Catégorie : Arts de la scène

Yvan Labéjof (1938–2025)

Un artisan du théâtre antillais engagé

Yvan Labéjof, comédien, chanteur et metteur en scène antillais français, est décédé à l’âge de 87 ans, laissant un héritage théâtral et culturel profond. Né à Paris le 21 janvier 1938, il a grandi en Sologne avant de rejoindre Paris à 14 ans, où il a découvert la scène artistique et les luttes sociales de l’après-guerre. Sa carrière débute dans les cabarets parisiens aux côtés de figures telles que Pierre Perret, Jean Ferrat et Barbara, avant de s’orienter vers le théâtre engagé.

Premier comédien martiniquais à jouer dans La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire en 1964, il s’installe en Martinique en 1970 et fonde en 1972 le Théâtre du Fer de Lance. Cette compagnie devient un acteur majeur du renouveau théâtral antillais, mettant en scène des œuvres de Césaire, Bernard Dadié, René Depestre, Vincent Placoly et Patrick Chamoiseau

En tant que metteur en scène, il adapte des textes puissants tels que Solitude, la mulâtresse d’André Schwarz-Bart, Une Tempête de Césaire, et Black Label de Léon-Gontran Damas. Il collabore également avec l’auteur Georges E. Mauvois, mettant en scène Ovando, une pièce dénonçant les massacres coloniaux en Haïti .

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« Nanmkonoko » : Bambouman à Tropiques-Atrium, vendredi 30 mai à 19h30

Laurent Phénis, alias« Bambouman » « La musique permet la communion avec l’univers… »

Entretien de Rodolf Etienne avec « Bambouman », artiste, musicien, sculpteur de sons et de liens cosmiques

Dans une réalité globale saturée de sons formatés, la musique de Laurent Phénis, alias « Bambouman » ouvre une large brèche vers le sensible, en droite et légitime quête de l’universel. À la croisée des mondes et des traditions, ce génial musicien, profondément martiniquais, nous invite à un voyage sonore sans frontières, où chaque note résonne d’humanité, de nature et de liberté.

Avec sa musique, Bambouman trace un sillage singulier. Un chemin d’écoute, de résilience, de liberté. Un souffle nouveau, venu de la forêt tropicale martiniquaise, qui murmure à l’oreille du monde que l’harmonie est possible.

De la musique, oui, mais aussi de l’amour et une grande humanité en partage…

Rodolf Étienne : Lors de ton dernier concert, il y a quelques semaines sur la scène du centre culturel Marcé, à Saint-Joseph, tu as rendu compte d’une très nette évolution dans ton imaginaire musical, comme un aboutissement, par une grande présence scénique, une aura particulière.

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Mohamed Lakhdar-Hamina, (1934- 2025)

Mohamed Lakhdar-Hamina, cinéaste algérien de renom, s’est éteint à l’âge de 91 ans, le 23 mai 2025, à Alger, jour même où le Festival de Cannes célébrant les 50 ans de sa Palme d’or pour Chronique des années de braise, projeté dans sa version restaurée. Ce film, fresque monumentale sur la guerre d’Algérie, reste à ce jour l’unique œuvre africaine à avoir remporté la prestigieuse distinction. Lakhdar-Hamina, un homme du combat et de la création, laisse derrière lui une œuvre marquante, fidèle à son engagement pour la dignité de son peuple et la mémoire de son pays.

Né le 26 février 1934 à M’Sila, dans les montagnes de l’Aurès, il grandit dans une famille modeste, marquée par la dureté des conditions de vie et l’oppression coloniale. La guerre d’Algérie fut un tournant dans sa vie. Son père fut enlevé, torturé et assassiné par l’armée française, un drame qui forgea en lui une volonté de résistance. Mohamed Lakhdar-Hamina, en désertant l’armée française en 1958, rejoint la lutte pour l’indépendance aux côtés du FLN, tout en poursuivant sa passion naissante pour le cinéma.

