— Par Caroline Constant —
Éditions du Chêne
Le dessinateur sort un album intitulé L’enfer, c’est les enfants des autres. Une charge réjouissante sur l’état de notre société, dont les premières victimes sont justement les enfants.
Ils sont affreux et méchants. Capricieux et moralisateurs. Et puis, de toute façon, les enfants des autres, c’est forcément l’enfer, se moque le dessinateur Gros dans un album qui paraît aux Éditions du Chêne. Pascal Gros a compilé dans ce livre 150 dessins sur la thématique de l’enfance. Mais si Gros force le trait, ce ne sont pas tant les enfants qu’il moque que notre société, ses injonctions contradictoires et nos modes d’éducation. Il raille l’arrivée de l’enfant, entre émerveillement et « début des emmerdes ». Il croque avec cruauté les biberons imbibés de saletés, de tranquillisants, d’alcool, et une alimentation qui finit par conduire au surpoids (« Je suis Charlie et la chocolaterie », porte fièrement sur son tee-shirt un enfant très enveloppé). Il raille les opposants à l’adoption par les homosexuels : « Tu préférerais être adopté par Jodie Foster ou Christine Boutin ?

La Matière de l’absence
Ceci n’est pas une préface,
A l’occasion de la parution de dernier livre de Patrick Chamoiseau, « La matière de l’absence », l’Association Tout-monde a organisé une soirée poétique. Gérard Delver, président de l’association, s’est entretenu avec l’écrivain. Quelques extraits…
Des choses, pas belles, se sont passées, en France, entre 2017 et 2020. Les femmes, par la main de déesses grecques surgies de l’Olympe, ont pris le pouvoir détenu par les hommes depuis des millénaires. L’Apocalypse, prédite pour décembre 2012, n’a pas eu lieu. Les déesses sont venues se mélanger à la société française. Le Parti du Cercle a imposé ses règles. L’expérience a très mal tourné. Mais comment faire la lumière sur ce règne éphémère et probablement sanglant, alors qu’une amnésie collective a été décidée par référendum au terme de cette page d’histoire, en 2020 ? Une amnésie appelée le Grand Blanc, approuvée à l’unanimité par la population. C’est pour juger cette douloureuse parenthèse que s’ouvre un maxi-procès dans ce qui fut longtemps le Stade de France et qui abrite désormais le Tribunal du Grand Paris. Nous sommes en 2062. À la barre, la Sibylle, prophétesse de la révolution des femmes. Pièces à conviction à l’appui, elle déroule le fil de sa mémoire, et la généalogie des événements. Petit à petit, on découvre la réalité de ces années très spéciales.
Qu’elle fut belle, cette dernière après-midi de vacances, quand avant de reprendre, un peu nostalgique, le chemin de l’école, on a pu rêver encore et voguer dans l’imaginaire sous la houlette de Jean l’Océan ! Comme un sursis accordé, comme un dernier voyage immobile au pays des arbres et des sorcières, qui hantent les nuits noires et les forêts profondes.
Crépuscule du tourment, de Léonora Miano. Grasset, 286 pages, 19 euros.
La Mauricienne Nathacha Appanah, dans son sixième roman, s’attache aux traces d’un enfant noir recueilli par une Blanche qui, à l’adolescence, rejette violemment le monde de sa mère adoptive.
DISPARITION – L’auteure notamment du Rempart des béguines est morte à l’âge de 86 ans.
Édition publiée sous la direction d’Emmanuelle Lambert avec la collaboration de Philippe Artières, Patrick Autréaux, Arno Bertina, Sonia Chiambretto, Albert Dichy, Emmanuel Pinto et Oliver Rohe
Mayak, complexe nucléaire en Russie.
«Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992.
Ils ont subi toutes sortes de violences. Ils n’ont le droit d’exister ni dans leurs corps ni dans leurs âmes. Se conformer à leur âge, parler leur propre langue dans leur propre pays ou épouser la personne qu’ils aiment leur est interdit. Leur enfance et leur intimité leur ont été volées, comme leur a été refusé le droit de vivre leur vie.
Le prix Nobel de la paix et rescapé de la Shoah Elie Wiesel est mort samedi à l’âge de 87 ans, après avoir consacré sa vie à perpétuer la mémoire de l’Holocauste.
Titre original : Aquello estaba deseando ocurrir
Le journaliste et écrivain Philippe Lançon a retrouvé pour Libération Leonardo Padura à Paris trois ans après leur dernière rencontre, à La Havane. « Le romancier semble égal à lui-même : discret embonpoint, ironique prudence et chaleur distanciée ». Il clope toujours, « ici comme là-bas »
La Société des Gens De lettres (SGDL) a dévoilé le mois dernier les lauréats de ses différents Prix. Cette année, le Grand Prix SGDL de littérature a récompensé le poète et écrivain haïtien René Depestre pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la parution de son dernier livre « Popa Singer », publié aux éditions Zulma et notamment connu pour « Hadriana dans tous mes rêves » récompensé par le prix Renaudot en 1988.
Un livre indispensable pour comprendre un des principaux enjeux du monde d’aujourd’hui.
22 MAI 1848
Trois pièces. Trois pays. Trois auteurs. Les Comores. Le Congo-Brazzaville. Haïti. Et pourtant, non pas la même histoire, mais la même question : la violence est-elle le dernier recours contre l’injustice politique ? Ces trois auteurs y répondent chacun à leur manière, en traitant des faits les plus tragiques de l’actualité récente de leurs pays, mais en n’oubliant pas ce que le théâtre peut opposer à la barbarie engendrée par le chaos : le langage, la poésie et le logos comme un long chant destiné à témoigner, à faire réfléchir, à faire agir.