Catégorie : Littératures

Aimé Césaire accueille Jacques Martial

Hommage posthume du père à son fils spirituel

Par Yves Untel Pastel

Dans l’au-delà, sur un rivage de mots et d’Histoire

Le vent n’est plus un souffle, mais un murmure d’âmes.

Les vagues se brisent en vers.

Jacques MARTIAL, l’acteur,

L’homme de la Villette et du Mémorial, pose son regard

Sur celui qu’il a si souvent fait vibrer ?

Aimé Césaire, le poète.

 

Il n’y a pas de scène, pas de projecteur, juste la lumière d’un savoir partagé.

Jacques : Maître, je vous ai porté, non pas sur mes épaules, mais dans ma voix.

J’ai crié votre colère, votre douleur, l’appel de votre « Cahier » qui retournait au pays.

J’ai voulu que ceux qui m’écoutaient, dans l’ombre d’une salle, entendent le grondement de l’Histoire.

Césaire : Je l’ai entendu, mon ami, et il a résonné jusqu’ici.

Vous n’avez pas récité mes mots, vous les avez incarnés.

Vous avez donné une chair à mes idéaux, une âme à mes combats.

Le poème n’est rien sans celui qui le fait vivre, sans celui qui le sent et le transmet.

Jacques : J’ai cru qu’en vous, nous pouvions trouver notre force, notre dignité.

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F.N.E. : Corruption, détournement de fonds publics, népotisme…

Corruption, détournement de fonds publics, népotisme : le Fonds national de l’éducation défie et échappe encore à la Justice haïtienne

 —Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Le vaste scandale de corruption, de détournement de fonds publics et de népotisme au Fonds national de l’éducation (FNE) connait de nouveaux rebondissements ces jours-ci en Haïti. Le 17 juin 2025, nous en avons exposé les soubresauts dans un article paru en Haïti sur les 17 plateformes régionales du REPUH, le Regroupement des professeurs d’universités d’Haïti. Cet article, « L’occultation de la corruption au Fonds national de l’éducation : nouvelles acrobaties de Sterline Civil, profuse « missionnaire » du PHTK néo-duvaliériste », est paru le même jour sur Rezonòdwès (États-Unis) et sur Madinin’Art (Martinique) le lendemain. Dans cet article notre propos s’énonçait comme suit : « Depuis son inconstitutionnelle et délictueuse nomination par arrêté présidentiel et son installation le 18 février 2025 à la direction du Fonds national de l’éducation –la plus vaste entreprise modélisée de corruption dans le système éducatif d’Haïti–, l’illusionniste Sterline Civil a revêtu les habits spécieux de « Madame mains propres » et a peaufiné le dispositif palabreur de ses prises de parole ciblées.

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« Les Djons d’Aïti Tonma », de Félix Morisseau-Leroy

Retour sur un roman de Félix Morisseau-Leroy

Par Jean-Robert Léonidas

Les Djons d’Aïti Tonma » (L’Harmattan, 1996) est la dernière parution de Félix Morisseau-Leroy. C’est un roman à trois volets, un triptyque. La vedette c’est Jacmel, ou plutôt les Jacméliens. Pas tous, mais les vrais, les fiers, les braves, ceux qu’on appelle les « djons ».

Ti-Fils est un djon. A mon sens il est aussi un djinn, l’âme de la ville ou encore un horodateur ambulant puisque, quand il faisait les courses pour un grand négociant de la ville, il se plaisait à crier à qui veut l’entendre le nom du jour de la semaine. Tout d’abord, l’auteur présente Jacmel avec ses types, avec ses contradictions puisées à la source apocryphe où le mythe et l’histoire se confondent. Il y avait les riches, les gens de la « société » au sein desquels on comptait les loups-garous qui n’hésitaient pas à aller prendre la communion à l’église pour donner le change. Il existait aussi une manière de peuple qui s’évertuait à devenir gens de la société. Mais il y avait le « troisième clan »,  » alliance légitime du prolétariat et de l’intellectualité d’avant-garde » qui voulait repenser la cité, refaire sa mentalité.

