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Les Vérificateurs de l’Insolite 

— Par Dégé —

Bien sûr nous savons tous ce qu’est l’Insolite. Vérifions-le dans le cadre déjà bien connu du Créole art Café à Saint-Pierre puisqu’on y déjeune au milieu d’objets hétéroclites anciens comme une table gynécologique, des menus cadeaux de dernière minute, des casseroles rétamées… Le concept « moderne » de cette mini galerie d’art rappelle nos magasins d’autrefois qui vendaient du pain, des fichus de madras, des coutelas, des boutons de culottes, des milans… 

L’insolite a-t-il un lien avec l’ancien, l’hétéroclite, le bazar, le baroque, l’inhabituel, l’étrange…What else ? En tout cas l’effet produit semble bien être la surprise, l’étonnement, le choc, le désarroi, le dérangeant…quoi d’autre ? 

Suivons le guide du PABE. Dès le rez-de-chaussée, la scénographie (*1) nous conforte avec le Crapaud surfeur*(4) ou les Lèvres*(6) : la surprise est là, on sourit, on rit même car l’Insolite et le rire sont proches dans le décalage produit par l’inattendu positif. Mais nous sommes décontenancés par la Pietà et le cartel qui accompagne les magnifiques polyptyques (*1) : il s’agit de mort ! La photographe nous propose-t-elle ici paradoxalement un chemin de vie, un cycle de création allant du figuratif le plus achevé à l’abstrait aléatoire en passant par l’imaginaire arbitraire ? 

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Les desseins d’un équilibriste

Exposition collective du 19 mai au 30 août 2022 au Créole Arts Café

Par Dégé —

Elle est décidément prolixe et variée la petite galerie « Créole Arts Café » en face de la poste de Saint-Pierre. Cette fois TRIPLE REGARD* expose, de retour sur sa terre natale, Ghislaine Marceau au pinceau traditionnel (la senne) ; Jehann Pognon connue pour son expression artistique contemporaine (l’oiseau au croton) ; et c’est l’étrange forme colorée de l’affiche, œuvre de Sylviane Fédronic, qui retiendra notre attention.

Est-ce un Envol ou un Plongeon ? D’un extra-terrestre ou d’un arlequin ? Un body painting ? Un écorché résilient ? L’image radiologique des humeurs d’un funambule fort émotif…

De fait, l’artiste intitule son tableau « Sur un fil ». C’est bien cela : toujours entre la vie et la mort, la Joie et le désespoir, un être à la recherche de son équilibre, de son chemin, sa voie, sa voix… Épreuve longue, douloureuse qui s’exprime aussi, avec une palette comparable (pourtant plus sage et structurée), dans un arbre généalogico-philosophique « La Part du Colibri ».

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« Expériences de femmes »: Visite guidée… ou presque!

—  Par Dégé —

Entrer au Créole Arts Café, face à la poste de Saint-Pierre, c’est déjà entrer dans une œuvre d’art en soi : il ne s’agit pas d’un fac-simile à la Walt Disney. Rien de plastique. Les lourds pavés patinés par le temps ont réellement subi les colères du volcan, les diverses fortunes de ses habitants…Juliette Kind, son actuelle et dynamique propriétaire, a su garder avec bonheur, sur les murs et les poutres, les cicatrices d’un passé authentique. Outre de quoi se désaltérer ou se restaurer, choisir un petit cadeau souvenir, elle y accueille les expositions des artistes locaux.

Entrer dans EXPERIENCES de FEMMES c’est aussi rentrer dans l’authentique, la sincérité de la pensée. A commencer par la grotte de rideaux rouge, symbole d’un utérus, où de jeunes créatrices d’art contemporain Jehan Pognon et Betty Garçault, laissent entendre le cri étouffé du ventre des femmes. Il faut prendre le temps de lire les multiples billets évoquant avec pédagogie des réalités encore hélas à connaître…Puis en sortant de l’organe : plein soleil ! Une armée d’Amazones en tôle découpée envahissent de leur variété multicolore et militante une petite cour profonde et étroite.

