Catégorie : Théâtre

« Les 12 », par Les Comédiens : comment revisiter ses classiques

— par Janine Bailly —

Le festival de théâtre amateur s’ouvre cette année sous le signe de la gravité : après L’Autre Bord Compagnie et ses « Jeux de massacre », c’est la troupe Les Comédiens qui nous propose, dans le drame judiciaire « Les 12 », un regard aussi peu complaisant que celui de Ionesco sur notre humanité et sur la façon dont nous organisons et vivons nos rapports sociaux. Ainsi sommes-nous, par chacune de ces deux représentations, conduits à nous demander ce que serait dans des circonstances exceptionnelles notre propre comportement, que nous soyons pris dans la tourmente d’une épidémie, ou que citoyens tirés au sort pour constituer un jury nous soyons sommés d’innocenter ou de condamner un de nos semblables, assassin présumé et fort jeune de surcroît.

Julie Mauduech emprunte son sujet à « Douze hommes en colère », une pièce en deux actes du dramaturge américain Reginald Rose, écrite en 1953, popularisée en 1957 par le film éponyme de Sidney Lumet, et dans lequel Henry Fonda tenait le rôle du juré numéro 8, celui qui empêche de « danser en rond ». Un sujet universel autant qu’intemporel, qui donna lieu à quelques reprises télévisuelles, et qui surtout fut traité en 2007 par le cinéaste russe Nikita Mikhalkov, sous la simple appellation de « 12 ».

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Pays de malheur, une jeunesse française

Du mardi 22 au dimanche 27 mai 2018 à La maison des Métallos 

d’après le livre de Younes Amrani et Stéphane Beaud (éditions La Découverte)
conception, adaptation et mise en scène Charlotte Le Bras
assistante à la mise en scène Caroline Lerda
avec Karim Abdelaziz, Hakim Djaziri, Agathe Fredonnet, Caroline Lerda et Charlotte Le Bras
création et régie lumières Nathan Teulade
chorégraphie Sylvie Troivaux (Kafando)
construction structure bois Étienne Meunier
PRÉSENTATION DU SPECTACLE
En 2002, Younes Amrani, 28 ans, emploi jeune dans une bibliothèque, lit l’ouvrage du sociologue Stéphane Beaud 80% au bac… et après. Lecture qui le mène à une réflexion sur son propre parcours. Il décide alors d’écrire au chercheur en sociologie. Commence une correspondance qui durera deux ans et qui permettra à Younes de mettre en mots sa réalité, une souffrance sociale peu souvent décrite et médiatisée. C’est cette correspondance, cette réflexion sur un état de la jeunesse que la compagnie Les Papavéracées met en scène. Deux comédiens et une comédienne se font la voix de Younes, et à travers lui d’une frange de la population souvent montrée sous un angle peu favorable.

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« Les 12 » de Reginald Rose, adaptation & m.e.s. de Julie Mauduech

17, 18 et 19 mai 2018 à 19h 30 au T.A.C.

Une pièce de Reginald Rose
Mise en scène : Julie Mauduech
Assistance Mise en Scène : Raika Hazanavicius
Decor : haut deco fwi
Lumières : Dominique Guesdon /La servante

Avec la troupe « Les Comédiens »

Lila MOREIGNE • Caroline FORESTIER • Virginie DERIDET • Sébastien FONTES • Frédéric DUTHEIL Audrey AZUR • Soria BELGHORZE • Prisca TOUSSAY • Sophie GENTY • Joël VERTUEUX • Dominique DOUCES Pascale RICHARD • Carmen KASSOVITZ / Ivane CHATOT

Contacts : 0596594329 / 0696220727

France 1980. 12 jurés, au cours de la délibération d’un procès, ont la responsabilité de juger un jeune homme accusé de parricide. Si pour 11 d’entre eux sa culpabilité est évidente, un juré va émettre des doutes.
Or il faut l’unanimité pour prononcer un verdict. Une vie est entre leurs mains. C’est l’acquittement ou l’exécution.
On assiste dans une tension palpable à un drame judiciaire dans lequel l’intelligence, l’humanité et la persévérance d’un seul homme vont mettre à mal les certitudes et les préjugés des 11 autres jurés, chacun habité et influencé par son histoire personnelle.