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Marcel Ophüls (1927-2025)

L’Histoire en question

Le cinéma perd une figure marquante. Marcel Ophüls, réalisateur oscarisé et pionnier du documentaire historique, est décédé le 24 mai 2025, à l’âge de 97 ans, dans sa maison du sud-ouest de la France, où il vivait depuis plusieurs années. Fils du cinéaste Max Ophüls, il s’était fait un nom au-delà des frontières grâce à sa capacité unique à interroger l’Histoire, à déconstruire les mythes et à nous confronter à la mémoire du XXe siècle.

Né Hans Marcel Oppenheimer le 1er novembre 1927 à Francfort-sur-le-Main, dans la République de Weimar, Marcel Ophüls a connu dès son enfance les tumultes du siècle. Fuyant l’Allemagne nazie avec sa famille en 1933, il se réfugie d’abord en France avant de traverser l’Atlantique vers les États-Unis en 1941. Après une expérience en tant que G.I. au Japon, il s’installe à Paris en 1950, où il travaille comme assistant-réalisateur, notamment sur le dernier film de son père, Lola Montès.

L’empreinte de son père, mais aussi son propre parcours et ses origines multiples, nourriront toute son œuvre. Tout au long de sa carrière, Ophüls a su naviguer entre fiction et documentaire, mais c’est bien dans ce dernier genre qu’il marquera son époque.

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« La France, Empire » de et avec Nicolas Lambert

— par Selim Lander — Sous-titré « Un secret de famille national », ce seul en scène relate divers épisodes, de moins en moins occultés, à vrai dire, de l’histoire de France en tant que puissance coloniale. Qui aura lu Le Livre noir du colonialisme dirigé par Marc Ferro (1) n’apprendra rien de nouveau, à ceci près que Lambert ne traite – avec un incontestable talent – que du cas français, sans aucune référence au contexte historique, faignant d’oublier que la conquête des pays les moins avancés techniquement (et donc militairement) par les pays industrialisés fut un phénomène mondial dans lequel la France s’est inscrite parmi d’autres. Dans le livre de Ferro, c’est ainsi Pap Ndiaye, qui fut chez nous ministre de l’Éducation nationale, faut-il le rappeler, qui relate l’extermination des Indiens d’Amérique du nord et démontre son caractère génocidaire. Quant à Catherine Coquery-Vidrovitch (auteure de plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’Afrique), elle rappelle, par exemple, toujours dans le même ouvrage, que la colonisation arabe est restée esclavagiste bien après que la traite et l’esclavage aient été abolis par les puissances occidentales.

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Cannes 2025 : une Palme pour la résistance, dans un festival sous tension

Le verdict du jury, présidé par Juliette Binoche, a résonné comme un geste fort, presque nécessaire : la Palme d’or a été remise à Jafar Panahi pour Un simple accident.

Un film clandestin, un prix engagé

Tourné en secret à Téhéran, ce thriller tendu met en scène un van transformé en tribunal improvisé par des victimes du régime iranien, persuadées d’avoir retrouvé leur bourreau. Comme toujours chez Panahi, le cinéma devient à la fois un exutoire et un acte de résistance. Le geste est politique, mais il est aussi de pur cinéma : une mise en scène précise, une tension permanente, un regard sans compromis sur la société iranienne. Cate Blanchett, venue remettre le trophée, a justement rappelé que « le cinéma est dangereux, impoli, hilarant, il fend le cœur ». Rarement une Palme aura autant symbolisé ces mots.

Un palmarès audacieux… mais bien rangé

Aux côtés de ce choix fort, le jury a composé un palmarès qui oscille entre radicalité formelle et classicisme maîtrisé. Le Grand Prix est allé à Valeur sentimentale de Joachim Trier, une œuvre élégante et mélancolique sur les liens entre art et famille, portée par un trio de stars (Elle Fanning, Stellan Skarsgård, Renate Reinsve).

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« L’urne meurtrière » : une fresque théâtrale sur la Guerre du Diamant

Vendredi 23 mai à 19h Place de l’église – Le Diamant

La ville du Diamant vous invite à découvrir « L’urne meurtrière », une fresque théâtrale poignante mise en scène par Marie-Line Ampigny. Ce spectacle, présenté dans le cadre de l’événement « Mé : mwa listwa », vous replongera dans les années 1920, au cœur des violentes émeutes électorales du 24 mai 1925.

