TOMA : nouvelles missions pour un lieu ouvert à l’année

— Par Dominique Daeschler —

Forts d’une expérience de vingt ans d’accueil des créations ultramarines en Avignon, Marie Pierre Bousquet et Greg Germain, codirecteurs du Toma remettent le canevas sur le métier. Nul doute que les projets expérimentés ou abandonnés ici et là autour des cultures des Outremers n’aient nourri leur réflexion et conforté leur envie d’aller plus loin en partant des atouts De la Chapelle du Verbe incarné (situation et potentiel du bâtiment), d’un travail de dialogue constant avec la ville.
Une étude (bâtiment et missions) financée par le Toma, la ville d’Avignon, le Ministère de l’Outremer explore les possibles d’un projet culturel à l’année offrant une connaissance plus large des cultures ultramarines en tricotant à sa manière les liens entre diffusion-création-formation- pratiques artistiques – territoires et publics.
L’ambition est d’en faire un lieu-ressource qui puisse répondre par la transformation du bâti à la mise en œuvre du projet. Ainsi une maquette, prenant en compte les impératifs du monument, laisse entrevoir une deuxième salle de spectacles (répétitions, résidences de création), une bibliothèque-médiathèque qui, outre des ouvrages, permettra de consulter les archives collectées depuis 1998 sur les créations et les compagnies, des espaces pour conduire des ateliers (actions à l’année envers le jeune public et formation continue en lien avec l’ISTS) , un «studio » pour continuer à construire un  kit de communication (radio, toma-scoop, critiques, blog sur Médiapart…). Cerise sur le gâteau : le bâtiment fibré permet un lien fort avec le numérique. En abolissant la distance du virtuel au réel à travers un festival connecté, la transmission transforme les conditions de la réception et concerne un public élargi.
Voilà qui est bel et bon mais demande de l’argent et des partenariats. Alors ? Côté travaux la Ville offre le clos et le couvert et assurerait la charpente et le plancher du haut …Bien entendu les Ministères concernés seront sollicités – si la nécessité d’un projet cohérent pour la diffusion des acteurs culturels ultramarins est actée dans les têtes – l’heure est à la réflexion et chacun y va de ce qui peut faire lien en analysant les faiblesses des relations avec l’Outremer au sein d’outils existants : ONDA (une prochaine RIDA avec le Toma aura lieu en Guyane). L’ONDA (office national de diffusion artistique) organise dans les différentes régions des réunions de sélection de spectacles et d’organisation de leur diffusion (RIDA). De s’interroger aussi sur la francophonie…
Comment effacer cette image de « ghetto » souvent véhiculée ? Beaucoup de régions ont un lieu spécifique en Avignon sans qu’on pense qu’elles fonctionnent en circuit fermé : problème de mauvaise perception des cultures ultramarines liée à l’éloignement et à une difficulté d’accès aux réseaux existants ? Haro sur un théâtre n’entrant pas dans le sérail des labels et porté par des privés ?
Le Toma prend le problème à bras le corps et propose sur Avignon des relations pérennes avec les institutions et manifestations culturelles locales : ISTS (déjà cité), Hivernales (résidences), festival jeune public (à créer), université d’été… sans oublier de faire lien avec d’autres territoires (présence aux transfrontalières d’Ottawa).
A Avignon, capitale du théâtre qui accueille les créations du monde entier, l’existence d’un lieu donnant ses lettres de noblesse aux cultures d’Outremer serait un beau symbole de reconnaissance d’une diversité française qui interroge le simple hexagone, bousculant, par-delà mers et océans, les frontières géographiques.
Dans l’immédiat, un projet de séminaire, sur ces problématiques de diffusion et de réseaux est dans les tuyaux. Sans doute un premier lieu de débat …

D Daeschler