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« Victoire Magloire dit Waro »

À la guerre comme à la guerre

— Par Selim Lander —

On assiste toujours avec curiosité à un spectacle venu de la lointaine Réunion (deux océans à franchir, soit au bas mot une vingtaine d’heures d’avions, sans compter l’escale évidemment) parce que, en l’occurrence, les similitudes superficielles (le passé colonial et l’actuelle dépendance, l’usage du créole) n’empêchent pas une différence culturelle forte avec nos Antilles, laquelle se remarque, au théâtre, aussi bien dans les thèmes retenus que dans la manière dont ils sont abordés.

Contrairement aux Antillais, les Réunionnais ne sont pas mal (ou sont moins mal) dans la France. À preuve leur refus de toute consultation sur l’abandon éventuel du département et de la région au profit d’une collectivité unique. Impossible également de ne pas remarquer qu’ils sont moins obsédés que nous par le passé esclavagiste ou par l’inceste, sujets récurrents sous nos cieux.

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« Victoire Magloire dit Waro » de Sully Andoche et Barbara Robert

Samedi 12 mai 2018 à 20h  Topiques-Atrium la terrasse – (places limitees)

Le parcours d’un poilu réunionnais durant la Grande Guerre

A quoi ça tient, un destin ? Du haut de son Brûlé natal, Victoire Magloire, petit agriculteur, ne voit le sien qu’avec la main de Rolande. Ce que les parents de la belle refusent de lui accorder, tout illettré qu’il est. Déterminé à y remédier coûte que coûte, Victoire s’en descend à Saint-Denis, pour infléchir le cours de son histoire. C’est la Grande Histoire qui le happera : nous sommes en août 1914, la 1ère Guerre Mondiale a commencé à rugir, et la France recrute jusqu’en ses lointaines colonies. Par un échange d’identités, Victoire Magloire devient Ernest Waro, et embarque vers son grand parcours initiatique, dans lequel sa candeur ne sera pas la moindre de ses armes.
De l’intime à l’universel, il y a un sillon que la Konpani Ibao ne cesse de creuser. En rappelant que le théâtre peut (doit ?) être populaire ET exigeant, Didier Ibao et ses partenaires dessinent une fresque sociale et historique, richement documentée, qui fait la part belle à l’humilité, à l’émotion : parler à chacun en questionnant la communauté, c’est pour beaucoup ce qui fait du théâtre un lieu « drôlement » vivant.

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“Bovary” : une relecture et une adaptation du roman de Flaubert par Tiago Rodrigues

Vendredi 18 mai 2018 à 18h 30. Couvent de Cluny

Mise en scène par Widad Amra & Jacques Olivier Enfelder

avec les élèves de la troupe théâtre du Couvent de Cluny

La note d’intention de Tiago Rodriguez
Le point de départ de Bovary […] joué en avril 2016 au Théâtre de la Bastille, est aussi un aboutissement. Je suis appelé à créer une pièce dans une distribution française, à partir d’un texte que j’ai écrit et que j’ai moi-même mis en scène au Portugal en 2014. « C’est une recherche artistique », comme dirait Monsieur Sénard, l’avocat de la défense de Flaubert en 1857. C’est une recherche artistique inédite dans mon parcours.
Cette pièce est tirée du procès dans lequel Gustave Flaubert fut accusé d’attentat à la morale à la suite de la publication de Madame Bovary en fascicules dans la Revue de Paris. Ayant pour base une adaptation libre du procès, elle intègre aussi le roman dans sa structure. Elle fait débattre la loi et la littérature. Elle prône une Babylone de mots : légaux et littéraires, rhétoriques, politiques et poétiques.