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L’inconnu de  Mer frappée : Chapitre III

Par Robert Lodimus —

Chapitre III

LA RENCONTRE

Les habitants du quartier ont vécu une troisième nuit d’épouvante. Deux fois par année, Madame Dévilien, une prêtresse vodou, dévouée corps et âme au gouvernement de François Duvalier, organisait des rituels incantatoires dans la cour de son « hounfò », ombragée par le houppier du mapou géant, dont les branches basses se reposaient sur le toit d’une vieille bâtisse en bois. Des curieux se postaient à l’entrée de la grande barrière en tôle pour suivre des yeux le déroulement de la cérémonie animiste. Les initiés, comme les clowns de cirque tsigane, portaient des accoutrements multicolores, qui leur donnaient un air complètement loufoque. Ils utilisaient des peintures corporelles et faciales qui référaient aux symboles de la spiritualité et des traditions ancestrales. Les hommes portaient des chapeaux de paille et des foulards bleus, rouges, noirs, verts autour du cou suant. La « canaille » – pas au sens noble du langage révolutionnaire d’Alexis Bouvier et de Joseph Darcier – chantait, buvait, se soûlait, se déhanchait. La plupart de ces énergumènes étaient des serviteurs zélés, des adhérents exaltés, des prosélytes inébranlables de l’idéologie duvaliérienne.

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Noblesse paysanne

A propos du livre Il était une fois la vie au Morne Baldara de Roset Mongin

— Par Georges-Henrie Léotin —

Dans notre Martinique d’aujourd’hui, on n’imagine pas un tout jeune enfant émerveillé par la lumière d’une ampoule électrique (ce que nous appelions bek), et qui s’amuserait à jouer avec l’interrupteur comme s’il était magicien. Les bambins de nos campagnes, dans l’immédiat après-guerre, ouvraient aussi de grands yeux face aux fontaines des bourgs, face à cette autre magie d’une eau venue au coin des rues, à disposition, au bout d’un robinet métallique. L’enfant que fut Rozet Mongin, habitué de la source, avait déjà toutefois remarqué que l’eau des fontaines publiques n’était pas toujours fraiche comme celle venue directement des entrailles de la terre, « l’eau limpide de Trouboulo, notre source au Morne Baldara ». On mesure le chemin parcouru quand on voit que les fontaines publiques dans les bourgs, qui fascinaient l’enfant, ne sont plus guère aujourd’hui (quand elles existent encore) que des objets de curiosité et des vestiges du passé !

L’ouvrage de Rozet Mongin n’est pas un roman mais un récit de vie, l’évocation de son enfance, de ses parents, de sa famille, de la vie de la campagne du Morne Baldara (dit aussi Morne Babet, ou encore La Raisinier – l’auteur imagine comme origine possible du nom : La (femme) Résignée, mais souvent les noms de lieux dans nos campagnes sont précédés de « La » : La Naud, La Mathilde, La Palmène, La Marchand, La Dumaine, etc.

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« Quand le silence de la nuit » & « Que sera ce rat ? »

Patrick Mathelié-Guinlet

Quand le silence de la nuit
revêt de son ombre la vie
et qu’alors règnent les esprits,
dans les airs résonnent encore

les mots de ces poètes morts
chantant la liberté, l’amour
à qui veut bien les écouter
jusqu’à ce que lève le jour…

Ces mots que le vent leur murmure
quand il caresse la ramure
des arbres de son souffle ailé,
par les oiseaux tôt relayés…

Leur message est audible pour
qui sait écouter la Nature
car c’est au fond d’une nuit noire
comme une boîte de Pandore
qu’à la fin demeure un espoir…

Que sera ce rat ?

(à Line Renaud)

La peste brune est là !
Amenée par les rats
menés par Bardella,
rat de laboratoire
(pas de bibliothèque !)
au bel art oratoire
pour l’électeur séduire
dont courte est la mémoire
car des dehors impecs
cachent souvent le pire…
Hélas, on ne sait pas
ce que sera ce rat…
“Que sera, sera”!

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L’inconnu de Mer frappée : Chapitre II

— Par Robert Lodimus —
Chapitre II

LE DÉGOÛT ET LA RÉVOLTE

C’était un après-midi d’automne. Les éclairs zébraient dans un ciel gris, chargé de nuages fuyants. Penché sur ma petite table de travail, je remplissais ligne par ligne, avec des mots étranges arrachés à mon cerveau en friche, les pages blanches dans lesquelles j’additionnais quotidiennement mes douleurs inapparentes. Je passais toutes mes journées et mes nuits à courir derrière le char d’Apollon pour le supplier de ramener le soleil sur les ténèbres de nos déboires et de nos humiliations. Haïti ressemble étonnamment à un champ de ruines. La gueusaille des bidonvilles et des campagnes défeuille comme les arbres à l’arrivée de la saison hivernale. Cette Tour de Babel semble être vouée au destin de Capharnaüm, la ville de l’apôtre Pierre, maudite par Jésus. A la vitesse où se déplace le train de sa décadence, un jour, peut-être, si rien n’est fait, on n’en entendra jamais plus parler. Ce pays disparaîtra avec ses héros, ses habitants, son histoire qui pétille comme le champagne dans un verre de cristal. Il s’effondrera avec son épopée qui goûte du vin bien fermenté et bien conservé dans la cave d’un œnologue de métier.