Interprété par les comédiens bénévoles de l’atelier théâtre de L’Éclat des Raisiniers, ce récit vivant et immersif retrace un épisode tragique de l’histoire martiniquaise. À travers des tableaux puissants, la pièce fait revivre les tensions, les espoirs, et la brutalité d’une époque marquée par l’injustice.

Lors des élections cantonales de 1925, une tentative de fraude électorale orchestrée par le pouvoir en place provoque la colère de la population. L’urne, destinée à être transportée à Fort-de-France pour un dépouillement à huis clos, soulève l’indignation. La foule proteste, et les forces de l’ordre ouvrent le feu : dix morts et plusieurs blessés. Longtemps qualifiées de fauteurs de troubles, les victimes seront réhabilitées grâce aux recherches d’historiens, dont l’Américain Richard Price.

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« France, Empire, Un secret de famille national », de et avec Nicolas Lambert

Vendredi 23 mai – 19h30 Tropiques-Atrium
Théâtre documentaire – À partir de 16 ans
Un récit théâtral qui interroge la mémoire nationale

Avec « La France, Empire », Nicolas Lambert poursuit son travail de théâtre documentaire engagé. Après la trilogie L’A-Démocratie, qui explorait les coulisses du pétrole, du nucléaire et de l’armement, il s’attaque ici à un autre pilier oublié de l’histoire contemporaine : le passé colonial de la France. Ce spectacle s’inscrit dans la série Le Théâtre des Opérations.

En mêlant enquête historique, souvenirs personnels et témoignages familiaux, Lambert brosse le portrait d’une France amnésique face à son histoire impériale. Seul en scène, il « déraconte » la colonisation, fouille les non-dits, exhume les pages arrachées de nos manuels scolaires, et questionne ce que nous transmettons — ou dissimulons — aux générations futures.

Un théâtre du refoulé, drôle et percutant

Ce spectacle est né d’un devoir scolaire d’histoire proposé à sa fille sur l’armée française et les valeurs de la République. À partir de cette question apparemment anodine, le comédien déroule le fil d’une réflexion vertigineuse sur ce que l’on enseigne, ce que l’on tait, ce que l’on oublie sciemment.

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« Résonances » – les bonnes et leurs diplomates

— Par Selim Lander — Voyant cette pièce on pense irrésistiblement aux Bonnes de Jean Genet, non que celles évoquées dans Résonances soient prêtes à passer au meurtre mais leur hargne ne paraît pas moindre que celle des sœurs Papin. Si la violence est maîtrisée, elle n’est pas moins présente et la pièce de Yure Romao et de ses complices, sous des dehors légers – samba et bossa nova au rendez-vous –, n’en est pas moins une dénonciation au vitriol de la condition ancillaire. Certes, cela a déjà été fait et non sans succès par Genet et aussi, bien sûr, Octave Mirbeau dans Le Journal d’une femme de chambre (Jeanne Moreau dans le film de Bunuel !), etc., mais cette nouvelle exploration de la condition ancillaire parvient à se faire une place dans un répertoire déjà aussi riche. Car elle se concentre sur un échantillon très particulier et éminemment folklorique pour un spectateur français, celui des bonnes importées du Brésil par les diplomates brésiliens en France. Passent presque inaperçus, en effet, les passages consacrés au témoignage de Françoise Ega (1920-1976), martiniquaise d’origine, auteure des Lettres à une noire, description de son expérience de femme de ménage à Marseille, comme celle des employées de maison expédiées en Métropole par le Bumidon.

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Paul Rastocle (1932–2025)

Tanbouyé martiniquais et figure du bèlè

Paul Rastocle, musicien martiniquais et tanbouyé reconnu, est décédé le mardi 20 mai 2025 à l’âge de 93 ans. Né en janvier 1932 dans le quartier de Lassalle à Sainte-Marie, il a marqué de son empreinte la tradition du bèlè, à laquelle il a consacré la majeure partie de sa vie.