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« Jeux de massacre », d’autrefois à aujourd’hui

— par Janine Bailly —

Il est des petits miracles qui donnent foi en l’avenir des arts vivants. Ainsi en cette fin de semaine, alors qu’à Tropiques-Atrium la Biennale de danse lançait ses derniers feux, le public se pressait en nombre aux portes du théâtre Aimé Césaire, avide de savoir quel sort la troupe de L’autre Bord Compagnie avait réservé à Jeux de massacre, la dernière pièce du dramaturge Eugène Ionesco. Si la réputation de Guillaume Malasné et Caroline Savard n’est plus à faire, s’attaquer avec des comédiens amateurs à un texte de cette complexité, où souvent les répliques se suivent de façon insolite plutôt que de s’enchaîner, relevait de la gageure, et parler sur scène de la mort n’est certes pas chose aisée. Pari tenu, les vingt-quatre hommes et femmes de tous âges et de toutes professions, venus d’horizons divers mais réunis par une passion commune, ont su nous emmener avec eux dans leur monde, qui pour être fictif n’en parle pas moins de notre humanité.

Au singulier, le jeu de massacre évoque cette attraction de fête foraine, qui consiste à faire tomber, à l’aide de balles lancées, des figurines, ou des têtes de préférence caricaturales : dès le prologue, le ton est donné, entre le tragique de la situation — un mystérieux fléau, assimilable à la peste, ravage la ville — et la distance d’une ironie cynique prise par l’auteur.

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L’autre Bord joue au massacre

— Par Selim Lander —

Jeux de Massacre d’Eugène Ionesco mis en scène par Guillaume Malasné et Caroline Savard.

Il y a plusieurs Ionesco. Le plus connu, l’absurde, remporte un succès constant depuis l’origine, ou presque. La Cantatrice chauve n’a tenu que 25 représentations lors de sa création, en 1950, mais la pièce qui est jouée désormais, avec La leçon, au théâtre de la Huchette à Paris sans interruption depuis 1957 approche les dix-neuf mille représentations dans ce seul théâtre[i] ! Et puis, il y a un autre Ionesco, plus ambitieux, plus démonstratif, plus tardif, comme ce Jeux de massacre (1970, l’année où Ionesco est élu à l’Académie française : il ne faut pas vieillir !) qui se veut aussi bien méditation sur la mort que réflexion sur la nature humaine (égoïste), la lutte des classes (avec les riches dans les rôles des « salauds » de Sartre), la corruption, etc. Soit : on n’a jamais interdit à un auteur de théâtre de réfléchir ! La seule question : a-t-il théâtralisé sa réflexion ? On ne dira pas que Ionesco y a réussi ici mais un bon metteur en scène peut faire des miracles… a fortiori deux.

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Jeux de massacre : une farce tragique !

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint – Auret.

Jeux de massacre, ou comment une expression innocente tirée d’un jeu anodin de démolition se fait litote humoristique d’un phénomène grave à grande ampleur ou encore, comment parler d’un sujet sérieux s’il en est, avec humour et légèreté. Un humours grinçant caustique au service d’une réflexion sur le thème de la mort.
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Eugène Ionesco a toujours eu cette réflexion, cette vibration tentaculaire au plus profond de lui pour tout ce qui de près ou de loin à trait à la mort, mais paradoxalement, son théâtre est parsemé de cette hantise qu’il utilise à contresens, en mettant du burlesque dans le tragique et du tragique sans le burlesque, particulièrement pour cette pièce. Sujet on ne peut plus cruel. Est-ce pour tenter de conjurer le sort que Ionesco aborde le sujet par le biais d’une farce tragique , et ce, pas du tout sur le mode cathédrale adapté , solennelle comme il sied à une coutume devenue, constitutionnelle, humaine et sociale celle-là même qui réclame la pudeur et la décence exprimées sur le ton confessionnal en demi-teintes et demi-mots.