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Centenaire de Frantz Fanon

Une étape importante dans la connaissance de Frantz Fanon, surtout en Martinique
Parlons d’abord des réalités chiffrées!

—RS n° 407 lundi 11 août 2025 —

L’extension du public touché
Par le nombre de films et documentaires sortis cette année sur Frantz FANON, (le film de Jean-claude Barny est resté plusieurs semaines à l’affiche à Madiana), par la tenue de trois colloques dans la seule Martinique, par l’évocation de ces colloques dans les médias, par le nombre d’actions pédagogiques réalisées dans les établissements scolaires, par les conférences, par les témoignages dans deux colloques d’un condisciple centenaire de Fanon, par la présence active d’un insoumis de la guerre d’Algérie resté fidèle à ses idéaux, Daniel Boukman, par les émissions dans les médias, par la sortie en première mondiale d’une pièce de théâtre de Fanon jouée par une troupe martiniquaise, (« les mains parallèles »), par les nombreux lieux en Martinique où se sont déroulés les évènements liées au centenaire (Sainte-Luce, Marin, Lamentin, Marigot, Saint-Pierre, Morne-Rouge, Fort-de-France, Schoelcher, François…), nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la connaissance de Frantz Fanon.
Le Mémorial de 1982 sous l’égide du Cercle Frantz Fanon, le colloque scientifique international de 2011 de First Caraïbe, ne sont donc pas restés sans suite.

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Janmen bliyé !

— Par Daniel M. Berté —

An jou nwè ka kouté
An misié ka nonmé
An boul moun ki alé
Anlè dé zel brizé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An lo manmay kriyé
An foul estipersé
An péyi ka pléré
An aviyon tonbé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An lespri angwasé
An sonmey dévasté
An chay lavi krazé
An soufrans ka pézé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An istad plen kon zé
An krey chef artisté
An lo fanmi lienné
An mémwa ki matjé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An lo sewkey rivé
An doulè rilévé
An Matnik dézolé
An dènié jes adié
Anmwé ! Janmen bliyé !

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L’inconnu de Mer frappée : Avant-propos, Préambule, Chapitre I

Par Robert Lodimus

AVANT PROPOS

Ce livre, mélange de fiction et de réalité, déplaira probablement à certaines gens. Il n’a pas été écrit non plus dans le but de plaire… Ou de flatter… L’époque qu’il décrit est satanique. Jamais on n’aurait pensé qu’il eût été possible pour la terreur de s’élever à une pareille hauteur. Beaucoup d’individus se reconnaîtront – qu’ils soient du bon ou du mauvais côté – au travers de ce récit émouvant où se déploient ligne après ligne, page après page, les tentacules d’un mal hideux qui a rongé, déstabilisé, démoli la république d’Haïti durant 29 ans, au cours de la deuxième moitié du siècle dernier. Le bilan est épouvantable. Il donne froid dans le dos. Glace le sang. Des centaines de milliers d’exilés. Des milliers de morts et de disparus. De quoi transformer une ville entière en cimetière ! Pourtant, l’on ne parle pas d’une région du monde écrasée sous les bombes de la guerre.

Dans un contexte social turpide décrit par « L’inconnu de Mer Frappée », le jeune José Marti Paulémon croise un érudit.

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La lexicographie créole contemporaine : retour-synthèse

La lexicographie créole contemporaine : retour-synthèse sur ses caractéristiques historiques, son socle méthodologique, ses dictionnaires

et ses lexiques

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

« La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles. L’objet de son étude est donc le lexique, c’est-à-dire l’ensemble des mots, des locutions en ce qui a trait à leurs formes, à leurs significations, et à la façon dont ils se combinent entre eux. » (Marie-Éva De Villers : « Profession lexicographe », Presses de l’Université de Montréal, 2006.)