Issu d’une fratrie dans laquelle plusieurs membres se sont investis dans la culture martiniquaise — notamment son frère Benoît Rastocle — Paul découvre le tambour bèlè dès l’adolescence, aux alentours de 13 ans. Ce n’est pas dans le cadre familial qu’il apprend cet art, mais auprès d’un modèle extérieur : Anasthase « Féfé » Marolany, tanbouyé reconnu, dont il observe minutieusement la technique et adapte le jeu à sa propre main dominante.

Charpentier de formation, il travaille plusieurs années comme ouvrier, d’abord dans les champs de canne de l’habitation Union, puis dans une entreprise samaritaine, avant de terminer sa carrière professionnelle comme employé municipal à la mairie de Sainte-Marie. En parallèle, il continue à pratiquer le tambour bèlè dans divers contextes, notamment dans les Kay Bèlè de sa jeunesse.

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Nina Soul Session : la scène martiniquaise vibrante révélée par Windies Prod

— Communiqué de presse —
Nina Soul Session n’est pas une simple émission musicale : c’est une expérience intime et envoûtante au coeur de la scène artistique martiniquaise. Produite par Windies Prod, ce programme unique donne la parole aux voix qui font vibrer la Martinique, dans un format acoustique élégant et sincère.
Chaque samedi à 18h25 sur Martinique La 1ère, des performances inédites prennent vie dans une ambiance feutrée, où les artistes partagent deux créations originales ainsi qu’une reprise emblématique de leur parcours. Un moment suspendu, à la croisée de la musique et de l’émotion.
Nina Soul Session met en lumière une génération d’artistes talentueux : David Obadja, Ivy Jalta, Jann Beaudry, Raymonia Moco, Joël Lutbert, Perle LAMA, Luc Labonne, Emosyon Bèlè, ainsi que de nouvelles voix prometteuses comme Zaya, L’SY et Neewed, incarnant avec authenticité la relève musicale caribéenne.
À travers Nina Soul Session, Windies Prod, média caribéen fondé par Willène Leger-Dometille, poursuit sa mission de valorisation des cultures afrocaribéennes. Chaque épisode se veut une passerelle entre traditions et innovations, entre racines profondes et élans nouveaux.

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Pierre Lafarge (1963–2025)

Pierre Lafarge est décédé le 17 mai 2025 à l’âge de 61 ans, des suites d’une longue maladie.

Animateur et producteur, il a marqué durant près de quarante ans le paysage audiovisuel martiniquais, d’abord à la radio RV7, puis au sein de RFO Martinique, devenue Martinique La 1ère. Il y a animé de nombreuses émissions culturelles, à la radio comme à la télévision, parmi lesquelles Mélod’hits, Tempo sur RFO, Notes d’hier et d’aujourd’hui ou encore Le grand bain.

Originaire de Vitry-sur-Seine, Pierre Lafarge s’était installé en Martinique à la fin des années 1980. Il y avait trouvé une terre d’adoption qu’il n’a plus quittée. Passionné de musique et de culture caribéenne, il a consacré sa carrière à mettre en valeur les artistes, les œuvres et les trajectoires, avec rigueur, écoute et simplicité.

Travailleur exigeant et discret, apprécié de ses collègues et du public, il s’était imposé comme une figure respectée du monde des médias.

À sa famille, ses proches et ses collaborateurs, Madinin’Art adresse ses sincères condoléances.

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Tropique Atrium, salue la mémoire de Pierre Lafarge

C’est avec une grande émotion que nous avons appris le décès de Pierre Lafarge, qui en plus de 35 ans de carrière était devenu une signature du paysage audiovisuel martiniquais.

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Rencontres avec le pianiste Eric Ildefonse

L’ethnologue Gerry L’Etang nous parle de ses rencontres avec Eric Ildefonse.

— Par Gerry L’Etang —

J’ai découvert le pianiste martiniquais Eric Ildefonse il y a une dizaine d’années, à la purgerie du Centre culturel de Fonds Saint-Jacques (Sainte-Marie), un soir où à l’issue d’une résidence de création (« D’une rive à l’autre »), il mariait les sons de l’Inde à ceux de la Caraïbe. Il y avait là, répondant au piano d’Ildefonse, le sitar de Subrata De, les tablas de Nantha Kumar, le tambou bèlè de Phillipe Gouyer-Montout, le sax de Luther François, la contrebasse de Felipe Cabrera, la batterie d’Arnaud Dolmen. Ce concert inattendu, appariant métriques indiennes et créoles, produisait un halo de sonorités contrastées, toniques, ébouriffantes.