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« Noire », jouer l’émotion pour comprendre.

Vendredi 13 & samedi 14 septembre  à 19 h 30 au T.A.C.

— Par Dégé —

Il faut jouer le jeu : inspirer profondément comme nous y invite le personnage principal, et devenir noir. Or même si on l’est, ce n’est pas facile. Noire avec un E. Pas n’importe quelle femme noire : le racisme a ses variances (Nègres ne traduit pas « Negroes »). Une femme noire des années 50 en Alabama. Et ce n’est pas si facile même si on connaît l’histoire de Martin Luther King, Malcom X, tout ça…Il faut accepter de revoir ces documents toujours surprenants, inconsciemment actuels : « No black no mexicans no dogs », « White only » dans les bars, les toilettes, les magasins…ces étranges fruits pendus aux arbres. Essayer de penser l’incroyable. La haine l’hostilité l’ignorance la stupidité meurtrières. La peur toujours. L’inhumanité sans limite.

Entrer dans la peau d’unE noirE sinon… on va…s’ennuyer !?! L’esclavage, les génocides, l’exploitation des hommes…tout ça on le sait ! Non.

C’est pourquoi il faut entrer dans la peau de Claudette Colvin et comprendre l’insupportable de sa vie devenue vôtre à travers l’anecdote rabâchée du geste de Rosa Park refusant de céder sa place de bus à un(e) blanc(he).

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Retours sur le Cahier.

— Par Dégé —

Le Théâtre de poche Du Flamboyant*, à la fois chaleureux et inconfortable pour le public, offre souvent une programmation intéressante. Disons-le nettement la proposition du Cahier d’un retour au Pays natal joué et mis en scène par Colette Césaire, célébrant ainsi l’hommage anniversaire au poète-guide, surprend et renouvelle les offres antérieures.

 En effet, par préjugé identitaire, on imagine instinctivement la voix de la révolte, virile, magnifiquement…martiale. Qu’elle soit douce, voire suave, c’est-à-dire « féminine », est impensable, impensée, improbable du moins tant qu’on n’a pas entendu Colette Césaire.

Ce défi, elle l’a longuement muri. Elle a une maîtrise impressionnante de ce texte immense dont nous connaissons tous par coeur de courts passages. Seule sur scène, elle murmure presque ce qui est habituellement une révolte trop hurlée. Et par contraste se détache dans toute sa force le cri césairien. La beauté nue de ce poème. Son verbe, son arme miraculeuse. Comme si le premier plan d’un tableau devenait secondaire, mettant en relief la grandeur du décor, l’essentiel.

La comédienne danse, elle chante, elle rythme de ses pieds la scène et le texte.

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Décrochage le 10 novembre, vite!


— Par Dégé —

Le tout premier travail collectif du PABE était un petit carré vert 20x20cm. On aurait pu croire à une quinzaine monotone de carrés…verts. Car vert c’est vert, croit-on (comme d’aucuns croient que noir c’est noir). Eh bien, non. A la première exposition, déjà mémorable, du groupe au Jardin des Papillons du Carbet, ces tableaux accrochés aux arbres parmi d’autres productions étaient tous très différents, seuls les initiés pouvaient reconnaître la contrainte.

De même, sur le thème plus recherché du Sac, à l’Atrium « Galerie André Arsenec », pas une seule œuvre ne répétait une autre : toutes singulières, sensibles et réfléchies reconnaissait, satisfait, un public devenu fidèle et nombreux. Chacun(e) pouvait y retrouver l’essence de son sac.

Cette fois (à la Véranda jusqu’au 10 novembre seulement, faites vite !) les membres du PABE et leurs invités, Hervé Beuze, David Né, Marie Gauthier, Fabienne Cabord, Iskias, nous proposent leurs variations personnelles sur le thème de l’île : Tribulations archipéliques.

Cette fois encore, on retrouve les caractéristiques de sincérité, d’authenticité, de naïveté assumée, d’audace… qui font la marque de ce groupe.

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Des petites et une Grande Histoire(s).

