163 search results for " Jean Genet"

Ouverture de la saison au TNB : « Les Paravents », de Jean Genet

— Par Janine Bailly —

Représentée pour la première fois en France¹ en avril 1966 au théâtre de l’Odéon, par la compagnie Renaud-Barrault, dans une mise en scène de Roger Blin, la pièce intitulée Les Paravents, de Jean Genet – ce grand écrivain de la marginalité –, fit en raison de son sujet, scandale auprès des défenseurs de l’Armée, commandos de parachutistes ou anciens combattants nostalgiques d’Afrique du Nord et d’Indochine : si la guerre d’Algérie, terminée depuis quatre ans, n’est pas explicitement nommée, elle infuse bien dans toute la pièce… Le scandale fut tel qu’André Malraux, alors ministre des Affaires Culturelles, intervint dans une Assemblée houleuse afin de calmer cette agitation de mauvais aloi ! En 1983, la reprise de la pièce par Patrice Chéreau, au théâtre des Amandiers de Nanterre², provoquait encore des remous, et certains soirs, relate la comédienne Dominique Blanc, il fallait d’urgence quitter les lieux, en raison d’alertes à la bombe.

Aujourd’hui, au Théâtre National de Bretagne, c’est Arthur Nauzyciel qui relève le défi : le spectacle garderait-il cette odeur de soufre que d’aucuns lui ont attachée ?

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« L’œuvre de Jean Genet vous oblige à chercher qui vous êtes » Emmanuelle Lambert

-– Par Alain Nicolas —

Les poèmes et les romans de l’écrivain paraissent dans la Pléiade dans leur version originale, sous la direction d’Emmanuelle Lambert et Gilles Philippe. Pouvoir les lire tels qu’il les a écrits permet de revivre le choc causé lors de leur irruption en 1940 dans une littérature qu’il allait marquer durablement.

Publier dans une collection très patrimoniale la poésie et les ­romans de Jean Genet pourrait acter de l’intégration au panthéon littéraire d’un auteur devenu, à l’époque des gender studies (« études de genre ») et des études décoloniales, bien inoffensif. Prendre en main ce volume qui rassemble ses premières œuvres, qui ont choqué ou ébloui ses contemporains, c’est au contraire s’exposer à la brutalité de ces textes violents écrits dans une langue d’une beauté peu commune. Emmanuelle Lambert a codirigé avec Gilles Philippe cette édition qui restitue les écrits tels qu’ont pu les recevoir leurs premiers lecteurs. Elle revient sur la rupture qu’a été l’apparition de Genet dans la France des années 1940 et sur l’empreinte de son œuvre chez les créateurs d’aujourd’hui.

Genet est-il un classique ?

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Rembrandt par Jean Genet

Le projet d’un livre sur Rembrandt accompagna Genet durant une dizaine d’années. De sa confrontation directe avec les œuvres vues dans les musées prenait corps peu à peu cet ouvrage.
En septembre 1958, L’Express publiait sous le titre Le Secret de Rembrandt, un découpage d’extraits du livre dont il annonçait la publication prochaine aux Éditions Gallimard. Genet a-t-il alors préféré se ménager le temps de refondre ou de compléter son travail ? Absorbé par son théâtre, a-t-il reporté son projet à plus tard ?
On sait seulement que, bouleversé par la mort de son ami Abdallah, il se résolut en avril 1964 à détruire le contenu d’une valise pleine de manuscrits.
Ne subsistent que deux fragments publiés en mai 1967 dans la revue Tel Quel sous le titre Ce qui est resté d’un Rembrandt déchiré en petits carrés bien réguliers, et foutu aux chiottes, qui s’ajoutent au Secret de Rembrandt publié en 1958. Avec l’accord de Genet, ces textes ont été insérées respectivement en 1968 et 1979 dans les tomes IV et V de ses Œuvres complètes.
La présente édition qui les rassemble pour la première fois tente d’illustrer par un choix de détails significatifs les œuvres citées, le regard personnel de Genet sur Rembrandt.