J’ai retrouvé Eric quelque temps après, incidemment, une nuit de vendredi à Gros-Islet. Il savourait en famille une fricassée de lambi… Friday night in Gros-Islet, haut lieu de la fête caribéenne, est un mélange allègre de manger créole, de bière Piton, de rhum Mount Gay, d’artisanat rasta, de reggae, dancehall, rap, zouk, socca, bouyon, calypso, de rues bondées de danseurs. Et de Sainte-Luciennes hiératiques cadençant leurs microshorts, indifférentes aux regards salivants de touristes américains.

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« Origine Kongo », un film documentaire de Laura Chatenay-Rivauday

Vendredi 23 mais à 14h et 16h au Téyat Otonom Mawon – Croix Mission, FdF

« Origine Kongo« , un film documentaire de Laura Chatenay-Rivauday, explore une page méconnue de l’histoire post-esclavagiste des Antilles françaises : celle des travailleurs africains dits « Kongos », envoyés entre 1854 et 1864 en Martinique et en Guadeloupe pour remplacer la main-d’œuvre servile après l’abolition de l’esclavage.

Souvent qualifiés de « captifs rachetés », ces hommes, femmes et enfants, arrachés à plusieurs régions d’Afrique, ont été soumis à un contrat d’engagement qui les liait aux plantations de canne à sucre. S’ils étaient officiellement « libres », leurs conditions de travail et de vie témoignaient d’une nouvelle forme de servitude déguisée.

Aujourd’hui, à travers les récits de leurs descendants, le documentaire révèle un héritage culturel vibrant et une quête identitaire profonde. De la cérémonie du grap a kongo en Guadeloupe aux chants en kikongo, en passant par l’agriculture créole ou la création artistique, chaque témoin s’approprie cette mémoire, parfois oubliée, souvent effacée, pour la faire revivre et la transmettre.

« Origine Kongo » a été sélectionné au Festival International du Film documentaire Amazonie Caraïbes – FIFAC 2023, dans la catégorie Écrans parallèles.

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« Mama Wanakaéra », texte Olivier Jean-Marie, m.e.s. Elie Pennont

Samedi 24 mai 2025 à 19h30 au Téyat Otonom Mawon Fort-de-France

À propos
Laura, une jeune militante de la cause martiniquaise a involontairement blessé sa grand-mère, Mamy Monique, avec une arme à feu lors d’une réunion familiale.
Après un coma de 5 jours, Mamy Monique se réveille et échange avec sa famille à propos de sa rencontre avec Mama Wanakaéra, l’esprit de la Martinique, lors d’une expérience de mort imminente. Dans un contexte de graves manifestations du dérèglement climatique, Mama Wanakaéra est invitée à se joindre à la conversation familiale avec René Despestre, Aimé Césaire, Frantz Fanon, Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau. Une conversation qui se nourrit des tensions, des énergies et de toutes les visions qui irriguent la Martinique aujourd’hui.
Mama Wanakaéra tente d’éclairer des Martiniquais peut préparés aux conséquences du dérèglement climatique et à l’obsolescence du modèle démocratique libéral occidental.
Après  » ? » et « , ? » ne ratez pas la première représentation de  » ́ », la nouvelle création de L’Éther Égal

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« Les Secrets d’un gainage efficace »

— Par Selim Lander —

Première martiniquaise des Secrets d’un gainage efficace au CDST, à Saint-Pierre, le 17 mai 2025, par la troupe 100 % féminine de l’Art Gonds Tout dédiée au répertoire fémino-féministe (1). Gros succès auprès du public qui ne pouvait qu’être conquis par l’entrain des sept comédiennes, leur plaisir à interpréter cette pièce centrée sur la condition de la femme vue sous l’angle de son anatomie et de son physique.