Le Jazz à trois doigts, texte et m.e.s. Luca Franceschi

Par Dégé

La pluie est rédhibitoire. Sinon on peut mesurer le succès d’une pièce au nombre de groupes de spectateurs restant discuter devant le Théâtre Aimé Césaire et à la durée de leurs échanges. Ce soir là, 16 novembre, le public a été bon : la salle a risqué quelques applaudissements, s’est autorisée à rire, a répondu aux demandes d’interactivité, et a remercié intensément au salut final des acteurs.

Dehors des sourires de satisfaction mais les commentaires sont sans vigueur : difficile d’expliquer le plaisir. Or les rationalistes ont du mal à justifier leur acrimonie « Où est le Jazz là dedans ? ». Au delà de l’ennui exprimé, Ils semblent même prêts à se laisser convaincre du contraire.

Le Jazz à trois doigts est un spectacle qui rend heureux. On n’en sort pas indigné, prêt à combattre pour ou contre, bouleversé du miroir tendu…Non simplement heureux. Pas exalté. Heureux au point d’apprendre l’hospitalisation d’un ami sans être révolté : on sait qu’on ira lui soutenir le moral. Heureux au point où, à la sortie du spectacle, ayant assisté impuissant de loin à l’attaque d’une vielle dame par un malabar voulant la dépouiller de son sac, on reste heureux.

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Un OVNI théâtral : « Mur Mur » de Nicolas Dewynter.

— Par Dégé —
Compagnie Du Oui. Avignon 2017

On sort de là assommé. On a besoin d’en parler. Par petits groupes sur le trottoir… Les gens échangent volontiers à Avignon. Dans les files d’attente trop longues, chacun interroge ou conseille sur ses coups de cœur. Mais pour Mur Mur, il faut prendre une pause avant de courir vers un autre spectacle. Se remettre, essayer de comprendre.
C’est une pièce particulière, à part. D’une violence inouïe. Sur le fond comme sur la forme. C’est bien du théâtre mais sans dialogue, sans monologue. Des phrases de temps en temps. échappées des coulisses ou d’un discours simulé.Ce n’est pas du mime non plus car il n’y a pas de silences. Beaucoup de bruits, d’onomatopées,de musiques hurlantes. Les gestes, les déplacements sans élégance ni souplesse sont saccadésheurtés, mécaniques.Ce n’est ni une comédie ni un drame ni une tragi-comédie et en même temps c’est tout cela.Nicolas Dewynter, l’auteur, « le compositeur de la pièce », la qualifie de «tragédie clownesque ». Il y a des rires, des larmes, des caresses, un jeu, des jeux, de la maltraitance, un mariage, de la peur, de l’amour, des cris de toutes sortes, de la danse…la mort.

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« Les assoiffés » de Wajdi Mouawad.

— par Dégé —
Cie québécoise Le bruit de la rouille. OFF Avignon 2017.

Au Canada. Un anthropologue judiciaire, chargé d’identifier un couple d’inconnus repêché quinze ans après sa disparition, découvre qu’il s’agit de proches. Mais son enquête le mène à la découverte de lui-même. Loin d’être morbide, cette pièce qui analyse les causes du désespoir des jeunes propose des antidotes au suicide qui menace tant nos adolescents. « Les Assoiffés » s’adresse aux parents, aux éducateurs, aux enseignants… aux jeunes révoltés également ! En finir avec la vie n’est pas la solution.
L’auteur, Wajdi Mouawad , attire l’attention sur un suicide moins spectaculaire qu’une pendaison, une noyade ou une ouverture des veines : un suicide intérieur. Invisible. Celui qui fait que l’on continue à vivre normalement en apparence. On rit, on chante, on reste bon élève, on devient quelqu’un, respecté, bien inséré dans la société. Par exemple, anthropologue judiciaire. Mais à l’intérieur, au fond de soi, on est mort.Combien parmi nos adolescents, nos très jeunes enfants mêmes, combien parmi nous, adultes, combien de zombies ? Sages, dociles, sans histoires parce que sans vie.