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Jean Genet, l’échappée belle

— Par Marc Sagaert —

jean_genet_echappee_belleÉdition publiée sous la direction d’Emmanuelle Lambert avec la collaboration de Philippe Artières, Patrick Autréaux, Arno Bertina, Sonia Chiambretto, Albert Dichy, Emmanuel Pinto et Oliver Rohe

Coédition Gallimard / Mucem

Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Mucem, consacre depuis quelques mois une exposition à Jean Genet, « Jean Genet, l’échappée belle », qui s’inscrit dans une double commémoration : le 30e anniversaire de la mort de l’écrivain, survenue dans la nuit du 14 au 15 avril 1986. Et le 50e anniversaire de « la bataille des Paravents ».
L’exposition a été réalisée avec le concours de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, Imec. Le commissariat général a été assuré par Albert Dichy, directeur littéraire de l’Imec, créateur du fonds Genet, et aujourd’hui spécialiste majeur de son oeuvre dont il a fait publier l’oeuvre posthume aux éditions « l’Arbalète » Gallimard, et à qui l’on doit entre autres l’édition du Théâtre complet, qu’il a codirigée avec Michel Corvin, dans « la Bibliothèque de la Pléiade ». Ainsi que par la romancière Emmanuelle Lambert, auteur d’une thèse de doctorat sur l’oeuvre théâtrale de Genet.

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« Splendid’s » de Jean Genet, M.E.S Arthur Nauziciel

— Par Michèle Bigot —
splendid_sSpectacle créé en janvier 2015 au CDN d’Orléans,
En tournée à Marseille, la Criée du 3 au 5/12/2015
Présenté à Paris, La Colline du 17 au 26 mars 2016

Arthur Nauziciel nous propose un texte de J.Genet, écrit entre 1944 et 1948, et renié ensuite. C’est une époque où il faisait régulièrement des séjours en prison, avant de bénéficier de la grâce présidentielle. Ce texte mystérieux se présente comme une cérémonie d’adieu à l’univers des gangsters sublimes ; A. Nauziciel a eu une idée lumineuse, celle de faire précéder la pièce d’un film tourné par Genet lui-même, Un chant d’amour(1950), qui est le pendant cinématographique de cette pièce, en ce qu’il constitue aussi un hymne au prisonnier, au voleur, à l’assassin, l’eidos du hors la loi, dans toute la poésie, la sensualité et l’érotisme de son corps magnifié. Tourné en noir et blanc, considéré à l’époque comme touchant à la pornographie, le film s’est heurté de plein fouet à la critique et s’est distribué sous le manteau. Le film, quoique muet, obéit aux codes du théâtre, fermement bordé par le cadre des trois unités de lieu, d’action et de temps.

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« Les Bonnes » de Jean Genet en Martinique : en voilà du propre!

— Par Roland Sabra —

Comment le choix de la pièce vient au metteur en scène?

Épisode 1

Jandira Bauer, metteuse en scène martiniquaise d’origine brésilienne a accepté la présence d’un critique tout au long de la gestation et l’accouchement d’un spectacle. Je vais tenter de rendre compte de cette aventure. Roland Sabra.

Jandira Bauer a consacré sa vie au théâtre. Du Brésil à la Martinique en passant par la France, elle a fréquenté, cotoyé, mais surtout appris auprès des plus grands. De Jean Genet à Ariane Mouchkine. De Jean Genet justement au début dea années 80 qu’elle rencontre comme comédienne dans « Les Bonnes ». Le Maître est imposant, la comédienne impressionnée car au-delà d’un apparent détachement il veille au grain. Jamais il ne donnera l‘imprimatur pour une version définitive de son texte. Ce sera la deuxième version, trois sont connues, deux publiées, la troisième aux archives Loius Jouvet.

Le texte « Les Bonnes », Jandira Bauer un quart de siècle après sa rencontre avec l’auteur, le connaît par coeur. Il n’a cessé de la travailler et, elle, n’a cessé de le travailler tout au long de sa carrière dans de nombreux ateliers.

