Sur la « Route 132 » on se traîne, on se traîne…

— Par Roland Sabra —

Enterrer son enfant est une insulte à l’ordre des générations, une insulte à la vie. A la mort de son fils Gilles décide de tout plaquer, son boulot de professeur de sociologie, sa maison et le reste qui va avec. Il part avec une retrouvaille, un copain d’enfance perdu de vue et opportunément rencontré dans un bar, sur la route 132 qui longe le Fleuve Saint-Laurent, la plus longue route du Québec. Le copain Bob est moitié baba moité voyou. Comme ils sont partis sans un rond, ils dévalisent un distributeur de billets avec l’aide d’un compère qui les détrousse aussitôt de leur butin. Ainsi va la route, de visite chez une vieille tante en bref séjour chez un cousin en passant par un salut à la grand-mère. Toutes les étapes du voyage puent la morbidité à plein nez. Vieillards impotents, dans l’attente de la mort, grand-mère grabataire, plan sur un fauteuil de vieux pisseux, multiplication d’images sur le christ en croix, récits insistants d’atrocités serbo-bosniaques par le cousin, ancien casque bleu durant la guerre des Balkans, visites à un cimetière marin de croix de bois plantées dans l’estuaire du fleuve filmées à marée basse, puis à marée haute et encore à marée haute, séquence rêvée de cercueil à l’intérieur d’une église etc. La facture est un peu lourde. La douleur de la mort d’un fils ne se partage pas. Bob, le copain, en témoigne, par son attirance pour une jolie pouliche rencontrée dans une kermesse et le fatras de jalousies plus ou moins triviales qui vont avec. A la figure de Gilles tétanisé par la mort, le réalisateur Louis Belanger oppose celle de Bob aimanté par la vie. Si la douleur de l’un est incommensurable sa mise en rapport avec les appétences de l’autre exacerbe le dérisoire de la quotidienneté des existences. Et le film traîne en longueur, se répète, et le spectateur regarde sa montre dans l’attente de l’inévitable happy end qui n’en finit pas d’arriver. Et il arrive enfin !. Gilles recherché par la police, lui échappe dans un premier temps puis finit après une scène de bain chez sa tante ( Ah la symbolique du bain salvateur, celui qui vous débarrasse de vos impuretés, qui fait de vous un autre homme etc.!) par se livrer à la police. Ouf la morale sociale est sauve. FIN. Générique ? Sauf que la version que le CMAC a projetée n’en n’avait pas  de générique. Ni au début ni à la fin! Désagrément qui venait s’ajouter à un réglage du son défaillant, qui allait du hurlement assourdissant au chuchotement inaudible. Et comme le film était en VO québécoise non sous-titrée, les deux ou trois douzaines de spectateurs, dont bon nombre d’invités, ont beau eu tendre l’oreille ou se les boucher, tous les dialogues n’ont pas été compris. Mais comme l’a dit Zébina le programmateur, c’était pour aller dans le sens de la francophonie ! Ah bon ?

Fort-de-Francele 27-03-2013,Roland Sabra

*****

***

*

Route 132

Acteurs

François Papineau, Alexis Martin, Sophie Bourgeois, Alice Morel-Michaud, Bobby Beshro, Andrée Lachapelle, Benoît McGinnis, Gary Boudreault, Sonia Vignault, Francesca Barcenas, Janine Sutto, Denise Gagnon, Gaston Caron, Guillaume Chouinard, Clémence Desrochers

Réalisateur

Louis Bélanger

Scénaristes

Louis Bélanger,  Alexis Martin