À la demande de plusieurs enseignants œuvrant en Haïti, nous effectuons avec le présent article un retour-synthèse sur les caractéristiques historiques de la lexicographie créole, sur son socle méthodologique, ses dictionnaires et ses lexiques. Conçu sur le mode d’une synoptique, cet article fournit un éclairage sur plusieurs aspects de la lexicographie créole : histoire, cadre analytique, cadre méthodologique de référence, problèmes et perspectives. Il met particulièrement l’accent sur la méthodologie de la lexicographie professionnelle, l’unique socle sur lequel doit être bâti toute la production lexicographique haïtienne.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre XVII

— Par Robert Lodimus —

Chapitre XVII

LA RÉSURRECTION

« Je mourrai face au soleil… »

(José Marti)

Beaucoup de philosophes tentèrent d’imposer leur propre définition du concept de « temps » dans ses dimensions complexes et controversées. Platon et Aristote l’abordèrent en tant qu’« image mobile de l’éternité ». Martin Heidegger dans « Être et temps » le considérait comme un aspect lié au fondement de la condition de l’individu tout le long de son parcours existentiel. Selon Saint Augustin, le temps se définissait par le présent. Car le passé évoquait la mémoire, et l’avenir renvoyait à une situation d’éventualité. En ce qui touchait le futur, nous aurions pu lui trouver un registre sémantique plus ouvert : expectative, prévision, perception, espérance…

En définitive, ce fut entre la « naissance » et la « mort » que le temps exista. Et il pouvait être considéré comme la somme des instants – bons ou mauvais – qui se situaient dans l’intervalle mobile, versatile, mais aussi inamovible des pôles de l’existence : le début et la fin, donc l’Alpha et l’Oméga.

Le temps s’arrêta à la frontière de la « mort » et s’ouvrit sur le néant.

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Actualisation du bilan de l’Akademi kreyòl ayisyen 

Entre « zanno dekoratif », aphonie, strabisme et momification

— Par Robert Berrouët-Oriol —

Le 18 juillet 2025, nous avons prononcé via Zoom une conférence à la Florida International University destinée aux étudiants du programme LACC’s 2025 Haitian Summer Institute de la School of International & Public Affairs / Latin American an Caribbean Center (LACC). Donnée en créole, cette conférence est dédiée à quatre grands noms de la lexicographie créole : Pradel Pompilus, Pierre Vernet, Albert Valdman et André Vilaire Chery. Elle a pour titre « Leksikografi kreyòl 1958-2024 : istwa li, metòd li, leksik ak diksyonè li chapante, wòl yo lan amenajman lenguistik ann Ayiti ». Le même jour, nous avons eu une entrevue avec Exant Remy, animateur de « Point-Virgule », une Web-émission culturelle de renom en Floride. Plusieurs sujets abordés lors de notre conférence à la Florida International University ont été repris à l’émission « Point-Virgule ». Le texte de la conférence a été diffusé en Haïti sur les 17 plateformes régionales du REPUH, le Réseau des professeurs d’universités d’Haïti, et il a également été publié sur divers sites Web, notamment Rezonòdwès aux États-Unis et Madinin’Art en Martinique.

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“Soir d’Ô rage” & « La Vie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

“Soir d’Ô rage”

Ô désespoir, ô rage,
on n’est pas toujours sage
au maléfice de l’âge…
C’est un pied dans la tombe,
l’autre au cul d’imbéciles !
La louange est facile,
la critique une bombe !
Si sur la main le cœur,
faut un doigt pour l’honneur !
Quand la bêtise irrite,
le respect se mérite…
Nuits blanches et puis jours sombres !
Pas de lumière sans ombre,
médaille sans revers,
pas d’endroit sans envers
ni vertu sans contraire,
de beauté sans laideur
ni courage sans peur…
Pas de bien sans le mal
et de vie sans la mort !
Tout est paradoxal
au sein de l’univers :
cultivons l’oxymore !