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À propos du livre de Jean-Robert Placide, « Ayisyanite ak kreyolite »

Le livre « Ayisyanite ak kreyolite » ressuscite-t-il l’indigénisme racialiste duvaliérien sous les habits artificieux du « nouvo endijenis an evolisyon » ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Établies à Randolph, une ville du Comté de Norfolk dans l’État du Massachusetts, les Éditions JEBCA ont publié en 2023 le livre de Jean-Robert Placide, « Ayisyanite ak kreyolite », qui porte en sous-titre la mention « Mouvman kreyòl ayisyen | Sosyete Koukouy yon nouvo endijenis an evolisyon ». Jean-Robert Placide a auparavant été co-rédacteur de l’ouvrage du GRAHN, « Yon amenajman lengwistik pou devlopman pèp ayisyen : de lang ofisyèl ak valorizasyion kreyòl la » / « Un aménagement linguistique pour le développement du peuple haïtien : bilinguisme équitable différencié » (Presses internationales polytechniques, Montréal, 2012). L’annonce de la parution de cet ouvrage figure dans le Bulletin du GRAHN (volume 2, numéro 2, août 2012), mais l’on a noté que de 2012 à 2024 le sous-comité des langues du GRAHN qui a élaboré le livre n’a pas fait état d’éventuels travaux consécutifs à sa parution et n’a pas non plus communiqué sur son hypothétique diffusion en Haïti et en outremer…

Le livre « Ayisyanite ak kreyolite » de Jean-Robert Placide doit être lu avec attention et les idées qu’il véhicule, sur les registres de l’histoire et de l’idéologie, méritent d’être soumises à une évaluation critique objective et au débat public.

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La drépanocytose : « Quand la plus fréquente des maladies génétiques en France reste invisible… »

Lettre ouverte de Jenny Hippocrate Fixy et l’équipe APIPD au Président de la république

La drépanocytose, une indignité à la française !

Monsieur le Président,

Certaines pathologies considérées comme des « maladies rares » en métropole, sont relativement fréquentes dans les départements d’Outre-Mer. C’est le cas de la drépanocytose. Cette maladie génétique, invalidante et dangereuse, est à l’origine de nombreuses souffrances pour les malades et leur famille. Au vu de son expansion, elle nous oblige à nous interroger sur l’organisation de la prise en charge au sein des établissements de soins et sur les moyens déployés par les pouvoirs publics.

Je m’adresse donc à vous, Monsieur le Président de la République Française, en tant que Présidente de l’Association APIPD, Association Pourl’Information et la Prévention de la Drépanocytose et mère d’un jeune homme atteint de cette pathologie, pour porter à votre connaissance un fait de discrimination et d’entrave à l’accès au droit à la santé de personnes à risque de développer la drépanocytose.

Il était une fois la drépanocytose, une maladie née en Afrique et découverte il y a bien longtemps, plus d’un siècle déjà.

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Génétique et anthropologie (5). Festivals panafricains des années 1960 et 70 : réflexions sur une archive

Vendredi 5 avril 2019, 14h30-16H30. E.N.S. Rue d’Ulm Paris

Séminaire coordonné par Nicolas Martin-Granel et Julie Peghini

Ce séminaire de l’équipe « Manuscrits francophones » cherche à confronter, comparer et surtout à mettre en relation génétique et anthropologie, deux disciplines dont l’Afrique et la Caraïbe constituent déjà le « terrain » commun. Si l’anthropologue s’est lui-même observé « comme auteur » (Geertz), producteur de textes et donc d’avant-textes relevant d’une étude génétique, l’écrivain africain, à l’inverse, s’est défini comme un « guetteur » dont la première phase de travail est « l’enquête » (Sony Labou Tansi) dont les traces peuvent être repérées par l’anthropologie de l’écrit (politique, religieux, historique, culturel, etc.). Outre ces « branchements » (Amselle) évidents situés en amont du processus, celui-ci peut être interprété au croisement de concepts typologiques élaborés dans les champs disciplinaires distincts, mais qui finissent par entrer en résonance, tels le prophétisme scripturaire et l’écriture à processus. Il s’agira aussi de mettre en commun les moyens et méthodes (entretiens, archives, films) pour explorer ensemble de nouveaux terrains, notamment les réseaux sociaux.

L’ensemble des matériaux réunis pour chaque séance (interventions, documents commentés, y compris extraits vidéos ou œuvres plastiques) sera mis en ligne en flux continu dès le lendemain de la séance, pour documenter les travaux du séminaire, alimenter le débat et faire émerger progressivement une réflexion commune.

