— Par Hélène Marquié —
Pour une fraction de la danse contemporaine actuelle, le genre est devenu une thématique à la mode. Le phénomène s’accompagne d’une prolifération de discours et de références théoriques postmodernes. La production se caractérise par l’exposition réitérée et se voulant ludique des stéréotypes de genre, notamment de la féminité, souvent caricaturée par le travestissement. Par contre, la thématique n’est ni traitée, ni analysée, au travers des relations entre les sexes, pas plus qu’elle n’est travaillée à partir des corps et de leur motricité. On constate un profond décalage entre les discours qui proclament une radicalité subversive, et une production, focalisée sur les signes et les apparences, qui maintient, voire renforce, les dissymétries entre les sexes et les genres. Cette dissymétrie qui donne toujours la primauté au sexe masculin, constitue bel et bien un renouvellement du genre des hiérarchies.
Au tournant de l’an 2000, la question des genres et des sexualités est devenue une thématique récurrente pour une fraction de la danse contemporaine. « C’est bien ancré dans l’air du temps : les jeux de genre font partie de notre quotidien » écrit la critique de danse Rosita Boisseau (2004a : 78).