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Neuvième Biennale de danse : Seydou Boro, Kaori Ito

— Par Selim Lander —

Après l’effet de sidération produit par les douze danseurs bodybuildés de la pièce Ce que le jour doit à la nuit (vendredi 27 avril) virevoltant sur le plateau dans un désordre savamment organisé par Hervé Koubi, il fallait une pièce au moins aussi forte pour lui succéder[i]. Quels que soient les mérites de Seydou Boro et de ses danseurs, force est de constater qu’ils supportent difficilement la comparaison avec les diables blancs[ii] d’H. Koubi. On ne dira pas la même chose de Kaori Ito (voir la photo), étonnante danseuse mais dont la pièce pèche, hélas, d’un autre côté.

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Dans un décor évoquant un village de la savane africaine, avec un rideau de branchages en fond de scène, évoluent les quatre danseurs et la danseuse du Cri de la chair, accompagnés par un musicien (chant et harpe traditionnelle) et une chanteuse. Concernant cette dernière, si l’on salue les méandres de son chant a capella, nous sommes obligé de dénoncer l’absence de tout surtitre. Nous pressentons en effet que la danse est ici au service d’un texte primordial (au sens d’originaire) qui nous demeure malheureusement étranger.

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« Zig Zag », la leçon de théâtre de Xavier Lemaire

— Par Selim Lander —

On connaît bien en Martinique Xavier Lemaire et sa complice Isabelle Andréani et c’est un plaisir sans cesse renouvelé de les découvrir dans une nouvelle création. Celle-ci est à part, une pièce sur le théâtre et la mise en scène. X. Lemaire se met lui-même en scène avec un double rôle, celui de conférencier chargé d’expliquer son métier au public (avec des références empruntées à quelques monuments de la profession : Jouvet, Vitez, Mnouchkine) et celui de directeur d’acteurs, en l’occurrence les deux comédiens confrontés aux personnages de Martine et Sganarelle dans le Médecin malgré lui (quel autre auteur que notre grand Molière, en effet, aurait pu s’imposer pour ce genre d’exercice ?)

En guise de démonstration des possibilités de la mise en scène, Isabelle Andréani et Frank Jouglas (que nous découvrons pour la circonstance en impeccable partenaire de la première dans des rôles de comédie) sont chargés d’interpréter de trois manières différentes la première scène de la pièce. La première qui se veut fidèle à Molière, en costumes d’époque et décor « réaliste », n’intéresse pas en tant que telle mais par la distance qu’elle révèle entre nous et le public du XVIIe siècle.

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Soundiata l’enfant buffle

— Par Selim Lander —

Rien de tel qu’un spectacle « jeune public » pour se changer les idées par un dimanche pluvieux. Ces pièces conçues pour les enfants sont tout autant appréciées par les adultes chez qui elles ravivent le sens du merveilleux étouffé par les responsabilités et les vicissitudes diverses qui sont leur lot ordinaire.

Venu de Marseille, Soundiata l’enfant buffle conte l’histoire de Soundiata Keita, fondateur au XIIe siècle de l’empire du Mali. Un personnage historique dont la geste, pour autant, n’est pas moins merveilleuse. Né d’une femme contrefaite créée non pas engendrée à partir du sang d’un buffle sauvage, lui-même infirme jusqu’à la fin de l’adolescence, nourri de glorieuses légendes, guerrier accompli et enfin, devenu empereur, humaniste avant l’heure puisqu’il édicta une charte décrétant, entre autres dispositions généreuses, l’abolition dans son empire de l’esclavage.

Mohamed Adi (et non Ali !) et Laurence Chanot pratiquent un théâtre d’ombre particulier puisque leurs marionnettes (des silhouettes articulées) sont fabriquées dans une matière translucide, laquelle, teintée « au vernis à ongles » (dixit L. Chanot), donne des images colorées sur l’écran.  Ou plutôt les écrans puisqu’il y en a deux, de tailles différentes, qui permettent de jouer sur deux échelles.

