinique à la désespérance ?
Louis Delgrès, né le 2 août 1766, à Saint-Pierre en Martinique, et mort d’après la légende écrite par certains historiens le 28 mai 1802(à 35 ans), à Matouba (commune de Saint-Claude) en Guadeloupe, est une personnalité de l’histoire de la Guadeloupe. Colonel d’infanterie des forces armées de la Basse-Terre, abolitionniste, il est connu pour la proclamation anti-esclavagistes signée de son nom, datée du 10 mai 1802, haut fait de la résistance de la Guadeloupe aux troupes napoléoniennes désireuses de rétablir l’esclavage. Le 20 mai 1802, Delgrès et ses troupes sont obligés de se replier au fort de Basse-Terre qu’il doivent ensuite abandonner le 22 mai 1802 (en s’échappant secrètement par la poterne du Galion à l’arrière du fort) pour soit disant se réfugier au pied de la Soufrière à Matouba, vers Saint-Claude.
Avec la crise sociétale actuelle , nous vivons la fin de deux longs cycles historiques des évolutions de la société Antillaise . La situation en Guadeloupe se stabilise à peine et empire en Martinique que le gouvernements préparent déjà la sortie de crise. Comment ?
Et si ce qui s’est passé dans l’étrange spéculation autour du blocage de la Guadeloupe par une surenchère de certains syndicats était révélateur d’un enjeu politique bien plus profond que la simple crise sanitaire ?… De tout temps, la Guadeloupe a été le lieu de crises multiples, mais c’est vrai de dire et croire que le climat actuel est pré-insurrectionnel, car en dépit des rodomontades de quelques élus guadeloupéens, la situation actuelle en Guadeloupe est explosive comme le prétend le président Macron certainement bien informé par ses services de renseignement . Dans le passé, on a connu pire. Ne nous emballons pas, car il n’existe pas de risque de révolte à grande échelle et encore moins de révolution dans le contexte actuel. Cessons de prendre des vessies pour des lanternes et faire peur aux gens en supputations à mon sens imaginaires.
La crise financière et économique des collectivités locales de Martinique et Guadeloupe va bientôt s’aggraver dangereusement.
Depuis plusieurs mois, la hausse des cours des matières premières et des productions agricoles fait bondir ceux de l’alimentation humaine et animale. Une situation amenée à durer qui fait craindre une répercussion sur les consommateurs.
Au delà des questions sanitaires, l’épidémie de Covid-19 et le confinement ont provoqué un élan de remises en question du modèle économique qui régit nos sociétés. Mondialisation, sur-consommation, souveraineté sanitaire et alimentaire, révolution technologique, renouveau du thème de l’identité nationale, retour de l’autoritarisme … Autant de sujets que la crise a replacé sur le devant de la scène. L’année 2021 aura été marquée par un triple choc sanitaire, économique et financier pour les collectivités et entreprises (perte durable de recettes et de chiffre d’affaires). Le CEROM vient de publier une nouvelle étude sur les comptes économiques de la Guadeloupe et c’est un euphémisme de dire que la situation économique n’est pas réjouissante. La reprise d’activité de l’économie guadeloupéenne observée depuis 2014 suite à la chute brutale de la croissance en 2009 (– 4,8 %) a donc été stoppée. La croissance économique de la Guadeloupe recule ainsi à – 4,9 % en volume, après le ralentissement amorcé l’année précédente ( + 0,5 % en 2019 après + 1,3 %). Elle reste néanmoins supérieure à la dynamique nationale (– 7,9 %).
L’injonction au changement de la carte politique en France et en Guadeloupe nous renvoie tous à un sentiment diffus de l’accélération du temps. Et c’est notamment le cas pour Victorin Lurel qui s’apprête, selon notre toute récente analyse politique , à abattre sa dernière carte.