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« Livret de famille » au théâtre Essaïon

— par Dégé —

C’est parfait, une pièce parfaite, comme on les attend pour se distraire.

Un décor parfait de Olivier Hébert : une mansarde à deux fenêtres donnant sur un toit en zinc où l’on aimerait méditer. Un texte parfait de Eric Rouquette qui signe aussi la mise en scène, tout aussi irréprochable…Des acteurs parfaits : Christophe de Mareuil et Guillaume Destrem, dans une vraie complicité fraternelle et professionnelle. Un thème innovant celui d’Oedipe mais inversé : Qui à un moment ou un autre ne souhaite, n’a souhaité ou ne souhaitera tuer sa mère ?

Marc est un écrivain raté, un homme à la vie ratée non parce qu’elle lui aurait échappé car il prétend la diriger. Avec cet objectif : réussir ses échecs. Quoi alors de supérieur à un matricide ? A moins que sous son aspect bourru…?

Son plus jeune frère, lui, à toutes les apparences de la réussite sociale : cadre compétitif, père de famille modèle, mari aimant toujours sa femme qui l’a préféré à son aîné…serait-ce l’origine de la tension entre les deux frères ? Les ambiguïtés sont nombreuses dans leur relation et objet de nombreux rebondissements dans la pièce.

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4 Voix pour 1 Fin

— par Dégé —

Il est loin le temps ou des mouvements black révolutionnaires faisaient défiler « Femme nue » sur les images d’une main noire caressant le corps d’une femme blanche dénonçant ainsi l’hypocrisie senghorienne.
Ce poème autrefois encensé autant que décrié est devenu emblématique au point d’illustrer la clôture du Festival d’Avignon 2017. Le visage de Léopold Sédar SENGHOR immense sur la façade immense de la cour d’honneur du Palais des Papes…
Désormais pour ce public acquis au « Tous ensemble », le phénotype n’est plus discriminant, aussi a-t-il pu apprécier de découvrir, ou retrouver avec plaisir, la belle et chaude voix de ISAAC DE BANCOLE. Son phrasé et son rythme car la reconnaissance des poèmes n’était pas évidente. « Élégie pour la reine de Saba », « Prière » en partage avec A. KIDJO fut marquant, de même que le duo avec le jeune slameur, MHD, qui avait ses fans dans les gradins. Le guitariste Dominic JAMES, excellent, mais on peut regretté qu’une vraie kora n’ait représenté la sonorité naturelle de l’Afrique.
La mise en scène, plus que sobre et minimaliste, de Frédéric Maragnani donne bien l’impression de l’ensemble du spectacle.

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« L’Âge libre » par la Compagnie Avant l’Aube

— Par Dégé —

Un ring aux cordes de Leds rouges. C’est donc que pour elles, l’amour c’est un combat. Et elles en ont du punch ces quatre filles dont une violoncelliste qui ajoute un peu de romantisme à toutes ces historiettes, ces « fragments amoureux » qu’elles nous rapportent en pleine énergie et fraîcheur et sincérité. Parfois en dansant, parfois en chantant, en déclamant, toujours avec humour. Même lorsqu’elles abordent le douloureux tableau des « PLEURS » où elles accompagnent leurs sanglots simulés de force oignons puants . Le public, sollicité , déconcerté au début sort d’autant plus heureux qu’il a pu participer aux rengaines et apprécier cet air de liberté insufflé par les années Barthes et qui ne se mêle plus de censurer sexe, genres…Au théâtre des Barriques on peut également voir dans les mêmes thématiques, par la compagnie Avant l’aube, Boys don’t cry », un peu plus hard, ou encore « Ground zéro « , plus inspiré par A . Ernaut et tout aussi « révolutionnaire « .

Par DEGE

*****

FESTIVAL D’AVIGNON 2017 – THEATRE DES BARRIQUES
TRIPTYQUE FEMININ – MASCULIN
L’AGE LIBRE -> 18h10 Jours Pairs
GROUND ZERO -> 18h10 Jours Impairs
BOYS DONT CRY -> 21h45

 

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« L’hiver quatre chiens mordent mes pieds et mes mains »

— Par Dégé —

de Philippe Dorin,
au Grenier à Sel. Festival d’Avignon 2017, le OFF.