Il est donc question de poils (pubiens et autres), de lèvres (grandes et petites), de dents et de cheveux, etc., mais aussi de saignements, d’addictions diverses, de régime et de tout ce qu’il faut mettre en œuvre pour séduire, ou simplement se plaire.

De tels sujets peuvent paraître scabreux et l’on considérera peut-être que les leçons d’anatomie n’ont pas vraiment leur place sur une scène de théâtre. Erreur ! Aucun sujet n’est tabou ; tout est dans la manière de dire et de montrer, sachant qu’il existe plusieurs recettes pour faire passer les sujets les plus dérangeants. L’humour en est une et cette pièce si sérieuse quant au sujet traité est souvent très drôle, preuve que les deux ne sont pas incompatibles.

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Werenoi (1994-2025)

Jérémy Bana Owona, plus connu sous son nom de scène Werenoi, est mort le 17 mai 2025 à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, à l’âge de 31 ans. La cause de son décès, confirmée par ses proches, est une défaillance cardiaque. Il devait se produire en concert le soir même à Lyon.

Originaire de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Werenoi était né le 30 janvier 1994 à Melun, de parents camerounais. Il avait toujours choisi de préserver sa vie personnelle, refusant de se conformer aux codes de l’exposition permanente sur les réseaux sociaux. Une pudeur assumée : « Je préfère le mystère. J’en dis assez sur moi dans mes textes », disait-il au Parisien en 2024.

Révélé en 2021 avec le titre Guadalajara, il avait très rapidement marqué les esprits par un style singulier mêlant voix autotunée, récits rugueux et mélodies sombres. Après avoir brièvement collaboré avec le label AWA, il avait fondé sa propre structure, PLR Music, distribuant ses œuvres de manière indépendante.

Son ascension a été rapide. Son premier EP Telegram paraît en 2022, suivi de trois albums — Carré (2023), Pyramide (2024) et Diamant noir (2025) — tous classés numéro un à leur sortie.

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« Résonances – Des révoltes silencieuses », de Yure Romão

Lundi 19 mai – 19h30 Salle la Terrasse de Tropiques-Atrium

Théâtre musical

Un spectacle de Yure Romão

« Résonances » est une œuvre sensible et engagée, qui donne voix aux luttes invisibles et à la solidarité des femmes migrantes, à travers un théâtre documentaire nourri de mémoire, de musique et de récits.

Conçu par Yure Romão, ce spectacle naît de la rencontre entre les témoignages d’employées de maison brésiliennes arrivées en France dans les années 2000, souvent au service de diplomates, et l’œuvre puissante de Françoise Ega, écrivaine martiniquaise et ancienne domestique, autrice de Lettres à une Noire (1978). Cette mise en écho révèle les résonances profondes entre différentes générations et histoires de migration féminine, du Brésil aux Outre-mer français.

« Résonances », c’est aussi une création collective : Yure Romão s’entoure de la poétesse Estelle Coppolani et de la conteuse et marionnettiste Ana Laura Nascimento pour co-écrire une œuvre à la croisée du conte, de la recherche documentaire et de la performance musicale. Le matériau de base : des enregistrements de femmes brésiliennes exilées, le texte de Françoise Ega, et une mémoire vive partagée entre passé et présent.

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« Au pays de nos frères », un film de Raha Amirfazli, Alireza Ghasemi

Lundi 19 & Mercredi 21 mai à 19h à Madiana
Par Alireza Ghasemi, Raha Amirfazli
Avec Mohammad Hosseini, Hamideh Jafari, Bashir Nikzad
Titre original In the Land Of Brothers | 2 avril 2025 en salle | 1h 35min | Drame
Synopsis :
Iran, années 2000 : dans l’ombre de l’invasion américaine, une famille élargie de réfugiés afghans tente de reconstruire sa vie dans « le pays des frères ». Une odyssée sur trois décennies où Mohammad, un jeune étudiant prometteur, Leila, une femme isolée et Qasem, qui porte le poids du sacrifice pour sa famille, luttent pour survivre à ce nouveau quotidien incertain.
La presse en parle :
Abus de Ciné par Olivier Bachelard
Un triple récit, aussi cruel que d’une sublime beauté.

