Après les critiques de 200 personnalités contre son fonctionnement, l’Académie des César demande une médiation au CNC

Après la publication, lundi soir, d’une tribune réclamant une refonte des modes de gouvernance de l’Académie des César, celle-ci réagit et demande une médiation.

Le conseil d’administration de l’Académie des César va demander une médiation au Centre national du cinéma (CNC) pour mettre en place « une profonde réforme » de ses statuts et de sa gouvernance, après les violentes critiques sur son fonctionnement exprimés dans une tribune, a-t-il annoncé mardi 11 février dans un communiqué.

« L’Association pour la Promotion du cinéma rappelle qu’elle a pris acte des critiques, questionnements et remarques quant à la gouvernance de l’Académie des arts et techniques du cinéma. Le conseil d’administration va saisir aujourd’hui le président du Centre national du cinéma afin de nommer un médiateur en charge d’une profonde réforme des statuts et de la gouvernance de l’Académie », indique le communiqué. « Nous appelons à présent à un apaisement, afin que ne soit pas mis en danger le bon déroulement de la 45e cérémonie des César », ajoute-t-il.
200 personnalités du cinéma réclament une réforme

Dans une tribune publiée lundi soir sur le site du Monde, 200 personnalités du cinéma français dont Omar Sy, Bertrand Tavernier, Céline Sciamma ou Agnès Jaoui ont réclamé une « réforme en profondeur » de l’Académie des César. Ils se plaignent que ses membres n’aient « aucune voix au chapitre, ni dans les fonctionnements de l’académie et de l’association (qui la régit, ndlr), ni dans le déroulé de la cérémonie ».

Ils dénoncent des « dysfonctionnements », une « opacité des comptes » génératrice de fantasmes, et des statuts qui « n’ont pas évolué depuis très longtemps » et reposent encore et toujours sur « la cooptation », et jugent insuffisants les changements promis par son président Alain Terzian.

Dans un entretien au Journal du dimanche le 9 février, Alain Terzian avait annoncé des mesures en vue d’instaurer la parité au sein de l’Académie, dont seulement 35% des membres sont des femmes, promettant de conduire une « révolution culturelle ». Des mesures que l’Académie a confirmé vouloir engager, dans un communiqué publié lundi soir, en commençant par son conseil d’administration qui doit devenir paritaire d’ici à la fin de l’année.

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Académie des Césars : « Nous n’avons aucune voix au chapitre »

A quelques jours de la cérémonie, le 28 février, quelque 200 personnalités du monde cinéma dénoncent des dysfonctionnements de l’académie. Ils réclament à ce titre une refonte profonde des modes de gouvernance.

Tribune. Le jour du dîner des Révélations, nous apprenions que deux marraines (Virginie Despentes et Claire Denis) choisies par de jeunes acteurs pour les accompagner lors de cette soirée avaient été refusées par l’Académie des Césars de façon arbitraire, voire discriminatoire. Le soir même, son président, Alain Terzian, envoyait une lettre d’excuses mais sans répondre sur le fond aux questions soulevées par cette affaire. Des excuses mais pas d’explications.

Aujourd’hui, il nous semble que le refus de ces marraines n’est qu’un des aspects de dysfonctionnements plus généraux de l’Académie des Césars et de l’association 1901 (l’APC) qui la régit. Alain Terzian a récemment fait des annonces concernant la parité des votants et des membres de l’association. Nous nous réjouissons de ces changements à venir, mais ils nous semblent insuffisants.

L’Académie des Césars est constituée de 4 700 membres, hautement sélectionnés, qui chacun payent une cotisation annuelle et peuvent voter pour élire les nommés puis les lauréats de chaque catégorie. Les signataires de ce texte en font tous partie. Pourtant, bien que membres, nous n’avons aucune voix au chapitre ni dans les fonctionnements de l’académie et de l’association, ni dans le déroulé de la cérémonie.