C’est un peu lent au début mais c’est poétique. Ça s’alourdit quand le sens apparaît et se fixe. Mais dans l’ensemble, et finalement, le poétique triomphe. Grâce aux décors, grâce à la mise en scène de Bertrand Fournier.
Un chemin de lattes de bois sur lequel dort un SDF délimite l’espace et s’enfonce dans l’obscurité des coulisses forestières. En sortiront peu à
peu divers objets bricolés (tabourets, tables, guitare, cheval) qui habiteront la scène autant que toute une série de vaisselle imaginée, de victuailles invisibles…Quatre panneaux gris lavis, aux motifs à peine esquissés, créés une attente : deux, à notre surprise, sont défoncés par l’homme aux premières minutes, on attend le tour des deux restantes. Une seule se transformera en piste à glissades, puis en podium pour chanteur de Rock (notre héros prolétaire). Quid du quatrième panneau ? Rien. Car la pièce est, sinon déjantée, insolite.
L’autre protagoniste, emmitouflée de blancs vêtements chauds et de plastiques en lambeaux, accepte dès leur première rencontre d’épouser l’homme sans domicile et sans travail.

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Quêtes et perplexités du rire : Toni et Ines Erdmann.

A Madiana en VO lundi 17 octobre 2016 à 19h30

toni_erdman-2— Par Dégé —

Le problème avec Toni Erdmann* est que ce film est vendu comme drôle, audacieux… Comédie, certes dramatique, mais « hilarante, inouïe, burlesque… ».

Il est vrai qu’à certains passages délirants on rit bien ; que souvent on sourit. Mais à vrai dire (question d’humour culturel ou question de réceptivité du public du jour ou question de fatigue personnelle…?) c’est au mieux un film ennuyeux, au pire un film angoissant. Ou l’inverse ?

Ce qui est sûr c’est qu’il questionne.

Sur sa longueur d’abord : 2h 42 minutes ! ? Pour exprimer le temps par un temps qui dure ? Une sorte de cinéma vérité ? qui voudrait prendre le temps de tout dire de la réalité des sentiments, de la société… ?

Discutable. Par exemple, la longueur de la scène, drôle au départ, où l’immense yéti bulgare se déplace dans un parc en faisant à peine réagir les promeneurs, est tout sauf réaliste même si elle se termine logiquement par le quasi étouffement de la « bête » !

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– Hedda Gabler ? – Pari très risqué, pari réussi!

—  Par Dégé —

dege__hedda_gablerIl faut être fou pour s’attaquer à la mise en scène d’un chef d’œuvre ! Encore plus à celui là et surtout si on n’est qu’une petite troupe d’amateurs. Mais cela tombe bien car Hedda Gabler traite aussi de la folie.

De l’hystérie (féminine ou masculine), en passant par la lutte des classes, la quête de l’amour, l’infanticide, le suicide, les problématiques de l’art et de la recherche, l’émancipation des femmes, etc. Les thèmes abordés dans cette pièce majeure du 19ème siècle, par le dramaturge norvégien, H. Ibsen, sont à la fois innombrables et contemporains.

Le pari de monter une telle pièce est toujours risqué donc et les plus grands y ont renoncé.

Alors, que la petite troupe amateurs de l’ADAPACS, au 21ème siècle, au milieu de la Caraïbe, en pleine moiteur de la saison des pluies, produise ce drame venu des âmes et des contrées glacées, c’était une impossible gageure !

Et pourtant ce fut une agréable représentation théâtrale, à la fois pleine d’humour, de maladresses, de fraîcheurs, de surprises, de petits couacs, de moments forts, de lenteurs involontaires…Un hétéroclisme caractéristique du théâtre-amateurs.

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Wanted : Gilbert Pago

17 mai 19h à la médiathèque du Saint-Esprit

rpl_pago-400— Par DéGé —

Rencontre pour le Lendemain clôture*, en force, sa saison « Carte Blanche à », avec GILBERT PAGO.

