« Carte du temps », de Naomi Wallace

 Trois visions du moyen-orient

— Par Roland Sabra —

la_carte_du_tempsCarte du temps, de Naomi Wallace se déroule en trois moments, trois actes ou trois visions. La première « Un état d’innocence » se passe dans le zoo Al Brazil de Rafah à Gaza. Détruit par l’armée israélienne ce zoo est gardé par un soldat israélien Yuval, qui s’étonne de voir les animaux perdre puis retrouver des morceaux de leurs corps. Dans un total état d’innocence –il ne sait pas qu’il a été tué– il rencontre une femme palestinienne qui veut absolument rendre sa mère quelque chose qui lui appartient.

La seconde « Entre ce souffle et toi » se situe dans une clinique à Jérusalem ouest. Un père palestinien s’impose après la fermeture pour rencontrer une infirmière israélienne. Elle vit grâce à une double transplantation pulmonaire prélevée sur son fils.

La troisième « Un monde qui s’efface » nous permet d’assister à une conférence avicole tenue par Ali irakien de Bagdad. Passionné de colombophilie Ali ne peut s’empêcher de parler de ses oiseaux, de la guerre, de de sa passion pour les livres, de ses amis, de sa famille, mais son récit poétique, enflammé bifurque sur la vie dans un pays soumis à l’embargo et à la guerre : un monde qui s’efface.

Naomi Wallace, entrée au répertoire de la Comédie Française en 2012,  parle de ce qui dérange. Mais elle va plus loin que la simple dénonciation en évitant le didactisme , l’œcuménisme. Elle met ses personnages, qui ne sont pas des héros, dans des situations qui vont les amener à sortir d’eux-mêmes, à emprunter des chemins dont ils ignoraient l’existence. A travers chaque chaque drame existentiel, chaque circonstance exceptionnelle Naomi Wallace s’efforce de montrer que tout être humain est capable d’être au-dessus de lui-même.

Si les premiers et deuxième temps sont particulièrement réussis, le second, dans le quel le metteur en scène Roland Timsit est acteur est un peu plus faible. Un artifice un peu naïf place quelques chaises autour de la scène pour signifier au spectateur qi’il est impliqué dans ce qui va se jouer devant lui.

Avec
David Ayala
Charles Gonzalès
Dominique Hollier
Daniel Martin
Thibault Mullot
Afida Tahri
Roland Timsit

Scénographie et création lumière : Philippe Quillet
Costumes : Sylvie Blondeau
Musique : Pierre Henry
Production : Compagnie Calvero
Coproduction : ACTIF – Association Culturelle de Théâtres en Ile-de-France, En Votre Compagnie