"Savoir, c'est pouvoir"- Francis Bacon (1597)
— Par Roland Sabra —
Le poète est fils de Vulcain et d’Orphée. La forge et la lyre.
Au levé du rideau, dans un clair-obscur, la bandéoniste sur une estrade est immobile, statufiée, sans vie sur le coté jardin de la scène. Coté cour, sur le devant, Brecht est là, massif, il dit « il faut connaître son passé, pour imaginer l’avenir ». Il s’approche de la statue, la touche de sa voix. Sous la force du verbe elle prend vie. Le dialogue entre l’instrument et le poète va se déployer tout au long de ce cabaret parlé-chanté d’un peu plus d’une heure. Ils sont du même monde, tous deux nés en Allemagne, puis exilés en Argentine, ils ont en eux une force sourde, une violence contenue, qui se dévoile dans l’effort qu’elle fait à se tapir dans l’ombre, à se maîtriser dans le dire qu’ils nous adressent.. Si l’histoire se répète de l’oubli du passé, à nous d’entendre l’avertissement de ce raccourci, osé pour qui ne sait pas, 1933-2014.