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« Robert Denoël, un destin », de Jean Jour

— Préface de Marc Laudelout, directeur du Bulletin célinien, du livre de Jean Jour Robert Denoël, un destin, désormais disponible aux éditions Dualpha.

« Robert Denoël avait toutes les qualités d’un grand éditeur et on peut rêver à ce qu’eût été son destin si la guerre, suivie de cette mort tragique, n’avait pas mis un terme à une vocation contrariée par les vicissitudes du temps »

La carrière d’éditeur de Robert Denoël débute le 30 juin 1928 et s’achève le 2 décembre 1945. Durant ces dix-sept années d’activité, il a publié quelque 700 livres à différentes enseignes. Il fût l’éditeur de Louis-Ferdinand Céline et pour cela, assassiné à la fin de la IIe Guerre mondiale. Qui était vraiment Robert Denoël ? On trouvera des réponses à la question dans cette enquête ; Jean Jour s’est attaché à remonter aux sources, tout homme étant le fruit de ses origines et de son éducation. Pour cette figure secrète et sulfureuse de l’édition, il s’agissait de s’affranchir d’un milieu provincial figé : celui de la bourgeoisie catholique des années vingt : à travers son existence tumultueuse, ce sont tous les dessous terribles de l’édition, des années de guerre, des règlements de comptes politiques et financiers qui nous sont racontés avec talent par un auteur qui n’a cure du politiquement correct.

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AfricADN, le business des tests génétiques

—Par Philippe Bernard —

adn_testDans la petite foule qui débarque de la « chaloupe » de Dakar sous un soleil d’acier, on les distingue facilement des Sénégalais : smartphone dernier cri brandi pour tout photographier, sac à dos de touriste chargé d’eau minérale et surtout visage grave qui tranche avec la bonne humeur ambiante. A l’instar de Barack Obama qui, avec son épouse et leurs enfants, devait visiter, jeudi 27 juin, l’île symbole de la traite négrière, les Noirs américains abordent Gorée en pèlerins. Ces derniers jours, ils sont pourtant moins nombreux que les malabars à verres fumés et cheveux ras des services de sécurité américains venus inspecter les ruelles débordantes de bougainvillées que doit emprunter le président.

« Certains visiteurs font des libations à leur arrivée. Ils forment un cercle et ferment les yeux, versent du lait et de la bière sur le sable, raconte un témoin sénégalais. Ils pensent être arrivés chez eux.

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MamiSargassa 3.0.  : Un voyage au cœur de l’écoféminisme radical

Mercredi 20 mars à 19h Salle mobile au Saint-Esprit

— Par Hélène Lemoine —

Plongez dans un conte caribéen futuriste où l’art, la sorcellerie et la résilience s’entremêlent dans une expérience immersive. MamiSargassa 3.0. & ses guests est bien plus qu’un simple spectacle : c’est une exploration captivante de l’écologie et de la condition féminine, portée par la vision unique de la chorégraphe martiniquaise Annabel Guérédrat.

Au cœur de cette performance envoûtante, Annabel Guérédrat, accompagnée de ses deux musiciens performeurs, Raphaël Gautier et Daniel Dantin, vous emmène dans un voyage artistique intense. Inspirée par les rituels d’enterrement de la sargasse, une algue toxique devenue emblématique, cette œuvre vous transporte en 2083, sur une île déserte jadis appelée Martinique.

Imaginez un monde où seules les sargasses ont survécu, où une nouvelle entité génétiquement modifiée, Mami Sargassa, émerge pour défier l’extinction. Pour survivre, elle s’enterre dans la sargasse fraîche, accomplissant ainsi un acte de sorcellerie qui lui permet de renaître, de se réhumaniser et d’enfanter de nouveaux êtres hybrides.

Annabel Guérédrat, artiste multidisciplinaire ancrée dans son héritage caribéen, explore avec passion les thèmes de l’écoféminisme radical et de la dark ecology.

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Quid de la quête de la diagonale du pouvoir pour changer le visage de la France à horizon 2027 ?

