— Par Judith Duportail —
Une commune de Martinique, Sainte-Anne, demande à toute entreprise répondant à un appel d’offres de dire si elle a des ascendances avec d’anciens esclavagistes.
Le crime paye. C’est en tout cas ce qu’entend démontrer la petite ville de Saint-Anne, en Martinique, en incitant les entreprises à expliquer comment elles ont bâti leur richesse et combien la traite négrière y a contribué. La commune d’environ 5.000 habitants, très prisée des touristes pour ses plages de sable blanc, demande aux chefs d’entreprises désirant répondre à un appel d’offre de justifier le passé de leur groupe et de dire si ou non, elle a exploité des esclaves. Le maire, Garcin Malsa, est aussi le président du Mouvement International pour les Réparations (MIR).



Est-il possible d’envisager des réparations financières pour les crimes commis lors de l’esclavage ? En décrétant que «l’histoire ne peut pas faire l’objet d’une transaction», François Hollande vient de répondre négativement à cette question, le 10 mai, lors de la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage. La formule est habile. Pourtant, si l’on regarde les choses de plus près, la question est plus complexe, et ne peut être évacuée aussi facilement. Christiane Taubira, qui est à l’origine de la loi de 2001 reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité, et instituant la journée du 10 mai, a eu raison de corriger immédiatement le tir présidentiel, en évoquant dès le lendemain la nécessité de réfléchir à des formes de politique foncière et de redistribution des terres en faveur des descendants d’esclaves dans les territoires français d’outre-mer. 