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Lè lavi-mwen…

Lè lavi-mwen…

Lè lavi-mwen blotjé an gran-chimen kèsion
Epi rété kwensé an kannal ladévenn
Pou ouvè lespérans
Pou mwen pé ba’y douvan
Man ka ritann Gran Manman

Lè lavi-mwen doubout an mitan an lannuit
Ka chèché lékilib anlè fil lanmizè
Pou rété an konsians
Pou pa trennen atè
Man ka rili Gran Sézè

Lè lavi-mwen blotjé dèyè gro pil woch-la
Paré a néyé kò’y an gran lanmè blé-a
Pou ripran an balans
Pou ritouvé larel
Man ka rili Gran Zobel

Lè lavi-mwen asiz anlè ti-ban katjil
Ek ka pléré gro-tjè plonjé adan malè
Pou genyen délivrans
Pou pa fè mové-san
Man ka rili Gran Glisan

Lè lavi-mwen kouché an kabann la détrès
Ka goumen pou pa mò adan gouf ladoulè
Pou trapé an ti-chans
Pou mwen pé sa di non,
Man ka rili Gran Fanon

Lè lavi-mwen maré épi lienn lasoufrans
An fenfon an lajòl éti ka mantjé lè
Pou pé fè pénitans
Man ka ritann Gran manman
Di-mwen : « Kouté lé Gran »

Daniel M. Berté 80419

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Hara-kiri

En Hommage à Edmond Laforest, à Pierre Sully et au député Raymond Cabèche

— Par Robert Lodimus —

(Edmond Laforest, 1876-1915)

Je mange des ronces
Et des écailles de colère
Depuis le retour des maquisards
Qui ont noyé Laforest [1] Dans le seau de l’indignation
Un nœud croulant de consonnes
Et de voyelles
Resserré inexorablement
Sur la gorge fragile
Des Cendres et flammes
Woodrow Wilson [2] Le nom de cet animal féroce
Qui a mordu mon peuple
Pendant la nuit
Où l’Europe bouleversée
Frappée par la foudre
De l’hégémonie
Agonisait sur les ruines
De la destruction démentielle
Cette fois encore

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre XVI

Chapitre XVI

LA MISSION

« L’injustice est pareille à l’eau qu’on chauffe dans une marmite. Quand elle bout trop longtemps, elle déborde : c’est cela, la révolte.»

(Alexandre Najjar)

L’anéantissement de La Roche – quoique l’historiographie universelle, contrairement à l’immersion d’Héracléion sous les eaux d’Aboukir, au déclin de Babylone avant sa disparition définitive, à la prise de Constantinople par Mehmet II en 1453 pour mettre un terme à l’empire Byzantin, à l’anéantissement de la cité antique de Pétra par un tremblement de terre meurtrier, n’en eût fait point mention – cela n’avait pas réussi pour autant à opiler les voies des espoirs de liberté et des rêves de justice d’une tranche de vie captive de la planète. La conscience universelle que la chaumine de la misère et de la peur avait hiberné, allait donc se réveiller un jour. Elle serait parvenue à s’échapper de la balme de Platon, afin de rejoindre ce « monde intelligible » d’où jaillirent les lumières de la connaissance et de la vérité. Les apôtres d’Apophis, ceux-là qui « servilisaient » leurs semblables, les torturaient dans les bagnes de l’indignité, qui érigeaient les goulags pour les Alexandre Soljenitsyne,.

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Leksikografi kreyòl 1958-2024 

Istwa li, metòd li, leksik ak diksyonè li chapante, wòl yo lan amenajman lenguistik ann Ayiti

DOCUMENT DE RÉFÉRENCE

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Onè respè pou Pradel Pompilus,

pyonye leksikografi kreyòl ann Ayiti,
otè premye « Lexique créole-français » (Université de Paris, 1958).
Onè respè pou Pierre Vernet,

fondatè Fakilte Lengwistik Aplike nan Inivèsite Leta d Ayiti,
premye lengwis ki plede pou kreyòl ak fransè mache ansanm

Onè respè pou André Vilaire Chery,
otè « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti »
(tòm 1 ak tòm 2, Edisyon Édutex, 2000 ak 2002).

Onè respè pou Albert Valdman, depi plis pase 50 lane li bay lang kreyòl la
plizyè diksyonè potomitan ki kanpe sou fondas natal metodoloji leksikografi pwofesyonèl la.

KONFERANS LENGUIS-TÈMINOLÒG ROBERT BERROUËT-ORIOL BAY

NAN FLORIDA INTERNATIONAL UNIVERSITY (FIU) JOU KI 18 JIYÈ 2025

CONFÉRENCE DU LINGUISTE-TERMINOLOGUE ROBERT BERROUËT-ORIOL À LA FLORIDA INTERNATIONAL UNIVERSITY (FIU), 18 JUILLET 2025

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Fanon et les femmes dans la Révolution algérienne

— Par Michèle Latouche — 

J’ai eu le bonheur d’être introduite à la pensée de Fanon par Vincent Placoly avec lequel, collégienne, je discutais en classe de révolution ; février 74 n’était pas très loin, et mon professeur de français m’offrit son propre volume de Sociologie d’une révolution.