— Par Jean-Marie-Nol, économiste —

Un grand chambardement  d’ampleur aura lieu autour du 15 janvier 2024 en France hexagonale et les cartes risquent d’être totalement rebattues en matière politique tant en Guadeloupe qu’en Martinique sur la question en suspens de l’évolution statutaire ou institutionnelle.

Emmanuel Macron se projette déjà dans l’après. Comme si le président ne fondait que peu d’espoir dans la capacité de la classe politique actuelle à réformer en profondeur la Guadeloupe et la Martinique ainsi d’ailleurs que la France hexagonale au vu des mutations technologiques et sociologiques de la société antillaise et française. 

Si les faits politiques et les sondages d’opinion ont encore un sens, Emmanuel Macron devrait pouvoir, sauf accident malencontreux, se sortir sans trop de dommages de la séquence de la loi immigration en procédant dès le début de l’année prochaine à un profond renouvellement de la vie politique française.

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Appel : « Monsieur le Président, ne promulguez pas la loi immigration ! »

À l’initiative de l’Humanité, des élus, des syndicalistes, des intellectuels et des artistes exhortent Emmanuel Macron à renoncer à une législation qui « fracture les fondements de la République, en instillant le poison xénophobe de la préférence nationale ».

À la dernière élection présidentielle, des millions de voix se sont reportées sur Emmanuel Macron au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen. « Ce vote m’oblige », avait assuré le président élu. La loi immigration, véritable marchepied à l’idéologie nationaliste de l’extrême droite, est une trahison de cet engagement solennel pris devant les Français.

Soutenu par le RN, ce texte, adopté sans réel débat au Parlement, fracture le camp présidentiel mais, surtout, les fondements de notre République. En instillant le poison xénophobe de la préférence nationale, en remettant en cause le droit du sol, il bafoue les principes d’égalité et de non-discrimination, socle de notre démocratie fraternelle.

Cette loi de haine et de division fait peser une lourde menace sur le sort de nos semblables, étrangers ou immigrés, donc sur la cohésion de notre société. Elle ouvre la voie au pire.

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« Fanm Totem » : sept poétesses sur une scène

— Par Selim Lander —

Ce n’est pas tous les jours que la poésie est mise à l’honneur sur le plateau d’un théâtre, aussi faut-il saluer le Théâtre de Fort-de France pour avoir accueilli deux soirs de suite un spectacle poétique et musical, permettant ainsi à trois poétesses martiniquaises, une guyanaise, une guadeloupéenne et une haïtienne plus une invitée surprise de délivrer leurs messages en créole ou en français, accompagnées avec doigté par quatre musiciens.

« Tous les poètes mentent », s’il faut en croire Nietzsche qui met ces paroles dans la bouche de son héros, Zarathoustra. Si cet adage a incontestablement une part de vérité (1), rien n’est plus faux en ce qui concerne nos poétesses dont nul n’aurait l’idée de mettre en doute la sincérité. Elles ne veulent rien cacher ; elles se mettent à nu avec leurs mots et des pas de danse sur quelques notes de musique. Derrière ce récital voulu et mis en scène par Chantal Clem, il y a en effet la conviction que la parole des femmes a été trop longtemps réprimée et que le temps est venu pour elles de s’exprimer, de dire tout ce qu’elles ont sur le cœur.

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Le peuple du volcan : archéologie des premiers agriculteurs de la Martinique

Lundi 11 décembre  & Mardi 12 décembre au Marigot dans les locaux de l’assemblée de Cap Nord Martinique
Contact : benoit.berardmart@gmail.com, 0696 84 64 98
Présidence scientifique : Benoit Bérard, Université des Antilles

Depuis 2019, une équipe internationale regroupant une vingtaine de chercheurs dans les Antilles, en France et aux Etats-Unis s’est consacrée à l’étude pluridisciplinaire de l’occupation céramique ancienne de la Martinique sous la direction du professeur Benoît Bérard de l’université des Antilles.
Le colloque international « Le peuple du volcan : archéologie des premiers agriculteurs de la Martinique » a pour ambition première de faire un point sur les résultats de ces cinq années de recherches. Il s’agira ainsi de présenter :
• les différentes fouilles et prospections qui ont été réalisées à cette occasion,
• les différentes éruptions volcaniques récentes de la Montagne Pélée et leur impact sur le peuplement précolombien de l’île,
• les premières données paléobotaniques permettant de reconstituer la nature du couvert forestier et ses modalités d’exploitation par les Amérindiens,
• ainsi que les pratiques artisanales développées par ces groupes.
Ces différents éléments permettront de développer une réflexion générale tant sur la chronologie que sur les dynamiques spatiales liées aux premières occupations agricoles de l’arc antillais.

