— Par Jean-Marie Nol —
Les Antilles françaises, terres de mémoire et de métissage, ont vu naître deux des courants intellectuels les plus profonds du monde postcolonial : la Négritude, portée par Aimé Césaire , Léopold Léopold Sédar , Léon – Gontran Damas, et la Créolité, défendue notamment par Édouard Glissant, Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau. Si ces mouvements se sont d’abord déployés dans le champ littéraire, ils ont très vite pris une dimension politique, en tant qu’idéologies structurantes d’une pensée antillaise en quête de souveraineté culturelle et de reconnaissance. Cependant, à l’heure où les territoires ultramarins sont confrontés à de profondes tensions économiques et sociales, ces grands récits de la réaffirmation identitaire semblent aujourd’hui entrer en décalage avec les réalités concrètes du terrain. En particulier, leur capacité à nourrir un projet d’autonomie économique demeure incertaine.