Professeur agrégé, historien spécialiste de la Martinique, de la Caraïbe, des Amériques, conférencier, ex-enseignant, anticolonialiste et féministe convaincu, politique militant… On sait tout cela.

Mais le connaît-on ? Connaît-on l’homme ? Lançons nous à sa recherche.

Pour moi, sa voix éraillée de fumeur en fait un fabuleux conteur. Conteur non pas de fables qui nous projetteraient dans un Merveilleux, imaginaire ou philosophique ; ou dans une fable thérapeutique sensée nous apporter résilience. Non.

Plutôt un narrateur critique, rigoureux d’une histoire qui déterre les événements étouffés, détournés, dénaturés…; qui exhume les obscurs, ceux dont l’existence continuaient à être niée au-delà de leur vie, les « ceux qui n’ont pas de voix »…

Il rétablit des vérités cachées, réhabilite la justice pour les opprimés, les victimes, les faibles, les oubliés.

Pago n’édulcore pas, il est dans le réel : la réalité d’un passé fondateur d’une réalité présente, agenda est.

Parmi d’autres, G. PAGO a rendu ainsi aux Martiniquais, aux Antillais une reconnaissance d’eux-mêmes, un désir d’eux-mêmes, et à l’image des Afro Américains, une fierté d’eux-mêmes.

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Merci pour ces moments

— Par Dégé —

moments_madrasIl ne pouvait pas exposer mieux ailleurs que dans ce lieu là : Le Vin l’Art et Vous,* derrière chez Azurel, au rond point Canal Cocotte de Ducos ! Un concept de magasin un peu nouveau mais qui nous rappelle un peu nos boutiques d’autrefois où l’on trouvait pain, pacotilles, casseroles, beurre en conserve, boutons de culottes, statues de la vierge, tableau de cerfs bramant dans les forêts de la lointaine Europe…Des nourritures terrestres, esthétiques et autres. Mais là, l’innovation est sobre, si j’ose dire : une galerie d’Art dans une cave à vins.

C’est donc au milieu des caisses de champagne, de rhum, de cidre, d’alcools divers qu’expose ISKIAS*. Il aligne le long des murs des dizaines de petits tableaux joyeux, plein d’humour, de fraîcheur, très colorés, fourmillant souvent de personnages, d’animaux, de détails…pittoresques ! C’est un vrai peintre, à la technique confirmée, à la manière et la thématique un peu vieillotte dans l’âme mais au charme fou. « Encore un petit Pinchon ? » On a envie, en contemplant les toiles, de trinquer avec ses bouteilles de Rhum perchée sur un guéridon de guingois… chaleur accablante, parasol…on rassasie sa soif.

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Hippocrate*, petit film grands effets !

— Par Dégé —

hippocrateIl y a des films comiques dont les causes de notre rire s’évanouissent dès que l’on a quitté la salle de projection. Des films grandiloquents ou grandioses dont très vite on ne sait plus quel était le message. Des films aussi spectaculaires qu’éphémères…

Il y a des petits films français plein de finesse et d’humour qui sont un vrai régal. On en sourit longtemps encore après les avoir vus et on sait pourquoi.

Tels ceux de la cuvée 2014 comme Les Combattants de Thomas Cailley ou encore Hippocrate de Thomas Lilt. Ce sont des films à petit budget mais dont la bande sonore est audible…Heureusement car les dialogues, sans être révolutionnaires, mêmes si le sujet est dramatique sont souvent savoureux.

Hippocrate qui repasse actuellement sur nos petits écrans est à revoir. Classé comme film dramatique, il est cependant drôle et le sourire qu’il nous laisse s’appuie sur le nombre et la gravité des réflexions dont il fourmille.

L’histoire est pourtant simple : un jeune interne, en même temps qu’il enfile la blouse «aux taches propres » (sic), trop grande pour lui que lui fournit la lingerie de l’hôpital, endosse la terrible réalité du métier qu’il a choisi.