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Quelques repères pour contribuer à une exploratoire « archéologie de la littérature créole »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le 24 novembre 2023, le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol a fait paraître l’article « Le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, au rendez-vous de ses grands défis », qui comprend quelques repères en vue d’une exploratoire « archéologie de la littérature créole ».

Cet article s’éclaire d’une précédente publication parue en Martinique le 20 novembre 2023 sur le site Fondas kreyòl, « La problématique de l’aménagement et de la didactisation du créole dans l’École haïtienne : promouvoir une vision rassembleuse » (lien : https://fondaskreyol.org/article/problematique-amenagement-didactisation-creole-ecole-haitienne-promouvoir-vision).

L’article « Le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, au rendez-vous de ses grands défis », rassemble quelques repères en vue d’une exploratoire « archéologie de la littérature créole » et il est paru sur plusieurs sites :

1–Fondas kreyòl (Martinique : https://fondaskreyol.org/article/festival-entenasyonal-literati-kreyol-edition-2023-au-rendez-vous-ses-grands-defis)

2–Rezonòdwès (États-Unis : https://rezonodwes.com/?p=324127)

3–Médiapart (France : https://blogs.mediapart.fr/robert-berrouet-oriol/blog/251123/festival-international-de-litterature-creole)

4–Madinin’Art (Martinique : https://www.madinin-art.net/le-festival-entenasyonal-literati-kreyol-edition-2023-au-rendez-vous-de-ses-grands-defis/)

 

La présente synthèse, datée du 28 novembre 2023, consigne un rappel de quelques repères destinés à contribuer à une exploratoire « archéologie de la littérature créole ».

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L’éphéméride du 24 novembre

Parution de « L’origine des espèces » de Charles Darwin  le 24 novembre 1859

L’Origine des espèces (anglais : On the Origin of Species) est un ouvrage scientifique de Charles Darwin, publié le 24 novembre 1859 pour sa première édition anglaise sous le titre L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie.. Cet ouvrage est considéré comme le texte fondateur de la théorie de l’évolution. Dans ce livre, Darwin présente la théorie scientifique de l’évolution des espèces vivantes à partir d’autres espèces généralement éteintes, au moyen de la sélection naturelle. Darwin avance un ensemble de preuves montrant que les espèces n’ont pas été créées indépendamment et ne sont pas immuables.

Diverses idées de la théorie de l’évolution avaient déjà été proposées pour expliquer les nouvelles découvertes en biologie. Il y avait un soutien croissant à de telles idées parmi les dissidents anatomistes et le grand public, mais au cours de la première moitié du XIXe siècle l’establishment scientifique anglais était étroitement lié à l’Église d’Angleterre. La science faisait partie de la théologie naturelle et n’était alors pas indépendante des dogmes chrétiens.

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Le créole dans l’enseignement supérieur en Haïti : les pionniers, les publications-phare, les laboratoires de recherche