Ouest France par Pascale Vergereau
D’une honnêteté déchirante.

L’Humanité par Vincent Ostria
Les dilemmes et drames cachés de la communauté des réfugiés afghans en Iran sont dépeints dans « Au pays de nos frères » avec une certaine élégance et un vrai sens de la synthèse à travers trois récits, touchants et dignes, d’Alireza Ghasemi et Raha Amirfazli.

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« Simón de la montaña », un film de Federico Luis

Dimanche 18 mai – 19h — Madiana
Par Federico Luis, Agustin Toscano
Avec Lorenzo Ferro, Kiara Supini, Pehuén Pedie | 23 avril 2025 en salle | 1h 38min | Drame
Synopsis :
Tout public
Simón a 21 ans et vit en Argentine. Depuis peu, il fréquente une nouvelle bande d’amis inattendue. Auprès d’eux, pour la première fois, il a le sentiment d’être lui-même. Mais son entourage s’inquiète et ne le reconnaît plus. Et si Simón voulait devenir quelqu’un d’autre ?

La presse en parle :
Bande à part par Olivier Pélisson
« Simón de la montaña » est une drôle d’aventure. La révélation fascinante d’un cinéaste qui regarde de biais la réalité du monde, et offre le portrait réjouissant d’une jeunesse revigorante.

Cahiers du Cinéma par Vincent Malausa
Le cinéaste fait à la fois un teen movie d’une splendide et vigoureuse normalité […] et un écran de mystère et d’étrangeté où vient buter le regard.

CinemaTeaser par Perrine Quennesson
Une audace qui aurait été impossible sans un casting parfait, à commencer par son Simón, joué par un Lorenzo Ferro (vu dans L’ANGE) aussi talentueux que promis à une belle carrière, et son acolyte Pehuén Pedie, au timing comique parfait.

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Corpo Materia / Dé lannuit kolé

Samedi 17 mai à 19h30 – Tropiques Atrium

Double plateau danse –

Tropiques Atrium propose une soirée exceptionnelle placée sous le signe du mouvement et de l’émotion, avec un double plateau chorégraphique réunissant deux créations contemporaines issues de la richesse artistique de la Caraïbe. Une invitation à ressentir, à réfléchir, à vibrer au rythme de deux univers singuliers.


Corpo Materia

Chorégraphie et interprétation : Madak (Francis Saint-Albin)
Musique originale : Christophe Césaire | Lumières : Marie Raimbault

Dans ce solo intense et intimiste, Madak – figure emblématique du breaking martiniquais – mêle les codes de la danse urbaine et contemporaine pour livrer une performance profondément sensorielle.
Corpo Materia est une exploration du corps comme mémoire vive, comme réceptacle de nos expériences et miroir de nos émotions. Chaque mouvement, chaque respiration, chaque silence devient langage. Un voyage intérieur où le corps parle sans mots, entre tension et poésie, entre lutte et résilience.

Une traversée physique et émotionnelle, soutenue par la musique envoûtante de Christophe Césaire et une scénographie épurée, qui redonne au corps sa place de témoin et de porteur de sens.

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Sur les pas de Léona

Vendredi 16 mai – 19h30 Tropiques Atrium

Un vibrant hommage à une pionnière de la musique martiniquaise

“Sur les pas de Léona” est une création originale signée Pascale Pidibi, qui rend un hommage émouvant et inspirant à Léona Gabriel, grande figure du patrimoine musical martiniquais.

Née en 1891 à Rivière-Pilote, Léona Gabriel fut une artiste audacieuse, à la fois chanteuse et compositrice, ayant su s’imposer dans un univers artistique alors largement masculin. Son parcours, marqué par ses racines créoles, ses engagements et ses voyages, continue de résonner aujourd’hui par la richesse de son œuvre.


Un spectacle pluridisciplinaire, vivant et poétique

Entre théâtre, chant, danse et musique live, le spectacle fait revivre les grandes étapes de la vie de Léona : ses souvenirs d’enfance, son univers familial, ses expériences artistiques et ses combats de femme. Chaque tableau est une fenêtre sur un moment fort, porté par une troupe d’artistes talentueux et une mise en scène sensible.