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« Rivages » de Rachid Akbal – Un théâtre qui se cherche

— Par Selim Lander —

Il est impossible de prévoir l’avenir mais l’on peut quand même se demander ce que penseront les humains du XXIIe siècle (s’il en reste) de l’évolution de l’art lors des deux siècles précédents. Le branle a été donné par les plasticiens, Cézanne, suivi par Picasso, les suprématistes, etc. pour arriver jusqu’à Duchamp et sa fière revendication d’un non-art. Au culte du beau a succédé la recherche de l’originalité à tout prix et une nouvelle conception de l’art privilégiant l’événement, le happening, le scandale. Même si les littérateurs se sont longtemps montrés plus conservateurs, les préoccupations des deux grands modernes que sont Proust puis Céline (pour s’en tenir à la langue française) s’étant concentrées exclusivement sur la seule forme, sans abandonner l’objectif premier de raconter des histoires captivantes pour le lecteur. La littérature a néanmoins succombé, elle aussi, avec, d’une part le Nouveau Roman où la forme l’emporte clairement sur le fond, et, d’autre part, la mode de l’autofiction qui produit des œuvres souvent moins passionnantes pour leurs lecteurs que pour leurs auteurs.

Et le théâtre dans tout ça ?

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« Rivages », m.e.s. Rachid Akbal

Abscons ne veut pas dire profond !

— Par Roland Sabra —
L’argument est inspiré de l’air du temps. De ce temps  au cours duquel la Méditerranée est (re)devenue un cimetière marin. Un temps qui déplace Lampedusa aux antipodes. Inatteignable. Eux, les migrants, corps ballottés par les vagues, crèvent dans un cri. Lui, l’artiste, sur les bords de la tombe il invente des objets d’art à partir des débris des naufrages. Elle, la journaliste, elle venue enquêter, elle écrit dans un journal. Les mourants crient, il crée et elle écrit. Comme le dit le texte.

L’émotion est le rempart de l’impensé. Les images du corps d’’Aylan Kurdi, le gamin syrien mort noyé sur une plage en Turquie, émeuvent, bouleversent et puis viennent d’autres images. Dans sa note d’intention Rachid Akbal, le metteur en scène pose d’emblée la question : « Comment faire une œuvre scénique avec une telle matière  ? » C’est toute l’aporie à laquelle il va se heurter sans pouvoir la surmonter. Il semble avoir oublier Louis Jouvet qui affirme « le théâtre ne peut pas être une recherche d’ordre intellectuel, mais plutôt une révélation d’ordre émotionnel. 

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Festival de théâtre amateur au T.A.C.

Du 3 mai au 2 juin 2018 à 19h 30

« Jeux de Massacre » de Eugène Ionesco
les 03, 04 et 05 mai  2018 à 19h30

Les 12 de Reginald Rose
17, 18 et 19 mai 2018 à 19h30

« Mi bel mè !!! » de J.M Dubray.
24, 25 et 26 mai 2018 à 19h30

« Le dernier Boléro » de Iliana Prieto Jimenz et Cristina Rebull Pradas
31 mai, 01 et 02 juin  2018 à 19h30.

Théâtre amateur
Un théâtre à part entière

Pourtant, amateur ne signifie pas seulement non-professionnel. Ni débutant. Pour qu’une activité dramatique relève du théâtre amateur – ou d’amateurs, selon la formule encore en usage dans les années 1950 –, trois conditions doivent être remplies, en plus du caractère non lucratif : le théâtre doit être le but principal de l’activité ; la relation à un public doit être inscrite dans la perspective à plus ou moins long terme des participants ; enfin, la structure dans laquelle l’activité s’inscrit doit être elle-même amateur (la participation individuelle d’acteurs inexpérimentés ou de véritables amateurs à un spectacle professionnel ne relève pas de cette catégorie).

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« Le marchand de larmes », lecture, mise en espace par José Exélis

« Ici on n’aime pas les étrangers »

— Par Roland Sabra —

Avec la lecture mise en espace du « Marchand de larmes » José Exélis souligne la cohérence d’une démarche entamée avec «  Les enfants de la mer », celle d’un théâtre engagé contre la bêtise, la xénophobie, le racisme, en faveur d’un humanisme qui s’il fût un temps démodé fait aujourd’hui retour. On ne  peut que s’en féliciter.

