TRIBUNE. Chaque année, le 21 juin, la musique réussit un tour de force dont aucun parti politique ne pourrait rêver : les rues sont encombrées de partisans en liesse, unis malgré la grande variété de leurs pratiques, de leur âge ou de leur origine, dans un grand moment de fraternité spontanée.
Alors que la France a refermé, au soir du dimanche 18 juin, des mois de batailles électorales qui ont ravivé ses cicatrices profondes, la Fête de la musique offre l’espace d’une nuit l’occasion pour toute la population d’oublier quelques instants ses différences et ses divergences.
Cependant, cet élan est éphémère. La Fête de la musique offre certes un espace à la musique, mais elle l’enferme en même temps dans un lieu et dans un temps. La musique ne risque-t-elle pas de devenir un art qui ne se partage qu’une nuit par an ? Dès le 22 juin, le projecteur s’éteindra, laissant de côté les milliers d’initiatives qui émergent à travers tout le territoire et qui, pour faire parler d’elles, devront attendre l’année prochaine.
Un travail qui mérite un salaire
Pour nous, auteurs, compositeurs, artistes, interprètes, éditeurs, producteurs, managers, entrepreneurs de spectacles ou éditeurs de services de musique en ligne, limiter la musique à la fête, c’est oublier que celle-ci a non seulement une valeur, mais qu’elle est aussi le fruit d’un labeur.