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« La Chambre de Mariana », un film d’Emmanuel Finkiel

Vendredi 9 à 19h, Dimanche 11 à 11h, Jeudi 15 à 19h, Mardi 20 mai à 19h | Madiana |★★★★★ |

Avec Mélanie Thierry, Artem Kyryk
— Par Sarha Fauré —

Avec La Chambre de Mariana, Emmanuel Finkiel signe une œuvre bouleversante, sensorielle et singulière, à la croisée de l’histoire, du conte et du film d’apprentissage. Adapté du roman d’Aharon Appelfeld, le film nous plonge dans l’Ukraine de 1943, à travers le regard d’un enfant caché dans un placard pour échapper à la déportation. Un huis clos étouffant qui devient pourtant le théâtre d’un éveil à la vie.

Hugo a 12 ans. Pour le sauver, sa mère le confie à Mariana, une prostituée qui l’abrite secrètement dans sa chambre, au sein d’une maison close. L’enfant, enfermé dans l’obscurité, perçoit le monde par bribes : les voix, les bruits, les gestes entrevus par une fente dans le mur. Ce qui pourrait n’être qu’un exercice de style devient un puissant dispositif narratif. Emmanuel Finkiel filme l’enfermement sans jamais enfermer son spectateur : à l’image des perceptions fragmentaires de Hugo, le film avance par éclats, entre songe et réalité, dans une tension permanente entre le dehors menaçant et le dedans ambivalent.

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« IssouKélé »

Mercredi 7 mai à 19h30 à Tropiques Atrium

Après avoir achevé une résidence artistique, l’artiste Sinké dévoile ce soir son spectacle musical « IssouKélé » à la salle Frantz Fanon de Tropiques Atrium. Nous l’avons rencontré lors d’une médiation culturelle au collège du Vauclin, en classe de musique.

Dans ce spectacle, Sinké nous plonge dans l’histoire de son ancêtre esclavisée, IssouKélé, déportée pendant la Traite négrière. À travers le bèlè et la voix de l’artiste, elle s’exprime, partage son vécu et transmet un message fort, empreint de dignité et de mémoire.

Ce projet est le fruit d’un travail approfondi mené durant sa résidence artistique, où Sinké a affiné son art. Il décrit sa musique comme celle d’un descendant d’Africains déportés, nourrie de collaborations avec des artistes comme Dédé Saint-Prix, Les 300 Noms, EDS et Bassingo.

Trois classes de musique, encadrées par la professeure et musicienne Elsy Flériag, ont participé activement à cette démarche. Les élèves ont écrit des couplets sur le titre « Nou pa té la » : les 4e ont exploré le passé esclavagiste, les 5e ont décrit le présent, et les 6e se sont projetés vers l’avenir.

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Martinique Danse Festival – 2e édition

Du 7 mai au 1er juin

Du 7 mai au 1er juin, le Martinique Danse Festival organise sa deuxième édition. Pendant plus de trois semaines, des danseurs et chorégraphes venus de différents pays se produiront à l’Espace DD – Polforme, au Lamentin.

L’événement proposera des ateliers, des battles, ainsi que des conférences autour de la danse. Il mettra en avant une diversité de pratiques artistiques issues de différents territoires, dont la Martinique. Le festival ambitionne de s’inscrire dans le paysage artistique régional et international, notamment en lien avec les États-Unis, l’Europe, l’Afrique et la Caraïbe.

Le public, qu’il soit amateur ou professionnel, pourra participer à des activités visant au développement technique, à l’échange entre artistes et à la découverte de différentes cultures chorégraphiques. Les organisateurs estiment que près de 8 000 personnes – participants et spectateurs – seront présentes, dont plus de 300 provenant d’Europe et de la Caraïbe.

Environ soixante artistes et intervenants sont attendus pour cette édition, en provenance notamment des États-Unis, de Cuba, d’Haïti, d’Afrique du Sud, de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique et d’Europe. Plusieurs temps forts sont prévus au cours du mois, incluant des spectacles, des ateliers, des battles et des conférences.

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