Qu’en ai-je alors tiré à cet âge de tous les possibles ?

Les femmes algériennes me sont apparues comme des héroïnes de la lutte de libération nationale algérienne, toutes voilées et soumises qu’elles semblaient.

Elles transportaient des bombes, des munitions et des grenades sous le haïk, cet ample voile qui leur permettait de franchir les lignes ennemies, s’introduire dans la ville européenne sans être inquiétées. Femmes exemplaires, maillon capital de la révolution algérienne ; des inspiratrices auxquelles je pouvais sans mal m’identifier, d’autant qu’elles ébauchaient une aube nouvelle, redéfinissant la place des femmes les sociétés post -coloniales et révolutionnaires.

Quelques dizaines d’années plus tard, la relecture de cet essai “initiatique”, et les réactions que ce texte a suscitées par ailleurs, me portent à jeter un nouvel éclairage sur le propos de l’auteur et par là -même, de son impact.

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« Calligraphie » & « Introuvable ! »

Calligraphie

Je me souviens de mon enfance
lorsque, penché sur le cahier,
de ma plume en grande souffrance
jaillissaient les pleins et déliés…

Parfois même un honteux pâté
comme une tache indélébile,
preuve avérée de main débile
chez un malheureux écolier

apprenant l’art de l’écriture
que je jugeais bien difficile,
concentré, la langue tirée
afin d’éviter la rature…

Aujourd’hui, ce n’est plus ainsi
qu’on forme les scribes futurs.
On peut néanmoins déplorer
que l’on ait si vite oublié
le sens du mot calligraphie…

Introuvable !

Un petit mot d’amour
pour te faire la cour,
tout rempli de douceur
comme un tapis de mousse,
un murmure d’eau claire,
à travers le feuillage
un rayon de lumière…

Et dans l’air printanier
saturé d’hormones sexuelles,
une caresse alizée,
un parfum d’herbe tendre,
un battement de cœur
comme celui des ailes
de papillons aux mille couleurs…

Tels des trilles d’oiseau
et un chant de cigale,
de fruits mûrs une odeur
et puis partout des fleurs,
la blancheur de ton rire !

Tout ça dans un seul mot
que j’ai voulu t’écrire
mais ne l’ai point trouvé…
Alors et sans rien dire
t’ai donné un baiser !

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Frantz Fanon : cent ans de combat vivant

Jusqu’au 20 juillet jour anniversaire de la naissance de Fanon,

À l’occasion du centenaire de la naissance de Frantz Fanon, le Cercle Frantz Fanon Martinique organise jusqu’au 20 juillet une Rencontre internationale autour des damnés de la terre, déployée dans plusieurs communes de l’île. À travers cette semaine de réflexions, d’hommages et de créations, la Martinique rend justice à l’un de ses plus grands penseurs, psychiatre, militant et écrivain, dont les analyses sur la colonisation, l’aliénation et la libération résonnent toujours avec force.

Une semaine de mémoire active et de solidarité militante

Sous la présidence d’honneur d’Alice Cherki (psychiatre et biographe de Fanon), de Daniel Boukman (écrivain et dramaturge) et d’Olivier Fanon (fils de Frantz Fanon), cette rencontre est dédiée aux peuples haïtien, kanak et palestinien — trois peuples dont les luttes pour la dignité et l’autodétermination réactivent la pensée fanonienne dans toute sa portée universelle.

Les temps forts sont multiples :

  • Mercredi 16 juillet, à Tropiques Atrium, projection du film-documentaire Frantz Fanon, une vie, un combat, une œuvre, réalisé par Cheïk Djemaï, pour découvrir ou redécouvrir l’homme derrière le mythe.

