Un témoin-clé de la mort de George Floyd ne veut pas être entendu au procès

Minneapolis (Etats-Unis) – Les jurés au procès du meurtre du quadragénaire noir américain George Floyd n’entendront pas, ou très peu, un témoin-clé du drame, qui se trouve en prison et invoque son droit à ne pas témoigner contre lui-même.

Détenu pour des faits distincts, Morries Hall a comparu mardi matin par lien vidéo devant le juge Peter Cahill, qui préside le procès du policier blanc Derek Chauvin, pour demander une dérogation qu’il a en partie obtenue.

« Il n’y a vraiment qu’un tout petit sujet qui pourrait être abordé« , a déclaré le magistrat, qui rendra une décision définitive ultérieurement. 

Derek Chauvin, 45 ans, est accusé d’avoir tué George Floyd le 25 mai à Minneapolis en maintenant son genou sur son cou pendant plus de neuf minutes, un drame qui a suscité un sursaut antiraciste historique aux Etats-Unis.  

Le policier plaide non coupable et assure que George Floyd est mort d’une overdose au fentanyl, un puissant opiacé de synthèse. 

A l’ouverture du procès, son avocat Eric Nelson a soutenu que George Floyd, installé dans une voiture avec deux amis, avait avalé deux pilules juste avant l’arrivée de la police. Morries Hall est l’une des personnes qui se trouvaient à bord. 

Or la petite amie de George Floyd a déclaré la semaine dernière à la barre que M. Hall avait vendu de la drogue au couple dans le passé.  

Eric Nelson a confirmé mardi qu’il aurait aimé demander à M. Hall s’il avait « fourni ou vendu des substances interdites » à George Floyd juste avant sa mort. 

Mais l’avocate de Morries Hall a souligné que cela exposerait ce dernier à des poursuites si la thèse de l’overdose était finalement retenue, et a invoqué le 5e amendement de la Constitution américaine qui autorise à ne pas témoigner contre soi-même. 

Le juge lui a donné raison et a décidé que si M. Hall était convoqué devant les jurés, il ne pourrait être interrogé que sur l’attitude de George Floyd avant sa mort, et sur rien d’autre. Avant de donner son feu vert sur ce point, il a demandé à Eric Nelson de mettre ses questions par écrit. 

Après ce débat de procédure, le procès a rouvert avec l’audition d’un policier de Minneapolis, Ker Yang, spécialiste de la réponse aux crises de santé mentale. 

La veille, le chef de la police de Minneapolis, Medaria Arradondo, avait estimé que Derek Chauvin avait « violé les règles » et « les valeurs » en vigueur dans ses services, en maintenant son genou aussi longtemps sur le cou de l’Afro-Américain.  

Le verdict des jurés dans ce procès hors norme n’est pas attendu avant la fin avril. 

Source : AFP / La Presse