Entrevue avec le linguiste Moles Paul

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La créolistique, domaine des sciences du langage dédié à l’étude et à la description des créoles, est déjà vieille de plusieurs décennies. Ainsi, « Dans les années 1930, des linguistes tels que Schuchardt, Jespersen et Hjelmslev et des généralistes (« social scientists ») comme Herskovits et Reinecke proposent des définitions scientifiques des termes pidgin et créole. Une littérature créolistique commence ainsi à se constituer sur la question de la genèse des créoles de la zone Caraïbe ; un modèle génétique est élaboré et baptisé le « modèle du cycle de vie (« life-cycle model », Bloomfield, 1933, p. 474 ; Hall, 1962). « Les linguistes considèrent maintenant les pidgins et les créoles comme deux phases, voire simplement deux aspects d’un seul et même processus linguistique » [DeCamp, 1971, p. 13]. L’auteur précise que (…) lors de la première conférence sur les langues créoles qui s’est tenue en 1959 à la Jamaïque, les études sur les pidgins et les créoles ont été mises en évidence comme une discipline à part entière : « On peut dater la naissance du champ d’étude pidgin-créole à cet après-midi d’avril à la Jamaïque où Jack Berry a tout à coup remarqué : “Nous parlons tous de la même chose” » (Logambal Souprayen-Cavery et Jacky Simonin : « Continuum linguistique », paru dans « Sociolinguistique du contact – Dictionnaire des termes et concepts », Lyon : ENS Éditions, 2013).

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L’éphéméride du 7 novembre

Début du procès à grand spectacle de Landru le 7 novembre 1921

Henri Désiré Landru, né le 12 avril 1869 à Paris (19e arrondissement) et mort le 25 février 1922 à Versailles, est un célèbre tueur en série et criminel français. Il fut surnommé « le Barbe-Bleue de Gambais ».

Biographie
Origines
Henri Désiré Landru est issu d’une famille modeste. Il est né en 1869, au 41 rue de Puebla (aujourd’hui avenue Simon-Bolivar) dans le quartier de Belleville à Paris et est le fils cadet de Julien Alexandre Silvain Landru, 34 ans, chauffeur aux Forges Vulcain (qui se suicida au Bois de Boulogne le 28 août 1912), et de Flore Henriquel, 34 ans, couturière et blanchisseuse à domicile (décédée en 1910). Le couple avait déjà une fille, Florentine Marguerite Landru (née en 1854). La famille est établie à Paris, rue du Cloître-Notre-Dame, où Landru a passé l’essentiel de son enfance heureuse.

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Quels enjeux et défis pour la Guadeloupe et la Martinique ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La géopolitique et l’anthropologie ont, comme tout le monde le sait ou suppose, des conséquences politiques,  économiques, pour les Antilles,  et qui même pour les experts de Bercy restent difficiles à évaluer.

Multipolaire il y a peu, notre environnement est désormais bipolaire, à savoir Sud contre Nord.
De l’invasion ukrainienne à la guerre Israëlo- palestinienne, et la montée des périls entre les États-Unis et la Chine sur la question de Taïwan, en passant par la crise migratoire de l’Europe : les enjeux géopolitiques sont majeurs actuellement.

Les tensions géopolitiques sont en train de s’installer dans la durée et déboucheront vraisemblablement sur une redistribution globale des cartes de l’économie mondiale. Quels seront les nouveaux rapports de force et nouvelles lignes de fractures qui en seront issus ? Va-t-on déboucher sur un nouvel ordre économique mondial avec un déclin de l’occident et un avantage comparatif économiquement parlant des pays du Sud global, ou simplement faire évoluer l’existant ? Quels seront les perdants et les gagnants du nouvel épisode historique de la cinquième révolution industrielle et technologique de l’intelligence artificielle  ?

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L’étonnante composante historique neuro- psychogénéalogique de la Guadeloupe !

— Par JeanMarie Nol, économiste —

Et si nos ancêtres tels Delgres, Ignace, solitude et leurs compagnons continuaient d’exister à travers nous sans que nous en ayons conscience comme le dénote la fameuse proclamation du Colonel Delgres du 10 mai 1802 :

« La résistance à l’oppression est un droit naturel.

À l’univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir.

Et toi, postérité, accorde une larme à nos malheurs, et nous mourrons satisfaits ! «

Le psychanalyste Sigmund Freud a dit “ on ne comprendra jamais la personne si on ne va pas voir dans le passé de ces personnes.”

Rien de surnaturel là-dedans et c’est ce que tente d’expliquer l’étude de la psychogénéalogie.

Ainsi dans nos cellules, il y a la mémoire de nos aïeux. C’est ce que l’on appelle l’épigénétique. C’est connu et c’est prouvé par la neuro-psychologie. Cela a émergé avec l’école de Palo Alto en Californie dans les années 1970. De là , est parti par la lecture d’un livre sur la psychogénéalogie, notre désir d’élargir le débat en établissant une corrélation d’ordre neuronale avec l’histoire de la Guadeloupe.