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Balata

— Par Daniel M. Berté—

Balata

Mi mwen
ti-Balata
ka lévé an bon tè
épi bon bwa vayan
ek sèv an vidjòzté
an voukoum laviya
ay! Balata bel bwa !
Mi mwen
bodzè Balata
ka balansé la kadans
anlè an pyé dansé
adan van lalizé
toumbélé an nowdé
adan soley kouchan
suiv si’w pé
man douvan
Mi mwen
bel Balata
gro-zé-gran anba bwa
bien rasiné an tè
tet-mwen ka touché siel
ka ba bon moun lonbraj
ka pran nich bel zwézo
and vlopans bra-branch-mwen
Mi mwen
gran Balata
kout rach ka dékalé
légorin dékoupé
an pout ek planch pou fè
a kout mato ek mayé
kloché légliz Sentespri
siklòn mové krazé apré
Mi mwen
souch Balata
doubout anba lapli livènaj
ka ladjé gro dlo pou néyé tjè-mwen
Souch miné pa anba
paw an nich poulbwa fen
lè’w wè’y I za tro ta
I za tro ta pou mwen

Daniel M. Berté 270225

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre XV

— Par Robert Lodimus —

Chapitre XV Le Choc

« La beauté de la mort, c’est la présence. Présence inexprimable des âmes aimées, souriant à nos yeux en larmes. L’être pleuré est disparu, non parti. Nous n’apercevons plus son doux visage; nous nous sentons sous ses ailes. Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les absents. »

(Victor Hugo, Discours sur la tombe d’Émilie de Putron, 19 janvier 1865)

L’histoire de l’univers n’avait-elle pas toujours foisonné des tragédies phénoménales, des calamités irracontables, des drames indescriptibles, des cataclysmes inimaginables…? Dans l’antiquité, les peuples germaniques, asiatiques et slaves, communément appelés les guerriers barbares ou les barbares sanguinaires qui envahirent au IIIe siècle l’empire Romain, brûlaient des villages, éventraient des populations parfois paisibles et inoffensives. Il ne faudrait pas oublier non plus les Vikings qui – durant trois centenaires environ – tuaient, pillaient, incendiaient et détruisaient tout sur leur passage. Mais la plus terrible catastrophe, de laquelle la mémorabilité humaine avait atteint sa lettre de noblesse, demeurait sans conteste l’effroyable incendie de Rome par l’empereur Caius, plus connu sous le nom de Néron le tyran, dont la cruauté pouvait se mesurer à l’étendue de l’océan.

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L’Asosyasyon pwofesè kreyòl ayisyen (APKA) face aux défis contemporains…

 … de l’aménagement du créole en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

« L’État garantit le droit à l’éducation » (…) « L’éducation est une charge de l’État et des collectivités territoriales » (…) « La première charge de l’État et des collectivités territoriales est la scolarisation massive, seule capable de permettre le développement du pays. L’État encourage et facilite l’initiative privée en ce domaine. » (Constitution de la République d’Haïti, 1987. Chapitre II – Des droits fondamentaux. Articles 32, 32.1, 32.2).  

Dans le remarquable livre de référence provenant de sa thèse de doctorat en éducation et intitulé « Le pouvoir de l’éducation – L’éducation en Haïti de la colonie esclavagiste aux sociétés du savoir » (Éditions Zémès, 2015), Charles Tardieu met en lumière, au chapitre IV, la « Genèse de l’éducation en Haïti : de 1492 à1796 ». Il situe cette genèse dans un contexte de rivalités et d’opposition entre divers secteurs et factions de la société saint-dominguoise et il expose le rôle primordial qu’occupaient déjà les institutions religieuses. Au chapitre VI.1.2. du livre, l’auteur expose que « Le gouvernement de Dessalines (1804-1806) légifère (…) pour contrôler l’instruction privée puisque l’État n’a pas les moyens de la prendre à sa charge ».

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« L’important, c’est la dose ! », & « Puzzle »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’important, c’est la dose !
(à Gilbert Bécaud)

Ami, dans tout ce que l’on prend,
drogue, alcool ou médicaments,
j’affirme que n’est nullement
mauvaise en soi aucune chose
mais qu’il faut savoir seulement

garder raison en toute chose…
Du bonheur c’est la condition.
C’est l’abus qui fait le poison
puisque l’important c’est la dose…
Oui, c’est la dose l’important !

Qu’il s’agisse de sport, d’écrans,
là c’est encor la même chose :
il faut rester intelligent
et pour éviter l’addiction,
user avec modération….
Et ce conseil est le seul bon !

La démesure est ce qui cause
à la fin du désagrément
puisque l’important c’est la dose.
Même si la vie n’est pas rose,
oui, c’est la dose l’important !

Puzzle

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