Dans le roman de Xavier Orville ( 1985) , six pieds sous terre le mort pense, parle encore se lève de la fosse et se mêle aux viants. « Moi Elie Caboste, je suis mort depuis longtemps, mais je n’ai pas de regrets, puisque grâce à elle, j’ai gagné la parole éternelle et Moi qui vous parle, je cours dans les racines, les feuilles, le vent et l’eau. Je suis au cœur de vos pensées les plus secrètes, là même où vous n’auriez jamais l’idée d’aller me chercher. » Et le narrateur de faire le récit des heurs et des malheurs, les seconds recouvrant largement les premiers, de Marie-Triangle devenue la honte de sa famille.

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Zig Zag, textes et m.e.s. de Xavier Lemaire

 

26, 27 & 28 avril 2018 à 19 h au T.A.C.

Trois variations sur la première scène du « Médecin malgrè lui »

Une petite veilleuse sur la scène nue s’appelle une servante. Le conférencier Xavier Lemaire, commence sa leçon, nous ouvrant les coulisses du théâtre afin d’aiguiser notre regard sur les multiples manières de raconter, de mettre en scène.

Car ce sont trois variations sur la première scène du « Médecin malgré lui » de Molière, qui nous seront proposées.

Mais voilà la leçon déjà interrompue par deux régisseurs de plateau clownesques en train de monter le décor. lsabelle Andréani et Franck Jouglas, très drôles, qui joueront également Martine et Sganarelle. Si on laisse la pièce s’exprimer toute seule, on peut ne rien entendre du tout » conclut Lemaire qui cite à I’envi Jouvet, Bouquet ou Vitez. « Le metteur en scène ne demande pas à être Dieu et pourtant il lui ressemble. Il donne le point de vue, la vision de la pièce ».

Suivront une audition savoureuse, avec un intermittent en grève qui ne déclamera qu’un mot sur deux, ou cette vendeuse en grande surface, qui rêve d’être un jour sous les projecteurs.

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Hommage à la pensée d’aImé Césaire

Mardi 17 avril 2018 à 19h 30 au T.A.C.

http://fortdefrance.fr/wp-content/uploads/2018/04/visuelWEBALPHA.jpgLa Cie Téatlari – Théâtre des Cultures créoles / José ALPHA

La Cie Chouboulman / Jocelyn Régina

présentent

Hommage à la pensée  d’Aimé Césaire

Une pièce théâtrale populaire conçue autour des actes et de la pensée d’Aimé Césaire, qui sera donnée gratuitement au public :

Paroles et Silences d’Aimé Césaire de José Alpha, avec le comédien conteur Jean Claude Duverger accompagné par le comédien musicien Christian Charles, et les danseurs du Caribean AlphaPro de Ruddy Scaron, le mardi 17 avril à 15h (scolaires)  et à 19h30 (tout  public).

Le Nègre pongo, balayeur des quais de la Gare St Lazare, raconte sa rencontre avec Aimé Césaire quand il descendit du train pour la première fois en 1931. Il se rappelle bien du regard porté sur son peuple et sur le Monde, par ce type qui fut le Maire de Fort de France et Député de la Martinique, mais surtout le poète philosophe dont les paroles et les silences marquent encore les peuples opprimés du monde. Une comédie dramatique qui fut donnée sur les quais de la Gare St Lazare pour les cheminots et les usagers de la Sncf en 2013.

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Les inédits de ETC Caraïbe

Mercredi 18 avril 2018 à 19h 30, Maison d’artistes « Un Oeuf » à Fdf

Entrée libre

L’Association d’auteurs de la Caraïbe propose une soirée avec la mise en lectures de pièces contemporaines avec Daniely Francisque, Michel Richard, Eric Delor, José Exélis et Arielle Bloesch:
Black Bird de Magali Solignat et Charlotte Boimare (prix francophone pour le 8ème concours d’écriture théâtrale contemporaine de la Caraïbe)
Ladjablès de Daniely Francisque

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« Soundiata l’enfant buffle », textes René Escudié & Mohamed Adi, m.e.s. Françoise Sors

