Amazon et Microsoft pointés du doigt pour leur rôle dans le développement des armes autonomes

Selon le rapport d’une ONG, les deux entreprises font partie des géants de la tech qui pourraient mener à une gigantesque course aux armements dans le secteur de l’intelligence artificielle.

Le film de science-fiction Terminator peut-il devenir réalité ? Selon un rapport de l’organisation non gouvernementale PAX, les entreprises américaines Amazon et Microsoft pourraient chercher à participer au développement des armes de destruction autonomes.

 L’organisation néerlandaise a sondé les principaux acteurs du secteur hautement stratégique de l’intelligence artificielle et a classé cinquante entreprises selon trois critères :

  • Développent-elles des technologies permettant de créer des « robots tueurs » ?
  • Travaillent-elles sur des projets militaires liés à ces technologies ?
  • Ont-elles promis de s’abstenir d’y contribuer dans le futur ?

« Tuer sans implication humaine »

L’usage de l’intelligence artificielle pour permettre à des systèmes d’armement d’automatiquement choisir et attaquer des cibles a provoqué d’importants débats éthiques au cours des dernières années. Pour certains critiques, on pourrait même assister à la troisième révolution de l’art de la guerre après les inventions de la poudre et de la bombe nucléaire.

« Pourquoi est-ce que les entreprises comme Microsoft et Amazon ne nient pas qu’elles sont actuellement en train de développer ces armes hautement controversées qui pourraient décider d’elles-mêmes de tuer, sans implication humaine ? », demande Frank Slijper, principal auteur du rapport publié lundi 19 août.

Vingt-deux entreprises représentent une « inquiétude moyenne » pour les auteurs du rapport, dont l’analyse se porte sur douze pays à travers le monde. Parmi elles, Apple pour son système de reconnaissance faciale et vocale. La catégorie « haute inquiétude » compte vingt et une entreprises, dont Intel mais aussi Amazon et Microsoft qui essaient tous les deux de passer un contrat avec le Pentagone pour fournir à l’armée américaine l’infrastructure de son cloud (service de stockage de données en ligne).

Google, bon élève

« Les armes autonomes deviendront inévitablement des armes de destruction massives », prédit à l’Agence France-Presse Stuart Russell, professeur de sciences informatiques à l’université californienne de Berkeley. « Des travaux sont actuellement entrepris pour que tout ce qui constitue actuellement une arme chars, avions de chasse, sous-marins ait sa version autonome », ajoute-t-il.

Google et six autres entreprises sont dans la catégorie « bonne pratique ». L’année dernière, Google a renoncé à courir pour le contrat du Pentagone sur le cloud, car il pourrait être en contradiction avec ses « principes » en matière d’intelligence artificielle.

Le géant californien avait expliqué ne pas vouloir s’impliquer dans des « technologies qui sont ou pourraient être nocives » et « des armes ou d’autres technologies dont le but principal ou la mise en œuvre causerait ou faciliterait l’atteinte physique aux personnes ».

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