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Jusqu’à il y a encore quelques années, les comptes annuels de l’association et ses statuts apparaissaient sur le site des Césars (dans la partie réservée aux membres), mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cette opacité des comptes est dommageable et participe d’une vision potentiellement fantasmatique de la façon dont l’argent est dépensé. C’est d’autant plus difficile à admettre que le montant des cotisations est important et que l’est plus encore le prix à verser à l’académie pour que nos films fassent partie des DVD envoyés à chaque membre dans le fameux « coffret des César ».

Du côté des statuts de l’association, la situation n’est guère plus enviable, ceux-ci n’ayant pas évolué depuis très longtemps. Parmi les 47 membres de l’association, les personnalités viennent de deux horizons : d’un côté, celles qui ont été cooptées à vie à différentes périodes de l’histoire de l’académie, et dont les dernières cooptations remontent à plus de vingt ans. De l’autre, des membres « de droit » qui intègrent l’association dès lors qu’ils sont français et ont obtenu un Oscar aux Etats-Unis. Mais les statuts ne permettent pas qu’un nouveau membre de l’association soit élu par l’intégralité des 4 700 membres de l’académie.

Parmi les annonces récentes, il y a celle d’intégrer une dizaine de femmes dans l’association afin d’atteindre la parité. Mais il s’agirait de nouveau d’un système de cooptation, vestige d’une époque que l’on voudrait révolue, celle d’un système élitiste et fermé. Tout cela aboutit à une structure où la majorité des membres de l’académie ne se retrouve pas dans les choix qui sont faits en leur nom et qui ne reflète pas la vitalité du cinéma français actuel dans ses très nombreuses composantes.

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Pourquoi les 4 700 membres de l’académie ne peuvent-ils pas pas voter pour élire leurs représentants comme c’est le cas aux Oscars, aux Baftas ou à l’EFA (l’académie européenne du cinéma) ? Pourquoi l’académie est-elle régie par un club de personnes cooptées ou désignées au compte-gouttes ? Comment se fait-il que les membres de l’association le soient à vie et que ses dirigeants soient indéfiniment rééligibles ?

Il est temps d’envisager une refonte en profondeur des modes de gouvernance de l’association afin qu’ils se rapprochent de celles des institutions étrangères et des fonctionnements démocratiques qui les encadrent.