Samedi 21 & dimanche 22 avril 2018 à 17 h Tropiques-Atrium

Auteurs : René Escudié & Mohamed Adi
Mise en scène : Françoise Sors
Avec : Mohamed Adi & Laurence Chanot

Théâtre d’ombres et de lumières

Soundiata, l’enfant lion, l’enfant buffle… Parti de rien, infirme, rampant sur le sol, incapable de marcher, Soundiata s’est levé pour faire valoir la justice, l’égalité et le respect mutuel. Il est celui qui a réussi à réunir dans un même empire, des peuples de différentes cultures et de différentes langues qui s’entretuaient jusque-là.
Sa tolérance a permis pendant tout son règne, la coexistence pacifique de l’Animisme et de l’Islam dans son empire.
Il a aboli l’esclavage qui régnait en maître et décimait les forces vives des populations.
Il a décrété la première déclaration (africaine) des droits humains qui posait l’universalité du respect de la vie humaine, la liberté individuelle et la solidarité.
Il a fait régner la paix dans des pays où tout était chaos et désordre, où le frère tuait le frère, où le fils volait le père, où les ethnies se déchiraient entre elles au nom de Dieu ou d’autres croyances.

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« Rivages », texte et m.e.s. Rachid Akbal

Jeudi 19 avril 2018 à 20 h. Tropiques-Atrium.

 — Présentation par le metteur en scène, Rachid Akbal —

Une journaliste mène l’enquête pour découvrir l’identité de migrants perdus en mer alors qu’ils tentaient la traversée vers Lampédusa. Elle part à la rencontre d’Hatem, un artiste qui vit en retrait de la société, au bord d’une plage. Pour dépasser sa colère face à l’indifférence générale, il  créé, à partir d’objets rejetés par la mer, des œuvres pour bousculer et interroger les consciences.

Nous découvrons alors un groupe de migrants déjà morts mais toujours en quête de passage. Dans un espace saturé de vêtements, manipulé à vue par Hatem, sorte de marionnettiste-illusionniste de cette histoire, ces âmes en peine veulent continuer leur voyage à tout prix. Pour cela, elles utilisent un nouveau procédé pour passer les frontières : le catapultage.

Avec un humour décapant, une énergie communicative et une langue chatoyante, Rivages, invite à décentrer les regards sur les migrations : au-delà d’une même humanité c’est avant tout d’une existence commune dont il faut prendre acte.

Pourquoi un spectacle sur les migrants ?

Aujourd’hui l’actualité rattrape et dépasse tous les récits qu’on a pu écrire sur cette question.

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« Looking for Alceste » : la traque à une misanthropie omniprésente

— Par Dominique Daeschler —

Comme Al Pacino avait réalisé son « looking for Richard » pour dire son amour de Shakespeare en prenant la liberté d’un travail conduit comme une enquête, Nicolas Bonneau, metteur en scène et comédien d’ailleurs seul en scène ; nous révèle avec « Looking for Alceste », à travers des répliques de Molière et un récit contemporain, les différentes formes de la misanthropie.

Un divan qui n’est pas sans rappeler l’émission télévisée de Fogiel, un immense cadre avec un voile noir tel une glace sans tain, laissant apparaître deux musiciennes (voix extraordinaire de Fannystatic) : c’est parti ! Entrons gaiment dans le bazar des souvenirs personnels (l’anniversaire, le foot, le père, l’huluberlu du quartier et plus loin les gens : les « babos », les zadistes, l’ermite… Tout ce qui lie et qui sépare : le portable, le crash Rio – Paris font irruption, en désordre parent. Il y a des phrases non finies ponctuées de « Be Happy » et de longues tirades de Molière où tous les Alceste sortent du trou.

Ce spectacle à l’humour grinçant nous donne le vertige quant à la lecture de notre temps.