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Snow therapy, justement récompensé à Cannes.

*A Madiana Vendredi. 24 avril 15 à 19h30.

snow_therapy-3 —Par Dégé—

D’abord un happy end où le héros Tomas réussit enfin à recoller les morceaux de son manteau de héros en sauvant, cette fois, sa femme dans une tempête de neige où il a aventuré sciemment toute sa petite famille. Tout se passe dans un écran de blancheur purifiante et confuse.

Ensuite comme une excroissance qui aurait inexplicablement échappé au montage, un nouvel épilogue. Le panorama vaste, précis, en pleine lumière, laisse voir une vallée vertigineusement profonde où serpente une route en apique sur laquelle un conducteur d’autobus inexpérimenté peine à ne pas basculer dans le vide. Ebba, la femme de Tomas, lâche à son tour, tremble, veut sortir. Tant la peur est contagieuse, les autres passagers descendent et tous vont rentrer à pied. Sauf une personne. (Peu précautionneuse, seule, reste dans le car une jeune femme qui, ayant laissé en Suède ses devoirs familiaux, a passé chaque jour de sa semaine de vacances avec un homme de son choix. Liberté. Ressourcement. Elle prend tous les risques qu’une vie sans peur et sans reproche lui offre.)

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L’exercice des pouvoirs en Martinique : corruption, procrastination, favoritisme, népotisme, passe-droits… Enquête urgente !?

— Par Dégé—

 corruptAdministratifs, avocats, élus, entrepreneurs, enseignants, médecins, notaires… mais aussi gens de services non publics, comment fonctionnent nos îles ? Sinon « vertueusement », de quel ordre sont les blocages, les freins, les imperfections ?

 Il ne s’agit pas ici de faire une enquête tendant à démontrer « Tous pourris », mais de voir comment le phénomène de l’île permet d’amplifier, d’accuser, d’occulter, de moduler ces maladies sociétales. Donc de diagnostiquer pour amender.

 A l’heure où « l’insularité », pas seulement dans les milieux artistiques, est à la mode à Paris comme aux Antilles françaises pourquoi ne pas se poser la question de la corruption, par exemple, dans nos départements-régions ? A l’heure où le Pape dénonce : « la société corrompue pue », ne sommes-nous pas tous « napolitains » ? Ne regardons pas son doigt mais les mafias qui peuvent nous gangréner.

 En 2013, la France, 9ème en Europe, s’est classée 22ème sur 177 pays. Quand l’ONG Transparency établit ainsi l’indice de la perception de la corruption dans le secteur public inclut-elle les Outremers ?

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Drôle de genre ou Le dieu masqué

par DÉGÉ

Andromède Tamara de Lempicka Intéressant pour le moins L’Esclave de Michel Herland par ses thématiques et sa construction : d’un chapitre à l’autre l’auteur nous propulse d’un  narrateur à l’autre, d’un siècle à l’autre. De 2009 à 2114. Roman de science fiction donc ? Pas vraiment car nul futurisme dans les descriptions, les dialogues, les idées… Bien au contraire. Est-ce parce que, l’Asie ayant pompé toutes ses richesses, l’Europe à genoux est soumise aux Sarrazins ? L’ambiance est orientale et moyenâgeuse. Le calendrier grégorien étant remplacé par l’hégirien : en 2114 (1538), nous sommes au 16ème siècle ! Une régression dans le futur.

Au début on se dit : « Originaire du sud de la France, universitaire, M. Herland épouse les thèses du FN pour mieux les écraser… » Mais non. Fausse piste. Politique fiction oblige, les Musulmans ont triomphé. Après leur Reconquête, leur civilisation perdurera au-delà du XXIIème siècle. La prophétie lepéniste s’est réalisée.
Les Chrétiens, condamnés à l’artisanat (qu’il soit agricole, avec les corvées, politique, dans la votation à mains levées, religieux à travers des pratiques clandestines un tantinet dégradées voire réac., etc.), les Chrétiens donc, solidaires par nécessité, s’entredéchirent par nature.

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