Emmanuel Agneray, producteur ; Eric Altmayer, producteur ; Nicolas Altmayer, producteur ; Oulaya Amamra, actrice ; Yves Angelo, directeur de la photographie ; Danièle D’Antoni, agent artistique ; Aure Atika, actrice ; Yvan Attal, réalisateur et acteur ; Jacques Audiard, réalisateur ; Jean-Pierre Bacri, acteur ; Antony Bajon, acteur ; Jeanne Balibar, actrice ; Emmanuel Barraux, producteur ; Christine Beauchemin-Flot, exploitante ; Nadège Beausson-Diagne, actrice et réalisatrice ; Leïla Bekthi, actrice ; Bérénice Bejo, actrice ; Lucas Belvaux, réalisateur ; Saïd Ben Saïd, producteur ; Lisa Benguigui, productrice ; Houda Benyamina, réalisatrice ; Emmanuelle Bercot, réalisatrice ; Anne-Cécile Berthomeau, productrice ; Priscilla Bertin, productrice ; Rémi Bezançon, scénariste et réalisateur ; Thomas Bidegain, scénariste et réalisateur ; Benjamin Biolay, acteur et musicien ; Jonathan Blumental, producteur ; Sandie Bompar, chef monteuse ; Bertrand Bonello, réalisateur ; Pascal Bonitzer, réalisateur ; Caroline Bonmarchand, productrice ; Jérome Bonnell, réalisateur ; Marc Bordure, producteur ; Lucie Borleteau, réalisatrice ; Elodie Bouchez, actrice ; Antoinette Boulat, directrice de casting ; Frédéric Bourboulon, producteur ; Guillaume Brac, réalisateur ; Jean Bréhat, producteur ; Serge Bromberg, réalisateur, producteur ; Claire Burger, réalisatrice ; Robin Campillo, réalisateur ; Laurent Cantet, réalisateur ; Thibault Carterot, post-producteur ; Malik Chibane, réalisateur ; Rosalia Cimino, agent artistique ; Hélier Cisterne, réalisateur ; Camille Chamoux, actrice ; François Clerc, éditeur de film ; Clément Cogitore, réalisateur ; Michaël Cohen, acteur et réalisateur ; Anne Consigny, actrice ; Pascale Consigny, chef décoratrice ; Catherine Corsini, réalisatrice ; Delphine Coulin, réalisatrice ; Bénédicte Couvreur, productrice ; François Damiens, acteur ; François Delaire, décorateur ; Matthieu Delaporte, réalisateur ; Maxime Delauney, producteur ; Emilie Deleuze, réalisatrice ; Claire Denis, réalisatrice ; Yann Dedet, chef monteur ; Matthieu Derrien, attaché de presse ; Dante Desarthe, réalisateur ; Arnaud Desplechin, réalisateur ; Mati Diop, réalisatrice ; Audrey Diwan, scénariste, réalisatrice ; Olivier Do Huu, mixeur ; Valérie Donzelli, réalisatrice ; Laetitia Dosch, actrice ; Léa Drucker, actrice ; Julia Ducournau, réalisatrice ; Maamar Ech-Cheikh, chef décorateur ; Virginie Efira, actrice ; Adèle Exarchopoulos, actrice ; Julia Faure, actrice ; Cécile Felsenberg, agent artistique ; Pascale Ferran, réalisatrice ; Marina Foïs, actrice ; Sandra da Fonseca, productrice ; Leila Fournier, directrice de casting ; Déborah François, actrice ; Thierry François, chef décorateur ; Denis Freyd, producteur ; Nicole Garcia, réalisatrice, actrice ; Marie-Christine Gauchée, administratrice de production ; Marianne Germain, directrice de production ; François Gila Girard, chef décorateur ; Charles Gilibert, producteur ; Delphine Gleize, réalisatrice ; Alice Girard, productrice ; Olivier Goinard, mixeur ; Yann Gonzalez, réalisateur ; Olivier Gorce, scénariste ; Bertrand Gore, producteur ; Robert Guédiguian, réalisateur ; Thomas Grézaud, chef décorateur ; Pauline Gygax, productrice ; Sébastien Haddouk, réalisateur ; Michel Hazanavicius, réalisateur ; Alexandra Henochsberg, distributrice ; Hafsia Herzi, actrice et réalisatrice ; Julien Hirsch, directeur de la photographie ; Jean-Paul Hurrier, mixeur ; Agnès Jaoui, réalisatrice et actrice ; Eric Juherian, producteur ; Reda Kateb, acteur ; Alexis Kavyrchine, directeur de la photographie ; Cédric Klapisch, réalisateur ; Thierry Klifa, réalisateur ; Jean Labadie, distributeur ; Ariane Labed, actrice et