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« Le marchand de larmes » de Xavier Orville

Mardi 17 avril à 19h 30 Tropiques-Atrium

Lecture – Mise en espace : José Exélis
Assisté de : Marion Phipps
Collaboration artistique : Suzy Manyri
Création lumière : Fred Libar
Avec : Jann Beaudry, Michel Richard, Kali, Willy Léger
Portrait de Xavier ORVILLE par Catherine RÉAULT-CROSNIER, d’après photographie

La lecture des textes dramaturgique est un moment important  pour toutes les composantes du monde théâtral. Tous les 2 mois, José Exélis et sa compagnie du 6ème continent nous invitent à entendre les auteurs de la Caraïbe et d’ailleurs.

Dans la Martinique secrète de Xavier Orville, les morts quittent le cimetière pour courir dans les feuilles, le vent, l’eau, et observer d’un oeil narquois la vie tumultueuse des vivants. Dans la Martinique douloureuse de Xavier Orville, la jeune Marie-Triangle est vouée aux gémonies pour avoir refusé de dénoncer l’homme qui lui a fait un enfant mort-né : « Je marche au creux d’un deuil ; au milieu coule une rivière de chagrins, elle charrie des souffrances très anciennes. » Dans la Martinique irréelle de Xavier Orville, Dieudonné vend des larmes à toutes celles et tous ceux qui n’ont même plus de quoi pleurer, et ces larmes glissent des yeux de Marie-Triangle. 

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2147 – Et si l’Afrique disparaissait ?

— Par Selim Lander —

« Tu n’as rien vu en 2147 », pourrait-on dire à Mark M. Brown, en paraphrasant le leitmotiv d’Hiroshima, mon amour de Duras-Resnais, ce M. M.M. Brown ne prévoyait-il pas en effet (en 2004) que l’Afrique devrait attendre jusqu’en… 2147 pour que la proportion des pauvres y diminue de moitié. Pourquoi 2147 exactement, pourquoi pas 2150, les prévisions des économistes sont-elles à ce point précises ? Il faut d’ailleurs constater qu’ils peuvent changer d’avis puisque les collègues de M.M. Brown voient désormais dans la terre-mère de l’humanité une zone en forte croissance et surtout riche de promesses pour l’avenir, au point que certains vont jusqu’à suggérer qu’elle pourrait devenir le centre d’une prochaine économie-monde. Puissent-ils ne pas se tromper, cette fois ! Confrontés aux réalités du présent, les Africains – du « Continent » ou de la diaspora – se montrent néanmoins moins optimistes en général. Tel est en particulier le cas de Moïse Touré qui a conçu et mis en scène ce spectacle dont le titre est suffisamment éloquent à cet égard.

2147 – Et si l’Afrique disparaissait ? est une pièce composite qui fait alterner récitation de textes emblématiques de la situation actuelle du Continent, marquée par toutes les tares qu’on ne connaît – hélas !

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2147, et si l’Afrique était…

— Par Roland Sabra —

Un mythe ? Une invention européenne ? Une paresse intellectuelle de l’Occident ? Un concept fourre-tout ? Un évitement de la pensée ? Le produit d’une attitude globalisante pour ne pas avoir à prendre en compte une infinie diversité, un jaillissement d’incommensurables possibilités dans le refoulement d’une altérité sans laquelle pourtant, on ne peut être nommé, on ne peut être au monde. Tenue d’Arlequin aux dix mille couleurs, elle est une, en ce costume et multiple en ce qui le compose. Dans la note d’intention qui accompagne la création de « 2147, et si l’Afrique disparaissait », le metteur en scène Moïse Touré écrit : « «L’Afrique contient nos archives,[…] (elle) abrite encore avec l’Asie, les enjeux de l’ancien temps. L’Occident a nommé ce continent, réfléchir l’Afrique, c’est réfléchir à nos fragments de violence, de conquête, notre poétique. L’Afrique m’aide à penser notre humanité; elle est partout ».

Comme en écho à cette vision kaléidoscopique le metteur en scène a sollicité des textes auprès des Alain Béhar, Claude-Henri Buffard, Hubert Colas, Dieudonné Niangouna, Odile Sankara, Jacques Serena, Fatou Sy et Aristide Tarnagda auxquels il a ajouté des écrits de Bernard-Marie Koltès, Aimé Césaire, Leonora Miano et bien d’autres hommes de lettres.

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