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De quelle langue parle la «  lodyans » littéraire haïtienne  ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La « lodyans » littéraire haïtienne parle-t-elle la langue de l’« audiencier », de l’« audienceur », du « lodyansè » ou du « mèt « lodyansè »  ? (Notes pour une recherche lexicographique)

En hommage au « lodyanseur » Georges Anglade, à Pradel Pompilus, le pionnier de la lexicographie créole et à Albert Valdman, le défricheur-forgeur de la lexicographie créole contemporaine.

Paru en Haïti dans Le National du 16 mai 2023, l’article de Schultz Laurent Junior, « La Fondation Maurice Sixto honore la mémoire de l’illustre « audiencier » Maurice Sixto », suscite l’intérêt en raison de ses qualités rédactionnelles : clarté d’un propos bien ciblé, texte concis qui va à l’essentiel, style direct et vocabulaire approprié. Le lecteur est ainsi informé que « La Fondation Maurice Sixto, en collaboration avec l’Institut français en Haïti et l’ambassade du Canada (…), présente « J’ai vengé la race », l’une des œuvres magistrales de Maurice Sixto [dans] une mise en scène de Johnny Zéphirin, « J’ai vengé la race » [et qui] sera jouée par Cyndy Pierre-Louis.

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Philippe Sollers, romancier, critique, essayiste, est mort

Philippe Sollers est un écrivain français né le 28 novembre 1936 à Talence (Gironde) et mort le 5 mai 2023, à Paris.

Après des débuts littéraires salués par François Mauriac et Louis Aragon, Philippe Sollers anime de 1960 à 1982 la revue d’avant-garde Tel Quel, dans laquelle sont publiés des intellectuels et écrivains français tels que Roland Barthes ou Marcelin Pleynet. Auteur de textes critiques et de littérature expérimentale dans les années 1970, il publie également des ouvrages romanesques à compter de Femmes, dans les années 1980. Il dirige depuis 1983 la revue et la collection L’Infini aux éditions Gallimard.

Il se marie en 1967, avec la philosophe et psychanalyste Julia Kristeva.

Biographie
Famille, jeunesse et formation

Philippe Sollers enfant à Bordeaux, dans le parc de la propriété familiale en 1937, avec sa mère et sa sœur Annie.
De son vrai nom Philippe Joyaux, il naît à Talence d’Octave Joyaux et de Marcelle Molinié. Sa famille dirige la société Joyaux Frères, la ferblanterie Recalt qui produit du matériel de cuisine, de construction métallique, des machines-outils pour la SNCASO sous l’occupation allemande.

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« Je suis bizare », texte et m.e.s. d’Astrid Bayiha

Mardi 28 mars à 19h – Salle Mobile (Saint-Esprit)

Au temps de l’enfance, comment échapper à la solitude et affirmer sa différence avec une identité qui questionne ? Enfant hermaphrodite, Alix est en quête de liberté et de rencontre avec l’autre. En quête de soi. Mais lorsque notre corps offre différentes réponses, différents choix, comment savoir qui l’on est vraiment ? Les clés ne sont pas toujours visibles, mais peut-être sont-elles du côté de l’invisible. Et puis, il y a la Lune qui veille… D’ailleurs, c’est aussi un peu l’histoire de Cheik, Lucie et Kenji, d’autres enfants singuliers. Ou encore du père d’Alix et de Gertrude, deux adultes qu’Alix aidera à grandir. Je suis Bizarre d’Astrid Bayiha est une histoire de croisements et d’intersection. Croisements de mondes, croisements de vies et d’histoires, croisements de genres, à travers le parcours initiatique d’un(e) enfant.

Note d’intention :
Aujourd’hui et depuis toujours, des enfants peuvent naître en étant morphologiquement mâle et femelle. Alternativement ou simultanément. Ils peuvent aussi naître en n’étant ni l’un ni l’autre. Ils ne sont pas des monstres, mais des êtres humains qui ont malheureusement souvent du mal à trouver une juste place dans notre monde.

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