Tu seras un homme – féministe – mon fils !

Le premier livre d’éducation non-sexiste à l’usage des garçons ! Depuis des décennies, on ne cesse de réfléchir sur le sens de la féminité, sur l’éducation de nos filles, que l’on veut voir fières et émancipées; on lutte à l’école, dans la rue, dans les familles, pour leur donner les mêmes chances qu’aux garçons. Mais on continue d’élever nos fils dans le même moule qu’avant, comme si on pouvait déconstruire le sexisme sans s’interroger sur la masculinité ! Grâce à des analyses d’experts, des témoignages et des informations pratiques, Aurélia Blanc décortique les stéréotypes et rassemble tous les outils pour aider les parents à élever leur garçon dans une société qui promeut l’égalité ! Toutes les astuces pour : Se déconditionner soi-même du « sexisme bienveillant » véhiculé par l’entourage et notre propre éducation En finir avec les injonctions : Un homme ça ne pleure pas, ça ne fait pas de sentiment, ça collectionne les conquêtes, ça fait passer son travail avant ses enfants.. L’armer face aux pressions sociétales : « c’est un truc de fille »… Lui apprendre le respect de soi et des autres : la question du consentement

Aurélia Blanc
Collection :
Education – Montessori
Parution :
10/10/2018

Aurélia Blanc : « Il y a plein de façons d’être un homme »

— Par Alexandre Fache —
Dans un livre paru en 2018, Aurélia Blanc, journaliste à Causette, propose un réjouissant manuel d’éducation antisexiste à destination des parents de petits garçons. Entretien.

Elle a rajouté un seul mot au poème de Rudyard Kipling et intitulé son livre : Tu seras un homme – féministe – mon fils ! (Marabout, 2018). Dans un texte plein d’humour, Aurélia Blanc, 34 ans, journaliste à Causette, décrypte les stéréotypes qui continuent de coller à la peau des « garçons » et avance des solutions pour sortir des injonctions à la virilité.

Vous décrivez un monde encore largement dominé par les stéréotypes, y compris de manière inconsciente. Quels sont-ils ?

Aurélia Blanc Ils sont bien connus, et très ancrés dans les imaginaires. On attend toujours aujourd’hui des petits garçons qu’ils soient, par rapport aux petites filles, plus costauds, plus colériques, qu’ils mangent plus, parlent moins, cèdent moins aux émotions, qu’ils soient plus turbulents, plus bagarreurs. Autant de clichés qui seront associés plus tard à la masculinité des hommes adultes : dureté, violence, domination, etc. Ces stéréotypes s’imposent à nous très vite, dès la maternité, dans les discours des proches, des professionnels de santé, à l’école, dans les dessins animés, la littérature jeunesse…

Les regards changent mais moins vite, selon vous, pour les garçons que pour les filles. Une fillette en costume de chevalier, passe encore. Mais un garçon en princesse, c’est toujours non…

Aurélia Blanc En effet. Même si, à l’âge adulte, ce sont les femmes qui vont subir en premier les effets pervers de cette éducation sexiste, à travers les violences notamment, il est sans doute plus difficile pour un jeune garçon de sortir du moule que la société a façonné pour lui. C’est le résultat d’une peur, teintée d’homophobie et de sexisme, qui interdit aux petits garçons de tendre vers autre chose que les attributs de la masculinité. Pourtant, si l’on prend ne serait-ce que le choix des couleurs, on constate que jusqu’au milieu du XXe siècle le bleu était plutôt synonyme de douceur et associé aux filles, alors que le rose a pu être associé à la force masculine, car dérivé du rouge. De même, jusqu’au début du XXe  siècle, petites filles et petits garçons étaient habillés en robe, avec des cheveux longs, jusqu’à l’âge de 5 ans. Idem pour les collants, ou la chaussure à talon, inventée pour les hommes. Ce qu’on considère comme féminin ou masculin fluctue beaucoup et n’est pas inscrit génétiquement pour l’éternité.

Venons-en aux conseils que vous prodiguez aux parents : le premier, c’est d’abord… de se regarder dans une glace.

Aurélia Blanc On pense toujours que les inégalités n’existent que chez les autres. Or même les couples les mieux intentionnés n’en sont pas exempts. C’est patent pour les tâches ménagères ou la place du travail dans la cellule familiale. Après une naissance, 89 % des femmes vont réduire leur temps de travail, pour seulement 7 % des hommes. Concernant les petits garçons, le point essentiel, c’est de s’attacher à ne pas dévaloriser ce qui est associé au féminin. En leur martelant que certaines activités sont réservées aux filles, on assoit une hiérarchie perverse, difficile à déconstruire. Il faut promouvoir au maximum des activités mixtes, pour sortir de la binarité fille/garçon. Et arrêter de tout voir sous le prisme de la séduction. Un petit garçon qui joue avec une petite fille n’est pas forcément un « tombeur ». Il peut juste vouloir jouer.

Comment mettre fin à l’impératif de virilité assigné aux garçons ?

Aurélia Blanc Il faut laisser nos petits garçons respirer. Pleurer s’ils en éprouvent le besoin. Il faut arrêter avec les « t’es un dur », qui sont les premières injonctions à la virilité. Il y a plein de façons d’être un homme. Montrons-leur d’autres modèles que celui du macho viril et bricoleur.

Vous interrogez aussi la « fabrique de la sexualité masculine », et notamment le porno…

Aurélia Blanc C’est une question très complexe. L’important, c’est de ne pas laisser le porno assumer cette part d’éducation. Il y a des ressources de qualité (sites, magazines, associations), utilisons-les. Et n’hésitons pas à parler du corps, à décrypter les mécanismes qui font trop souvent de celui de la femme un objet. Les parents peuvent aussi partir de l’actualité autour des violences sexuelles, pour aborder la question du consentement. Les réseaux sociaux peuvent aussi offrir des outils très utiles. Sur Instagram, par exemple, on voit fleurir de nombreux comptes progressistes, inclusifs, égalitaires, qui s’interrogent sur : qu’est-ce qu’une relation respectueuse ? Qu’est-ce que le consentement ? Le plaisir ? Tout cela n’existait pas il y a dix ans. Donner une éducation féministe à nos garçons ne se limite pas à les sensibiliser aux inégalités femmes-hommes. C’est aussi leur permettre de se libérer des injonctions viriles qui ne les rendent pas plus heureux. L’obligation de la performance, l’impossibilité de partager ses émotions, beaucoup d’hommes en souffrent. Sortir de ces schémas, c’est une libération.

Source : Lhumanite.fr
https://www.humanite.fr/aurelia-blanc-il-y-plein-de-facons-detre-un-homme-685824