réalisatrice ; Vincent Lacoste, acteur ; Laurent Lafitte, acteur ; Jean-Pierre Laforce, mixeur ; Eric Lagesse, distributeur ; Nadine Lamari, scénariste ; Claire Langmann, directrice de production ; Jeanne Lapoirie, directrice de la photographie ; Jean-Marie Larrieu, réalisateur ; Laurence Lascary, productrice ; Guy Lecorne, chef monteur ; Gilles Lellouche, acteur et réalisateur ; Katia Lewkowicz, réalisatrice ; Sébastien Lifshitz, réalisateur ; Florence Loiret-Caille, actrice ; Valérie Loiseleux, chef monteuse ; Irina Lubtchansky, directrice de la photographie ; Marie-Ange Luciani, productrice ; Gaëlle Macé, scénariste ; Lisa Macheboeuf, scénariste ; Alexandre Mallet-Guy, producteur et distributeur ; Philippe Martin, producteur ; Corinne Masiero, actrice ; Chiara Mastroianni, actrice ; Claire Mathon, directrice de la photographie ; Vincent Maraval, distributeur ; Lionel Massol, producteur ; Edouard Mauriat, producteur ; Patricia Mazuy, réalisatrice ; Denis Ménochet, acteur ; Antoine Mercier, chef opérateur son ; Joséphine de Meaux, actrice et réalisatrice ; Patrick Mille, acteur et réalisateur ; Pierre Milon, directeur de la photographie ; Oury Milshtein, producteur ; Dominik Moll, réalisateur et scénariste ; Anne Mouglalis, actrice ; Jean-Paul Mugel, chef opérateur son ; Bruno Nahon, producteur ; Olivier Nakache, réalisateur ; Safy Nebbou, réalisateur ; Valentina Novati, productrice et distributrice ; Judith Nora, productrice ; Géraldine Pailhas, actrice ; Alexandre de la Patellière, réalisateur ; Isabelle de la Patellière, agent artistique ; Louis-Julien Petit, réalisateur ; Elisabeth Perez, productrice ; Nahuel Emiliano Perez Biscayart, acteur ; Nicolas Philibert, réalisateur ; Julien Poupard, directeur de la photographie ; Milena Poylo, productrice ; Tahar Rahim, acteur ; Aude Léa Rapin, réalisatrice ; Antoine Reinartz, acteur ; Yannick Reix, exploitant ; David Rit, chef opérateur son ; Anaïs Romand, créatrice de costumes ; Axelle Ropert, réalisatrice ; Pauline Rostoker, agent artistique ; Brigitte Roüan, actrice et réalisatrice ; Christian Rouaud, réalisateur ; Richard Rousseau, directeur de casting ; Romain Rousseau, producteur ; Jean-Paul Rouve, acteur et réalisateur ; Matthias Rubin, producteur ; Carine Ruszniewski, productrice ; Nicolas Saada, réalisateur ; Gilles Sacuto, producteur ; Agnès de Sacy, scénariste ; Ludivine Sagnier, actrice ; Jérôme Salle, réalisateur ; Céline Sallette, actrice ; Jean-Paul Salomé, réalisateur ; Pierre Salvadori, réalisateur ; Guillaume Schiffman, directeur de la photographie ; Céline Sciamma, réalisatrice ; Carole Scotta, productrice ; Léa Seydoux, actrice ; Sabrina Seyveccou, actrice ; Florence Seyvos, scénariste ; Julien Sicard, chef opérateur son ; Abderrahmane Sissako, réalisateur ; Morgan Simon, réalisatrice ; Patrick Sobelman, producteur ; Julien Sicard, réalisateur ; Omar Sy, acteur ; Bertrand Tavernier, réalisateur ; Justin Taurand, producteur ; André Téchiné, réalisateur ; Sarah Teper, directrice de casting ; Eric Tolédano, réalisateur ; David Thion, producteur ; Clément Trehin-Lalanne, réalisateur ; Justine Triet, réalisatrice ; Anne-Louise Trividic, scénariste ; Gaspard Ulliel, acteur ; Diego Urgoiti, directeur de production ; Agnès Vallée, productrice ; Vanessa Van Zuylen, productrice ; Cécile Vargaftig, scénariste ; Thomas Verhaeghe, producteur ; Mathieu Verhaeghe, producteur ; Karin Viard, actrice ; Julie Viez, productrice ; Thomas Vincent, réalisateur ; Elie Wajeman, réalisateur ; Matthias Weber, producteur ; Edouard Weil, producteur ; Candica Zaccagnino, productrice ; Jonathan Zaccaï, acteur ; Roschdy Zem, acteur ; Khadija Zeggaï, chef costumière ; Rebecca Zlotowski, réalisatrice.